Ce premier cadre
bleu (une page papier) est l’"en-tête" de cette
longue page web "Liens et documents utiles" : il
regroupe les principaux liens à connaître. |
Le plan C : concevoir
nous-mêmes une Constitution d’origine Citoyenne |
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C’est
aux citoyens eux-mêmes, directement, de façonner et protéger leur démocratie. les
CONSTITUANTS (les élus de l’Assemblée Constituante) doivent être TIRÉS AU
SORT (pour éviter que
des complices des candidats |
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Liens
et documents utiles |
Sites portails à consulter
souvent
Pour les sons et vidéos : dsedh.free.fr/emissions_passees.htm non.au.liberalisme.tripod.com |
Lieux de débat michelonfray.blogs.nouvelobs.com
solutions-politiques.over-blog.com/ drakkar-bleu-noir.over-blog.com cettefoiscestnon.over-blog.com |
Infos ciblées MÉDIAS : La monnaie et le libre-échange : fragments-diffusion.chez-alice.fr protectionnisme.eu sp_Protectionnisme
DIVERS (et pourtant
PRÉCIEUX) : |
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La plus précieuse radio, |
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La chronique d’Albert Jacquard |
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Terre à Terre, par Ruth
Stégassy : Archives
sonores : http://terreaterre.ww7.be |
||||||||||||
Le Monde
diplomatique : monde-diplomatique.fr |
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Lieux de réflexion et d’action ciblés sur les perspectives européennes
et sur les institutions : |
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Europe : |
France : changerlarepublique.over-blog.com |
Évolution de la
démocratie : sauvonslademocratie.ras.eu.org solutions-politiques.over-blog.com |
Choix institutionnels
détaillés : |
|||||||||
Affaire Clearstream : il faut aider Denis Robert : http://lesoutien.blogspot.com/ |
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Importants documents de synthèse, une
sélection de textes vraiment remarquables, à lire et à
relire : |
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•
« Quelle Europe construire ?
Les termes du débat. » par R. Joumard, H. Paraton, M.
Christian & JF Escuit (pdf - espagnol
pdf
– polyglotte
pdf) •
« Proposition iconoclaste pour des citoyens
législateurs : des députés tirés au sort » par Hervé
Chaygneaud-Dupuy. •
« Récapitulatif sur le RIC, référendum d’initiative
citoyenne » par Yvan Bachaud. • L’étonnante et passionnante « Constitution du Venezuela ». •
« La mondialisation
capitaliste : malheur aux vaincus » par
Jean-Marie Harribey. •
« L'Europe en crise - Que faire ? » un texte
majeur, par Maurice Allais – "Prix Nobel" d'Économie. •
« Le manifeste des chômeurs heureux » •
« Êtes-vous démocrate ou
républicain ? » par Régis Debray (qui charge le mot
démocratie de tous les maux, mais qui liste bien les points à
débattre). •
« Manifeste pour la vraie
démocratie » par André Tolmère. (version pdf) •
« Maastricht : s’est-on trompé
d’Europe ? » par André Grjebine. •
« De la réélection des députés » par
Maximilien Robespierre. •
« Les chaînes de l'esclavage » par
Jean-Paul Marat. •
« L’ère démocratique est-elle
finie ? (Un traité anti-constitutionnel) » par
Christian Darlot. •
« Conférence de Citoyens sur les
OGM : une expérience enthousiasmante » par Michel
Pimbert. •
« Replacer l’humain au centre de
l’économie » par René Passet. •
« L'escroquerie monétaire mondiale » un
document bouleversant écrit par Eberhard Hamer. •
« Limiter le rôle de l’endettement
dans la création de la monnaie » proposition de loi organique de Tovy
Grjebine. •
« Le vote électronique en France : opaque et invérifiable » un rapport accablant et consternant de
Chantal Enguehard. •
« Contre le libre-Échange, la Charte de La Havane »
par Jacques Nikonoff. •
« Pour un néo-protectionnisme, écologique et social ! »
par Jacques Sapir (excellent). •
« Sommes-nous en démocratie ? » par Les
renseignements généreux. •
« Cornélius Castoriadis analyse notre "démocratie" »
un enregistrement audio d’une richesse enthousiasmante. •
« Incursion dans un domaine trop réservé : la monnaie »
un document très intéressant rédigé par Attac 78. •
« Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu » leçons
totalitaires ou comment
détourner les institutions (pdf) •
« L’apport de
Pierre Rosanvallon pour résister aux abus de pouvoir »
regroupement
de textes importants, épars sur ce site •
« La crise mondiale d’aujourd’hui - Pour de profondes réformes des institutions financières et
monétaires » par Maurice Allais •
« Monnaie et souveraineté » un
document littéralement passionnant sur un sujet crucial, écrit par
Éric Dillies •
« Analyse du projet de traité modificatif de l'Union
européenne » une rigoureuse et utile réflexion de Robert
Joumard. •
« Reconsidérer
la richesse » un rapport d’une importance
capitale, de Patrick Viveret (résumé) • Voir aussi Bibliographie 1 , Bibliographie 2 et Documents de référence |
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Pas de liens publiés
entre le 21 juin 2009
et le 4 mai 2010
Complètement
découragé
par la passivité de mes contemporains.
« 9 000 milliards
de dollars disparus à la FED par Adenanthera : « 9 000 milliards de
dollars,
soit 9 billions en Francais, ou 9 trillions en norme US, ou encore 9
000 000 000 000 $ (en chiffres, ça parle tout de suite plus), l'équivalent de
30 000 dollars pour chaque Américain, ou plus serieusement, 1 500 dollars
pour chaque habitant de la planète (sachant que nombre d'entre eux ne gagnent
pas plus de 1 dollar par jour), quatre fois ce que le trésor USA doit à la
Chine. C’est aussi 100 000 euros pour chaque Français, voila le triste
résultat du vol de la FED dont on vient de découvrir le pot aux
roses, et étonnement : Silence dans les
médias, depuis le 6 mai 2009. Pourtant
on avait fait un foin du diable concernant l'affaire Kerviel : 5 milliards, Pourquoi
une telle omerta dans l'information ? Y a-t-il un mot d'ordre lancé pour ne
pas faire de vagues sur cette histoire ? Donc,
la source est une video/débat surréaliste
entre le rep Alan Grayson et une inspectrice générale de la FED au Sénat
americain : Je
vous joins la vidéo pour ceux qui comprennent la langue, pour
les autres un résumé traduit, et de toutes façons il suffit de voir l’air
embarrassé et les incohérences de l’inspectrice de la FED pour comprendre : http://www.youtube.com/watch?v=PXlxBeAvsB8 ON
NE SAIT PAS OÙ EST PASSÉ L'ARGENT !!!!!! -Inspecteur
Sherman, vous êtes bien inspecteur à la Réserve Fédérale ? -Absolument -Vous
avez conduit une enquête je suppose sur le rôle de la FED dans l'aide
accordée a LEHMAN BROTHERS ? -Dans cette affaire particulière, nous n'avons pas conduit
d'enquête. -Avez-vous
diligenté une enquête sur les trillions de $ qui ont disparu de vos livres
comptables aux dire de Bloomberg ? -Nous
avons actuellement regardé pour évaluer les risques. -Cela,
je le comprends, mais avez-vous fait une enquête spécifique sur ce sujet
précis ? -(hésitation)
Nous sommes dans le processus de commencer quelque chose à ce sujet. -Vous
êtes l'inspecteur général, alors connaissez vous l'identité de celui ou de
ceux qui sont receveur des fonds ? -Concernant
cette transaction nous n'avons pas encore enquêté sur ce point précis. -Êtes-vous
au courant de la disparition de ces trillions de $ qui ont disparu de vos
livres comptables ? -Nous
n'avons pas conduit d'enquête spéciale dans notre juridiction à ce sujet pour
la clarifier, et nous n'avons pas juridiction non plus pour certains détails
de l'enquête. -Madame,
9 trillions de $ ce qui représente $30,000 par chaque habitant américain,
incluant toutes couches de population, vous me dites ne pas être responsable
de l'enquête, alors qui l'est ? -(hésitant)
qui est responsable concernant l'enquête............. pouvez vous reposer la
question ? -Qu'avez-vous
fait concernant la disparition de cette argent sur vos livres aux dires de
Bloomberg, pour un montant de 9 trillions de $, dans les 8 derniers mois ? -Je
dois regarder l'article de Bloomberg, articles que je n'ai d'ailleurs pas lu. -Madame
ce n'est pas la question ! Je repose la question : où sont passés les 9
trillions de $ disparus de vos comptes ? -À
ce point, nous conduisons une enquête à haut niveau. -Avez-vous
conduit cette enquête depuis septembre dernier ? -Nous
sommes en train de collecter les informations pour savoir ce qui se passe
concernant ce sujet. -Vous êtes en train de me
dire que personne ne suit la trace d'une façon régulière de la disparition de
cet argent !! -Je
ne sais pas et nous ne sommes pas en position de pouvoir dire si c'est une
perte ou quoique ce soit d'autre. -Mon temps est écoulé, Mrs Chairman, mais je suis choque
que personne à la FED ou même l'inspecteur général ne puisse avoir trace de
tout ceci. ************************************************************************************************ Je
voudrais remercier par ce present post quelques acteurs de la transmission de
cette information dont vous pourrez suivre certains élements non repris
ici en cliquant sur les liens suivants tel que : Pierre JC Allard sur
Agoravox qui m'a fait découvrir l'info Liberté Internet dont j'ai
recopié le texte ci dessous Zabeau : membre du Post : à lire, ses divers articles
aussi ! ************************************************************************************************* En
espérant que La Rédaction du Post aura le courage de mettre cette information
en avant sur son site par le biais de la fonction : info choisie par la
rédaction (ne connaissant pas la marche à suivre, un coup de main ?). ************************************************************************************************* Après Vous
n’auriez pas vu mon or ?, voici une nouvelle péripétie d’une
dimension inimaginable. On
s’inquiétait pour la dette US, qui vient de dépasser les 11 300 milliards
de dollars US, mais on découvre avec stupéfaction que la banque centrale des
USA, la “Federal Reserve”, qui n’est en fait rien d’autre qu’un cartel
constitué par les plus grands établissements bancaires [privés] des
États-Unis d’Amérique, aurait égaré pas moins de 9 000 milliards de dollars. Disparus, volatilisés, plus aucune trace de
ce qui représente une dette supplémentaire de 30 000 dollars par citoyen des
USA. Je n’ose imaginer les motivations et les mécanismes qui se cachent
derrière ce qui constitue – à mon très humble avis – un détournement de fonds
organisé par quelques banksters privilégiés, qui ont compris que le système
qu’ils ont mis en place court à sa perte et va s’effondrer. Pendant que la population devra trimer dur
pour tenter de réparer les dégâts et rebâtir une nouvelle société sur les
ruines du mercantilisme et du monétarisme mis en place par les autorités
américaines à la botte de ces mêmes bangsters, ces derniers auront
probablement déjà pris la poudre d’escampette après avoir accumulé des
fortunes qu’ils auront précautionneusement fait sortir du pays et placés dans
des actifs tangibles. Cette fortune accumulée par les banksters
constitue la plus grande escroquerie jamais mise en place, le système
pyramidal d’exploitation de la population le plus monstrueux qui n’ait jamais
été manigancé, et qui leur permettra de se mettre bien à l’abris en attendant
que les conséquences du Tsunami s’estompent, mais plus grâve encore, leur
permettra ensuite de refaire surface une fois que la crise touchera à sa fin,
dans plusieurs années au minimum, pour perpétuer leur domination sur le système
économique grâce aux fortunes qu’ils auront accumulées, et céder en héritage
à leurs descendants un contrôle élargi du pouvoir politique. La catastrophe se rapproche à grandes
enjambées et il devient selon moi urgent et impératif de fuir les marchés
d’action à toutes jambes. La baisse soudaine du dollars US la semaine
dernière et la hausse simultanée des taux sur les obligations à long terme du
trésor US (voir l’analyse On n'ira
pas plus haut !) sont les signes précurseurs d’une crise monétaire et
financière en voie d’accélération, dont on ose à peine imaginer les
conséquences. En 2001, le 10 septembre, c’est-à-dire la veille des
funestement célèbres attentats du 11 septembre 2001, Donald Rumsfeld
déclarait que le Pentagone avait égaré de manière inexpliquable la somme de 2
300 milliards de dollars US : http://www.youtube.com/watch?v=3kpWqdPMjmo (À titre informatif : 500 milliards de
dollars US correspond
environ au budget annuel de la defense : 9 000 milliards ! de quoi faire
tourner la machine de guerre pendant 18 ans) » |
« Le malheur
est dans le prêt » Un bon reportage
d'Arte sur la catastrophe sociale
des subprimes http://plus7.arte.tv/fr/detailPage/1697660,CmC=2672836,scheduleId=2636716.ht Il
reste deux jours seulement pour voir ce film (c'est idiot, du
gâchis, mais c'est la "politique" d'Arte). |
« La
citoyenneté contre le marché ? » un livre exceptionnel, d'Éric
Desmons, professeur de droit à Paris II, Paris XIII et Sciences Po : http://www.puf.com/wiki/Autres_Collections:La_citoyennet%C3%A9_contre_le_march%C3%A9_%3F Je trouve ce livre
formidable : l'auteur y articule des centaines d'idées essentielles puisées dans une bibliographie
remarquable : je retrouve beaucoup de mes livres préférés (et j'en
découvre bien d'autres !) à travers la foultitude de notes, et le maillage de toutes ces fortes pensées
est composé avec intelligence. Les coups de boutoirs — logiques, théoriques,
historiques — contre "l'État de droit" (avec le juge hors contrôle
comme seul maître de l'effectivité de la garantie des droits) comme
complément logique verrouillant l'escroquerie intellectuelle "démocratie
représentative" au profit d'une caste de privilégiés, ces coups de
boutoir contre les infinis détournements du droit sont précieux de la part
d'un grand juriste. Je regrette cependant la minceur de la conclusion (et
du livre entier, d'ailleurs) : chaque chapitre est en soi un outil de
résistance très intéressant contre les abus de pouvoir, alors que, au
contraire, la courte conclusion,
étrangement, presque vide de propositions concrètes, ne sert quasiment à
rien. Ce n'est pas grave. Sans parler du grand
absent (apparemment) de cet important petit livre qu'est le tirage au sort. C'est précisément ce genre de
livre que j'aimerais écrire un jour, en articulant les meilleures réflexions
que j'ai identifiées sur mon sujet (dans de nombreuses spécialités), pour
produire une démonstration et fonder un projet cohérent, original et décisif
pour le bien commun. Je trouve ce livre remarquable ; de la même qualité que le dernier livre
de Jacques
Généreux, "Le socialisme néomoderne" (une merveille
d'intelligence, plus riche encore mais dans d'autres disciplines) ; je vous
les recommande chaleureusement tous les deux. J'en donnerai quelques extraits sur le blog. Le
chapitre 2 du livre d'Éric Desmons, "Être citoyen : exercer le pouvoir ou
jouir des droits fondamentaux ?", est passionnant d'un bout à l'autre, tous les paragraphes
comptent, on voudrait tout citer ! Je n'ai pas encore fini cet essai (comme avec tous
mes livres, je fais durer le plaisir), et j'espère y trouver —vous le
devinez, mais sans grand espoir ;-) — quelques éléments de réflexion sur la décisive (et méconnue) qualité du processus constituant — processus essentiel historiquement jamais impartial, toujours dévoyé,
perverti, du fait (méconnu) de l'élection
des constituants, élection parmi des candidats
imposés par les partis, au lieu de leur très nécessaire tirage au sort.
