Ce n'est pas aux hommes au pouvoir d'écrire les règles du pouvoir.
Les membres de l'Assemblée constituante doivent être tirés au sort
et, bien sûr, inéligibles aux fonctions qu'ils instituent eux-mêmes.
Vous n'êtes pas identifié.
On peut se demander pourquoi personne ne nous apprend, ni à l'école ni dans les journaux, que durant toute l'histoire des hommes, le tirage au sort a été reconnu comme LE SEUL moyen démocratique de désigner les représentants de la Cité. Il n'y a que 200 ans (c'est peu à l'échelle de l'histoire) que ce savoir essentiel a été enfoui dans l'oubli.
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L’élection est aujourd’hui communément présentée, aux enfants comme aux adultes, comme le seul moyen "démocratique" de désigner nos représentants : les parlementaires, les ministres et les juges sont les trois pouvoirs classiques. (Aujourd’hui, il faudrait sans doute ajouter les médias d'information à la liste des pouvoirs à contrôler, comme les autres, dans l'intérêt général).
En prenant le temps de lire sur ce sujet, on découvre le grossier mensonge que constitue cette association ‘démocratie=élections’ : d’innombrables penseurs (Platon, Aristote, Montesquieu, Rousseau, Tocqueville, Kant, Marx, Castoriadis, Rancière, etc.) démontrent et reconnaissent que l’élection est fondamentalement aristocratique et que seul le tirage au sort est démocratique.
Mais depuis 200 ans, les politiciens professionnels (et leurs complices, souvent involontaires sans doute : professeurs, journalistes, notables…) ont fait disparaître cette réalité (gênante pour eux) pourtant reconnue et longuement décrite depuis 2 500 ans : l’élection est dangereuse pour les citoyens car elle permet à une caste politicienne de prendre le pouvoir, de le garder et d’en abuser au profit du groupe dominant.
Depuis mon enfance, je croyais ce qu’on m’avait tant rabâché, sans y réfléchir, comme on croit en une religion, je croyais que le suffrage universel était consubstantiel de la démocratie.
Le débat sur le TCE m’a fort opportunément enfin conduit à LIRE, lire beaucoup, et je découvre à cinquante ans une imposture politique généralisée, de la même ampleur, peut-être, que l’imposture spirituelle des religions.
Ceci dit, si l’on considère malgré tout qu’il est utopique d’espérer le tirage au sort de toutes les fonctions de pouvoir, si on admet que l’élection est aujourd'hui devenu l’horizon indépassable de la désignation des hommes au pouvoir, il y a cent corrections du système électoral à effectuer d’urgence pour annuler les cent tricheries que les politiciens professionnels ont mises en place à travers les âges pour s’affranchir de tout contrôle citoyen.
Page de ce site dédiée au tirage au sort : http://etienne.chouard.free.fr/Europe/t … u_sort.php
Adresse de mon argumentaire sur ce point : Grands principes d'une bonne Constitution et notamment (mais pas seulement) le point 3A1.
Vous trouverez également des idées et des documents dans mon 'Journal' et dans les 'Liens' (cherchez le mot 'sort' avec CTRL+F).
Synthèse des arguments échangés :
(que je devrais normalement tenir à jour en fonction de nos échanges)
Vous pouvez sans doute m'aider en me proposant une nouvelle synthèse de temps en temps.
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TRANSFERT DES MESSAGES DU BLOG
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Le tirage au sort ? Pourquoi pas.
http://vaugirard.hautetfort.com/
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Je pense en effet qu'il est intéressant d'avoir l'opinion responsable de citoyens tirés au sort et qui participent aux travaux de l'assemblée en tant que groupe, non pas "apolitique", mais "laîquement politique", c'est-à-dire sans appartenance collective privilégiée : ce groupe aurait vocation à "représenter" le vote blanc qui est tout sauf apolitique et actuellement privé de reconnaissance politique.
En même temps, j'avoue être un fervent militant engagé et convaincu de la valeur politique des partis (de mon parti, en tous cas...) pour entretenir des mobilisations citoyennes et des dynamiques ayant du sens, même si cette idéale description peut être suspectée de naïveté...
Reste que la tolérance d'un groupe "tiré au sort" induirait peut-être une plus grande correction des moeurs entre les autres groupes, car ce groupe représente aussi un certain "reproche" adressé par le peuple à ses élus.
Ce groupe rendrait compte de ses travaux... et de celui des autres !
Je n'ose imaginer ce qu'aurait voté un tel groupe à l'assemblée européenne face à la directive Bolkestein... Qui aurait-il renforcé ? Quelles pressions aurait-il subies ?
Bonne soirée
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Mes amis
Je vous recommande la lecture d'un document pétillant d'intelligence et d'optimisme :
« Proposition iconoclaste pour des citoyens législateurs : des députés tirés au sort »,
par Hervé Chaygneaud-Dupuy (animateur des Ateliers de la Citoyenneté).
Vous pourrez le télécharger ici :
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/m … ausort.pdf
Hervé nous propose une astucieuse combinaison où le Président de la République resterait élu sur un programme et avec une équipe, pour mener une politique, classiquement, (le Premier Ministre disparaîtrait), et où l'Assemblée Nationale serait tirée au sort pour représenter le plus fidèlement possible la société telle qu'elle est vraiment, ce qui rendrait enfin possible, non plus le seul débat entre une politique et une autre, uniquement entre professionnels de la politique, mais plutôt entre les responsables politiques et la cité réelle, à travers sa représentation fidèle en miniature.
Je trouve cette idée vraiment séduisante : beaucoup d'avantages (essentiels), peu d'inconvénients (pas si importants).
On peut comprendre que les professionnels de la politique ne veuillent pas parler, ni même entendre parler, de projets de cette nature , mais vous qui n'êtes pas pollués par ces considérations d'ordre personnel, je suis sûr que vous vous sentirez concernés et intéressés par ce type de réflexion...
Prenez ce texte comme une simple invitation à réfléchir et à discuter, pour progresser ensemble. Rien n'est imposé, bien sûr.
Dites-moi vite ce que vous en pensez
Amicalement.
Étienne.
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Le plus grand mal!
Voilà, pour répondre à la question d'Etienne, ce que je pense a priori (n'étant pas pollué pas des considérations d'ordre personnel et me sentant effectivement concerné) du régime pseudo présidentiel et du tirage au sort.
Le régime présidentiel, nous voyons ce qu'il donne aux EUA : ça devrait nous guérir de l'idée d'introduire chez nous ce système quasi dictatorial tempéré (si peu!) par une démocratie intermittente. Il serait aussi nocif que le système inverse de la quatrième république, avec son gouvernement d'assemblée (des partis) et son impuissance à gouverner.
Ce qu'il y a de mieux dans la constitution française actuelle, à mon avis, c'est justement le double exécutif, système de contrôle mutuel des gouvernants qui permet de tenir compte en cours de mandats présidentiel et législatif, même en dehors du cas de cohabitation, de l'évolution de l'opinion publique et des points de vue de la minorité politique : ce n'était certainement pas révolutionnaire mais, après le Non au référendum, il y a quand même eu en France un changement au moins symbolique de gouvernement.
Quant au tirage au sort de la représentation nationale, je vois mal comment on peut être démocrate et se fier au hasard plutôt qu'à un choix libre et éclairé du peuple, autrement dit à des élections. D'ailleurs, n'y-a-t-il y a contradiction entre cette idée du tirage au sort des représentants et l'idée du référendum d'initiative citoyenne (certains vont jusqu'à dire "en toutes matières" - c'est peut-être aussi l'avis d'Etienne)?. En vertu du RIC, le peuple serait capable d'écrire, d'adopter et d'abroger les lois ; mais on préférerait se livrer au hasard plutôt que de lui laisser choisir ses représentants (c'est-à-dire ceux qui sont normalement chargés de ce travail) : où est la logique?
On aurait tort de penser que le tirage au sort donnera une représentation exacte du peuple. Ou plus exactement, il en donnera une représentation démographique à peu près exacte : autant de juristes, d'agriculteurs, de boulangers, de professeurs, de transporteurs... et, naturellement, de profiteurs, d'ambitieux, d'assassins et de fraudeurs fiscaux encore non découverts. Mais à moins de vouloir jouer sur les mots, ce n'est pas de cette représentation-là que nous parlons, mais de la représentation au sens que je (le peuple) décide de nommer pour parler et agir en mon nom quelqu'un en qui j'ai confiance. Or, il est évident que je ne le choisirais pas au hasard. Et le tirage au sort ne peut évidemment pas donner autre chose qu'une représentation au hasard.
Je repose la question : a-t-on connaissance d'une assemblée constituante ou parlementaire tirée au sort, hormis le cas de régimes remontant à 2 000 ou 2 500 ans et pratiquement sans rapports avec la problématique moderne?
Vraiment, il doit y avoir des solutions plus raisonnables pour perfectionner le système démocratique que la loterie et le régime du prince-président! JR
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Jacques,
Tu sais l'importance que j'accorde à ta réflexion et à ton avis.
Sur le tirage au sort, peut-être que c'est toi qui a raison, je suis sincèrement prêt à en convenir
Mais il me semble, et je te le dis sans que ce soit le moins du monde un reproche, que tu réponds en l'occurrence un peu trop vite : tu devrais donner une chance à cette idée, ou au moins, ne serait-ce que parce que je t'y invite chaleureusement après y avoir passé moi-même plusieurs heures avec plaisir, au moins lire le document dont j'ai parlé ce matin même.
Lorsque j'ai abordé cette idée peu courante, il y a quelques mois, (c'était en lisant un autre long texte, d'un certain Pierre, excellent lui aussi), j'étais plus que circonspect : comme toi, j'étais même hostile à cette idée que je trouvais idiote, au premier abord, et évidemment dangereuse.
Ce que je signale ici, c'est que plus je lis sur ce sujet, plus je trouve l'idée intéressante. Pas universelle, pas généralisable : simplement intéressante. Par simple projection, j'imagine que cette accoutumance progressive que j'ai vécue récemment peut se vérifier chez d'autres personnes. Je ne dis pas que cette phase d'acclimatation se vérifiera chez tout le monde : je la signale parce qu'elle est étonnante, qu'elle me fait pétiller et que j'aime partager.
Quand à la protection que l'élection nous apporterait contre le pouvoir des coquins, quand tu me dis qu'en choisissant quelqu'un en qui tu as confiance, tu évites les aléas mortifères d'un sort forcément maladroit, tu me fais sourire, amicalement, car je sais bien que tu pourrais fort bien toi-même te joindre à moi pour dresser la liste interminable des requins infréquentables du marigot politique, requins rendus précisément indéboulonnables par la combinaison de l'élection (comme cache-misère démocratique), du filtre imposé des partis, de médias littéralement vendus, de présentateurs télé au pouvoir immense sur l'opinion et pourtant sans légitimité démocratique ni contrôle citoyen et surtout d'institutions ayant soigneusement stérilisé toute possibilité réelle de résistance directe.
L'élection, dans les conditions actuelles, me paraît, au mieux, un rempart théorique et sans portée pratique contre les abus de pouvoir, et au pire, la ruse cynique des plus habiles rhéteurs permettant de priver durablement les gens simples d'une représentation honnête.
Mais je parle par ailleurs, dans d’autres fils de discussion, de toutes sortes de mécanismes qui pourraient faire de l'élection un mode juste de désignation des représentants. Ce sont notamment des mécanismes de limitation et de contrôle des pouvoirs, contrôle à tout moment (et pas seulement au moment des élections), et contrôle citoyen, c'est-à-dire par des hommes éloignés des représentants à contrôler.
Donc, nous avons bien des sujets de conversation pour sauver l'élection et je ne renonce pas à l'élection, Jacques. Je te demande juste de considérer l'idée du tirage au sort en donnant à ses défenseurs le temps de lire jusqu'au bout leur argumentation. Ça prend du temps, mais c'est passionnant, on y découvre des perspectives nouvelles.
Pense, par exemple, à ce que pourrait apporter, plus modestement, un tout petit peu de tirage au sort à l'AN, quelques citoyens seulement, au milieu des professionnels de la politique, au milieu de toutes leurs réunions, de tous leurs conciliabules, de tous leurs travaux. Ne serait-ce pas là une bouffée d'air frais, souvent renouvelée, qui pourrait être salutaire pour tout le monde.
Je pense qu'il ne faut pas repousser trop vite cette idée du revers de la main, comme les pros de la politique voudraient, commodément pour eux, nous inciter à le faire.
Par ailleurs, comparer la proposition équilibrée d'Hervé au régime présidentiel des États-Unis, c'est n'avoir pas vu, je pense, les différences essentielles en termes de contre pouvoirs (déprofessionnalisation d’une partie des rouages politiques) et de débat rééquilibré (les intéressés ont enfin droit à la parole publique quotidienne) autour de toutes les décisions. Ces différences devraient conduire à éviter cette comparaison, il me semble.
Par contre un paragraphe de toi m’étonne beaucoup ; tu dis :
Ce qu'il y a de mieux dans la constitution française actuelle, à mon avis, c'est justement le double exécutif, système de contrôle mutuel des gouvernants qui permet de tenir compte en cours de mandats présidentiel et législatif, même en dehors du cas de cohabitation, de l'évolution de l'opinion publique et des points de vue de la minorité politique : ce n'était certainement pas révolutionnaire mais, après le Non au référendum, il y a quand même eu en France un changement au moins symbolique de gouvernement.