Si j'y trouve quelques pistes dans ce sens, je ne manquerai pas de vous en
faire part, évidemment. J'espère un jour avoir le privilège d'échanger des
idées avec cet homme-là. Un très bon livre. À lire, vraiment. |
«Microcrédit, macro-espoir »
un
entretien du Nouvel Obs avec Muhammad
Yunus :
http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p20080320/articles/a370134-.html
"Depuis vingt-cinq ans, il est le «banquier des pauvres» au
Bangladesh.
Il développe aujourd'hui des projets audacieux pour un
«capitalisme social»" (…)
« À travers la
Banque du Peuple de P. J. Proudhon » une synthèse
passionnante d'un des projets essentiels de Proudhon http://prosperite-et-partage.org/spip.php?article23 À propos, vous
devriez écouter cette émission de France
Culture, Concordance des temps,
Ce spécialiste de
Proudhon est tout simplement enthousiasmant… Pensez à explorer
la véritable corne d'abondance qu'est le site http://prosperite-et-partage.org |
« Devinette :
qui cultive la démagogie sécuritaire ? Lettre ouverte
du Syndicat de la magistrature » vendredi 12 juin
2009, par Olivier Bonnet : http://www.plumedepresse.com/spip.php?article1150 « Nous publions
intégralement ci-dessous une lettre ouverte signée par le bureau national du Syndicat de la magistrature, en date
du 11 juin, qui dénonce les poncifs et
fausses évidences sécuritaires, faits et chiffres à l’appui. Un rappel
toujours salutaire, doublé d’un petit jeu : à vous de deviner à qui la missive est adressée. » (Lire la
suite…) |
« Histoire
d’une utopie émancipatrice De l’éducation
populaire à la domestication par la "culture" » Un article très intéressant de Franck Lepage dans Le Monde diplomatique (mai 2009) : http://www.monde-diplomatique.fr/2009/05/LEPAGE/17113 À propos de cet
étonnant sabotage public du projet d'éducation populaire de 1945, « Inculture(s) Conférence
gesticulée de Franck Lepage » http://www.alpesolidaires.org/incultures-conference-gesticulee-de-franck-lepage (ça devient dense et important à partir de la minute 75) « Décapante, tonique et drôle, cette conférence gesticulée par Franck Lepage, nous raconte comment le mouvement d'éducation
populaire qui avait l'ambition, après la deuxième guerre mondiale, d'être une
"formation à la politique", a progressivement perdu son but et son
sens à travers l'institutionnalisation de la CULTure, de la JEUNEsse et du
SPORT. Le recul dans l'histoire amène à une redécouverte du sujet,
pour un dépoussiérage salutaire. Franck Lepage a notamment participé au "Livre
noir de l'animation socio-culturelle" en 2006. Incultures est
produit par la scop d'éducation populaire Le Pavé qui édite le DVD de ce spectacle. » |
« Il faut imposer les riches,
estime la majorité des populations
sondées par l’institut Harris »
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2603
« Argentine :
les salariés redémarrent en coopérative des entreprises faillies » http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2681 En Argentine, le
mouvement de reprise d’entreprises par leurs salariés, qui avait vu le jour
après l’effondrement économique de 2001, connaît un renouveau depuis quelques
mois. De nombreux salariés de firmes en
faillite ont choisi de se battre et de sauvegarder leur emploi en relançant
l’activité sous forme de coopérative ouvrière. Emblème de ce mouvement, le luxueux Hôtel Bauen de Buenos Aires, occupé par ses employés en 2003
après sa fermeture, est aujourd’hui devenu une entreprise rentable qui
emploie 150 personnes. » (Lire la suite…) |
« Résistance
individuelle contre l'oppression, partout sur terre, http://www.youtube.com/watch?v=9-nXT8lSnPQ © Stuart Franklin Et une bonne
synthèse proposée par Mots d'images : http://motsdimages.ch/L-Homme-de-Tian-anmen.html |
« La folie du
libre échange dérégulé « Oubliant que ce sont des lois qui ont
fait le marché, d'aucuns ont cru que l'avenir du marché était dans
l'abolition des lois ! Folie comparable à celle d'un gardien de zoo qui ouvrirait la cage des lions,
au prétexte qu'en trente ans de carrière il n'a jamais vu un lion agresser
qui que ce soit ! » Jacques Généreux, Les vraies lois de
l'économie, 2005, p 295. Une réserve (en forme de procès d'intention) : je suis sûr que les idéologues du libre
échange n'oublient rien du tout, je suis sûr qu'ils
savent très bien que leur idéologie va martyriser le plus grand nombre
au profit de quelques privilégiés (privilégiés qui payent justement ces économistes pour soutenir théoriquement
les sottises du libre échange et du saint-marché). ÉC. |
« Paul Jorion est l'invité — décapant —
de France Info (vidéo) » http://www.pauljorion.com/blog/?p=3299 Cet entretien est souvent passionnant. Il est même
enthousiasmant de voir ainsi critiquer
radicalement le système sans qu'aussitôt les chiens de garde ne mordent les
jarrets du résistant. Je ferai seulement une nuance et une réserve : 1) Sur la monnaie,
je nuancerais : quand Paul dit qu'"une reconnaissance de dette, ce n'est pas de la monnaie", il devrait plutôt dire qu'"une reconnaissance de dette c'est une mauvaise
monnaie, voire une fausse monnaie" ; je ne reviens pas là-dessus
;o) 2) Le plus
important, c'est ma réserve ; elle concerne le libre échange : j'ai l'impression que Paul n'a (encore)
rien lu d'important sur la question et qu'il répond intuitivement ; nous
serions alors un peu dans la même situation qu'il y a un an, à propos de la
monnaie : Paul avait des positions assez tranchées sur un sujet (la création
monétaire) où il avoua plus tard qu'il n'avait jamais lu un seul livre… ce
qui se comprend (les employés des banques n'ont jamais conscience de la
création monétaire, ils n'en voient aucun signe), et ce qui défend tout à
fait car l'opinion de Candide apporte toujours un précieux sang neuf aux
débats d'idées, mais ce qu'on doit garder à l'esprit pour ne pas exagérément
survaloriser certains points de vue : Candide n'a pas toujours raison par le
seul fait qu'il est candide. Sur le libre
échange, il y a six mois, Paul a censuré un de mes commentaires qui
évoquait une excellente synthèse sur le libre échange, simplement parce
que son auteur était d'un petit parti (Solidarité
et progrès) que Paul suspecte (très injustement, à mon avis) d'être, sans
le dire, d'extrême droite, ce qui est une sottise, un vrai procès en
sorcellerie (injuste de A à Z), je crois : Pierre Bonnefoy avait
écrit une synthèse passionnante contre l'idéologie
(impérialiste) du libre échange, outil de
domination des Anglais à l'époque, devenu aujourd'hui outil de domination des
multinationales. Pierre Bonnefoy soulignait dans ce long document,
entre autres, l'importance de l'œuvre de Friedrich
List, dont le livre "Système national d'économie
politique" (excellemment préfacé par Emmanuel Todd) est
effectivement une merveille de raisonnements et de faits articulés en faveur
du protectionnisme c'est-à-dire
d'un échange intelligent, régulé,
garanti équitable, au lieu de la jungle libréchangiste qui ne favorise
évidemment que les plus forts. Résultat de la calomnie contre Solidarité et progrès (et de la crédulité de ceux qui font crédit
aux calomnies sans prêter attention à la défense des calomniés) : Paul
semble (pour l'instant) intellectuellement fermé à cette critique radicale de
la plus dangereuse idéologie économique qui soit… c'est très dommage. C'est
un exemple de plus de la redoutable
efficacité de la calomnie. C'est d'autant plus paradoxal que Paul Jorion défend
(vaillamment, courageusement) quasiment toutes les thèses essentielles de Solidarité et progrès, et notamment la
dénonciation de la finance et la banque comme parasites mortels du système.
Comme prévu par les calomniateurs, la calomnie conduit les résistants à se
tirer dessus mutuellement : ça marche depuis des millénaires. Si vous n'avez pas lu cet article de Pierre Bonnefoy
qui explique les enjeux du combat
idéologique entre libre échange et protectionnisme, (l'article coupé par
Paul), je vous le recommande instamment : http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=3031#p3031. Contre la nuisibilité crasse du libre échange (au
regard de l'intérêt général, bien sûr, car au regard des intérêts des
ultrariches, c'est l'inverse, évidemment), il faut lire Jacques Généreux qui, à
mon avis, sur ce sujet-là, est mille fois plus crédible que Paul Jorion (ou
moi). Cette réserve faite, Paul est formidable dans cet entretien : attachant, bagarreur, convainquant, décapant. |
Excellente synthèse vidéo des arguments http://www.youtube.com/watch?v=Z58NFfR5iGU Ne ratez pas cette
courte et forte vidéo. Et... faites passer ;o) PS : le site du RIC, pour
imprimer vous-même vos bulletins : |
« Élections au
parlement européen : combien passeront au privé ? » Excellente
question : face à l'évidente et profonde corruption
de la démocratie par les marchands, « À
quelques semaines des élections au parlement européen, les affiches
électorales ont commencé à fleurir dans les villes d'Europe. Si on connait
désormais la liste de ceux qui concourent à une (ré-)élection, on sait
également quels députés ne briguent pas de nouveau mandat. Beaucoup vont
retourner à la politique nationale, prendre leur retraite ou chercher un
nouveau job. Mais il sera particulièrement intéressant d'observer au
cours des mois et des semaines qui viennent, lesquels parmi les actuels
députés vont passer de l'autre côté de la barrière et trouver un emploi de
lobbyiste au service de l'industrie. Après
les dernières élections, en 2004, Elly Plooij van Gorsel, le
vice-président sortant du parlement européen est devenu consultant senior
pour la firme de lobbying Blueprint Partners,
très peu de temps après avoir quitté ses fonctions. Les
deux anciens députés britanniques David Bowe (travailliste) et Nick Clegg
(libéral-démocrate) ont rejoint les rangs de la société de lobbying GPlus
Europe (M. Clegg est depuis retourné à la
politique et est devenu le Pt du parti social-libéral.) Pat Cox, l'ancien président du parlement
européen a intégré le géant des relations publiques APCO ainsi que la firme
de conseil basée à Bruxelles European Integration Solutions. Pat Cox est
aussi conseiller de Microsoft, Pfizer et Michelin. Quant
à l'ex-député allemand Rolf
Linkohr, il a créé le Centre for European Energy Strategy (CERES), un think
tank spécialisé dans le conseil en lobbying pour les grandes firmes
énergétiques, y compris l'industrie nucléaire. (Lire la suite…) » À propos de prévarication (de moins en moins
secrète, de plus en plus "décomplexée", de plus en plus
révoltante), écoutez l'excellente rediffusion de Là-bas si j'y suis, intitulée
: « Lobby planet » http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1694 On y entend
(minute 25'30) cet avertissement (terrifiant)
de Gérard
de Sélys contre les "AGENCES", ex journaliste
de la radio publique belge (RTBF), un vrai
journaliste ayant suivi pendant 35 ans tout ce qui concerne l'Europe et
particulièrement les lobbies industriels : l'ERT (European Round Table) ne sert
exclusivement qu'à rédiger la loi européenne à la place des députés européens
: « Les lobbies existent depuis toujours,
depuis la création du monde industriel, ils ont commencé surtout dans le
monde anglo-saxon, et ça s'explique très bien : pour légiférer en matière
industrielle ou commerciale, le législateur doit essayer de comprendre au
mieux ce qui se passe dans le monde industriel, donc, il doit le consulter,
ce qui est tout à fait normal : on ne va pas légiférer n'importe comment, il
faut que la loi soit précise, pertinente… Et donc, aux États-Unis, les
lobbies (parce que les ÉU, c'est un très très grand pays, 6000km de largeur),
les lobbies se sont installés à Washington, à la fin du 19e
siècle, pour être près du Congrès, et pour informer le Congrès. Mais
très vite, ça a dérapé : les industriels se sont dit
"plutôt que d'informer le Congrès, on va faire les lois nous-mêmes,
et les proposer aux congressistes, qui vont les voter sans problème : ils ne comprennent
rien aux lois techniques, donc, on va s'occuper de ça". Et le
même processus s'est passé en Europe au début des années 80 : on a créé la Table Ronde des Industriels (TRI)
pour ça et uniquement pour ça, pour légiférer avec les juristes de la commission
européenne. Et donc, la Table Ronde Européenne des Industriels existe depuis mars 1983,
et depuis, elle ne fait que ça, et elle va très loin, elle va très loin parce
qu'elle ne s'occupe pas seulement de
rédiger la loi européenne (donc, la loi qui nous concerne, hein, tous les
jours), elle donne les grandes lignes de la politique à suivre : par
exemple, en 2002, la Commission européenne a publié un Livre Blanc sur la
bonne gouvernance européenne et que trouve-t-on dans ce livre blanc ? Que les parlements sont trop lents, mettent
trop longtemps à comprendre les dispositions réglementaires élaborées par la
Commission européenne et donc qu'il faut se passer d'eux, y compris du
Parlement européen qui n'a pratiquement rien à dire. Donc comment s'en passer ? Oh ! idée de génie qu'ils ont
eue, encore une fois on a copié sur les États-Unis, on va faire des AGENCES, comme
la Food and Drug Administration [FDA] aux
États-Unis qui est l'agence qui réglemente tout ce qui est médicaments et
alimentation : quelle est la différence entre une agence et une direction générale
de la Commission européenne ? C'est que l'agence est indépendante, c'est que
l'agence ne réglemente pas par directives européennes, c’est-à-dire par des
lois, mais par des réglementations, et que ces réglementations ne
passent plus devant les parlements nationaux, qui ne sont pas tenus informés. Il y a déjà dix
agences européennes, on va créer probablement des agences pour tout ce qui
concerne la politique ou les politiques de l'Union européenne : une
agence pour l'agriculture, une
agence pour le commerce extérieur,
une agence commerce intérieur, une
agence économie et finances, qui
vont être installées, par exemple pour l'agence économie et développement, probablement à Montpellier en France,
pour l'agence de l'agriculture,
Parme (la ville italienne) est candidate, donc tout est déjà préparé. Une fois que ces AGENCES seront créées, il n'y aura plus
aucun contrôle démocratique sur la politique de l'Union européenne, plus
aucun. Et
tout ça est en train est en train de se préparer à notre nez et à notre barbe
sans qu'on soit tenus informés. » Commentaire de Daniel
Mermet : « Pourtant, pourtant, c'est pas ce qui manque, les
"informations" : de tous les côtés ça nous tombe, de tous les
côtés, on est oppressés d'informations à longueur de temps, et effectivement,
malgré tout, avez-vous souvent entendu parler de l'ERT, European Round Table ? Pas beaucoup, quand même… » Mon commentaire à
moi : il est urgent de sortir de ce piège à rats, en commençant par ne surtout pas s'abstenir et voter pour des
résistants, n'importe qui d'AUTRE que l'UMP, le PS, le
MODEM, est autres prétendus "verts" qui nous poussent dans la cage de l'UE avec
de bonnes paroles. Je vous recommande vraiment d'écouter cette émission de Là-bas si j'y suis. PS : tiens, à propos de constitutionnalisme,
je vous signale deux choses
importantes : • Je vous recommande de découvrir un grand penseur du
constitutionnalisme : il s'appelle Dominique
Rousseau, il est professeur de droit public à Montpellier et, à
l'invitation de Pierre Rosanvallon, il a donné une conférence littéralement passionnante au Collège de France intitulée "Constitution et démocratie". C'est de haut niveau et c'est pile poil sur ce qui compte
le plus pour l'humanité (à mon avis), sur la racine réelle des malheurs des
hommes (qui n'arrivent nulle part à contrôler les pouvoirs) : http://www.college-de-france.fr/default/EN/all/his_pol/dominique_rousseau.jsp Bien sûr, comme chez Rosanvallon, il manque au travail de Dominique
Rousseau (à mon avis) l'analyse du processus constituant, il y manque la mise
en accusation de l'appropriation du pouvoir constituant par les pouvoirs
constitués et le conflit d'intérêt désastreux qui surgit de cet abus de
pouvoir originel, il manque l'évaluation méthodique de la procédure du tirage
au sort de l'assemblée constituante, mais, et c'est ma deuxième nouvelle importante : • nous pourrons bientôt féliciter et interpeller de vive
voix cet homme passionnant, car Dominique
Rousseau sera à Marseille vendredi
prochain, 5 juin 2009, de 19h à 21 h, 1 rue Massabo (métro Joliette) pour
une conférence intitulée : "Quelle pensée
constitutionnelle pour la gauche ? La Ve République contre la
démocratie". Ce n'est pas alléchant, ça ? Au plaisir de vous
y retrouver. Étienne. Remarquez que les conférences politiques au Collège de
France à l'initiative de Pierre Rosanvallon sont une mine insondable pour
alimenter nos résistances : http://www.college-de-france.fr/default/EN/all/his_pol/audio_video.jsp |
« L'alarme
extrême de Jacques Attali http://www.dailymotion.com/video/x99fg2_intervention-de-m-attali_webcam
|
« Au Parlement
européen : La plaque des
lobbys chéris » C’est une révélation du journal Fakir. À quinze mètres de l’entrée principale du Parlement
européen, à Bruxelles, se trouve posée une plaque. Avec ce slogan : «
C’est par les discours, les débats et les votes que doivent se résoudre les
grandes questions, avec détermination, patience et dévouement. » Tout en bas : « Inaugurée le 6 décembre 2001, par
Nicole Fontaine, présidente du Parlement européen ». Et
avec un logo au milieu : « EAP.
Society of european affairs professionnals. Incorporating
felpa. Fédération européenne du lobbying et
public affairs. » Pour le journal Fakir, François Ruffin a mené
l’enquête à Bruxelles : derrière
le « SEAP », se cachent Unilever, Mac Donalds, Carrefour, Unilever. Ce « lobby des lobbys » est hébergé par un
groupe proche de Coca-Cola et Pepsi-Cola. Cette
amitié, affichée, publique, entre lobbys et parlementaires européens ne
semble gêner personne. Le journal Fakir a ainsi interrogé, non
seulement le président du SEAP, mais également Nicole Fontaine. Qui se montre
plus qu’embarrassée par cette révélation : c’est qu’on imagine mal, à l’entrée des jardins du Luxembourg à
Paris, une plaque de Total remerciant les sénateurs ! Le 22 mai prochain à 17 heures, le journal Fakir – en
compagnie d’associations européennes et de syndicats belges – inaugurera sa
propre plaque à Bruxelles. Fakir, disponible
dans (presque) tous les kiosques pour 2,80 €. |
« Abolir les droits des personnes
morales au nom des droits des individus » Une excellente analyse de Sam,
sur un fil du forum qu'il vient de créer pour en parler : http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=7198#p7198 Abolir les
droits des personnes morales au nom des droits des individus Une recette géniale pour
anéantir progressivement les libertés : en créer de nouvelles ! Les régimes totalitaires vantent les
libertés pour mieux les anéantir (Hannah Arendt). Quels nouveaux droits a-t-on
créés ? Ceux de personnes morales — des entreprises. Prenez déjà tous les principes néolibéraux gravés dans
les traités fondant l'Union européenne ; vous pouvez y voir ces
caractéristiques : - ils consistent tous
en l'octroi de
"droits positifs" à des entreprises, ou bien en des
interdictions faites
aux pouvoirs publics (dans
l'esprit de la formulation des droits fondamentaux "à l'américaine"
: les 10 premiers amendements de la constitution des EUA) ; - mais ils consacrent le droit de personnes
morales, des entreprises, non pas de personnes physiques. Ils
établissent aussi des droits pour les personnes
non ressortissantes, qui plus est souvent anonymes. En
l'espèce, des investisseurs — mais c'est un peu secondaire, déjà, dans la
mesure où, justement, les pouvoirs des personnes morales qu'on a ainsi
libérées écrasent ceux des personnes physiques. Un ressortissant étranger
seul ne fait évidemment pas le poids devant les banques, les fonds de
pension, les grosses entreprises. Par ailleurs, il n'y a évidemment pas
d'égalité généralement assurée entre ces personnes non ressortissantes : ce
n'est qu'une porte grande ouverte pour les plus puissantes. - "Marché monétaire" — cf.
mon message censuré chez VGE = droit des banques et plus
généralement de la haute finance de ne pas subir
l'interventionnisme des États consistant à émettre une part
marginale de la monnaie... Précision : la BCE, si elle ne peut pas prêter (a
fortiori donner) aux pouvoirs publics dans l'UE, elle n'est pas privée et ne
se prive pas d'acheter des bons du trésor des États-unis ! À mon sens, c'est le premier pilier de la
domination néolibérale. Ajoutons ici, évidemment, le "droit
de battre monnaie" pour les banques, qui
est une vieille affaire. - Libre
circulation des capitaux, y compris en provenance ou à
destination de pays tiers (hors UE). L'un des deux piliers majeurs, avec le
régime monétaire actuel, de la force de frappe des fonds de pensions, de la
spéculation sur les devises, du pouvoir d'influence sur les banques centrales
des banques et autres fonds spécialisés dans les produits dérivés, ... «
Régressions » interdites en la matière (sauf unanimité ÉM (Nice) – PE
impliqué « seulement en marche-avant » c.à.d si plus de libéralisation…
(projet Lisbonne) - Libéralisation
des services — AGCS — idem,
mode du "cliquet" ou "verrou" (fondement du droit
OMC : sujets = entreprises ; États = instruments) ; PE impliqué pour
ratifier si accords "constituants" mais ensuite, plus impliqué,
notamment pour la dénonciation
de tels accords... pour laquelle l'unanimité des États membres est requise ! - Liberté
d’établissement — cf. notamment les 4 fameux arrêts
CJCE de 2008 relativisant en particulier le droit de grève - Principe
du pays d'origine (projets avortés AMI,
directive service "Bolkestein", AGCS mode 4, nouveau projet de
règlement UE "entreprise européenne) - Droit de
« lock-out » (droit de grève des patrons, c-à-d en
fait essentiellement décisions d'entreprises non "familiales") - Privatisations forcées même
par le droit (sans parler des autres facteurs) : création, pérennisation ou
développement de services publics interdit dès lors que le domaine est investi par le secteur
marchand — grande subtilité lecture des traités / statut SIEG - Propriété
intellectuelle / brevets — on pense aux
OGM - Monsanto / lobby Europabio (traité d'Amsterdam ; dir. 2001/18
voté par... D. Voynet / transposition (2003) : Parlement français
contraint d’abroger une clause qu'il avait voté à l'unanimimité interdisant
de breveter des découvertes portrant sur des éléments du corps humain ou des
gènes humains) - … et même ce fameux droit de
pétition ! Non seulement une insulte / RIC et
leurre terrible, grain à moudre / ouistes, mais un amendement semblable de la
constitution des EUA a été à la base du "lobbying act" = droit de
lobbying) Dans la même idée : « assemblée des
lobbies » copieusement assimilée à la « société civile » dans le langage
"de Bruxelles". Ces droits-là sont carrément appelés « droits
fondamentaux » (du droit européen) par la CJCE elle-même
et les analystes reprennent souvent ce terme. Certains de ces droits (ceux qui sont «
positifs ») sont repris dans la Charte des droits fondamentaux de l’UE. ... Je trouve que la liste se passe de
plus de commentaires et de conclusions. - En remontant plus avant, j'ajouterais : - Liberté d’expression pour les organes de
médias, sans mesure anti-concentration industrielle (et de
capital, notamment). Cf. en particulier oligopole de 6 entreprises
(d'armement) aux EUA possédant quasiment toute l'édition, médias numériques,
presse. Simone Weill écrivit qu'on devrait
interdire la liberté d'expression aux organes de Presse au nom même de la liberté
d'expression des individus, notamment les journalistes eux-mêmes. - Des partis dotés de droits
("Les partis contribuent [...] à l'exercice de la démocratie" ;
seuils de constitution des groupes parlementaires ; ...) — et monopolisant l'accès aux élections — mais n'ayant aucun devoir... d'assurer une démocratie
interne. Cette recette est géniale
parce qu'on n'abolit pas frontalement des droits que pourtant on condamne. Car
on sape la constitution (cf. "connaissance de nos droits..."