Tu es sérieux, là ? Tu y crois vraiment au "contrôle mutuel des gouvernants" ? La Constitution de 1958 a rendu le Président totalement irresponsable et a ravalé l’Assemblée nationale au rang de parlement croupion. Vois toi-même : une seule censure (octobre 1962) en cinquante ans et encore, le gouvernement censuré (Pompidou) a été reconduit tel quel, le lendemain-même, par le Président (de Gaulle) qui a ensuite dissous l'Assemblée... Parle-moi encore de ce précieux "contrôle mutuel des gouvernants"…
Ce système permettrait de "tenir compte de l'évolution de l'opinion publique" ? Le gouvernement de Villepin aurait été la juste conséquence politique tirée honnêtement du vote populaire ? C'est une plaisanterie.
Non, nos institutions françaises, qui passent chez nos voisins pour les plus archaïques d’Europe, sont une parodie de démocratie où les rares contrôles des pouvoirs sont souvent factices et où les citoyens sont contraints de se soumettre à leurs "représentants" sans rien pouvoir changer.
Le fait que ce soit partout pareil ne me console pas.
J'y vois le signe qu'une même erreur ronge dès leur naissance toutes ces prétendues "démocraties" : ce sont toujours les candidats au pouvoir qui ont écrit, jusqu'ici, les règles du pouvoir. Je ne vis pas cette situation comme un horizon indépassable : si on s'en occupe tous et si on se rassemble autour de cette idée simple et forte, on peut faire progresser notre démocratie par l'écriture de règles fondamentales plus honnêtes.
Amicalement
Étienne.
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Oui, Alain, d'accord.
Mais je préférerais 'un citoyen = 2 voix' : une pour dire ce qu'il veut, et une pour dire ce qu'il ne veut pas. Cela pourrait éviter la situation d'avril 2002.
Cordialement.
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Vote blanc/tirage au sort, élection, Ve République
Jacques (le "Jacques" du message 2, ou vraiment un nouveau membre?), Alain, Etienne,
Vote blanc/tirage au sort. Etienne verra, d'après mon message 14 (même discussion) que j'envisagerais aussi le tirage au sort, mais en le rattachant au vote blanc ("vote récusatoire") : on peut supposer en effet que les électeurs qui n'acceptent aucun des candidats en présence voudront se faire représenter par des citoyens volontaires tirés au sort.
Le système de la "voix contre" (proposé par Jacques) est tout à fait envisageable me semble-t-il. En plus du vote "blanc" ou "récusatoire rejetant en bloc tous les candidats sans les nommer (et qui serait comptabilisé pour le tirage au sort), on pourrait imaginer la possibilité de voter contre chaque candidat. Les électeurs qui rejettent tous les candidats mais ne veulent pas se faire représenter par des personnes tirées au sort auraient alors la solution de voter nommément contre chaque candidat. Avec le système des deux voix, on aurait en effet évité la situation au sortir du premier tour des présidentielles 2002, qui ne reflétait pas le véritable état de l'opinion.
Election. Les défauts du système électoral mentionnés par Etienne sont incontestables, mais la démocratie n'est pas parfaite : c'est seulement, comme on l'a dit et répété, le meilleur des mauvais systèmes possibles. Les citoyens peuvent être trompés ou se tromper (d'où nécessité des principes de l'état de Doit - c'est-à-dire de l'exclusion de l'arbitraire, même venant des citoyens); mais le libre choix de leurs représentants par les citoyens reste ce qu'il y a de mieux (ou de moins mauvais) en fait de système politique.
Ve république. La constitution actuelle n'est pas, et de loin, la pire que la France ait connue; je ne crois pas non plus qu'elle soit considérée telle hors de la France : voyez qu'elle a permis aux Français de s'exprimer contre l'avis de toutes leurs élites lors du dernier référendum : alors que l'Allemagne, par exemple, n'offre pas cette possibilité aux Allemands. Le système du double exécutif président-gouvernement (caractéristique principale de notre constitution actuelle avec la stricte séparation du législatif et du règlementaire - de l'exécutif et du législatif) fait même école, dans les anciens pays du bloc soviétique notamment.
Il n'est pas juste de dire que le système de la Ve république permette à un "président plébiscité" de "contrebalancer une assemblée élue". On pourrait tout aussi bien dire que le président été "élu" et que chaque député a été "plébisicité". Le terme "plébisicite" appartient au vocabulaire politique affectif : il est utilisé pour discréditer la démocratie directe (on a effectivement connu des expériences malheureuses, du temps des Napoléons), mais il peut s'appliquer à toute élection.
Quant au fond, dans le système de la Ve république, le Président ne peut agir - sauf très extraordinairement (recours à l'article 16, refus de signer des ordonnances proposés par le gouvernement) que si le gouvernement le veut bien : or le gouvernement est responsable devant l'Assemblée, qui peut le censurer.
Dans le cas de la renomination de Pompidou censuré (remarque d'Alain), la chose n'est pas aussi limpide que ça : Pompidou avait démissionné le 5 octobre 1962 suite à la censure de l'Assemblée nationale (au sujet de la décision d'organiser un référendum sur l'élection du président de la république au suffrage universel); l'Assemblée nationale a été dissoute le 10 octobre ; le référendum a eu lieu le 25 octobre et a donné 62,5 % de Oui ; les élections législatives des 18 et 25 novembre ont donné une nette majorité aux UNR-UD soutenant la politique du président et du gouvernement : c'est dans ces conditions que de Gaulle a renommé Pompidou. Est-ce qu'on aurait davantage tenu compte de la volonté du peuple en nommant Mitterrand?
Cela dit, j'irai voir l'adresse signalée par Etienne et me permettrai de revenir sur le sujet le cas échéant.
Cordialement à tous. JR
Dernière modification par Jacques Roman (28-02-2006 10:16:44)
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Ano a écrit sur le blog (5 mars) :
"Bonjour, j'ai survolé et survolé ce site, mais il est très riche et je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi vous proposez de supprimer le suffrage universel - tellement démocratique pourtant - pour l'élection du président - outre que la prépondérance actuelle de sa fonction ne vous paraisse pas justifiée. Qqun pourrait-il me donner qq éléments de réponse ?
Merci - Pardon si je ne suis pas dans la bonne rubrique."
Rassurez-vous, Ano, je ne veux rien supprimer du tout : j'explique ici que je découvre, en lisant, que l'élection a été repérée depuis des siècles, par quasiment tous les penseurs politiques, comme un moyen de prendre et garder le pouvoir par une aristocratie de beaux parleurs.
Ces penseurs (nos aïeux) ont donc cherché (depuis des millénaires !) un autre moyen de désigner nos représentants, un moyen qui garantisse vraiment aux hommes de ne pas retomber, encore et toujours, sous la férule de pouvoirs hors contrôle.
En lisant, je découvre que l'élection est même carrément, par définition, la négation de la démocratie : au lieu de traiter les citoyens comme politiquement égaux et de préserver à tout moment leur pouvoir d'intervention dans le débat public, ce mode de désignation prétend choisir "les meilleurs" (aristos= le meilleur, kratos = force).
Je dis bien "prétend" parce qu'on peut constater tous les jours, (et partout sur la terre), que ça ne fonctionne pas bien (même si ça fonctionne parfois) : le pouvoir corrompt et attire à lui les pires affreux. Il suffit qu'ils soient beaux et qu'ils parlent bien (que le meilleur menteur gagne) pour se faire élire et pour ensuite verrouiller toutes les institutions qui pourraient permettre de les écarter du pouvoir.
L'élection crée une espèce nouvelle d'hommes : les cratocrates, dont le pouvoir s'appuie et se légitime sur le seul fait qu'ils sont au pouvoir, ce qui leur permet de tricher sur toutes les institutions de contrôle ou de révocation.
Je noircis un peu le tableau, parce que je connais des maires et des députés formidables, dévoués, honnêtes et généreux, mais je noircis à peine : l'élection, sans autre moyen de contrôle des élus, dysfonctionne complètement (de notre point de vue à nous, simples citoyens).
L'élection est un geste d'abandon, de renoncement à sa propre force politique : "je t'élis et tu t'occupes de tout, je ne m'occupe plus de rien". La démocratie prétend pourtant (théoriquement) préserver le droit de chacun d'intervenir sur le fonctionnement de la Cité. Ce rôle (potentiel) de TOUS dans l'action politique demande un DÉBAT PERMANENT que le principe même de l'élection contredit.
Il y a une certaine déchéance à être ravalé du rang de citoyen à celui d'électeur.
Je découvre ça et comme vous, j'ai été interloqué au départ, choqué même, comme un croyant confronté à un blasphème, tellement l'élection était associée dans mon esprit à la démocratie et à la liberté. J'avais l'impression de pécher, de faire quelque chose de mal en questionnant une institution aussi vénérée par mes parents et par le monde alentour...
Et puis en fait, plus on lit, plus on s'habitue à l'idée du tirage au sort et aux quelques mesures correctives, nécessaires mais pas inaccessibles du tout (décisions collégiales, mandats courts et non renouvelables, débat permanent, mise en scène des conflits, etc.), pour régler les problèmes...
Ce que je signale ici, donc, c'est que le tirage au sort est loin d'être idiot ou fatalement dangereux (pas plus que l'élection en tout cas), si on veut bien donner quelques heures à ceux qui le défendent pour développer leurs arguments.
Quand on s'arrête un moment sur cette question, on prend conscience progressivement que l'élection présente des avantages surtout pour les élus.
Mais je comprends parfaitement vos réticences (j'en sors à peine), et je crois qu'on peut conserver notre système à base d'élections si on corrige toutes les tricheries, il n'y a pas d'autre mot, que les élus ont infligées au système pour s'affranchir de tout contrôle sérieux.
Ça, c'est absolument essentiel, mais on n'obtiendra jamais ce contrôle de nos élus si on laisse les élus écrire eux-même les règles de leur propre pouvoir... Et ce point-là, j'en parle sur le fil de discussion "Ce n'est pas aux hommes au pouvoir d'écrire les règles du pouvoir" : http://etienne.chouard.free.fr/forum/vi … php?id=16.
Rendez-vous là-bas ?
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Je vous remercie pour vos précisions, Etienne, et vais tacher de lire les contributions indiquées ainsi que les forum liés. Ce site est vraiment tres intéressant
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J'approuve la position d'Étienne sur la question du tirage au sort des élus.
Pardon pour le ton, mais si on entend élaborer une Constitution, la révérence n'est pas de mise. Pas d'esprit rebelle inutile, mais si c'est pour s'en tenir à la position d'élus, ou aux pratiques développées peu à peu dans un Etat qui, il faut bien le dire, a reconstitué une forme d'absolutisme, autant laisser les élus écrire la Constitution
Cela dit, il faudra bien :
- limiter ce tirage au sort à un panel d'individus volontaires.
Soulignons que l'exercice de la politique (que ce soit dans les partis, syndicats ou dans la société civile) est un droit, non pas un devoir. (*)
- "penser la transition", sans toutefois rentrer dans le jeu antidémocratique de la "compétence" en matière de politique professionnelle. Notamment, relativement aux pratiques en cours, dans le contexte de la mondailisation économique, en considérant l'abus de revendication de compétence en matière de "sciences" de l'économie, qui est affaire de gestion centralisée, porte ouverte aux pratiques immorales, et à l'absolutisme moderne : infection de la politique par les pratiques managériales hérités du privé (et développées à mesure qu'on entendait laisser toute liberté aux investisseurs (actionnaire) sans jamais pouvoir mettrre ne cause leur morale, et toute la responsabilité aux entreprises elles-mêmes) ; délégation aux experts de l'économie, qui bien qu'illégitime, est déjà devenue monnaie courante, au diktat de l'OMC, et à l'incapacité des peuples à affirmer leur souveraineté, et à contraindre l'OMC, le FMI à se ranger sous l'autorité de l'ONU.
(*) Déclaration universelle des droits de l'homme, article 20 :
1. Toute personne a droit à la liberté de réunion et d'association pacifiques.
2. Nul ne peut être obligé de faire partie d'une association.
Le deuxième paragraphe me semble répondre à l'idée que l'engagement forcée dans la vie politique est un fondement totalitaire.
Dans le tableau sociétal affreux décrit dans le roman [i]1984, on a organisé la vie des gens autour d’une multitudes d’activités politiques (ridicules, mais tournées vers l’idéal des autorités de l’État qui fait idéal de société, la nation n'étant pas supposé en avoir d'autre - principe de l'absolutisme) de sorte qu’ils n’ont plus de vie privée, pas simplement parce qu’ils sont surveillés de partout, mais parce qu’ils ne sont plus même supposés avoir le temps d'avoir une vie privée.[/i].