Préambule de 1789) Et avec ça, on trompe les
juristes eux-mêmes... Comment leur faire prendre
conscience de ça ? En leur rappelant ceci : L'état de droit, la garantie
des libertés (pour tous) n'est pas possible sans l'égalité. Or, ici on a
précisément mis en concurrence des personnes inégales. Par leur force
effective, mais aussi par la nature des "objets" apposés. Tandis
qu'on entend leur accorder des droits et des libertés similaires. » |
« Plus le
mensonge est gros... » Une démonstration
forte (et révoltante) de Dominique Vidal, dans le Diplo de
février, du mensonge des prétendus
"représentants" politiques pour justifier la guerre : http://www.monde-diplomatique.fr/2009/02/VIDAL/16774 Je suis justement
en train de lire le livre "Les saigneurs de la guerre", de Jean Bacon, De bonnes institutions protègeraient assurément les
peuples contre les guerres. |
« L’histoire navrante, mais pourtant révélatrice, d’une
interview manquée pour le bulletin du PS »
par
Jacques
Sapir :
http://www.legrandsoir.info/article8596.html
« Conférence
de Jean-Marc Jancovici : http://storage02.brainsonic.com/customers2/entrecom/20080227_Spie/session_1_fr_new/files/index.html Une vidéo
littéralement passionnante mais assez effrayante
(comme d'habitude avec cet homme-là). Ce film va
probablement vous transformer. |
« Le scandale
des notes de frais sonne le glas du modèle anglais » par Philippe
Marlière, sur Rue89.com : http://eco.rue89.com/2009/05/20/le-scandale-des-notes-de-frais-sonne-le-glas-du-modele-anglais « Le scandale ne cesse de prendre de l'ampleur : depuis deux
semaines, The Daily Telegraph publie quotidiennement les notes de frais
abusives des députés anglais. Le président de la chambre des Communes («
speaker »), Michael Martin, vient d'annoncer sa démission. (…) Un vent mauvais souffle sur le Royaume-Uni : celui du ras-le-bol populaire, d'une nation touchée de plein fouet par la crise du capitalisme de casino que Blair et Brown ont, depuis
1997, tant favorisé et entretenu. Parce que plus
néolibérale et moins égalitaire que le reste de l'Europe, la Grande-Bretagne
est davantage touchée par la crise économique actuelle : • taux de chômage
similaire à celui des années 80 • endettement des
ménages catastrophique (avec de nombreuses repossessions de maisons achetées
à crédit) • une protection sociale
minimale et inadéquate et des services publics toujours aussi inefficaces et
hors de prix (avec les scandaleux « partenariats privé-public ») La colère populaire monte devant une telle injustice : le
gouvernement vilipendait encore récemment les smicards et les chômeurs,
soupçonnés de « refuser le travail » ou « d'abuser du système d'aide sociale
». Les ministres travaillistes qui hier encore reprenaient cette
antienne de la droite dure, sont aujourd'hui épinglés par les révélations du
Daily Telegraph. Deux croyances
fondatrices du système anglais anéanties Coup sur coup, deux croyances totémiques du système politique
britannique ont été anéanties : D'une part, la prétendue
supériorité d'une économie basée sur la dérégulation, la flexibilité et la
privatisation des biens communs. Même l'ultralibéral The Economist vient de concéder que les pays
continentaux s'en sortent mieux présentement, car ils sont plus dirigistes et
égalitaires que la Grande-Bretagne. D'autre part, la
prétendue supériorité morale d'une classe politique supposée plus « propre »
que ses homologues européens. (…) Une longue série
d'escroqueries politiques Le scandale des notes de frais vient s'ajouter au long cortège
d'escroqueries politiques du New
Labour : • l'escroquerie de la
guerre d'Irak (une guerre totalement fabriquée pour plaire à Bush) • l'escroquerie d'une
économie « florissante » (les inégalités sont aujourd'hui plus marquées
que sous Thatcher) • l'escroquerie d'une «
Troisième voie » censée représenter un modèle pour la gauche européenne
(la gauche italienne qui a pris la recommandation au pied de la lettre a
aujourd'hui implosé) • l'escroquerie d'une «
Cool Britannia » médiatiquement montée en épingle par Alastair Campbell,
l'ex-directeur de la communication à Downing Street (à voir, « In the Loop »,
une comédie qui fait ici un tabac et qui montre la machine médiatique du New
Labour à l'œuvre : un mélange de vulgarité et de cynisme) • l'escroquerie du sommet
du G20 à l'issue duquel le pyromane Gordon Brown a été présenté comme le
pompier héroïque qui avait éteint l'incendie capitaliste. Il
serait erroné de ne voir dans cet épisode qu'un faux pas moral. Ces manquements à l'éthique parlementaire n'ont été possibles
que parce qu'ils ont été politiquement justifiés. Ainsi, Peter Mandelson
déclara un jour qu'il n'avait rien contre ceux qui s'en « mettent plein les
poches ». Et Tony Blair assura que l'écart croissant entre riches et pauvres
ne constituait pas à ses yeux un problème. Sans oublier l'inepte Gordon
Brown, qui, il y a huit mois à peine, affirmait que peu importe l'endettement
des ménages, car le « succès de l'économie britannique » repose sur la
consommation. De forts courants
populistes et antiparlementaires traversent aujourd'hui le pays. Avant de perdre le pouvoir, le New Labour aura anéanti la gauche
britannique et favorisé la percée de l'extrême-droite (BNP) et de la droite
europhobe (UKIP). Ces dernières seront les grands bénéficiaires de la crise
politique. » |
« Aidons Jean-François
Copé à lutter contre les députés godillots ! »
http://www.deputesgodillots.info/
Excellente
idée. Quel outil !
« Députésgodillots.info rappelle à l'ordre les députés
paresseux »
« Internet selon Serge
Soudoplatoff »
une
vidéo passionnante sur le site PARTI
PIRATE (drôle de nom)
qui
montre un autre monde possible, non
marchand, sans chef, sans programme,
sans règles claires, où tout le monde participe, où les progès sont fulgurants,
où quand on ne sait pas, on demande, et où quand on
sait, on partage :
http://partipirate.org/blog/com.php?id=163
À
voir, vous ne le regretterez pas.
« Incroyable :
Jean-Luc Hees débarque en direct sur France Inter face à Edwy Plenel » Un fait signalé
par Sophie Lherm sur le site de Télérama : Par ailleurs, ce
que dit Edwy Plenel à France Inter est très intéressant. « Comment
marche la police de la pensée » Une analyse d'André
Gunthert : http://www.arhv.lhivic.org/index.php/2009/05/16/990-comment-marche-la-police-de-la-pensee |
« La terreur fabriquée, made in USA »
(rappel) un livre vraiment
passionnant, formidable invitation au
débat (ici interdit), de Webster G. TARPLEY :
http://www.editionsdemilune.com/la-terreur-fabriqu%C3%A9e-made-in-usa-p-6.html
Avec une vidéo intéressante de l'auteur (qui parle fort bien français) sur
cette page web
«
Discussion sur l'excellente métaphore d'André-Jacques Holbecq http://www.pauljorion.com/blog/?p=3052 Paul Jorion vient
de publier ce billet : La dimensionalité de
la monnaie (Introduction) J’ai connu l’« apologue de la Dame de
Condé » à partir d’un commentaire de La monnaie, c’est de la sueur (et
du soleil) condensés,
posté par A-J Holbecq le 16 juin 2008. J’ignore où lui-même l’a trouvé (il
nous le précisera sans doute). Je le reprends car j’y vois une excellente
introduction à un nouvel éclairage qu’il me semble essentiel d’introduire
quand il s’agit de la monnaie : celle qu’essaie de capturer maladroitement la
notion d’agrégat monétaire M1, M2, M3. Je commence donc par rappeler cet
apologue en recopiant ce qu’A-J Holbecq nous en dit, y compris son
commentaire quant à la morale de l’histoire. Nous sommes à
Condé-sur-Gartempe. Son hôtel de la Gare est réputé pour ses ortolans et sa
discrétion…! Un vendredi après-midi débarque une jeune femme, d’apparence
convenable, bien qu’un peu trop fardée. Elle réserve une chambre pour la nuit
et, comme elle n’a pas de bagage, elle laisse en acompte un billet de 100
euros, tout neuf. Puis elle s’en va visiter la vieille ville. Le pâtissier
qui a vu la scène dit au patron : « Ça fait six semaines que vous me devez
100 euros pour la pièce montée que j’ai livrée à l’occasion de la communion
de votre fille. » Le patron lui donne le billet de bonne grâce. Comme cette
scène a été vue par d’autres, elle se reproduit cinq nouvelles fois, car le
pâtissier devait aussi 100 euros au minotier… qui en devait autant au garagiste…
lui-même débiteur de cette somme au boucher… qui avait à régler 100 euros au
représentant de la maison Erlida… lequel devait à son tour acquitter sa
chambre à l’hôtel de la Gare pour 100 euros. Il redonne donc le billet au
patron de l’hôtel. Notre Dame revient de promenade. Elle annonce, qu’ayant
fait une rencontre, elle annule sa réservation. Ce qui arrange bien
l’hôtelier qui, entre temps, a eu une demande d’un de ses vieux clients.
L’hôtelier lui rend donc son billet qu’elle brûle aussitôt. « Il était faux
», dit-elle en souriant. Moralité de cette histoire
: - Le PIB du village a
augmenté puisque les commerçants, ayant été payés, ont pu inclure leurs
ventes dans leur comptabilité… - Ce faux billet a été
capable de catalyser autant d’échanges parce qu’un billet est de la monnaie
fiduciaire (du latin fiducia : confiance). C’est exclusivement une « valeur
de confiance » entre les membres d’une communauté. Dans un autre pays il
n’aurait pas été accepté. Un billet faux perd « sa valeur » seulement au
moment où il se révèle faux et n’est plus accepté par celui qui le reçoit.
C’est celui qui le détient en dernier qui assume la perte. Dans cette
histoire il n’y a pas eu de perte sauf pour la Dame de Condé qui savait de
toute façon qu’il était faux. - La Dame de Condé, en
réservant sa chambre, a accru de 100 euros la masse monétaire du village, ce
qui a permis à six personnes d’éteindre réciproquement leur dette pour un
montant total de 600 euros. La « qualité » de la monnaie utilisée, bonne ou
mauvaise, est indifférente, mais la quantité de monnaie en circulation dans
une zone est importante. Dans son commentaire, A-J Holbecq écrit
à juste titre que « La “qualité” de la monnaie utilisée, bonne ou mauvaise,
est indifférente » à la morale de l’histoire, ce qui est vrai et fait aussi
qu’on se demande pourquoi celui qui l’a inventée a tenu à ajouter ce détail
sans réelle pertinence. Il a dû se dire, je suppose, que la bizarrerie de
l’effacement en moins de temps qu’il ne faut pour le dire d’un montant si élevé
de dettes au sein d’une petite communauté à l’aide d’un seul billet de 100 €,
apparaîtrait encore plus étonnant si ce billet s’avérait a posteriori avoir
été faux et donc n’ayant en réalité rien valu du tout. Il y a là un raccourci
certainement excusable mais inacceptable : un faux billet cesse de valoir
quoi que ce soit aussitôt qu’il a été reconnu comme tel, ce qui interrompt sa
circulation, mais tant que sa « dénonciation » n’a pas eu lieu, rien ne le
distingue d’un vrai billet et il lui est strictement équivalent. Quand la
Dame de Condé révèle que le billet de 100 € était contrefait et le brûle pour
convaincre un public sans doute encore incrédule qu’elle ne ment pas,
l’affaire est en fait déjà réglée : il lui a permis de réserver une chambre
d’hôtel pour se dédire ensuite – usage on ne peut plus utile d’un billet de
banque ! On pourrait alors s’interroger : pourquoi n’a-t-elle pas continué à
l’investir dans des activités encore plus profitables ? Ce qui intrigue dans l’histoire, ce
n’est donc pas qu’une petite communauté ait pu prendre pour vrai un billet
qui était faux, ce qui est banal et ne permet de tirer aucune leçon, mais
c’est qu’un unique billet (vrai ou faux) ait pu avoir un tel effet :
transformer un village criblé de dettes en un autre libéré de toutes
obligations d’un citoyen envers un autre. Essayons d’analyser l’apologue.
Puisqu’il existe un hôtel et que l’hôtelier accepte les 100 € de la dame, on
peut supposer que la petite communauté a dépassé le stade du troc et que de
la monnaie y existe sous la forme de billets et de pièces. Le montant exact
ne nous importe pas, appelons le A. Au moment où la dame offre son billet à
l’hôtelier l’argent disponible dans le village passe de A à A + 100 €. C’est
là le montant de la masse monétaire fiduciaire qui y est présente à partir du
moment où la dame paie ses arrhes jusqu’au moment où elle annule sa
réservation et où la masse retombe à A. La fausseté du billet, comme je l’ai
dit, n’était connue que d’elle et était du coup sans impact : il n’est pas
permis d’affirmer que la masse d’argent liquide ne fut jamais « en réalité »
que de A : on ne parle en effet pas ici d’un produit tel que l’uranium, dont
le fait qu’il soit faux empêche son action postulée, la fission, d’avoir lieu
dans le réacteur : il s’agit de monnaie supposée vraie tant qu’il n’a pas été
prouvé qu’elle soit fausse et qui s’acquitte fidèlement de sa tâche
jusque-là. Alors que s’est-il passé ? On nous dit
que le billet de 100 € déposé comme arrhes à l’Hôtel de la Gare à permis en
quelques heures d’éteindre des dettes pour un montant de 600 € et le
mécanisme nous en est connu : il existait une chaîne de dettes partant de
l’hôtelier et lui revenant en fin de circuit et le billet de 100 € a permis
de proche en proche l’annulation de toutes les dettes existantes. Ce que
j’essaie d’extraire de l’apologue est indépendant du fait de savoir si la
situation qu’il décrit a la moindre de chance de se rencontrer dans la
réalité : la réponse est non, mais cela n’a aucune importance, il s’agit clairement
d’une expérience mentale et de rien de plus. Pour ce qui est de l’argent, nous avons
compris le circuit qu’il accomplit : le billet de 100 € passa de créancier
remboursé en créancier remboursé, jusqu’à avoir opéré le circuit complet. Il
demeura intact et sa valeur fut elle stable. Il en va de même pour la masse A
telle qu’elle existait avant que la dame ne franchisse le seuil de l’hôtel de
la Gare. C’est ce que j’ai appelé en d’autres circonstances le
« principe de conservation des quantités » : en matière de finances, rien ne
se crée, rien ne se perd. Si ce principe n’était pas universellement
respecté, la finance n’aurait jamais pu exister. Il existe sans doute des
individus qui enfreignent ce principe mais leur comportement est pris très au
sérieux par la société, elle les traite sévèrement : pris, ils risquent la
prison. Le « principe de conservation des quantités » en matière de finances
n’est donc pas une norme que je postule à des fins théoriques : il s’agit
d’une règle ayant valeur légale. J’ai expliqué il y a quelques jours
quelle est la meilleure manière de conceptualiser une reconnaissance de
dette. J’ai dit qu’il s’agit de la trace de deux transactions : l’une,
passée, étant intervenue au moment Ti, impliquant le transfert de la somme Si
de l’agent X à l’agent Y, l’autre, à venir, censée intervenir au moment Ti+n,
impliquant le transfert en retour de la même somme Si, cette fois de Y vers
X, accompagné du transfert de Y vers X d’un « cadeau » en argent,
proportionnel à la durée Ti+n – Ti, appelé « intérêts ». Une reconnaissance
de dette est donc essentiellement l’annonce de transactions à venir,
justifiées par une transaction passée. La transaction passée est, comme son
nom l’indique, passée, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un donné irréversible :
elle a eu lieu, un point c’est tout. Les transactions à venir n’ont pas
encore eu lieu et sont donc contingentes : il existe un risque qu’elles
n’aient jamais lieu, autrement dit, la chance qu’elles se réalisent n’est pas
de 100 %. Ce qui ne veut pas dire pour autant que les sommes qui ne seraient
pas remboursées se soient évanouies dans la nature, contredisant le «
principe de conservation des quantités », elles auront seulement trouvé leur
voie vers d’autres poches que celle stipulée par la reconnaissance de dette. Donc, lorsqu’on dit qu’il existait dans
le village des reconnaissances de dette pour un montant total de 600 €, ce
que l’on exprime ainsi, c’est qu’il existait des annonces de transactions à
venir pour un montant total de 600 €, et celles-ci se situant dans le futur
non pas nécessaire mais contingent, elles pourront avoir lieu ou pas. Le
billet ayant circulé, la seconde transaction mentionnée par les
reconnaissances de dette existantes, celle à venir, a eu lieu dans chacun des
cas. L’annonce implicite s’est réalisée, et la reconnaissance de dette s’est
éteinte. Le montant des reconnaissances est passé de 600 € à 0 €, ce qui est
une autre manière de dire qu’il n’en existe plus. Il s’est donc passé bien passé quelque
chose de significatif dans le village, que les sommes d’argent disponibles à
chaque instant ne révèlent pas : l’argent disponible se montait en effet à A
avant que la Dame de Condé ne franchisse la porte de l’Hôtel de la Gare et il
est retombé à ce niveau lorsqu’elle repassa le seuil dans l’autre direction. Certains – dont je ne suis pas –
considèrent une reconnaissance de dette comme l’une des manifestations
possibles de la monnaie. Pour eux, la monnaie présente dans le village avant
la venue de la Dame se montait à A + 600 € et s’est réduite à A à son départ,
en raison de l’action qu’on pourrait appeler « catalytique » du billet de 100
€ de la Dame sur l’économie du village. De mon point de vue, une reconnaissance
de dette n’est pas de la monnaie, le terme tendant à suggérer qu’il y aurait
une identité de nature entre la marchandise privilégiée dans la fonction
d’échange qu’est l’argent et une « trace de transactions » contenant
l’annonce de deux transactions à venir qu’est une reconnaissance de dette.
Les deux phénomènes sont à mon sens incomparables, une reconnaissance de
dette étant un objet d’une toute autre nature que les pièces et billets
constituant l’argent « liquide » que l’on assimile spontanément à « la
monnaie ». Bien sûr une reconnaissance de dette a un prix (reflétant son «
degré de liquidité » et son risque de crédit) et peut être traitée comme une
marchandise, au même titre que l’argent, mais chacun s’accordera à dire que
toute chose à laquelle est associée un prix n’est pas pour autant une
monnaie, sans quoi presque tout dans ce bas-monde serait de la monnaie. Du point de vue du « principe de
conservation des quantités », rien ne s’est passé sans doute, mais il faut
reconnaître que, comme l’affirment ceux qui assimilent reconnaissance de
dette à monnaie, il s’est bien passé quelque chose. Mais comment en rendre
compte ? La réponse que je vais apporter
consiste à introduire le concept de dimensionalité de la monnaie, une notion
qui éclairera, comme on le verra, la question des agrégats monétaires et ce
qu’ils représentent en réalité. (… à suivre) Et j'ai posté hier ce commentaire : ("en
cours de modération" depuis 7 heures, je ne comprends pas pourquoi tous
mes commentaires, longs ou courts, mettent tant de temps à s'afficher) : Étienne Chouard dit
: Votre commentaire est en cours de modération Paul, Personne ne dit que toute dette est
assimilable à de la monnaie. Ce sont les dettes des banques (et
encore : seulement les dettes librement
transmissibles, cad les provisions des DAV) qui sont de la
monnaie (le critère étant qu’elles sont acceptées par tous pour solder les
échanges). La dame de Condé et
son billet pourraient être remplacés —sans rien changer aux mécanismes
libératoires— par une banque privée et un crédit créant une provision de DAV
— c’est-à-dire une (fausse) monnaie nouvelle et temporaire — (la même somme
de (fausse) monnaie scripturale circulant ensuite et servant à solder les
différents échanges par virements successifs) ; la fin du circuit se
réaliserait par le remboursement du crédit à la banque par l’hôtelier et par
la disparition de la (fausse) monnaie correspondante. Non ? Étienne. _______________ “La plupart des législateurs ont été
des hommes bornés, que le hasard a mis à la tête des autres, et qui n’ont
presque consulté que leurs préjugés et leurs fantaisies.” Montesquieu, Lettres Persanes, lettre
CXXIX. Remarque : le “législateur”, à
l’époque, est l’auteur de la Constitution (pas celui des lois ordinaires). _______________ |
« François Ruffin : "Si l’Europe sociale est
imaginable,
ce n’est pas sur les bases de l’Union Européenne." »
Un
entretien passionnant avec un militant passionnant :
http://www.article11.info/spip/spip.php?article403
« Raoul Marc Jennar explique à la
télévision sa candidature au nom du NPA » Excellente vidéo
de Raoul sur FR3, résistant serein et crédible : http://jt.france3.fr/regions/popup.php?id=marseille_voixlibre&video_number=0 |
« La carte de
la Toile européenne » Intéressante
actualisation d'un outil
extraordinaire, très spectaculaire : |
« La désobéissance
européenne, premier pas obligé vers la sortie du capitalisme néolibéral » Un article intéressant publié par le M'PEP, Mouvement
d'Éducation Populaire : http://www.m-pep.org/spip.php?article1266 « Résumé : Vendredi
8 mai 2009. Auteur : M’PEP Le M’PEP a largement démontré dans plusieurs
textes qu’il n’est pas possible de mener une véritable politique de gauche
dans le cadre de l’Union européenne. Nous pourrions dire sans risque de nous
tromper que 95%
des propositions de la gauche de gauche se révèlent illégales au regard du
droit européen sanctifié dans les traités et la jurisprudence, et qu’il ne
figurerait dans les 5% restants que des mesures décoratives. Les traités européens sont incompatibles avec
une politique de gauche. Dès lors, les options envisageables sont peu
nombreuses : * se résigner à vivre dans une
Europe libérale ; * attendre (jusqu’à quand ?) un
changement radical d’orientation de l’Union européenne ; * ne plus obéir aux injonctions
néolibérales de l’Union. Bien évidemment, la seule solution acceptable
est de s’affranchir des obligations communautaires eurolibérales, ce qui d’un
point de vue juridique renvoie à l’idée de désobéissance civile, avec
toutefois quelques différences importantes. C’est pourquoi un large débat
public est désormais impératif autour d’un concept nouveau et nécessaire
proposé par le M’PEP : la « désobéissance européenne ». * En quoi consisterait la
désobéissance européenne ? * Comment la désobéissance
européenne, qui est une désobéissance civile à grande échelle, peut s’appuyer
sur un processus démocratique ? * Comment les partis politiques
et les syndicats peuvent-ils clarifier leur position ? * Les communes qui se sont
déclarées « Hors AGCS » [2] ne sont-elles pas les premières à avoir
montré le chemin ? * Faut-il créer un mouvement de
désobéissance européenne ? Sommaire : * LES
TRAITÉS EUROPÉENS SONT INCOMPATIBLES AVEC UNE POLITIQUE DE GAUCHE * EN
QUOI CONSISTERAIT LA DÉSOBÉISSANCE EUROPÉENNE * LA
DÉSOBÉISSANCE EUROPÉENNE : UNE DÉSOBÉISSANCE CIVILE À GRANDE ECHELLE QUI
S’APPUIE SUR UN PROCESSUS DÉMOCRATIQUE * LA
DÉSOBÉISSANCE EUROPÉENNE EST UNE ÉTAPE INCONTOURNABLE POUR SORTIR DE
L’EUROLIBÉRALISME LA DÉSOBÉISSANCE EUROPÉENNE, PREMIER PAS OBLIGÉ VERS LA SORTIE DU
CAPITALISME NÉOLIBÉRAL Par le Mouvement
politique d’éducation populaire (M’PEP), le
8 mai 2009. Le M’PEP a largement démontré dans plusieurs
textes (disponibles sur http://www.m-pep.org/spip.php ?rubrique76) qu’il n’est pas possible de mener une
véritable politique de gauche dans le cadre de l’Union européenne. Nous
pourrions dire sans risque de nous tromper que 95%
des propositions de la gauche de gauche se révèlent illégales au regard du
droit européen sanctifié dans les traités et la jurisprudence, et qu’il ne figurerait dans les 5% restants que des
mesures décoratives. LES TRAITÉS EUROPÉENS SONT INCOMPATIBLES
AVEC UNE POLITIQUE DE GAUCHE Ainsi par exemple, un protocole
au Traité de l’Union européenne stipule que le « marché intérieur tel qu’il
est défini à l’article 3 comprend un système garantissant que la
concurrence est libre et non faussée ». À partir de là, peu de mesures
sont possibles en matière de politique industrielle, de réorganisation du
système bancaire et financier ou de mise en œuvre de protections
commerciales. Dès lors, les options
envisageables sont peu nombreuses. Il en existe trois : * se résigner à
vivre dans une Europe libérale en dissimulant ce renoncement par un verbiage
du type « Une autre Europe est possible » ou « changer l’Europe » sans
qu’aucune mesure concrète ne soit envisagée pour mettre en accord ces grandes
déclarations et la manière de les traduire en réalités ; * attendre (jusqu’à
quand ?) un changement radical d’orientation de l’Union européenne qui paraît
absolument impossible car il faudrait que les 27 pays membres passent tous à
gauche et se mettent d’accord pour modifier les traités, ce qui signifie que
la demande d’un nouveau traité est parfaitement démagogique * ne plus obéir
aux injonctions néolibérales de l’Union. Bien évidemment, la seule
solution acceptable est de s’affranchir des obligations communautaires
eurolibérales, ce qui d’un point de vue juridique renvoie à l’idée de
désobéissance civile, avec toutefois quelques différences importantes. C’est
pourquoi un large débat public est désormais impératif autour d’un concept
nouveau et nécessaire proposé par le M’PEP : la « désobéissance européenne ». EN
QUOI CONSISTERAIT LA DÉSOBÉISSANCE EUROPÉENNE ? Obéir n’est pas se soumettre,
puisqu’il s’agit d’écouter et d’agir pour « aller vers le mieux ». L’obéissance fait donc appel à la conscience.
Or, la construction européenne actuelle menant les États membres vers le
pire (la concurrence, le dumping social et environnemental, la destruction
des solidarités...), il existe une profonde contradiction entre le droit
communautaire et l’intérêt des peuples, ce qui justifie pleinement de
désobéir. Cette désobéissance pourrait
prendre deux formes : l’une défensive et l’autre offensive. La désobéissance européenne défensive Elle correspond à la nécessité,
pour chaque pays qui le souhaite, de se protéger contre les politiques
néolibérales de l’Union européenne. C’est la construction d’un droit
national socialement juste et protecteur de l’environnement, de l’industrie
et des régimes sociaux, quitte pour ce faire à se mettre dans l’illégalité
vis-à-vis du droit communautaire. C’est aussi, par exemple, le refus
d’abonder le budget communautaire lorsque ces fonds sont utilisés pour mener
des politiques libérales. Bien sûr, la construction revendiquée d’un droit «
illégal » implique qu’aucune astreinte ne sera payée en dépit des
condamnations qui ne manqueront pas d’arriver de la part de l’Union. Autre exemple, dans le domaine
crucial de l’agriculture, il est nécessaire de ne plus abonder le budget de
la Politique agricole commune (PAC) tant que celle-ci aura pour objectif le
développement de l’agriculture intensive. Les fonds disponibles seront alors
mobilisés pour soutenir la conversion à une agriculture respectueuse de
l’environnement et à créer des emplois non-marchands en zones rurales
notamment sur le territoire français et pour développer des partenariats
agricoles avec d’autres pays, Etats membres ou non, souhaitant s’engager dans
des voies similaires. En matière d’OGM, il faut
dénoncer la directive 2001/18 et le règlement 1829/2003 et produire une loi
nationale qui interdise sans ambigüité les OGM dans les champs et dans
l’alimentation, comme le souhaite une très large majorité de la population.
Il en va évidemment de même pour toutes les directives européennes de
libéralisation (« Bolkestein » ; postale ; ferroviaire ; électricité ; gaz…)
ou en matière de fiscalité. La désobéissance européenne offensive Elle viserait quant à elle à
passer outre aux injonctions éventuelles qui pourraient provenir de l’Union
européenne contre des pays qui voudraient mener une politique de gauche. LA
DÉSOBÉISSANCE EUROPÉENNE : UNE DÉSOBÉISSANCE CIVILE À GRANDE ÉCHELLE QUI
S’APPUIE SUR UN PROCESSUS DÉMOCRATIQUE Telle que définie par des universitaires [1], la désobéissance civile comprend quatre
caractéristiques : * l’opposition à
l’ordre juridique représentant un pouvoir politique démocratiquement désigné.