Dernière modification par sam17 (09-03-2006 12:34:21)
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Je débute sur ce forum qui m'apparaît d'un intérêt exceptionnel. Concernant la "vie démocratique et ses modalités" pour faire en sorte que les citoyens soient protégés au maximum des dérives et abus de pouvoir, de l'inscrustation indéterminée des hommes de pouvoir due à leur habile manipulation et aux règles qu'ils ont eux-mêmes mises en place, il me semble que la meilleure piste est celle à la fois de la recherche du renforcement des contre pouvoirs, qu'ils soient de nature politique ou sociale, et de la mise en oeuvre de nouvelles pratiques afin que le citoyen ne soit plus cette éternelle "victime" bafouée par ses propres élus. Cher Étienne laissons pour l'instant de côté le "tirage au sort" dont j'ai bien compris les avantages et sa légitimité historico-philosophique mais qui présente également des inconvénients importants évoqués par Laure Z notamment.
Les propositions qui suivent méritent bien évidemment un affinement nécessaire
RENFORCEMENT DES CONTRE POUVOIRS
-Renforcement des contre pouvoirs politiques
Si on considère que les partis politiques ont toujours un rôle essentiel dans la vie démocratique, il faut qu'ils aient les moyens financiers de leur indépendance, pour jouer efficacement leur rôle d'opposants vis-à-vis du gouvernement en place. Là où ça se complique, c'est que le monde "économique et des affaires" s'infiltre partout et notamment au sein des partis politiques quant à leur financement (cela concerne notamment les partis dits de gouvernement). La bien pensance ou pensée unique ou le politiquement correct ne sont-ils pas finalement la conséquence de ce constat ?
Ainsi on pourrait être tenté de dire que les partis politiques sont plus dépendants du monde des affaires qu'en danger par rapport à un pouvoir politique. En fait, avec cette "pensée unique", l'expression plurielle et démocratique est en grand danger du fait des deux pouvoirs (politique et économique) qui sont très liés. Pour exemple, la "grande coalition" en Allemagne peut être considérée comme l'expression de ce que j'avance.
Il faudrait donc, à mon humble avis (non exhaustif) :
-Supprimer tous les financements issus de près ou de loin des entreprises et des lobbies d'affaires, y compris sous forme de dons, pour éviter tout renvoi d'ascenseur (indépendance vis-à-vis de l'économique).
-Instaurer un financement public à la hauteur des besoins, inscrit de manière indélébile dans la Constitution afin qu'il ne soit pas modifié au gré des fantaisies des différents gouvernements, Constitution ne pouvant être modifiée que par les citoyens par référendum (indépendance vis-à-vis du politique).
-La différence éventuelle de moyens ne pouvant se faire que par le nombre d'adhérents cotisants militants (personnes physiques) avec, pourquoi pas, une détermination d'une cotisation mensuelle maximum à na pas dépasser.
-Les comptes de tous les partis analysés annuellement, par la Cour des Comptes par exemple.
Jusqu'au début des années 80, on considérait la presse comme le "quatrième pouvoir", celui par lequel, mise sur la place publique oblige, le citoyen pouvait ressentir un maintien en respect de tous ceux qui, de par leur fonction, pouvaient être tentés d'abuser de tout.
Aujourd'hui ce pouvoir-là n'est plus que l'ombre de lui-même, qu'il soit écrit ou audiovisuel : il a été l'artisan essentiel de la "pensée unique" au travers des super concentrations des organes de presse et (tiens, là encore !) l'intervention du business le plus affairiste avec intention, et c'est réussi pour l'instant, de peser dans un sens bien déterminé, sur la vie publique, sans parler de la manne publicitaire qui joue un rôle essentiel dans cette partition.
Il faut donc à mon sens :
-Accroître les moyens publics à la presse pour la dégager des tentacules économiques.
-Au-delà de la clause individuelle de conscience qui n'est plus suffisante, instaurer un dispositif permettant à une rédaction, cad collectivement, d'être indépendante et d'avoir à disposition tout moyen de recours contre des exigences et pressions anti démocratiques de la part des propriétaires de presse.
-Renforcement des contre pouvoirs sociaux :
La vie de la société, c'est aussi autour et dans l'entreprise. Et là, il y a de quoi faire, par exemple et sans être exhaustif :
*Tout accord entre partenaires sociaux, et à tous les niveaux (national ou dans les entreprises) ne peut être valide que s'il est signé par un ou des syndicats représentant la majorité absolue des salariés aux élections prudh'homales (nationales) ou professionnelles dans l'entreprise (niveau entreprise).
*Renforcement des prérogatives d'instances comme les comités d'entreprise ou les CHSCT, avec plus de votes décisionnels qu'actuellement où ils sont quasiment tous seulement consultatifs.
NOUVELLES PRATIQUES POLITIQUES
La vie politique serait à mon sens plus démocratique et surtout moins dangereuse pour le citoyen si des garde-fous importants étaient mis en place comme :
-Le mandat impératif avec bilan en fin de mandature.
-La révocation d'un élu en cours de mandat (qui peut exister en même temps que le mandat impératif) exigé par exemple par une pétition d'initiative populaire ouvrant sur un référendum de circonscription (à voir).
-La limitation ferme du renouvellement des mandats, à définir en fonction du niveau de l'élection.
-Inéligibilité définitive pour tout élu impliqué (ou candidat ayant été impliqué) dans des affaires de corruption.
-Disparition du principe de l'immunité, y compris pour la plus haute fonction.
-Aucun cumul de mandat sous réserve que ces mandats (je pense par exemple aux maires de petites communes) puissent être exercés sans la contrainte financière d'un émolument ridicule.
Voilà pour l'instant et merci de votre attention.
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Tout à fait d’accord avec GERMINAL !
Mais la question de l’indépendance ne se pose pas seulement au niveau des partis politiques, j’avais il y a quelques semaines abordé la question de l’indépendance des élus et donc de leur rémunération, la question reste posée ?
Comment éviter que les élus soient issus des seules professions libérales ou émanent de la fonction publique ?Peut-on imaginer un employé, un cadre d’une entreprise privée, prendre un congé de 5 années pour assumer une fonction de représentant du peuple ?
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A Germinal.
Rien que le nom m'amuse me plait
Tout à fait d'accord dans l'ensemble.
Je crois qu'il serait bien de dispatcher certains points sur les volets déjà séparés (je me permets de le dire ainsi, si vous êtes (plus) nouveau que moi...) En l'occurence :
- différents volets séparation des pouvoirs. Notamment :
- indépendance des médias vis-à-vis des pouvoirs économiques
- volets contrôle des pouvoirs, notamment :
- limitation du nombre de mandats
- "Les dépenses électorales doivent être rigoureusement limitées "
- secteur économique (j'ai ouvert un volet, et j'espère y attirer des démocrates de toutes affinités politiques et approches associatives ou non.
"La vie de la société, c'est aussi autour et dans l'entreprise."
- voir le volet que j'ai ouvert
- voir aussi, sur le volet "Rendre certains services publics indépendants du pouvoir exécutif (par Jacques)", mon message (long et un peu fourre-tout) du 01-03-2006 19:37:09.
Pourriez-vous transposer dans le volet "principes constitutionnels relatifs à l'activité économique" les deux points :
"*Tout accord entre partenaires sociaux, et à tous les niveaux (national ou dans les entreprises) ne peut être valide que s'il est signé par un ou des syndicats représentant la majorité absolue des salariés aux élections prudh'homales (nationales) ou professionnelles dans l'entreprise (niveau entreprise)."
"*Renforcement des prérogatives d'instances comme les comités d'entreprise ou les CHSCT, avec plus de votes décisionnels qu'actuellement où ils sont quasiment tous seulement consultatifs."
Sur le deuxième point : "heu, et en français courrant ? ...
Merci.
Slts.
Dernière modification par sam17 (17-03-2006 18:00:32)
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Haro sur la compétence......
Étienne, permettez simplement que je vous remercie... Merci d'avoir reveillé le citoyen endormi que j'étais.
Pardonnez mon ton volontairement cynique et provocateur... J'espère qu'il ne sera pris autrement que comme un "outil" pour continuer à avancer dans la réflexion... ;-)... Mais il faut dire que votre idee (oui, j'ai bien compris que ce n'était pas la vôtre, mais celle d'illustres philosophes Athéniens !) de tirage au sort est également provocante... et ce n'est pas faute de la retourner dans tous les sens...
Quelle crédibilité accorderiez-vous à un infirmier qui vient réparer une fuite d'eau chez vous ? Quelle crédibilité pour votre facteur préféré qui deviendrait votre conseiller financier ?
N'étiez-vous pas (n'êtes-vous pas ?) de ceux qui, non pas par anti-américanisme benêt ; je vous crois bien au-dessus de cela, mais par simple esprit d'ordre, raillait (raille toujours, peut-être), un certain acteur de cinéma body-buildé devenu (oh horreur !!) gouverneur d'un État américain ? Et pourtant élu au suffrage démocratique, c'est-à-dire dont les compétences ont été jugées par ces électeurs suffisantes pour mener à bien sa mission... Qu'aurait-on dit s'il avait été tiré au sort ?
Car elle est bien là, la question... Je veux bien admettre que le tirage au sort semble au premier abord plus démocratique qu'une élection au suffrage universel... Mais il aurait le défaut majeur et à mon sens rédibitoire, d'évincer complètement l'idée de choix en fonction de compétence et donc de confier potentiellement des responsabilités à des femmes/hommes dont les épaules n'auront pas été taillées pour assumer de telles tâches.
Je ne fais pas l'apologie ici de l'ÉNA, polytechnique et consorts... et je me rejouis de voir des gens dont on aime dire qu'ils sont "issus de la société civile", arriver à de telles fonctions (les rares ne restent pas longtemps, ceci dit !)... Mais ne balayons pas d'un revers de mains ce que la nature (décryptée par Darwin) a mis tant d'années à construire : la crème de la crème, le meilleur du meilleur... ;-) ... grâce à la selection naturelle... Bon j'exagère un peu... Mais vous saisissez l'idée. Croyez bien que de telles responsabilités ne sont pas accessibles à tout le monde et demandent des compétences qui sont bien réelles. D'ailleurs, pour continuer dans la provocation (toute gentille) ;-)... si je vous demandais, Étienne, de vous présenter pour l'élection présidentielle de 2007, ne me répondriez-vous pas, avec votre humilité habituelle, que vous ne vous en sentez pas les compétences ?... ;-)... et que votre vocation de réveilleur de conscience citoyenne vous suffit !
Mais surtout ! Pensons un instant aux conséquences que provoquerait la désaffection d'un tel système. Erreurs d'appréciation, d'orientation politique, ou la non-réforme... il n'en faut pas plus pour faire sauter ces dits citoyens tirés au sort, et leur système... dont la légitimité n'existe pas. N'a-t-on pas lu partout que Villepin parce qu'il n'avait jamais été soumis aux urnes était un usurpateur ?... Que dira-t-on alors aux tirés au sort !!!!!!
Renforçons nos institutions de manière à mieux contrôler les hommes au pouvoir, ça OUI... Mais évitons la révolution que provoquerait la succession d'erreurs ou la non-responsabilité de la part de gens qui se verraient confier une mission trop lourde pour eux !
Je m'arrête là.
Amicalement..;-)
G
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Du "SENTIMENT DE COMPÉTENCE POLITIQUE"
Un lien, quelque part entre ce volet, le RIP (RIC) et l' "indépendance des statisticiens instituts d'études socio-économiques".
http://www.sofres.fr/etudes/pol/310303_particpol_r.htm
- Je l'ai trouvé sur le site d'Yvan Bachaud, "candidat 2007 pour défendre la seule instauration du RIC"
Lien : sondage TNS-SOFRES qui nous dit que 82% des français seraient pour l'instauration du RIC.
- Ce sondage nous parle d'autres choses, notamment de la réponse des français (sondés) à la "fâmeuse" question :
"Certains disent en parlant de la politique que ce sont des choses trop compliquées et qu'il faut être un spécialiste pour les comprendre. Êtes-vous d'accord ou non avec cette façon de voir ?"
Le compte rendu nous dit deux choses frappantes :
- Une grosse moitié de français seraient plutôt d'accord.".
Mettons en moyenne 54% "d'accord. Variable suivant période (je ne détaille pas).
Pas de mesure après 2003, donc rien qui ressorte de l'après 29 mai 2005, dommage.
- l'intitulé du graphique de synthèse est : "L'ÉVOLUTION DU SENTIMENT D'INCOMPÉTENCE POLITIQUE ".
Il y a des claques citoyennes qui se perdent...
Le sondeur a donc transformé la problématique en "les français ont-ils le sentiment d'être assez compétents pour comprendre la politique ?"... c'est-à-dire, en... "cette façon de voir" (cf. question effectivement posée).
Énervé par l'entourloupe, je poursuis et lis : "Voir aussi... Politique & Opinion"
Je vous passe le lien, c'est un clic de plus - puis un autre, un autre,... : pas-sion-nant.
J'en colle quelques extraits ? Allez, espérons que cette fois Étienne aura une bonne raison de me pardonner la longueur...
"Une expertise à la mesure de vos enjeux stratégiques" ... "TNS-SOFRES, partenaire de la 15e journée du livre politique"
"Nos prestations :
Notre savoir faire et notre expertise éprouvés depuis plus de 40 ans nous permettent de mieux appréhender la compréhension des opinions, des consommateurs et des marchés dans les domaines politiques, économiques et sociaux."
"La variété de nos prestations :
[...] baromètres de suivi de l'opinion pour les ministères et les services du Premier ministre (SIG),
[...] la Commission européenne a confié au secteur Opinion & Social du groupe TNS la réalisation de l'Eurobaromètre [...]