Contrairement aux actions de type révolutionnaire, elle se situe au sein du
système juridique et vise à faire changer la loi. * le positionnement
de l’acte de désobéissance au sein de l’espace public. A la différence de
l’objection de conscience, qui est individuelle, la désobéissance civile est
collective et politique. * le rattachement
de l’acte de désobéissance à des valeurs éthiques. La désobéissance est «
civile » si elle agit pour le bien de la cité. * la volonté de
participer à une transformation des valeurs et d’influencer le contenu des
décisions publiques. La désobéissance européenne peut donc être
assimilée à une forme de désobéissance civile, mais elle va bien plus loin
que les exemples de désobéissance civile connus. Elle est de la résistance
! * La capacité de
changement de l’Union européenne qu’offre la désobéissance européenne est
considérable. Elle permettra de sortir du carcan libéral et de mettre en
œuvre une véritable politique de gauche interdite depuis plusieurs décennies
par l’Union européenne. Chaque pays peut la pratiquer, individuellement ou en
se groupant. * Du point de vue
du législateur, la désobéissance civile remet en cause la force contraignante
de la loi, au risque de remplacer l’arbitraire de la loi par l’arbitraire de
la conscience. Or, la désobéissance européenne remet seulement en cause un
élément de hiérarchie du droit, à savoir la soumission des lois nationales au
droit communautaire. Elle est donc bien moins sujette à la critique que la
désobéissance civile, puisque la force contraignante de la loi nationale
demeure entière. * La désobéissance
européenne sera mise en œuvre par un gouvernement démocratiquement élu, alors
que l’Union européenne produit un droit qui ne s’appuie à aucun moment sur
une quelconque souveraineté populaire. La désobéissance européenne est donc
une nécessité démocratique dont la légitimité sera totale. La désobéissance européenne résulterait de trois
mécanismes démocratiques Finalement, la désobéissance
européenne, s’appuyant sur la souveraineté populaire, est parfaitement
légale. Ses variantes offensive ou défensive résulteront de trois mécanismes
démocratiques : * Le principe de la
désobéissance européenne doit être intégré aux programmes des partis
politiques de gauche, accompagné de propositions concrètes. Comme ces
programmes seront soumis aux électeurs, d’une part les élus de ces partis
seront engagés, et d’autre part ils disposeront de toute la légitimité
populaire pour agir conformément au programme sur lequel ils se seront faire
élire. * En cours de
mandat, le Parlement peut être amené à voter des lois si la situation
l’exige. La désobéissance européenne serait donc doublement légitimée : par
le peuple au travers des programmes électoraux sur lesquels il se sera
prononcé, et par les députés, représentants du peuple. * Enfin, en cas de
crise ou de situation particulière, des référendums peuvent être
organisés pour rejeter telle ou telle directive ou pour engager la France
dans telle ou telle action. Comme la bataille avec les forces néolibérales
sera permanente, la simple acceptation de la désobéissance européenne dans
les programmes politique ne peut suffire. Rappelons ici que l’article 11 de
la Constitution française stipule qu’il est possible de « soumettre au
référendum tout projet de loi portant sur l’organisation des pouvoirs
publics, sur des réformes relatives à la politique économique ou sociale de
la nation et aux services publics qui y concourent, ou tendant à autoriser la
ratification d’un traité qui, sans être contraire à la Constitution, aurait
des incidences sur le fonctionnement des institutions. » LA
DÉSOBÉISSANCE EUROPÉENNE EST UNE ÉTAPE INCONTOURNABLE POUR SORTIR DE
L’EUROLIBERALISME Le M’PEP a précédemment écrit (http://www.m-pep.org/spip.php ?article506) qu’un dispositif en trois
étapes est nécessaire afin de sortir de l’eurolibéralisme : * trouver des alliances au sein
de l’Union européenne pour des « coopérations renforcées » en rupture avec
les politiques libérales ; * si ces propositions de coopération
étaient rejetées, il faudrait soumettre au peuple français, par référendum,
la question de la sortie de l’Union européenne, chaque pays membre
pouvant faire de même selon sa constitution ; * réorienter la diplomatie et les
alliances de la France sur la base, notamment, de la Charte de La Havane. La désobéissance européenne est
donc incontournable, et ce dès la première étape. En effet, l’article 280A du
Traité de Lisbonne (qui n’est pas encore en vigueur mais qui reprend pour
l’essentiel les traités antérieurs sur cette question) stipule : « Les
coopérations renforcées respectent les traités et le droit de l’Union. Elles
ne peuvent porter atteinte ni au marché intérieur ni à la cohésion
économique, sociale et territoriale. Elles ne peuvent constituer ni une
entrave ni une discrimination aux échanges entre les Etats membres ni
provoquer de distorsions de concurrence entre ceux-ci. ». Aucune « coopération renforcée » ne peut donc être
en rupture avec les politiques libérales sans que les États pratiquent la
désobéissance européenne. Les partis politiques et les syndicats
doivent clarifier leur position En
dehors du M’PEP, aucun mouvement, parti politique ou syndicat de gauche ne
revendique le droit à la désobéissance européenne et le devoir d’y recourir
pour restaurer l’exercice de la souveraineté populaire, s’opposer à
l’eurolibéralisme et promouvoir des politiques de gauche. Ce faisant, ils s’arrêtent au milieu du
gué, en décrivant les mesures progressistes qu’ils veulent mettre en œuvre sans
décrire les moyens d’y parvenir. Au contraire, il est indispensable de poser
clairement ce débat, afin de proposer aux citoyens un ensemble d’actions
cohérentes pour sortir du capitalisme néolibéral. La désobéissance européenne
en fera inévitablement partie. Cette façon de poser les problèmes, cette
politique de vérité, est de nature à mobiliser la population. S’inscrire dans le sillage des communes Hors
AGCS En réalité les communes qui se sont déclarées « hors Accord
général sur le commerce des services » (AGCS) ces dernières années
constituent les premières institutions politiques républicaines à
pratiquer une forme de désobéissance européenne. Alors qu’elles devaient se soumettre à la concurrence libre et non
faussée, elles ont annoncé qu’elles renonceraient à mettre en concurrence sur
le marché une série d’activités sociales et culturelles sur leur territoire.
Et elles ont revendiqué leur action en se déclarant « hors AGCS ». Certaines
ont même affiché le logo à l’entrée de leur commune, sur leur journal
d’information. Elles ont, en quelque sorte, montré le chemin à la gauche qui
pourrait se trouver en situation de gérer le pays. Un exemple parlant
du principe « du local au global ». Créer un mouvement de désobéissance européenne
? À l’instar des objecteurs de
conscience qui affirmaient la dimension politique de leur refus d’effectuer
le service militaire et qui se sont constitués en mouvement, revendiquant
publiquement leurs actes, et ainsi refusant le strict engagement individuel,
allant au-delà de la « clause de conscience », un mouvement pourrait se créer
composé de citoyen-n-es, d’ « objecteurs de l’Union européenne ». Ces «
désobéissants » auraient vocation à se créer dans tous les pays européens,
affichant dans chaque pays, des raisons communes de vouloir désobéir à
l’eurolibéralisme et à l’Union européenne. Mais, dans le respect de la
réalité nationale, seraient également soulignées les dimensions particulières
de leur engagement. Ainsi les différents niveaux de
la vie politique et de l’engagement citoyen seraient reliés les uns aux
autres au plan européen, national et local. Car finalement, sans le savoir,
nombreux sont les citoyens qui revendiquent la désobéissance européenne en
contestant par exemple la PAC, des directives sur les OGM, la libéralisation
des services publics, la privatisation de la santé, etc. Nombreux aussi sont
les syndicats, les partis, les associations qui refusent la directive
services, la directive « de la honte », etc. Seraient-ils déjà des
désobéissants/objecteurs de l’Union européenne sans le savoir ? » ______ Notes : [1] David Hiez et Bruno Villalba, La
désobéissance civile, approches politiques et juridiques, Septentrion, 2008. [2] voici le lien du film sur l'AGCS : http://video.google.fr/videoplay?docid=8215080427168435251 |
http://www.mc2grenoble.fr/mc2_programme_reservation/2008-2009/forum_democratie/prog_repid.php
Que pensez-vous du
tirage au sort de l'Assemblée constituante comme procédure décisive (et
évidemment détestée par les élus) pour composer une assemblée désintéressée
et instituer enfin une authentique démocratie ? Est-ce que la cause
de l'impuissance durable des citoyens n'est pas simplement à la source du
texte qui programme cette impuissance, c'est-à-dire dans la mauvaise qualité
du processus constituant, puisque, jusqu'à ce jour, les constituants ont
toujours écrit des règles pour eux-mêmes ?" Et tous les débats sur
les institutions démocratiques ne sont-ils pas condamnés à rester de vaines
paroles si on laisse finalement à César le droit d'écrire la Constitution ?
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« Réinventer
la démocratie » Forum de la République des idées - 8, 9 et 10 mai
2009, à Grenoble : http://www.repid.com/Reinventer-la-democratie.html
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Les graines de manifestations obstinées commencent à germer : « 2ème
cercle de silence Place de la
Rotonde (Aix en Provence) côté allées provençales » « Chers
amis, Un
groupe de citoyens de tous horizons organise samedi prochain — samedi 9 mai
2009 de 11h30 à 12h sur la place de la Rotonde —, du côté des allées
provençales, un nouveau cercle de silence, après celui qui
s'est tenu le 11 avril dernier et qui a réuni près de 200 personnes. Il
s’agit d’un rassemblement pour continuer d'exprimer l’indignation que
ressentent de nombreux aixois devant les
atteintes à l’humanité des étrangers en situation irrégulière,
enfermés dans des centres de rétention administrative puis expulsés dans des
conditions indignes. Je vous
rappelle que cette manifestation reçoit les soutiens suivants : ACAT Aix,
Aix-Solidarité, Amnesty International Aix, ASTI d'Aix-Marseille, Attac Pays
d'Aix, CCFD Aix, Cimade Pays d’Aix, CLCV Aix, Emmaüs, Entraide de l’Eglise
réformée de France, Féminin Pluriel en Pays d'Aix, LDH Aix, Maïs
International, Missionnaires Oblats Aix, Pastorale des Migrants, Relais de St
Donat, RESF13, Secours Catholique Aix. Vous
êtes cordialement invités à y participer ainsi qu'aux suivants qui auront
lieu, je vous le rappelle, chaque 2ème samedi du mois aux mêmes
heures. Pour le
cercle de silence d'Aix-en-Provence, Philippe Chouard. » « La "ronde des obstinés", ou la liberté pas
à pas » par Éric Lecerf (philosophie), Julie
Perrin (danse), Jean-Henri Roger (cinéma),
enseignants-obstinés de l'université Paris-VIII (Vincennes-Saint-Denis), dans
Le Monde du 3 mai 2009 : |
« Crise du
capitalisme ou crise de la monnaie ? » par Jean
Peyrelevade, dans Le Monde,
6 mai 2009 : http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3232,50-1189614,0.html « Faillite, crise, disparition, refus, refondation ou
moralisation du capitalisme ? Ces qualifications, venant des diverses parties
de l'échiquier politique, ont un point commun. Invectivant un coupable
désigné, elles manquent la vraie cible. La facilité d'expression empêche la
lucidité. Crise du capitalisme ? Non mais, ce qui est plus grave, crise de
l'économie menacée dans l'une de ses fonctions essentielles : la
fonction monétaire. La monnaie est un bien collectif, ciment du vivre ensemble dans
l'ordre économique. C'est son acceptation indiscutée par tous les acteurs qui
permet de passer de l'économie de troc à l'économie d'échanges, de la tribu
néolithique à la société moderne. Elle est apparue au début des temps
historiques, à la fin du VIIe siècle avant J.-C., en Asie mineure, dans le
royaume de Lydie qui devint bientôt celui de Crésus. La richesse des sables
aurifères du fleuve Pactole explique sans doute que des pièces d'or furent
pour la première fois frappées par le souverain pour payer ses mercenaires. Bien sûr, le crédit permit bientôt d'augmenter la flexibilité des
échanges. Il engendra une nouvelle forme dématérialisée de monnaie, mais
convertible en or à première demande du porteur. C'est le principe même de
convertibilité qui limitait l'émission monétaire et assurait la stabilité de
la construction. Ce système gouverna la circulation monétaire de chaque pays
et du monde entier jusqu'à la première guerre mondiale où les belligérants
furent contraints de l'abandonner. Il avait vécu plus de 2 500 ans. L'or,
cette "relique barbare", disait Keynes, qui l'accusait de favoriser
la déflation. Force est de constater que l'univers monétaire où nous vivons
aujourd'hui, complètement dématérialisé, a un siècle d'existence (ce qui est
bien court à l'échelle historique) pendant lequel il a failli exploser deux
fois (1929 et 2008). Problème de régulation ? Peut-être, mais surtout défaut
de conception. Telle Aphrodite, la monnaie porte en soi la marque contradictoire
de son origine. Sa création est le fait du système bancaire qui en a le
monopole, en contrepartie exacte des crédits consentis à l'économie. Le
crédit bancaire crée la monnaie. Celle-ci, bien public, naît de
prises de risques multiples sur des emprunteurs privés. Tout crédit non
remboursé, a fortiori toute défaillance bancaire, mettent en cause la
confiance dans la monnaie, instrument irremplaçable de l'échange. En ce sens,
la banque est un service public, qui doit être
gérée comme telle. On en est loin. Faut-il réguler les agences de notation, les hedge funds (fonds
spéculatifs), ceux de private equity (fonds d'investissement) ? Certes.
Faut-il interdire les paradis fiscaux ? Bien entendu. Faut-il intervenir sur
la rémunération des traders et celle des présidents de grandes sociétés ?