[...] bilan de campagnes de communication sur des sujets d'intérêt général et politiques / bilan d'image d'hommes politiques,
[...] pré-tests et post-tests de communication / études de comportements électoraux / estimations électorales (pour TF1 et RTL).
Nos partenaires : / la presse, notamment Le Figaro Magazine, Le Figaro, L'Expansion, Le Monde, L'Usine nouvelle, Le Nouvel Observateur, Notre Temps, Pèlerin..., TF1, RTL
les partis politiques / le SIG et le cabinet du Premier ministre / les ministères et les administrations,
[...]les grandes entreprises, des secteurs privé et public [...]"
Il faut absolument aller ensuite sur "Et notre étude en souscription : Influence". Allez, j'ai pas pu m'en empêcher...
"Le pouvoir change de camp car l'opinion publique constitue désormais un pouvoir à prendre en compte, un enjeu crucial de votre activité, source de risques comme d'opportunités.
Pour définir vos plans d'action, vos stratégies marketing ou votre communication, il vous faut comprendre toujours plus finement les attitudes et les comportements de vos salariés, de vos électeurs, de vos administrés ou de vos clients-consommateurs. Vous avez besoin de différencier les grandes tendances structurelles des évolutions plus circonstancielles et anticiper sur ce qui est possible dans un environnement instable.
Maîtriser la carte des nouvelles influences, c’est vous doter d’un atout concurrentiel majeur."
De la mesure de la proportion de veaux qui regardent passer les savants, réalisée par sondages à usage des puissants...
... pauvres gens déjà soumis à rude concurrence, mais pour qui il y a danger désormais : les citoyens sont devenus un nouveau pouvoir
... puisque vu des puissants... ils sont "l'opinion publique", faite par... les sondages !
Et en plus, ces animaux-là [qui, l'image des veaux ou les vrais veaux ?] sont instables.
J'aurais préféré mettre ça sur le 3e des volets cités en sous-titre, "indépendance des statisticiens instituts d'études socio-économiques", mais il n'est pas (encore) créé.
Dernière modification par sam17 (12-04-2006 17:27:41)
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Je partage les propositions de GERMINAL.
... Pour en revenir aux partis, je pense qu'il est temps de les subvertir, que cela peut se produire quelle que soit leur "couleur d'origine" (excepté celui qui aurait du être interdit (brun).
L'instabilité est le prélude à des mutations, le vote blanc ne suffira pas, nous devons faire de "l'entrisme massif" et travailler transversalement à travers les murs des chapelles... pas pour les démolir, pour en partager les trésors.
Le but est que les propriétaires de la politique soient dépossédés au profit de tout le peuple, lequel saura mieux coopérer "à la base" qu'en obéissant à des caciques.
Le secrétaire général d'un parti ou le président d'une association n'est qu'un serviteur, il faut rétablir cette règle qui concerne la "souveraineté populaire" et ne pas renoncer à la faire régner dans tous les espaces citoyens : cela participe de "la mutation nécessaire dans tous les rouages de la société...
Comme dans les entreprises, dans toutes les collectivités, il faut exiger des mutations démocratiques, car l'ensemble de la société ne pourra pas changer sans l'accumulation des changements au coeur des moindres organisations.
Dernière modification par alainguillou (16-04-2006 23:51:54)
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Bonjour Philippe,
"Pourquoi les citoyens tirés au sort seraient ils plus aptes à exercer des mandats que les citoyens dont c'est a priori la passion, la vocation ?"
Rien n'empêche de laisser se déclarer des volontaires (donc des passionnés), et de tirer au sort les candidats parmi eux.
"J'ai l'impression que le problème ne vient pas de la modalité, mais de l'implication des citoyens."
J'ai moi l'impression que le problème vient largement :
1) du fait que les habitués de la politiques deviennent odieusement suffisants et aveugles avec le temps (c'est quasi mécanique) et, déformés par leurs illusions de professionnalisme, inintéressants tout autant qu'incapables d'écouter.
Bref, d'un excès de professionnalisation de la politique.
Madame Royal parle d' "expertise citoyenne", ça me va très bien (le concept - la promesse, on verra...)
2) de la manière de mener les campagnes, et surtout, d'employer les sondages d'opinion.
Je rêve d'un système type "conférences de citoyens", à savoir :
- d'une part, interdire - du moins réglementer sévèrement - les commandes anarchiques de sondages d'opinion politique du type "plébicit de candidats" et leur usage anarchique dans les campagnes électorales.
- d'autre part, tirage au sort de citoyens, avec leur accord (donc des gens motivés, passionnés) et participation de ceux-ci à des débats politiques médiatisés.
Ce système permettrait de redonner ET piment et crédit à la fois aux instituts de sondage, aux émissions politiques, et au candidat moyen... bref, à la politique.
"Le système de l'élection semble efficace pour amener au pouvoir des citoyens motivés".
Motivés pour le pouvoir, sans aucun doute. Le pouvoir corrompt, c'est inéluctable. Et à ce jeu, les moyens et la fin font vite un tout.
L'idéal serait de ne laisser gouverner que les gens qui le souhaitent le moins. Autrement dit, des véritables motivés de la chose publique. Des philosophes, quoi (réf. la République de Platon). Des types qui ont la tête haut placée, mais les pieds sur terre, contrairement aux énarques qui ont la tête formatée pour le management, et même pas les pieds sur terre, des manieurs d'indices macroscopiques et immoraux, qui plus est coupés des conditions de vie de M. Mme Lambda.
En tout état de cause, ce sont des stages réguliers et variés "au pays de Lambda" qu'il leur faut, aux dirigeants. Un énarque ne connaît de l'industrie que les managers, de l'école que les représentants syndicaux, de la consommation que les délices, pas les heures d’attente en caisse et le dégoût des supermarchés, …
Un stage de clochards leur ferait même le plus grand bien...
Enfin, rien de tel pour l'ouverture d'esprit que d'alterner / concilier les métiers et positions sociales les plus variés.
"ensuite le contrôle de ces élus pourrait être amélioré."
C'est le jeu du voleur et du policier : la course au raffinement des méthodes. Les règles qu'on écrira, on les détournera. Et ceux qui écriront la nouvelle donne, ce sont ceux qui seront en place, accrochés à leur pouvoir.
Note : qu'il s'agisse du tirage au sort de candidats ou de citoyens destinés à participer aux conférences de citoyens, l'accord des gens serait donné avant tirage au sort, non après. Bref, ce sont des véritables volontaires. Ca évite de fausser les statistiques (diversité), et ça accroît la motivation, la passion des citoyens retenus.
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BAS LES MASQUES ou vive le tirage au sort.
A Philippe :
* "mais alors parmi les passionnés qui ne sont pas toujours les plus modérés, il y aura par exemple des défenseurs d'idées d'extrême droite (ou d'extrême gauche) : si le tirage au sort les favorise, comment fait-on ? N'y a t-il pas là une prise de risque importante ?"
C'est la règle du "jeu" démocratique. Je rappelle au besoin que les extrémistes et les anti-démocrates ont leur place en démocratie (1).
Mais cela dit :
- des extrémistes, on en trouve aussi chez les "routards de la politique"
- j'ai tendance à penser que les citoyens qui ne sont pas habitués au métier se feront bien plus vite démasquer pour leurs idées marrons ou leur dogmatisme radical-rigide que les vieux routards du métier, qui eux auront appris les multitudes de feintes permettant de masquer leur jeu (le populisme, c'est tout un art ; les interviews traquenard, c'est un truc auquel un J.M. Le Pen - et sa fille, "déjà", qui a sans aucun doute baigné dans le milieu, tant au niveau des idées que du professionnalisme - sont rodés ; ...)
* "tu dis aussi : "Le pouvoir corrompt, c'est inéluctable" - dans ce cas , que ce soit des tirés au sort ou des élus n'y changera rien car ce n'est pas le mode de désignation qui corrompt mais la position de gouvernant, le problème vient de la pratique politique et de l'absence de contrôle , non ?"
Je m'excuse du raccourci, et je reviens dessus pour faire la part des choses.
Le pouvoir corrompt tout le monde (et d'ailleurs, le pouvoir tend toujours à devenir fin et moyen à la fois - voir message suivant "la cratocratie : la fin et le moyen"). La question n'est donc pas l'origine de l'élu, mais bien plutôt son temps de règne. C'est pourquoi le non renouvellement des mandats (au delà de 2 fois, ce qui semblerait faire consensus pour le cas de la plupart des postes) est un principe essentiel (Etienne a ouvert un autre volet, dédié à la question). Mais on peut aussi interpréter les choses ainsi :
- Un "simple citoyen motivé", passé deux mandats, n'est plus un "simple citoyen", mais bien un "politicien professionnel". La formation sur le tard n'est pas un véritable élément de distinction (c'est vrai dans tout métier).
- Le simple "non renouvellement de mandat" (à même poste), c'est bien gentil, mais un type qui fait une fois conseiller municipal, puis maire, puis député, puis ministre, ... c'est un "récidiviste du pouvoir" aussi.
Les petites habitudes du poste, c'est une chose, les réseaux de relations établis dans la durée, c'en est une autre, l'habitude du pouvoir tout court, c'en est encore une autre.
Non, un ancien du pouvoir, on devrait le sortir de la vie politique, tout court. Et peut-être même surveiller d'autant plus sa compta s'il passe ensuite cadre dans le privé (et autres considérations de ce type, c.à.d. éviter les recours aux réseaux d'influence les aux délits associés, réalisés dans la durée).
- Si on rendait systématique le tirage au sort de citoyens volontaires, il n'y aurait aucun renouvellement de mandat.
On pourrait aussi par exemple permettre à tout citoyen de se présenter à deux (trois) élections, tous postes compris.
* Pour Ségolène l'énarque, je savais. Je n'ai fait que citer son terme, "expertise citoyenne", qui lui est intéressant. Les promesses de madame Hollande, j'y prête peu de crédit. Et une énarque qui parle tant de démocratie participative, ... il va falloir des preuves, et sur la durée, pour que le crédit me vienne....
* Montebourg. Bon, si c'est un moindre mal... OK, et puis ne parlons pas du casting si on peut éviter. Quant aux SDF (sujet qui me touche - j'en ai connu plusieurs, depuis jeune, et côtoyé pas mal), c'est une question diablement épineuse pour un politique. "Protéger, aider un SDF", c'est une question épineuse tout court, pour ne pas dire mal formulée. Du moins, ça dépend de qui on parle (2). Je dirais donc : "mauvais exemple"... en m'excusant du terme.
(1) C'est pourquoi, même si c'est paradoxal en apparence, je suis pour l'interdiction du Front National. Parce qu'il me semble dangereux qu'une extrême (qui devrait être occupée par un courant qui, même si anti-démocratique dans les idées, est acceptable en démocratie, pour ses idées et ses méthodes) soit squattée par un parti qui, chose vérifiée à plusieurs reprises (évidemment, à la manière "caméra cachée") emploie (et ce pour la très grand part de ses cadres) des idées qui relèvent du délit d'opinion revendiquée (négationnisme, apologie du nazisme, incitation à la haine raciale) et des méthodes interdites (milices). Par ailleurs, l'argument : "s'ils sont exclus de la politique, ils seront plus dangereux", outre le fait que je n'y crois pas, est une tout autre affaire : le vote extrême ne saurait être un vote "interdit moralement mais accepté dans les faits". C'est une "soupape démocratique" que l'on supprime.
(2) Il y SDF et SDF. Avant, on disait encore "clochard". Mine de rien, on pouvait faire la distinction entre clochard, jeune "traveller", "personne à la rue depuis peu après une épreuve familiale et/ou professionnelle, ... Pour un gars qui a passé toute son enfance à la DDASS et s'est barré à 13 ans dans la rue, on ne protège ni n'intègre un SDF. Du moins, je n'en ai pas croisé un pour qui s'est le cas. Du rejet complet de la société, ça oui.
Dernière modification par sam17 (19-04-2006 18:57:39)
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La CRATOCRATIE, le mensonge et ses motivations
Bien sûr, si les élus sont directement tirés au sort... ils n'auront pas besoin de mentir pendant la campagne électorale : il n'y aura pas besoin de campagne... Mais je suppose qu'il n'est question pour personne de demander le tirage au sort direct, et je songe ici à une méthode "mixte", où l'on tirerait au sort non pas les élus, mais par exemple, la dizaine de candidat qui se présenteraient ensuite à une élection. Méthode qui est certainement plus juste : elle n'abolirait pas les (joyeux) débats citoyens d'avant élections et les campagnes électorales.
Un "simple citoyen" a-t-il moins de chances de mentir, dans une campagne électorale qu'un habitué du pouvoir ?
Ma réponse est : statistiquement, oui, cela ne fait aucun doute.
On dit : "on se maintient toujours au pouvoir en employant les mêmes moyens qui nous ont permis d'y accéder".
Un candidat qui joue (seul ou en surenchérissant) la carte de l'insécurité lors d'une campagne pour gagner une élection sera conduit à mener une politique sécuritaire une fois en place, parce qu'il aura créé de la demande en la matière, même si souvent il aurait préféré que cette demande s'arrête dès le lendemain de l'élection...