Sans aucun doute. Faut-il imposer la transparence partout où les risques
financiers peuvent s'accumuler ? Oui, une fois de plus. Et exiger de toutes
les institutions financières, quel que soit leur métier, le respect de normes
minimales de fonds propres et de liquidité. Ce sont là des conditions
nécessaires de la stabilité. Elles ne
sont pas suffisantes. Le
système bancaire est le coeur du réacteur. C'est lui qu'il faut protéger. Souvent contre lui-même, parfois contre les demandes de
l'opinion ou du pouvoir politique. La création d'une banque centrale
indépendante a été un premier pas. Mais beaucoup reste à faire. Le système
bancaire, dépositaire de la confiance publique, doit être en toutes
circonstances invulnérable. Pour ce faire, pas d'autre solution que de le
ramener dans les strictes limites de sa fonction originelle, ce qui passe par
deux règles. La
première rappelle que le métier de la banque n'est pas de prendre des
risques, mais au contraire de créer de la monnaie sans risque. Donc de se borner à anticiper de quelques semaines ou de
quelques mois des règlements dont le caractère est certain, en un mot de
financer le fonds de roulement de l'économie et rien d'autre. Le risque long,
le risque entrepreneurial, le risque d'investissement ne relèvent pas de la
banque mais de l'épargne déjà constituée, c'est-à-dire de fonds propres.
Quant aux risques spéculatifs, découlant d'un pari sur le prix futur d'actifs
existants, ils doivent lui être purement et simplement interdits. Le
périmètre de la banque de dépôts doit correspondre à son appellation : ce
qu'il faut vraiment réguler demain, mieux qu'aujourd'hui, c'est d'abord le
risque bancaire. À cet égard, la seconde règle devrait consister, dès la sortie de
crise, à accroître
fortement les exigences de fonds propres des banques et cela
d'autant plus que leur taille fait peser un risque systémique plus important.
Le danger naît de la convergence de deux facteurs : la concentration des
structures, d'une part, l'effet d'endettement, de l'autre, qui rendent
illusoire l'efficacité des amortisseurs de chocs que constituent les fonds
propres (et incertaine la capacité d'intervention en dernier ressort des
Etats). Sait-on que le passif total des banques françaises, qui ne sont pas
les pires et de loin, mesuré au niveau de leur seul bilan représente dix-sept
fois leurs fonds propres ? Comment expliquer que la puissance
publique, garante ultime de la monnaie, accepte pour les banques des ratios
d'endettement que les banques elles-mêmes interdisent à toute entreprise
industrielle ou commerciale ? Les risques bancaires seraient-ils plus faibles
? Ou leurs conséquences moins désastreuses ? On sait bien que non. Il est vrai que quand tout va bien, un tel effet de levier a des
effets enivrants. Les rentabilités obtenues pour le capital (dix-sept fois le
taux de marge nette) se situent à des sommets qui simultanément font la
fortune des directions générales et sont interprétées comme autant de preuves
de leur excellence professionnelle. Mais comment faire atterrir l'économie
réelle vers des niveaux de rentabilité de long terme moins excessifs si
l'aristocratie qui occupe le coeur du système bancaire est jaugée sur sa
seule capacité à entretenir l'illusion ? Ce n'est pas le capitalisme qu'il faut moraliser
mais les conditions de la création monétaire (États-Unis compris, bien
entendu) que l'on doit revoir de fond en comble. » Jean Peyrelevade est économiste. |
« Valéry
Giscard d'Estaing censure une commentaire (passionnant) sur son blog » http://wiki.societal.org/tiki-index.php?page=DebatVGE La magouille des
faux-monnayeurs — et leurs complices au sommet de l'État— commencent à se
savoir. Voici le
commentaire censuré : Le
lundi 4 août 2008, 20:19 par samuel Monsieur
le Président, Votre
réponse à A-J Holbecq me parait pour le moins insatisfaisante. Vous
répondez à celui-ci comme si la masse de monnaie fiduciaire ne devait pas
être accrue. Vous parlez de la nécessité de remboursement d'une
"dette" comme d'une évidence, alors qu'en l'espèce, la notion de
dette, purement comptable, renvoie à une planification qui ne suppose pas
nécessairement un remboursement complet, suivant l'évolution de la croissance
escomptée (du moins observée) et suivant la politique fiscale conduite
ensuite, encore moins des intérêts versés par nous à des prêteurs privés. Vous négligez de rappeler un théorème
élémentaire : quand on vise une inflation nulle, la création monétaire
souhaitable n'est pas nulle, mais égale à la croissance du PIB (anticipée ou
supposée courante). Il faut donc que quelqu'un crée cette monnaie. Or, le bon sens veut
que ce soit le pouvoir le moins incontrôlé parmi ceux supposés être au
service du peuple qui le fasse. Et que le régime monétaire soit conforme à la
constitution, qui interdit les privilèges. Vous n'ignorez pas que la
constitution française (art. 34), comme celle des États-unis (I sect. 8)
confie (confiait) au parlement élu au suffrage universel le contrôle du
régime d'émission de la monnaie. Au
lendemain du 4 janvier 1973, le Parlement pouvait au moins revoir sa loi, ce
pourquoi le Conseil constitutionnel a admis (en 1994) qu'un tel transfert
était conforme à la constitution. Mais
dans le cadre de l'Union européenne, il ne le peut plus en pratique, sauf à
décider que la France sorte purement et simplement de cette entité
intergouvernementale mutée en confédération qui viole les règles élémentaires
de la séparation des pouvoirs (sans parler de souveraineté populaire). En
tant que membre du Conseil constitutionnel, en tant d'ancien garant de la
continuité de l'État, comment pouvez vous tolérer une situation ou la
"séparation des pouvoirs", qui signifie leur arrêt mutuel, soit
traduite en pure indépendance politique ? Vous
ne rappelez pas non plus un fait évident que vous ne pouvez pas ignorer (et
plus dénoncer, il est vrai) : de manière chronique, depuis sa création, la
BCE émet environ 10% de monnaie supplémentaire par an, ce qui est assez
considérable, au demeurant. Manifestement, la rigueur ne vaut que pour la
politique budgétaire. Vous
savez aussi, sans doute, que la Banque de France en dit que la part superflue
de l'émission gonfle les bulles spéculatives, financières et immobilière. De
fait, depuis des années, le crédit bancaire et, plus généralement, le volume
des titres dérivés de la monnaie, est en croissance effrénée. Or, le résultat
en termes d'inflation, on le voit quand ces bulles explosent : les financiers
les plus équipés courent vers les valeurs "refuge" (celles qui font
manger le peuple et produire). La
partie de votre réponse qui me parait être pertinente - relative au projet de
marché des titres (traduisons : des dettes) - me parait effrayante, tant elle
suppose la résignation (il y a 35 ans déjà) du politique face au projet
global d'un marché supposé pur réglant toute chose, économique, politique et
sociale. En somme, l'État et le privé se sont accordés pour faire de la
monnaie une marchandise, dont la valeur ne serait plus fixée, désormais, que
par la loi de l'offre et de la demande. Une loi que ne viendrait plus
perturber un "interventionnisme"... qui consistait depuis
longtemps, pour l'État, a émettre une quantité marginale de la monnaie,
tandis que les banques commerciales émettaient "le reste". Le
record de la part d'émission d'origine publique, il me semble, a été établi
par le général De Gaulle. Cette part (la seule légitime à mon sens) a été
très variable, et très souvent bien faible. La Banque de France était d'ailleurs, depuis son origine et plus d'un
siècle durant, une Banque privée, dont les propriétaires reçurent de la part
de Napoléon le privilège inouï que confère l'exclusivité du pouvoir de battre
la monnaie qui seule a cours légal et forcé. Pour
finir, il semblerait que le propos de A.J. Holbecq et l'inadéquation de votre
réponse trouvent une illustration frappante dans ce passage lu dans Le Monde
Diplomatique, (n° 652, juillet 2008, page 7) : "…l’un des plus célèbres emprunts
d’État fut l’emprunt Giscard (…). Pour 6 milliards de francs empruntés en 1973, l’État
a finalement remboursé au total (montant initial plus intérêts) 80 milliards de
francs en 1988." Vu
la situation dramatique que nous apporte la crise financière actuelle ; vu
les conséquences désastreuses qu'ont toutes formes d'impérialisme sur la
démocratie et sur la paix, il n'est jamais trop tard pour reconnaître ses
erreurs et constater que le temps presse. Avec
mes salutations respectueuses. |
« Soutien aux
inculpés du 11 novembre Un ordre à
faire tomber » http://www.soutien11novembre.org/spip.php?article433 « C’est raté. Nous n’avons pas eu peur des terroristes «
anarcho-autonomes » tissant des réseaux internationaux. Cette irruption si
brutale, si grossière, de la police politique nous a poussés à mettre des
mots sur nos amertumes, à sortir de nos isolements. Dès le lendemain des arrestations, les comités de soutien ont
fleuri comme des crocus après le dégel. Sans concertation ni mot d’ordre, la
contagion a opéré : concerts, débats, rencontres, soirées… Partout, le
soutien a réuni des dizaines, des centaines de personnes. C’est raté. C’était trop gros, peut-être. Personne n’a voulu
croire que celles et ceux qu’on accusait d’avoir débranché des TGV étaient
des brutes sanguinaires qui fomentaient de terribles attentats. L’affaire de
Tarnac a été un déclic. (…) On saisit mieux la nécessité pour un gouvernement, dans une
époque si explosive, d’inventer la figure d’un ennemi intérieur. Et l’on
devine en filigrane le cauchemar inavoué d’un système qui perd pied : celui
dans lequel les citoyens d’hier arrêtent de jouer le jeu, se défient de
l’ordre établi, et s’organisent en conséquence. Il y a finalement bien des
légendes auxquelles, en chemin, nous avons cessé de croire. Comment, dès
lors, ne pas se sentir proche d’insoumis-es qui ont pris au sérieux la
nécessité de s’organiser collectivement ? Comment, dans cette époque où ce
qui se partage le mieux est l’amertume et le sentiment de passer à côté de sa
vie, ne pas ressentir une complicité avec celles et ceux qui ont cherché à
s’extraire de la tristesse ambiante, et à lutter contre ses causes ? Comment ne pas percevoir dans leur défiance l’écho de celle que
nous éprouvons tous ? Sans les arrestations du 11 novembre, L’insurrection
qui vient n’aurait peut-être jamais été aussi lu - en tout cas, pas
collectivement, et sans doute pas dans une perspective si évidemment pratique
- ; comme n’auraient peut-être jamais eu lieu toutes ces discussions, toutes
ces actions, toutes ces rencontres. (…) |
« Conférence
internet de LaRouche du 28 avril » http://www.solidariteetprogres.org/article5395.html Une longue
intervention, extrêmement pessimiste, mais très intéressante. La condamnation du
plan anti CO2 y est radicale. Débat interdit ? |
« TRÈS URGENT : présentez-vous aux Européennes :
un parti, le RIC, propose exactement VOTRE PROGRAMME,
celui des MOCRIES...
Aidez-le en étant vous-même candidat sur une de ses
listes. »
Un
appel pressant d'Yvan Bachaud :
http://etienne.chouard.free.fr/mocrie/viewtopic.php?id=112
Passez-lui un coup
de fil,
il vous expliquera tout : 04 72 24 65
02.
Dans
la foulée de l'appel, voyez la réaction de Beo,
c'est intéressant :
http://etienne.chouard.free.fr/mocrie/viewtopic.php?pid=1073#p1073
En tout cas moi je me pose
moins de questions, je me suis porté candidat pour le RIC dans ma
circonscription IDF. Faut juste penser à demander en mairie une attestation
d'inscription sur les listes électorales.
Et je pense que niveau
propagande il faudrait surtout aider Alain Terrien, le candidat du RIC dans
le sud-ouest qui finance l'impression de ses bulletins de vote.
Niveau film de campagne j'imagine un truc du
style: " deux mecs (ou deux filles, ou un mélange peu importe)
parlent une langue à peine compréhensible. L'un deux jette un traité de
Lisbonne à la poubelle, l'autre lui dit qu'il ne fallait surtout pas faire ça,
il s'est trompé de poubelle et il faut faire le tri sélectif; le traité de
Lisbonne il va dans la poubelle à papier, voilà. Là dessus Alain apparait en
gros plan, il dit que vous ne comprennenez
plus rien à l'Europe, et les politiques professionnels non plus. Le seul moyen
de s'en sortir, de redonner un sens citoyen à cette Europe, c'est qu'une
assemblée citoyenne écrive une constitution pour l'Europe".
Ou une autre idée.
Plusieurs plans successifs
sur des gens qui disent la même phrase, mais dans des langues étrangères. À la
fin c'est :
"Europo bezonas
konstitucion skribitan de _civitana_ asembleo.
L'Europe a besoin d'une
constitution écrite par une assemblée citoyenne.
Faut vous le dire en
combien de langues ?"
“Il est normal
que, lorsqu’on licencie quelqu’un, on lui donne un an de salaire”
par
Gilles
Raveaud :
« Naissance d'un nouveau journal de
résistance Je vous recommande ce journal (en kiosque) : Un tel journal a besoin d'être soutenu par des
militants. « Chers amis de Fakir, Ca y est : notre canard a pris son
envol ! Fakir existe en Picardie depuis maintenant
dix ans. En dix ans, et malgré les procès, nous avons épargné 10 000 €. Et aujourd'hui, on claque tout d'un
coup : pour la première fois, notre journal sort de ses frontières
naturelles et part à la conquête de la France, de la Belgique, et du
Luxembourg. En vente dans tous les kiosques ! Et en couleur, en plus ! Dans notre journal, vous trouverez des tas
d'informations exclusives : |
|
- Un portrait de Jacques Delors :
socialistes et éditorialistes s'apprêtent à lui construire une statue ?