On me dira que si je traduis "moyens qui ont permis d'y arriver" par "promesses électorales", et "moyens de maintient" par "mise en application de ces promesses entraînant réélection"... les candidats qui ne tiennent pas leur promesses et se font réélire sont légion. Fort heureusement, le parallèle est boiteux.
J’écrivais hier, "à ce jeu [du pouvoir] les moyens et la fin font vite un tout". Etienne parle de "cratocrates" en exprimant, il me semble, cette même idée.
Je dirais que c'est une notion plus globale encore que celle qu'exprime le "dicton" "on se maintient toujours au pouvoir en employant les mêmes moyens qui nous ont permis d'y accéder". "Dicton" qu'on pourrait résumer, s'agissant du pouvoir, par cette sentence : "la fin devient le moyen".
Parce qu'à cette dernière s'ajoute le processus complémentaire : "le moyen devient la fin".
Si le pouvoir corrompt, c'est parce qu'une fois qu'on le possède, on mesure les moyens qu'il procurent. Et le pouvoir devient vite une fin. "On s'habitue à tout"...
Pour finir, il faut rappeler que le fait de mentir, pour un élu, fait parti intégrante du métier, et qu'en soit, la chose ne devrait pas étonner. (Hannah Arendt l'a écrit - "La crise de la culture" - je tacherai de retrouver la citation). On ne gère pas les affaires publiques tout en rendant des comptes à tous sans employer tôt ou tard le mensonge à une certaine dose. Je dirais presque que le mensonge est un mal nécessaire en politique. Le tout est qu'il soit un moindre mal. Et au delà du mensonge, c'est surtout les motivations du mensonge qui comptent. Et le niveau des motivations pourraient bien faire le niveau des mensonges.
Voilà pourquoi un "simple citoyen" a statistiquement moins de raisons de mentir qu'un habitué du pouvoir, en campagne électorale.
Si le "dicton" "le pouvoir corrompt" semble universel, il faut préciser, concernant la notion ("la fin devient le moyen") que la fin n'est pas nécessairement vilaine, et donc le moyen non plus.
Manière de dire qu'on devrait laisser gouverner non pas tant "ceux qui le veulent le moins" mais plus exactement, "ceux qui ont le moins soif de pouvoir avant de l'avoir exercé". (La capacité à diriger est aussi une qualité, ou du moins un besoin de la démocratie représentative qu'on ne peut pas compresser infiniment.)
Mais une fois qu'un individu a eu quelques années de pouvoir : "dehors". Et à cette règle de bon sens, il ne devrait pas y avoir d'exception.
Dernière modification par sam17 (19-04-2006 18:17:27)
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De l'élection et du tirage au sort
Lorsque j’ai lu la « proposition iconoclaste…. » de Hervé Chaygneau-Dupuy, non pas pour l’avoir trouvée sur ce fil, mais citée dans les Documents d’Etienne, j’ai trouvé l’idée intéressante.
Il faut que je dise tout de suite que « je ne crois pas au hasard ». Le hasard … est le nom donné à notre ignorance. Quand on s’intéresse d’un peu plus près à la physique quantique, on comprend les choses différemment.
Je me suis demandé quel genre de situation ça pouvait – pourrait - créer dans la tête des personnes. J’aurais été très très très embarrassée , si le hasard m’avait mise en situation d’être « jurée » à un procès. J’ai été très heureuse que cette situation ne se soit jamais présentée.
Ce serait vraiment une aventure complètement nouvelle dans la politique.
Il y a des quantités de choses auxquelles je n’ai pas pensé, je me suis simplement focalisée sur les modifications que cela introduirait dans l’ensemble des relations sociales, pour qu’avec un tel dispositif, chacun, de sa place, progresse – disons – « en esprit », plutôt que « spirituellement » qui prête à confusion. Se mettre en couple, devenir parent, tout cela fait progresser en esprit. Lorsqu’on choisit de prendre une responsabilité, on sait rarement où ça va vous mener, lorsqu’elle vous tombe dessus c’est encore une autre affaire. Je me suis souvent maudit des situations dans lesquelles je me suis retrouvée, alors que j’avais vraiment fait de mon mieux, pensé choisir avec pertinence, un « choix éclairé ». J’ai pris certaines décisions, la vie s’est ensuite chargée de m’en imposer d’autres. A prendre ou à laisser, certains ont eu tout simplement une portée vitale.
L’élection a effectivement ses aspects un tantinet pervers, c’est la visée finale de ceux qui veulent un pouvoir sur les autres. Et pour d’autres, on peut ainsi se décharger à bon compte sur l’élu de responsabilités que l’on devrait assumer soi-même. Comment rendre chacun « meilleur citoyen » de la communauté ? Comment mettre chacun sur une voie évolutive parce que il y en a marre de la stagnation collective où la communauté est enlisée.
Il y a ceux qui se laissent traîner comme des boulets, et ceux qui servent de chevaux de trait pour faire avancer l’attelage.
Pour évoquer « la compétence », un « tiré au sort » qui prend conscience de ses faiblesses, qu’est-ce qui empêche un « averti motivé » de se coupler avec lui pour lui donner les moyens d’acquérir ce qui lui manque pour prendre des décisions en connaissance de cause. Cela renouvellerait la notion de pédagogie que l’on a tendance à confiner dans des lieux attitrés. Personnellement j’apprends de tout, et de tout le monde, et je n’ai pas honte de dire à mes petits-enfants qu’ils m’ont appris quelque chose. Sur ce forum j'ai appris beaucoup.
On formate beaucoup, dans les écoles et à l’université. Il faudrait quelquefois apprendre à désapprendre…
Voilà quelques premières idées pour ce thème. MF
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L'EDUCATION...
A Philippe :
* "Je ne suis pas convaincu par le tirage au sort , au fond de moi , je crains que ce système soit dangereux. Ne vaudrait il pas mieux mettre l'accent sur l'éducation des citoyens ?"
Parlons-en de l’éducation, de l’Ecole de la République et du développement de l’esprit critique. Parlons en aussi, dans la même idée, du cas de la France s'agissant de "mépriser institutionnellement" (je dirais plutôt "politiquement", pour ne pas dire "culturellement" - environ 50-55% des français adhèrent au mythe de la "compétence politique" - cf. mon message n°554) les études scientifiques en matière d'apprentissage et l'expérimentation de voies pédagogiques nouvelles. (1)
Mais je ne vois pas en quoi cela pèse dans l'arbitrage, sur ce volet : c’est un paramètre indépendant, en fait.
Pour faire un parallèle, en matière de "paramètre indépendant", et parler d'éducation, justement : le débat français mené entre profs et élus sur l'éducation a beau être confronté (et bloqué) au problème de la "différentiation pédagogique" dans les classes de l'école républicaine (non pas "dans les filières"), ce à raison - 50% / 50% des individus sont plus adaptés à l'enseignement "magistral" / "interactif" (2) -, mais il n'en reste pas moins que le premier paramètre de la réussite scolaire est l'environnement familial, et que ce paramètre sort du domaine de compétence de l'Education nationale.
Je suis toujours exaspéré par la rapidité qu'ont les gens à opposer les choses quand il s'agit de paramètres indépendants. Parce que ça, ça marche... pour diviser. Des parents qui tapent sur l'école, souvent pas ceux qui ont assez d'autorité, de cadre stable pour leurs enfants ; des profs qui débattent entre eux et l'Etat (je pense au boulet de C. Allègre) qui leur rentrent dedans sans jamais rappeler quel est le principal facteur d'échec scolaire : évidemment, le ministre de l'E.N., les affaires familiales, ce n'est pas son dossier...
"Deux notes - Cf. le reportage "Apprendre, un curieux phénomène" (52' - Arte, "Apprendre, un jeu d'enfant" - Thema du 20 sept. 2005).
Réf. / résumé : http://www.arte-tv.com/fr/content/tv/02 … 62306.html :
(1) Concernant l'attitude "hautaine" de l'Etat français en matière d'éducation : la France compte parmi les plus faibles contributeurs, au sein de l'OCDE, d'un institut international et interdisciplinaire sur l'apprentissage (pas de réf. rappelée, pardon). Par contre, on y compte un nombre tout à fait honorable de chercheurs et pédagogues français... Décidément... Par ailleurs, le second reportage de la série (Thema), consacré à divers modèles d'écoles, notamment un, expérimental (et plutôt convainquant) en Allemagne, nous rappele (par la négative) que la République française a parmi ses grandes scléroses / susceptibilités celle de l'école.
(2) Concernant les deux grandes modes d'apprentissage qui réussissent à 50 / 50% des enfants : nombre d'observations anciennes, d'études, tendraient à le montrer, même une étude neurobiologique récente.
Dernière modification par sam17 (19-04-2006 19:34:01)
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Bonsoir Philippe,
* Dans votre phrase "une femme ou un homme politique qui gère, décide conformément à l'intérêt général et donne satisfaction à ces électeurs peut continuer dans le métier politique ...pourquoi se priver des qualités de cette personne ?",
tout est dans les : "conformément à l'intérêt général", "donne satisfaction à ces électeurs", "qualités" (même "expertise", allons y - prenons un exemple, tiens (1) ! -) : qui / quoi, établit ces jugements ? Vous savez bien que la publicité est une chose pleine de subjectivité, un champ de force impressionnant... Quant au vote, on en a causé dans le même sens, et là, il s'agirait de le remplacer par un système de tirage au sort (préselection d' "inconnus", avant campagne puis vote normal).
Justement, je vous renvoie à mon message n°182 "on ne change pas une équipe qui gagne" du volet "non renouvellement des mandats" (d'ailleurs, c'est là-bas qu'on devrait continuer cette conversation sur ce point...)
(1) DSK est (avec Fabius) reconnu au (parmi les éléphants du) PS comme "l’expert en économie".
Le 4 février 1998, alors que lui-même négociait les accords du fameux A.M.I. (accord multilatéral sur l’investissement), il déclarait à l’Assemblée nationale, en réponse à l’interpellation d’un élu Vert, que l’AMI n’aurait "aucun impact sur notre législation, sur le droit du travail, sur le secteur public". Connaissant le contenu des articles, et vu a posteriori, un mensonge d’une pareille ampleur est inimaginable. Mais dans le feu de l’action, personne ne suit rien, sauf ceux qui signent (et encore – disons essentiellement ceux qui proposent…)
Fin février 1998, une association canadienne dévoilait le pot aux roses. Ça a entraîné le déchaînement populaire que l’on sait.
Faut-il reprendre avec la directive Bolkestein, et pointer du doigt à nouveaux divers élus de tous bords ? Oui, tiens. La quasi totalité des députés européens PS et Verts, comme les autres sociaux démocrates, chrétiens démocrates, libéraux de droite et de gauche… ont signé toutes les étapes. Et se sont déclarés étonnés et même mis devant le fait accompli lorsque de petites associations belges ont dévoilé le pot au roses, et lancé, via ATTAC et autres, le mouvement de protestation que l’on sait. On peut trouver facilement en ligne l’article « missile » du docteur en sciences politiques belge Raoul Marc Jennar, intitulé « quelques vérités sur Bolkestein »… À lire absolument. Et lire aussi le droit de réponse qu’ont donné les Verts sur leur site. Très instructif.
Combien sont-ils, ceux qui m’ont vanté les mérites de DSK, pour son expertise en économie ?
* Lesquels de mes propos en particulier ont été jugés peu compréhensibles ?
Si ce sont mes derniers messages de ce volet... c'est désespérant ! Je n'ai guère fait plus clair (et concis).
Personnellement, toutes différences gardées, j'ai un peu de mal à comprendre Schopenhauer...
Blague à part, c'était pour dire : indépendamment de mes défauts, dire que le résultat (la constitution) doit être clair et accessible, cela ne veut pas nécessairement dire que les débats le sont toujours. Présentement (pas sur ce forum, mais au sens large), c'est au mieux l'anarchie, au pire, la dictature (du marché)... se faire comprendre, c'est dur sur certains sujets. Notamment ceux qui touchent à l'économie, au sens des rapports économiques…
En parlant de ça, je vous avais répondu sur le volet "économie" : j'ai taché de me rattraper sur la clarté...
* "'Qui tire au sort, ... que proposes-tu pour susciter la vocation de ceux qui ont le moins envie de pouvoir?
Je pense que ce débat peut attendre un peu, du moins pour moi : il faut que je me dépêche...
En attendant, voir mon message n°182 "on ne change pas une équipe qui gagne" du volet "non renouvellement des mandats"
Dernière modification par sam17 (25-04-2006 19:41:27)
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Bonjour à tous !
Sur la recommandation éclairée, et avide d'imaginer le fonctionnement possible d'un tel système (tirage au sort), je me suis plongé dans le manifeste de ce fameux André Tolmère (voir le lien sur le site d'Étienne, page "Journal", http://etienne.chouard.free.fr/Europe/Journal.php).
Je suis sorti métamorphosé de ma lecture. Moi qui, comme beaucoup, croyait au dogme du suffrage universel, et ne ramenait finalement les problèmes qu'aux maux de nos hommes politiques. J'ai pourtant cherché une faille dans le raisonnement, ou la mise en pratique. Je n'en ai pas trouvé (j'invite tous ceux qui l'auront lu à m'aider dans cette démarche critique). J'essaie de reprendre un peu le fil de cette discussion pour synthétiser les différents arguments, issus de ce texte excellent et terriblement, c'est mon avis, porteur d'espoir:
Principe de base :
L'élection, le système de mandat actuel, la représentativité médiatique (plus que populaire), donc la nécessité de faire adhérer le plus vite possible, le plus grand nombre d'électeurs, par ailleurs non consultés en dehors de ces périodes, favorise, par la " selection naturelle", pour reprendre un terme vu ci-dessus, non pas les plus compétents, mais les icônes les plus médiatiques, les plus beaux parleurs.
De plus, l'accession au pouvoir et la compétition ascendante qu'elle entraîne (de plus en plus de pouvoir, de moins en moins "d'élus"), favorise au sein des partis politiques les individus les plus orgueilleux, les plus narcissiques, et par extension les plus sensibles à la mégalomanie liée à ces postes de haut niveau.
En rappel, nous n'élisons pas des gens que nous choisissons, nous choisissons, parfois vaguement, voire même à contre-coeur (l'exemple de 2002 est édifiant démocratiquement parlant), des personnages imposés par des partis égalements imposés.
En effet, il est important de rappeller que le mode de présélection des candidatures (par les parrainages), les financements gigantesques des campagnes et la connivence rappelée des médias n'autorisent pas une candidature individuelle et hors étiquette (à l'échelle nationale).
Le choix n'en est donc pas un, et cette course aux voix se traduit toujours par une campagne consensuelle et commerciale, où sont écartés tous les sujets diviseurs pour ne rassembler au final que des grands principes dénués d'actions.
Les compétences :
Comme certains messages l'ont très bien fait remarquer, le politique n'est expert qu'en une chose : la politique. Les ministères sont certes dirigés par les ministres, mais ils sont gérés et fonctionnent grâce à l'appareil d'état: des fonctionnaires, de niveaux et de compétences variés, pour certains excellents dans leurs domaines.
Le politique brigue une place, non une fonction dont il a des compétences. Il est d'ailleurs amusant de remarquer comme les ministres obtenant des postes dans lesquels ils avaient des compétences selon eux, se sont rapidement plantés. De plus, les remaniements ministériels et leurs chaises musicales nous montrent bien cette duperie qui est de croire que la politique ( et leur formation d'élite) leur apporte autre chose qu'un carnet d'adresses garnis et des compétences en verbiage de haut niveau.
Ceci est vrai aussi pour nos assemblées, qui ne représentent pas la population, tout le monde le sait (femmes, minorités, répartition sociale...). Le Sénat est lui devenu une quasi maison de retraite pour politiques, de par sa longueur de mandat et sa position reculée des affaires quotidiennes.
Donc, la représentativité n'est pas affaire de compétences, mais bien de porter le message, les valeurs, de ceux qui sont en bas. Être maçon ne fait pas de quelqu'un un être moins éclairé sur la manière de sauvegarder le régime des retraites, dont la sienne, qu'un sénateur croulant qui lui a la sienne à vie depuis un moment...
Comme cela a été abordé auparavant, si l'on maintient quelques principes de base à ce tirage au sort, on peux en faire, et encore une fois c'est bien un modèle qui a fonctionné, le meilleur modèle démocratique qui soit.
- Tirage au sort simple et universel (principe de la pyramide des tirages, en partant de groupes-citoyens petits).
- Le tirage est fait en liste, du 1er au dernier, et sur l'accord de celui qui est choisi. S'il ne souhaite pas être désigné, le suivant se voit attribuer alors le tirage. Élimine de facto les non motivés, voire les anti-démocrates.
- Mandats courts et non cumulatifs. Par ailleurs, des dispositions d'émoluements adaptés aux fonctions doivent être proposés. Quel smicard ne serait pas motivé pour être député pendant 2 ans, avec ce à quoi il a droit. Croyez vous qu'il ratera une seule séance ??
- Principe de révocation d'un candidat ou citoyen par les autres. Tout citoyen qui fera montre d'un intérêt trop personnel de sa fonction, et met en péril le jeu démocratique, pourra être révoqué. En cas de délit, il sera déclaré inapte aux fonctions de citoyen pendant un temps déterminé.
- Élection enfin, par les citoyens désignés, des postes clés qui nécessitent une stabilité dans le temps (donc hors pouvoir)...diplomatie, conseil constitutionnel, présidence de l'assemblée, etc...
- Remontée des préoccupations des citoyens, par les maillons des groupes-citoyens, jusqu'à l'assemblée nationale qui élabore les lois, par les échanges entre les groupes, et par le référendum d'initiative citoyenne qui devient ainsi moins "utile", car la communication est verticale ET horizontale.
Les groupes citoyens deviennent alors les vrais lieux de vie de la démocratie, et participent à l'éducation réelle des citoyens, leurs échanges et à une solidarité accrue.
Moi, je suis conquis, et sans faire de jeu de mots, j'adore ce texte aux références philosophiques essentielles. Je vous le recommande vivement avant de porter un jugement hatif sur ce mode de fonctionnement qui est le plus égalitaire qui soit. À vos boules de Loto !
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Le suffrage universel... oui mais
À Orbi - changeant de volet - et à tous :
" "Elections pièges à cons" : ça date un peu." C'est pas la question . Mais tu es pour ou tu es contre, le suffrage universel ?"
- je pense que c'est un mauvais système, parce qu'il ne serait parfait que dans une société de surhommes, de citoyens parfaits...
Après discussion avec Étienne, suite à ses remarques reçues par email, je tiens à apporter des éclaircissements sur ce point : je dépose un nouveau message, qui devrait tomber à la suite du message n°1502 de JR.
Je serais tout à fait pour, mais une règle de base de la liberté (non pas de quelque liberté de société de l’embrigadement) est qu'on ne force pas les gens à faire de la politique. Ou à adhérer à une association politique, ce qui revient, pour moi, au même. C'est d'ailleurs ce que j'invoque en refusant catégoriquement le vote obligatoire.
Il y a des gens qui ne lisent jamais un journal, jamais de livres, surtout, encore moins d'essais, ne suivent jamais quoi que ce soit de politique, ne savent pas même ce que sont la gauche et la droite, ou ce qu'elles ont été, et qui votent toujours. Parce que c'est un devoir... Alors que s'instruire, voire cultiver sa liberté de penser, n'en est pas un.
- Je ne tolère le suffrage universel QUE si le vote blanc est pris en compte, et justement, si le vote n'est pas obligatoire. Idéalement, si les gens qui se fichent de la politique sont intègres et ne vont pas voter. Et qu'on arrête de rabâcher que voter est aussi le devoir des je-m'en-foutistes de la culture et de la chose publique.
Lorsque des représentants ou des postulants au pouvoir, déjà chefs de partis ou assimilés, posent une question, il me semble qu'il est odieux de ne pas pouvoir répondre - officiellement - : "votre question est stupide / mal posée / inadmissible / elle implique des réponses toutes inadmissibles".
Donc je suis INDIGNÉ de l'inexistence de la prise en compte du vote blanc , en premier lieu : pour le référendum ; mais aussi pour le scrutin uninominal.
Par ailleurs, la démocratie ne se réduit pas à la dictature de la majorité, et on a vu par cent exemples historiques qu'une bonne loi, vue a posteriori, a mis longtemps à réunir une majorité d'adhésions.
Mais une règle de la démocratie est qu'on s'en remet à la décision de la majorité... tout en garantissant que ce qui est fait un jour peut être défait ou changé plus tard.
Il est donc essentiel de compter officiellement ceux qui rejettent l'intégralité des réponses préétablies, parce que de tous temps une idéologie peut dominer.
- Je suis globalement pour le tirage au sort des représentants parmi des gens se déclarant volontaires, pour les pouvoirs législatif et exécutif.
Pour les postes centraux du pouvoir exécutif, je suis pour que ce tirage au sort s'effectue comme première étape, avant des élections au suffrage universel, avec une campagne dans laquelle les sondages d'opinion soient interdits et qui soit couverte exclusivement, dans les médias, par des "conférences de citoyens".
Cet ensemble de règles a pour but d'éviter que des "stars" soient imposées au vote, tout en n'imposant pas la désignation de gens qui resteraient inconnus des citoyens avant leur accession au pouvoir, et tout en ne supprimant pas cette belle idée et ce grand moment de débat que constitue la campagne électorale (comme dit Jacques Roman).
J'ai proposé qu'un vote blanc massif, dont j'ai défini une méthode pour fixer le seuil, se traduise par l'introduction progressive du tirage au sort (message n°1024 - http://etienne.chouard.free.fr/forum/vi … 1024#p1024).
Si vous regardez ma méthode et supposez qu'à défaut, les citoyens fixent eux-mêmes un "seuil de légitimité" à 50% de votes "pour" (non blancs), vous constatez que nous proposons un peu la même chose, sauf que nous nous appuyons sur des gens qui votent, pas des fainéants, des irresponsables, des je-m'en-foutistes, ...
Enfin, je suis pour l'instauration immédiate de ce système appliquée à l'Assemblée des citoyens, qui formerait la deuxième chambre parlementaire, en remplacement du Sénat, et serait basée sur un réseau d'Assemblées locales. Voir le volet "18 Pour une République civile(par Frédéric Bauer)" - http://etienne.chouard.free.fr/forum/vi … .php?id=70.
Le droit à la bêtise doit bien sûr être préservé, non pas par idéal, mais parce que la bêtise est universelle. S'agissant des citoyens, j'ai plaidé pour, en disant les conditions dans lesquelles je tolère le suffrage universel.
S'agissant des élus, Pierre Rosavallon, cité par Étienne dans son Journal, dit merveilleusement les choses en résumant le principe essentiel qui régit le tirage au sort : ce qui compte n'est pas tant la compétence, mais le contrôle des élus.
On n'est pas jugé pour incompétence, dans une société juste du moins. On l'est parce qu'on a triché, de manière tangible.
Dernière modification par sam17 (29-06-2006 22:13:39)
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Bonjour Sam, Mogway, et les promoteurs du tirage au sort.
On attend de tout le monde un minimum d'"honnêté intellectuelle":
Reconnaître un "esprit supérieur", ce n'est pas s'y soumettre, c'est savoir le mettre à son service...Si l'on cite Rosanvallon à tout bout de champ, ce n'est pas pour le promouvoir au rang de maître à penser, c'est pour penser avec lui, comme avec d'autres, voire "prendre son parti", c'est-à-dire partager son idée, et s'engager avec elle comme "sens".
Nous avons besoin de consulter les oracles, de scruter tous les horizons, et de ne pas oublier que tout a été déjà dit quelquepart et qu' "un peuple qui oublie son histoire est condamné à la revivre".
La vertu du parti politique devrait être de faire en sorte que "les petites gens s'emparent des grandes idées".
En cas de tirage au sort, ces partis fonctionneraient comme "groupes de citoyens", mais ils auraient leurs cultures, leurs recherches, leurs dynamiques propres: un horizon différent, une histoire en cours, un sens...
Car la question est bien (pour moi) de donner du sens à "la chose publique":
Le citoyen lambda tiré au sort , s'il est de modeste condition, n'aura pas la confiance en soi de celui qui proviendra d'un "milieu privilégié", et, confronté à ce "devoir de siéger au milieu des cadors", il sera porté à céder son tour...Sauf s'il a une motivation , un engagement, un parti.
Je pense qu'il faudrait expérimenter le tirage au sort de la façon suggérée par Sam, en liaison avec l'émergence d'un vote blanc dont ce serait l'un des effets.
Obliger les citoyens à faire de la politique je ne suis pas pour, mais ce ne serait pas plus cruel que de les obliger à faire des économies à partir d'un SMIC à 1000 Euros ...Et puis si cela tourne à la tyrannie, reste le sacro-saint "devoir de désobéissance", NON ?
Dernière modification par alainguillou (27-06-2006 15:30:42)
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Cher Alain,
Il s'agit probablement d'un malentendu : le Pierre en question, celui qui défend le tirage au sort, n'est pas du tout Rosanvallon (qui, lui, défend bec et ongles, et avec une force de conviction étonnante, le suffrage universel).
Non : Pierre qui prend le nom d'auteur André Tolmère est un simple citoyen comme toi et moi, qui ne revendique d'autre autorité que la cohérence de ses idées.
Il n'est donc nullement question de "maître à penser", mais bien de fortes pensées, puissantes par elles-mêmes : il faut prendre le temps de les lire tranquillement.
Enfin, personne ici n'a parlé d'obliger les gens à faire de la politique, n'est-ce pas ?
Amicalement.
Étienne.
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A sam;
je pense que c'est un mauvais système. Parce qu'il serait parfait dans une société de surhommes, de citoyens parfaits...
tu me fais peur; on a déjà lu ça " le surhomme... "
Enfin, les hommes sont comme ils sont. Tu ne vas pas changer le peuple quand même !!!.
Rosanvalon
"ce qui compte n'est pas tant la compétence, mais le contrôle des élus..."
je suis parfaitement d'accord avec celà. Toute mon activité le démontre. Je souhaite limiter le pouvoir des élus.
Quant à la république des idées. Avez vous écouté les ateliers sur la démocratie dans le colloque de grenoble au début du mois de juin.
A un moment , il y a une personne dans le public qui intervient et qui dit en gros. C'est trés bien on vous a compris depuis longtemps mais qu'estce qu'on peut faire en tant que citoyen? Gros silence.. enfin il y a un intervenant qui dit en deux mots, "attention au populisme" puis il passe à autre chose. et bien moi, j'en ai marre des analyses. ce qui m'intéresse c'est justement ce que dit cette dame. le post cast des ateliers étaitent sur le monde .fr, Vous pouvez tenter sur france culture si ça ne l'est plus sur le Monde, je crois.
La république des idées sont des conseillers du "prince", de gauche en plus, des analyseurs d'analyses, des coupeurs de cheveux en quatre, même s'ils sont intelligents. des fonctionnaires de l'analyse.
Ils ne servent à rien. Ils jouent entre eux, a savoir qui est le plus intelligent. La démocratie meurt des analyses. Il serait temps d'agir.
la lutte continue.
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Suffrage universel, tirage au sort
Sam17 (1449) pense que c'est un mauvais système et qu'il ne serait parfait que dans une société de surhommes, de citoyens parfaits...
Est-ce qu'on ne peut pas en dire autant, et plus, du tirage au sort ? Il présente tous les risques du suffrage universel dans une société qui n'est pas parfaite, plus celui d'admettre des fous et des fumistes, que le suffrage universel aurait éliminés à peu près à coup sûr.
Je pense néanmoins avec Alain Guillou (1454) que le tirage aurait sa place comme moyen de donner effet au vote blanc (ce qui suppose que le vote blanc n'a qu'une signification officielle : le rejet de tous les candidats en présence). JR
Dernière modification par Jacques Roman (28-06-2006 05:30:29)
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À Jacques Roman,
Sachez que je n'ai pas l'intention de rêver et de plaider dangereusement pour la tyrannie des incapables et des fumistes. Je me connais assez, je suis très exigeant (avec moi-même, donc avec les autres).
Quand vous écrivez "des fous et des fumistes, que le suffrage universel aurait éliminés à peu près à coup sûr" c'est un abus de langage que je tiens à dénoncer immédiatement... Ce n'est pas le suffrage universel qui les élimine, c'est ce qui se passe en amont, dans la fabrique des "stars" (appelez les des chefs potentiels si vous voulez).
Je soulevais un double problème : comment "éviter que des "stars" soient imposées au vote, tout en n'imposant pas la désignation de gens qui resteraient inconnus des citoyens avant leur accession au pouvoir, et tout en ne supprimant pas cette belle idée et ce grand moment de débat que constitue la campagne électorale (comme dit Jacques Roman)."
Je pense sincèrement que dans la mesure où il est possible et pour les applications pour lesquelles il l'est, un tel système combiné serait très bon :
- Dans un premier temps, vous laissez tous les volontaires se présenter, y compris, je suppose et les "fumistes", et les "fous", les "habitués", les "cratocrates", ...
- Dans un deuxième temps, vous en tirez au sort un certain nombre (mettons 15 pour un scrutin uninominal). Avec ces deux premiers points, vous éliminez toute exclusivité des structures (partis, journaux, faiseurs d'opinions, de sondages, ...) dans le choix des "candidats à la candidature". Voilà ce qui importe essentiellement.
- Dans un troisième temps, vous organisez le vote, et la campagne, comme au présent.
Sauf que vous faites mieux : je propose que les sondages d'opinion soient interdits du début (présélection par tirage au sort) à la fin (dépouillement) de la campagne. Je propose également que durant cette période au moins, les émissions politiques anarchiques et autres scènes où les politologues, avertis, habitués, ... s'imposent, organisent des pseudos débats avec des personnes qu'ils choissent eux-mêmes, ..., soient interdites et remplacées par des "conférences de citoyens", dont les animateurs et les participants soient eux-mêmes tirés au sort parmi des volontaires (voir le lien sur ma proposition, que je cite en fin de message).
Cette idée, dont je ne suis pas convaincu qu'elle vous plaise, on pourrait songer à s'en passer, grâce au tirage au sort qui viendrait d'être fait. Mais je pars du principe que si les volontaires du départ ne sont pas légion, vous risquez d'avoir quelques habitués dans le lot qui bénéficient de tous les soutiens des faiseurs d'autorité médiatique.
- Au bilan, les citoyens jugeront sur pièces, autant qu'ils peuvent le faire. Et on se doute que nombre d'entre eux éviteront de voter pour des fous, des fumistes, des gens dont les propositions et les commentaires montreraient qu'ils ne connaissent rien, qu'ils n'ont pas les pieds sur terre, qu'ils seraient dangereux aux commandes, ... Comme ils seront libres, enfin, de ne pas voter pour les "stars" qui se trouveraient dans les sélectionnés. Simplement parce qu'enfin, ils auraient en face des inconnus.
- Bien évidemment, garder la campagne électorale vise à ce que ces inconnus ne le soient pas jusqu'au vote final. Au suffrage universel.
Je me sens contraint de finir de recopier ici le passage en bleu de mon message n°1449. Quand vous l'aurez lu, je le retirerai de ce message, pour ne laisser que la référence :
"Pour les postes centraux du pouvoir exécutif, je suis pour que ce tirage au sort s'effectue comme première étape, avant des élections au suffrage universel, avec une campagne dans laquelle les sondages d'opinion soient interdits et qui soit couverte exclusivement, dans les médias, par des "conférences de citoyens"."
Prendre l'application désignée - "Pour les postes centraux du pouvoir exécutif" - avec patience. Mais je procède par élimination. Il y a déjà que :
- d'une, les magistrats sont des magistrats ;
- de deux, je suis globalement pour le simple tirage au sort de volontaires pour le pouvoir législatif, en tout cas pour une chambre au moins. Entre autres applications pour lesquelles cela pourra s'avérer essentiel, il y a le vote des moyens matériels pour le service public de Presse. J'ai posté dernièrement un message sur le volet "médias". L'avez-vous lu ?
- de trois, l'exécutif a beaucoup d'exécutants..., et il est bien que des gens qualifiés travaillent aux postes requérant des qualifications. Police, armée, myriade d’emplois de fonctionnaire ayant un pouvoir exécutif.
"Je pense néanmoins avec Alain Guillou (1454) que le tirage aurait sa place comme moyen de donner effet au vote blanc (ce qui suppose que le vote blanc n'ait qu'une signification officielle : le rejet de tous les candidats en présence)."
Nous sommes déjà trois, donc :
"Je pense qu'il faudrait expérimenter le tirage au sort de la façon suggérée par Sam, en liaison avec l'émergence d'un vote blanc dont ce serait l'un des effets." (Alain - 1454).
"J'ai proposé qu'un vote blanc massif, dont j'ai défini une méthode pour fixer le seuil, se traduise par l'introduction progressive du tirage au sort (message n°1024 - http://etienne.chouard.free.fr/forum/vi … 1024#p1024).
Dernière modification par sam17 (28-06-2006 16:34:38)
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Je tiens juste à rappeler, en parlant du risque notable de voir tirés au sort des fumistes, des incapables, ou des dangereux, que le suffrage unniversel a maintes fois démontré qu'il n'était en rien une barrière à ces individus. On ne cite plus le nombre d'élus dont le plus grand accomplissement de leur longue carrière politique a été de faire autant de cocktails sans tacher leur costume. Ne parlons pas des parachutés, géographiquement, des décentralisés de l'Ena qui sont arrivés dans de belles régions sans même désirer apporter à ces villes autre chose que leur prestige personnel, ni des "VRP" de la politique, qui glissent d'un fauteuil ministériel à un autre (autant mettre des bancs!) sans l'ombre d'un scrupule, et écrasent de leur arrogance des administrations qui connaissent le sujet.
Enfin, concernant les fous dangereux, nul besoin de s'étendre sur le sujet; combien de dictateurs, de fous, ou de va-t-en-guerre (allez-y, moi je vous regarde) ont été portés au pouvoir par les urnes ? Idem pour les criminels et délinquants, les alcooliques et les fachistes, les dépressifs et les "neuneus".
Le suffrage ne protège en rien de ces individus, le tirage au sort, au moins, a le mérite d'apporter des gens plus humbles. Je ne vois alors pas l'intérêt d'y ajouter une campagne, ces gens sont désignés, et ils ont accepté leur désignation. Et leur attitude négative, une fois en fonction, est contrôlée par les lois. L'interdiction de citoyenneté, temporaire ou définitive est une sanction qui peut être immédiate en cas de manquement à leur mandat de représentant.
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MogWai (1484)
Vous dites à propos des éventuels tirés au sort :
"...Et leur attitude négative, une fois en fonction, est contrôlée par les lois. L'interdiction de citoyenneté, temporaire ou définitive est une sanction qui peut être immédiate en cas de manquement à leur mandat de représentant."
Mais est-ce que cela ne s'applique pas tout aussi bien aux élus, qui ont eu en plus l'obligation de se présenter devant les électeurs ? JR
Dernière modification par Jacques Roman (29-06-2006 11:21:53)
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Suite à mon message n°1449
Je tiens à apporter quelques éclaircissements, sur mon propos un peu ambigü.
Pour ne pas fausser le fil de la discussion, j'ai préféré laisser en l'état le message d'origine, et y placer un renvoi.
Il était injuste de répondre que c'est le suffrage universel en lui-même dont je pense qu'il est un mauvais système.
Ce qui me dérange n'est pas le suffrage universel, mais plus exactement :
1) la présélection des candidats qui se produit en amont, qui consuit à l'injustice dans la sélection des candidats à la candidature ;
2) un ensemble de choses qui gravitent autour et me semblent fausser nettement la liberté de choisir en connaissance :
- l'instrumentalisation des sondages d'opinion et l'usage anarchique de ceux-ci, spécialement durant la campagne ;
- le monopole de la parole dans les médias par certains (et la sélection des journalistes par de grands patrons) ;
- leur prétention à faire de la "pédagogie politique" ; les prises de position pour ce qui relève ou non du domaine du "politiquement possible", réaliste, centriste ou extrémiste ;
- les "émissions politiques" spectacles, avec soit disant débats de gens invités selon les seules décisions de politologues de complaisance, souvent amis de ces derniers ou de leurs patrons ou "directeurs de l'information", souvent aussi soit faussement opposés, soit caricaturalement catalogués (pour / contre ; syndicalistes râleurs / chercheurs de compromis ; droite / gauche ; libéraux / crypto-collectivistes ; gauchistes ; nationalistes ; jeunes nécessairement incultes ; archaïques parce que défendant des valeurs du passé, conservatrices comme révolutionnaires ; ...)
- ...
Bref : ce qui me choque tient à la propagande d'un quatrième pouvoir qui n'a plus rien de cela.
Pour le reste, :
- s'agissant de mon attachement à ce que le suffrage universel a de très bon, je crois que le passage en bleu de mon message n°1449 est assez clair ;
- s'agissant de certains postes, je suis effectivement pour un tirage au sort direct de citoyens volontaires.
Ma priorité se situe sur une partie du Parlement, notamment une Assemblée de citoyens qui aurait pour seul fonction de voter la répartition du financement du service public de Presse (http://etienne.chouard.free.fr/forum/vi … 1320#p1320).
Dernière modification par sam17 (29-06-2006 23:05:07)
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Quand on bâtit un système, la règle démocratique n°1, c'est de le rendre accessible, compréhensible, au grand nombre avant de poursuivre
À Orbi :
"les hommes sont comme ils sont. Tu ne vas pas changer le peuple quand même !!!"
Tu m’as peut-être lu un peu vite, c'est bien ce que je dis : non seulement je ne veux pas « le changer » (à quoi bon le vouloir ou l’espérer ?) mais en plus, je plaide pour qu’on instaure des règles qui soient applicables à des humains, pas à des surhommes.
Nous ne sommes pas des surhommes et il serait regrettable d'édicter des lois qui fonctionnent uniquement pour de telles machines. Tout comme il serait regrettable de vouloir faire de nous de pareilles machines... pour s'adapter aux modèles qu'on aurait établis. N'est-ce pas cela la grande base du problème de l'idéologie ?
Une petite parabole (certes un peu dure à suivre pour un non scientifique) :
Les ingénieurs, depuis des siècles, savent très bien modéliser un ensemble de systèmes parfaits, qu’on appelle systèmes résonnants.
En mécanique, c’est un système "masse-ressort-amortisseur" ; en électronique, l’équivalent exact est un système (dit "RLC") composé d’une résistance, d’une bobine et d’un condensateur.
On effectue aussi ce qu’on appelle des analogies électriques pour étudier des systèmes composés de plusieurs systèmes de transformation de l’énergie, afin de tout ramener à un seul système, électrique en l’occurrence, pour le mettre en équations. C’est ce qu’on fait par exemple avec un haut-parleur, qui comporte une triple transformation d’énergie : électrique, mécanique, acoustique. Le tout peut-être ainsi étudié comme un système complexe, mais tout électrique.
Il y a des centaines d’exemples qu’on pourrait citer.
Durant des décennies, on a fait des amortisseurs de voiture sur le même principe, que j’ai décrit.
Puis, afin de prendre en compte de grandes variations de masse, de vitesse (imaginez vous une 2CV lancée dans un virage à plus ou moins grande allure, ou avec plus ou moins de passagers à bord), on a inventé des systèmes très complexes, dit "actifs" (consommant de l’énergie extérieure) pour corriger les choses en "temps réel".
Un jour, on a compris que de bien meilleurs amortisseurs pouvaient être créés, qui ne nécessitent aucun apport d’énergie, … sur la base du chaos. Ces théories sont passionnantes (on y trouve des notions de fractales, notamment), mais inaccessibles au commun des mortels, et à vrai dire… bien des décideurs n’iront jamais leur envisager d’applications.
Ce fut la même chose avec les digues. Longtemps, on a fait des digues en béton : on s’est dit "voyons, les vagues ont la plupart du temps telle hauteur, telle vitesse,… il nous faut donc telles dimensions de digue".
Mais les digues faites d’amas de rochers, on n’a jamais fait mieux… elles absorbent aussi bien toutes les vagues. Et quand il y a des phénomènes naturels dits "catastrophiques", elles sont d’un bien meilleur secours.
La différence, c’est qu’on ne sait pas vraiment les "calculer"…
La morale de cette histoire est double :
- Alors que le système parfait répond très bien à une attente donnée, dans un domaine restreint, le chaos répond juste un peu moins bien, mais dans un domaine beaucoup plus large, et ce de manière assez constante sur ce domaine ;
- Le drame, c’est qu’à employer des modèles qu’on sait bien manier, on se focalise dessus, on uniformise les actions, les pensées d’une foule de gens… avec pour objectif et pour conséquence d’uniformiser les produits… Quand aux bons systèmes, qui ressemblent beaucoup au chaos de la nature, le drame est qu’on ne sait pas les modéliser.
Vive la diversité… Et attention à l’usage des modèles : ce n’est pas à la réalité de se conformer à eux. L’inverse, oui, modestement. Pour essayer de comprendre un peu plus, sans chercher à employer vite fait ses découvertes. Je crois que, quand on bâtit un système, la règle démocratique n°1, c'est de le rendre accessible, compréhensible, au grand nombre avant de poursuivre.
C'est ainsi le drame des "sciences" économiques. Et il est terrible qu'une doctrine économique s'impose dans le discours politique.
Un ouvrier est aussi capable de comprendre les bases de l'économie qu'un patron. Sauf qu'ils n'auront jamais le même système de lecture, les mêmes paramètres.
Un prof d'économie, que je lisais il y a peu, nous rappelait que les modèles économiques sont des systèmes qui se placent du point de vue d'un type d'acteur de la société donné. Ainsi, le libéralisme est essentiellement le modèle qu'emploie un entrepreneur qui veut fixer le prix adéquat, pour maximiser ses revenus, tout en permettant d'écouler assez ses produits ; le Keynésianisme serait bien plus un modèle qui s'adresse à un ministre de l'économie et des finances : il compose avec l'intervention des pouvoirs publics, notamment en matière de fixation du prix de la monnaie, avec les services publics, avec l'action des syndicats, pour négocier les salaires.. qui sont aussi du "pouvoir d'achat", ...
J'espère avoir été un peu compréhensible...
Dernière modification par sam17 (29-06-2006 23:31:02)
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Comme tu l'as dit, c'était pour les "scientifiques". Donc, trop fort. Je ne me considère pas comme un scientifique.
Mais sérieux : peux-tu me répondre par oui ou non ?
Envisages-tu sérieusement le tirage au sort comme mode de désignation de représentants du peuple ?
Si oui, ce que tu devrais faire pour commencer, c'est proposer, dans la section du parti auquel tu appartiens, le tirage au sort pour désigner celui qui représentera le parti aux prochaines élections sur ta circonscription ou ton canton. Bien évidemment, pour que tu sois pris au sérieux, il faudra que tu dises que toi personnellement ce poste ne t'intéresse pas. Puis après, regarde la tête de ton leader local et des autres militants quand tu le proposeras. En plus tu sera étonné du nombre de personnes qui se défileront du jeu pour être candidats potentiels.
Amicalement.
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Les enjeux de classe disqualifient le tirage au sort, qui fait abstraction des rapports de force. Donc, vive le suffrage universel pour tendre vers la société "sans classes" (disons "dynamique politique", pour ne pas parler de lutte), avec introduction progressive du tirage au sort, liée aux progrès du "blanc" récusatoire" de la démocratie représentative et symptomatique de la capacité des citoyens à gagner la démocratie directe.
... (le 100% tirage au sort conviendrait une fois établie en fait la société des égaux, pour la maintenir, mais en attendant, cette "fin et moyen" a besoin d'autres "moyens" convergents (principes transitoires).
Cette vision progressive n'est pas abstraite et idéologique : elle part de constats où il est observé que les faibles s'écartent spontanément du pouvoir, mouvement a-politique que je souhaite voir s'inverser, grâce à la "promotion interne " dans les organisations que ces "faibles" ont la sagesse de se donner...
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Les machines à trahir
À Orbi
"peux-tu me répondre par oui ou non ? Envisages-tu sérieusement le tirage au sort comme mode de désignation de représentants du peuple ?"
Non... je ne peux pas te répondre par oui ou par non : j'ai fait plusieurs types de distinctions. Et je me suis assez étendu. Je ne vais pas rajouter une tartine si la longueur est un élément qui n'aide pas à la concentration pour la lecture.
[Puisque c'est oui à ce stade - présélection des candidats] ce que tu devrais faire pour commencer, c'est proposer, dans la section du parti auquel tu appartiens, le tirage au sort pour désigner celui qui représentera le parti aux prochaines élections [...] "
Voir le sous titre de ce forum. Un délégué de pouvoir ne plaide jamais pour qu'on réduise son pouvoir. Pour une vedette de parti, c'est précisément une terrible réduction - statistique - de son pouvoir que je propose.
Quant aux militants, je me doute qu'ils défendront - statistiquement (...) - de tous leur corps et leurs cris (leurs chuchotements suffiraient à couvrir la voix du traître) le système des chefs.
Et une chose est sûre : ils le feront beaucoup plus que ne le feraient l'ensemble des citoyens, dont 99% ne sont inscrits dans aucun parti.
"Pour que tu sois pris au sérieux, il faudra que tu dises que toi personnellement ce poste ne t'intéresse pas."
C'est un contre sens, je crois : ça, ça vaut pour la revendication à prendre part à une constituante ; pour ce qui nous occupe, je serais justement pris pour un fumiste si je propose cette règle alors que je ne risquerai jamais de la subir moi-même. Au contraire, si Hollande, Ségolène, Jospin, Fabius, D.S.K, Lang, Kouchner, Montebourg, un seul d'entre eux, surtout celui qui a le plus de chances de monter au sommet dans le système actuel, proposait et sa candidature et ce système, là on le prendrait au sérieux, et sa proposition avec.
S'il fallait s'en remettre à la décision des pouvoirs constitués ou autres structures établies pour bâtir une Constitution digne de ce nom... je crois que nous ne serions pas "là". Je ne dis pas que les partis sont remplis d'imbéciles, et qu'il faut les déserter, au contraire.
Mais la mascarade de la machine à faire des chefs, des machines à voter, qui anime les partis est de la même nature que celle qui anime les campagnes électorales, dans le grand monde.
Alors, ton message, si je le prends en sérieux (et si je doutais encore un seul instant sur cette question) est une bonne indication pour prédire que ce forum est utile, indispensable : il n'y a rien, rien, à attendre des partis pour apporter une nouvelle constitution.
Je rappelle que le PS reste officiellement, depuis le 29 mai, et jusqu'à nouvel ordre, un parti antidémocratique. Comme les Verts, l'UMP, l'UDF. La récente prise de position des 47 eurodéputés français, dont 22 du PS, n'en est qu'une preuve plus formelle.
Vous avez déjà entendu ou lu un membre du PS ayant une quelconque responsabilité dans le parti critiquer l'action de Pascal Lamy, qui fut 5 ans durant le Commissaire européen au commerce, et siège maintenant à la tête de l'OMC ? Moi non. Jamais. Cela me laisse penser que :
- il n'y a aucun système de contre-pouvoir ou d'alternance tangible au sein de ces structures que sont les partis, au présent ;
- la solidarité de parti est une terrible plaie pour la démocratie. Elle tend vite à prendre le pas sur la défense de l'intérêt général, c'est à dire précisément sur le rôle de toute association politique, et à menacer la diversité, source de réelle opposition - contrairement à la concurrence, qui mène à la standardisation. Elle agit à divers niveaux, notamment au Parlement (c'est précisément l'argument qui justifie l'ouverture du volet "Pour une République civile".)
- le double langage du mouvement néolibéral (et son pendant simulacre d'opposition, "social-démocrate") est devenu insoutenable.
Qu'il soit un mouvement totalitaire en formation, je n'en doute plus vraiment. Il en a presque tous les traits.
Ne me demandez pas de demander à "mes" chefs leur avis sur quoi que ce soit... dans le but de "tester le système" : leur avis n'est pas représentatif. Des 50% ou plus d'abstention en interne, des 30-40% au mieux de soutien parmi les votants, dont une bonne partie le fait à reculons, ... ça vous donne des 10% de soutien... exprimé, dans un choix entre la peste ou au choléra...
Les cratocrates de la "démocratie interne" des partis sont à l'image de ceux de la "démocratie" tout court.
Ils n'ont rien en commun avec moi, ne connaissent rien à la vie normale, et même à l'économie... la vraie, celle que l'on voit en travaillant dans le secteur privé qu'ils veulent étendre et imposer. Une déclaration du "socialiste" Peyrelevade, cette année (que je vous citerai prochainement : elle figure en page 1 du Plan B de juin-juillet), tout comme les propos quotidiens de Lamy ou de D.S.K., nous rappelle que le PS n'est plus qu'une ignoble machine à imposer le capitalisme financier, en son sein et au peuple.
Ils ne connaissent rien de ce que pensent les gens : ils ne lisent que la presse, et les sondages qui sont des réponses bêtes à des questions imposées par des gens du même milieu qu'eux, qu'ils tutoyent d'ailleurs.
Rien à l'esprit d'opposition, outré mais désabusé qui règne dans l'industrie, dans un système de management auquel ils sont convertis depuis des lustres. Parce qu'officiellement, il n'y a pas d'opposition (au travail, vous ne dites pas ce que vous pensez) ; et parce que cette opposition, qui existe bel et bien, très largement, bien évidemment vous n'en verrez aucun ambassadeur s'exprimer dans les médias.
M'adresser au gens d'en bas, y compris dans mon parti, ça oui. Aucun problème.
Vous savez, c'est l'histoire des vainqueurs qui vous laisse croire que les partis, les syndicats, jouent un rôle moteur dans les révoltes, les révolutions, les grèves générales. C'est, à de très de rares exceptions près, une insulte à la mémoire des combattants. En pareilles circonstances, plus que dans le train-train de la vie politique quotidienne, ces structures sont des machines à trahir, à appeler à la soumission, à rappeler à l'ordre, à hurler à la chienlit sans chefs, à dénigrer, moquer, décrédibiliser les mouvements sociaux.
Dernière modification par sam17 (30-06-2006 11:28:54)
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Sam,
Si j'ai dit que si tu proposes la règle, tu dois t'exclure du jeu pour que la règle ait une chance de passer. Parce que sinon, tes confrères de la section pourraient penser que tu as des arrières pensées ambitieuses. (Si c'est pas moi, je souhaite que ce soit n'importe qui !!)... enfin, tu vois le genre de réactions qu'il peut y avoir.
Tu sais, vis-à-vis des partis, j'ai la même opinion que toi. Mais je crois que le parti n'est pas le problème, c'est pareil dans toutes les organisations humaines, etc., etc. Le problème, c'est la question du pouvoir. D'ailleurs, je viens de faire un papier sur Agoravox sur cette question de la nécessaire précarisation du pouvoir.
À mon avis, cette précarisation ou désacralisation peut commencer par une règle plus stricte sur les mandats des représentants élus. C'est mon point de vue. Bien sûr, il y a beaucoup d'autres choses à proposer, mais cette première règle est primordiale et/ou essentielle, à mon sens.
Cordialement.
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Orbi,
nous avons de quoi nous entendre, donc... et je ne pense pas non plus que les partis soient un problème, et qu'ils fassent autre chose que subir les problèmes de toutes organisations humaines. Sauf qu'eux sélectionnent les candidats aux élections.
Je suis, de même, très critique à l'égard de la Presse, pas des journalistes individuellement.
C'est le fait qu'une organisation ait un pouvoir politique majeur qui nous incite à une vigilance particulière.
Concernant le tirage au sort, je suis vraiment résolu à demander les choses progressivement, surtout pas à partir d'une revendication grossière, générale.
L'idée de remplacer la présélection des candidats (par les partis, les sondages, les faiseurs d'opinion médiatiques, ...) par le tirage au sort parmi tous les volontaires a des avantages certains. Nul besoin ensuite de supprimer le suffrage universel.
"Parce que sinon tes confrères de la section, pourraient penser que tu as des arrières pensées ambitieuses."
L'ambition de se retrouver avec 19 chances sur 20 de ne pas même être aligné ? Cette proposition, le tirage au sort en lieu et place de la présélection du parti, je ne vois pas trop quelles ambitions elle peut servir, à part celle d'écarter le diktat des chefs. Mais elle est déjà sous-entendue dans la proposition elle-même.
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