Fakir la déboulonne par avance ! Car nous avons mené l'enquête dans les
archives : ce « vieux sage » explique clairement comment il a
relancé l'Union européenne, main dans la main avec les multinationales... - Une enquête sur une plaque qui, à
Bruxelles, à l'entrée du Parlement, scelle l'amitié entre les députés européens et les lobbies :
comment les industriels ont-ils obtenu une telle reconnaissance
officielle ? Nous sommes remontés jusqu'à Nicole Fontaine, l'ancienne
présidente du Parlement européen. - CO2 sans frontières : l'Union
prétend montrer l'exemple, dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Pourtant, une autoroute et un camion pourraient lui servir de symboles... - Un entretien avec le seul prix Nobel français
d'économie, Maurice Allais. Partisan d'un protectionnisme européen, il est
banni des médias dominants. Autant d'articles que vous ne lirez nulle
part ailleurs. Que, pour notre part, nous n'aurions pu publier nulle part. Et
voilà pourquoi, alors que la presse papier se casse la figure, voilà pourquoi
on fait ce pari improbable d'un nouveau canard, adossé à aucune banque, à
aucun marchand de canons : parce qu'on ne va pas attendre d'avoir 80 ans
pour écrire comme on veut... Franchement, on est fiers d'avoir fait
autant avec si peu. On compte sur vous, donc, pour nous filer
un coup de main et 2,80€. Eventuellement, pour en
acheter une dizaine (22€)
et les revendre avec un petit bénef à vos copains. Vu qu'on n'a pas trop
confiance en Lagardère and Co pour assurer notre promo... Ou alors, vous
pouvez toujours prendre un
abonnement héritable, par
exemple. À part ça, dans notre prochain numéro, on
s'attaquera aux banques. Et notamment à Natixis-l'Ecureuil. Alors, vous avez
des tuyaux, des idées, des envies, vous pouvez nous
écrire ici... L'équipe
de Fakir » |
« Sortir de
l'UE, cela pourrait-il être constructif ? » Quelques échanges
particulièrement vifs sur mon forum m'ont poussé à imaginer cette fiction : http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=6854#p6854 Sortir de l'UE, cela pourrait-il être
constructif ? Tout
ce à quoi je rêve en matière de démocratie et de contrôle des pouvoirs (tout,
dans les moindres détails) trouve d'abord son exact opposé dans l'Union européenne et, plus encore !, le verrou
qui fait que ce que je crois bon pour l'humanité ne sera JAMAIS possible. Alors, je me lance, au débotté, malgré le
risque de ridicule sur quelques points sans doute irréalistes tels quels. Il suffit de raisonner a contrario,
en faisant sauter une à une toutes les interdictions et toutes les
impuissances fondamentales qui nous viennent directement des institutions
européennes :
Le décor : j'imagine un Président français,
progressiste, honnête, élu sur un programme de rupture avec cette UE-là et
qui a promis d'instituer une vraie démocratie dans le pays, avant de
reconstruire une Europe nouvelle, avec l'accord préalable et sous le contrôle
permanent des peuples concernés, directement. L'assemblée nationale, élue dans la foulée
de sa propre élection, le soutient dans ce programme. Le Président de la République organise un
référendum sur la sortie de l'UE pour permettre un débat national sur ce
point et confirmer que le peuple est bien derrière lui sur ce projet. Les
Français, convaincus par les perspectives ouvertes par la disparition du
carcan (voir plus loin) et la promesse d'autres institutions plus
démocratiques approuvent le projet. Le Président dénonce alors en bloc tous les
traités antidémocratiques de l'UE, ainsi que nos engagements dans le cadre de
l'AGCS. Il faut imaginer un successeur de de Gaulle, ne craignant ni dieu ni
diable et se faisant de son peuple (et de toute l'humanité) une haute et
respectueuse idée. La sortie de l'UE et de l'OMC permet de
protéger immédiatement l'économie nationale contre la concurrence déloyale
des pays qui pratiquent le dumping social, fiscal et/ou environnemental, par
de fortes taxes à l'importation : les seuls échanges non taxés sont ceux qui interviennent
avec des pays de niveau de développement comparable (Allemagne Angleterre,
Italie, Espagne, USA, etc.). Les entreprises françaises voient là disparaître
une bonne partie de la pression sur les salaires qu'elles distribuent. La sortie de l'UE permet aussi de
rétablir le contrôle des changes, de limiter (par une surveillance et un
impôt conséquent) la circulation des capitaux, d'interdire aux banques
françaises la moindre activité avec les paradis fiscaux (ceux de la liste grise),
et de rétablir une politique fiscale souveraine (sans craindre la concurrence
déloyale de pays zones franches) : les délocalisations sont simplement
interdites, les revenus sont limités à 300 000 euros par an (ceux qui ne sont pas contents peuvent partir,
sans indemnités, bon débarras). Protection de l'humanité contre les entreprises (des
personnes physiques contre les personnes morales) : La sortie de l'UE et de la tutelle de
la BCE permet de reprendre le contrôle de la monnaie et de la création
monétaire : le mécanisme des réserves fractionnaires est aboli et les banques
ne peuvent plus prêter que l'argent dont elles disposent vraiment (couverture
obligatoire à 100%) ; seule la Banque de France peut créer la monnaie, en
fonction des besoins réels de l'économie. La BDF est aux ordres de la puissance
publique, sous la forme d'un comité, indépendant des pouvoirs législatifs et
exécutifs, où règnent les mandats courts et non renouvelables, la reddition
des comptes et une part de tirage au sort. La sortie de l'UE permet à l'État
français d'emprunter les sommes dont il a besoin à la BDF —sans intérêts ! —
ce qui diminue au moins de moitié la charge du financement des
investissements publics.
La sortie de l'UE et des règles de
convergence permet à l'État français de créer 600 milliards ex nihilo de
monnaie permanente (vous pouvez changer le chiffre s'il vous fait peur) pour
relancer l'économie en distribuant DIRECTEMENT cet argent à TOUS ménages
(plutôt qu'aux banques qui garderaient ces sommes considérables pour elles
sans les réinjecter dans l'économie), 10 000 € par personne (enfants compris)
de monnaie permanente et gratuite distribuée sans contrepartie (pas besoin de
rembourser), et répartis également par trimestre pendant un ou deux ans. Les ménages achèteront d'autant moins de
produits étrangers que les nouvelles taxes sur ces produits les auront rendus
fort peu compétitifs. Nota : en quatre ou cinq ans, la plus grande
partie de ces euros seront revenus dans les caisses de l'État par le jeu des
différents impôts.
Voir la démonstration très intéressante d'André-Jacques Holbecq dans son
livre "Les 10 plus gros mensonges de l'économie", pages 72 à 75, mensonge n°3 «On ne peut pas le faire, "ça coûte" trop cher», un chapitre pa-ssio-nnant. À consulter sur
ce site étonnant : http://wiki.societal.org/tiki-index.php?page=Investissement+Public Pendant ce temps, le Président a convoqué
une assemblée constituante (largement tirée au sort et totalement inéligible)
et il contrôle la qualité des débats : il s'assure que les médias de masse
relaient bien les échanges dans le pays et il s'assure que les initiatives et
suggestions en provenance de la base soient bien collectées, synthétisées et
transmises aux délégués constituants. À l'issue des débats, l'AC propose plusieurs
projets au pays, et un référendum à plusieurs tours (et à options) départage
ces projets : une nouvelle constitution nationale est ainsi adoptée. Comme les constituants n'étaient, pour la
plupart, pas des professionnels de la politique, et comme par magie, on
retrouve dans ces institutions les éléments fondamentaux d'une démocratie
digne de ce nom et surtout de nombreux contre-pouvoirs, ainsi qu'une large
place à l'action des simples citoyens. On y trouve : • une chambre élue, avec un scrutin mixte
(majoritaire et proportionnel sur les restes) qui permet d'avoir une majorité
à coup sûr et de donner aussi une représentation significative aux petits
courants ; • le vote blanc (protestataire) est décompté et
reconnu et, s'il est majoritaire, tous les candidats rentrent chez eux et on
recommence l'élection avec d'autres candidats ; • une autre chambre est tirée au sort pour
composer un échantillon représentatif de la société civile, elle est chargée
de lire les lois rédigées par la chambre élue et elle est capable de les
bloquer si nécessaire ; • quatre référendums d'initiative populaire
(législatif, abrogatoire, révocatoire et constituant) peuvent être déclenchés
par un simple citoyen, à condition d'avoir su convaincre une Assemblée du
Référendum (tirée au sort) qui décide quelles sont les meilleures questions à
poser lors de la prochaine Fête du Référendum (deux jours fériés par an) ; • une procédure de reddition des comptes des
élus en cours et en fin de mandat (non cumulable et peu renouvelable) avec
possibilité de révocation à tout moment ; • des jurys citoyens et des sondages
délibératifs sont prévus à tout propos, sur tous les sujets de société ; • les biens indispensables à la vie (eau, air,
semences, électricité, pétrole et autres énergies, routes et autoroutes,
terre, grande distribution…) sont nationalisés et déclarés inaliénables ; • les routes et autoroutes sont gratuites ; les
transports en commun sont tous gratuits dans les villes ; • le pouvoir réglementaire autonome (comble de
la plus haïssable confusion des pouvoirs) a disparu et le mot
"gouvernement" aussi : seul reste un "pouvoir exécutif", incapable
de produire lui-même des règles de droit et radicalement soumis aux deux
assemblées (dont les légitimités sont différentes et complémentaires : une
chambre élue et une autre tirée au sort) ; • l'exécutif n'a aucun droit d'initiative de
référendum (ce qui lui donnerait un outil bonapartiste) ; • l'Assemblée Constituante reste mobilisée à la
fin de son mandat initial et devient l'Assemblée Constitutionnelle, chargée
de surveiller la bonne application des institutions qu'elle a elle-même
conçues : elle est renouvelée par tiers tous les deux ans, par tirage au sort
; • les conflits irréductibles entre organes sont
tranchés par le peuple lui-même qui statue par référendum ; • le pouvoir d'information est rendu
parfaitement indépendant à la fois de l'exécutif et des entreprises (aucune
entreprise, française ou étrangère, ne peut être propriétaire d'un journal,
d'une radio, d'une télévision, d'un institut de sondage, d'un institut
statistique ou d'un autre média d'information) => comme avec les juges,
l'État finance le service public de l'information sans en contrôler le
contenu ; • la taille des entreprises est drastiquement
limitée et la course au gigantisme est empêchée, les fusions sont lourdement
pénalisées par voie fiscale ; • les entreprises ne peuvent pas être
propriétaires de locaux qu'elles n'utilisent pas pour leur activité
habituelle ; • les parlementaires, les ministres, les juges
et les autres pouvoirs n'ont pas le droit de changer même une virgule à la
Constitution qui fixe elle-même les règles électorales ainsi que les revenus
et les avantages particuliers des acteurs publics; • les parlementaires, qui fixent l'impôt dû par
les citoyens, au lieu de payer comme aujourd'hui moitié moins d'impôts que le
commun des mortels, en paient désormais le double du taux normal (ça devrait
les calmer) ; • les juges du parquet n'ont plus la
possibilité de juger de l'opportunité des poursuites (le
"non-lieu", qui leur permettait de protéger les copains du pouvoir
de toute poursuite, leur échappe) ; • l'adhésion des salariés à un syndicat est
libre mais obligatoire ; • un revenu citoyen est versé à chaque individu
depuis le jour de sa naissance, ce qui permet à chaque enfant d'accumuler un
pécule qui sera libéré le jour de sa majorité ; • etc. La sortie de l'UE rend au parlement
national, élu directement par les citoyens, les pouvoirs qu'il n'aurait
jamais dû perdre (au profit d'un parlement européen impuissant et d'autres
organes hors contrôle) : il redevient capable de légiférer en toutes
matières, sans être violenté par le droit européen, de source opaque et hors
contrôle. Par exemple, il interdit expressément toute activité de lobbying
auprès des élus. Il annule ou corrige également tous les décrets iniques que
la 5ème République avait rendus possibles avec la confusion des pouvoirs
contenue dans le "pouvoir réglementaire autonome" (décrets,
arrêtés… la liste est longue des abus de pouvoirs imposés de cette façon). Les nouvelles ressources de l'État (il
n'est plus obligé de payer des intérêts comme le lui imposaient les
institutions européennes et il peut librement créer la monnaie dont il a
besoin) lui permettent désormais de lancer des grands travaux d'intérêt
général (construction d'un million de logements, isolation thermique de tous
les autres, immense programme de recherche sur l'exploitation des énergies
renouvelables, construction d'écoles, de maisons de retraite et de crèches,
etc. etc.), ce qui, associé au programme de reflation par distribution
directe de pouvoir d'achat, booste l'activité du pays qui reprend confiance.
Les ressources de l'État et des caisses sociales sont renforcées par effet de
boule de neige. Pour faire face à tous ces projets, une
main-d'œuvre abondante est nécessaire et le chômage régresse très rapidement.
L'immigration est même fortement nécessaire et le bon traitement des immigrés
facilite considérablement leur intégration. Le hideux concept de
"sans-papier" est jeté aux poubelles de l'histoire. L'État s'étant émancipé de l'UE et de
son idéologie libérale, qui le conduisait à l'asphyxie financière et à la
ruine, l'aide aux pays pauvres redevient une réalité. Avec la disparition de
la pénurie monétaire imposée par le système ancien, et avec la baisse du
chômage qui rend possible de nouvelles revendications salariales, les
salaires augmentent.
Les prix aussi, mais la puissance
publique, libérée des carcans des institutions européennes, laisse filer une
gentille inflation en indexant tous les salaires et tous les loyers sur la
hausse de prix, exactement comme cela a été le cas avec succès pendant les Trente Glorieuses, cette
indexation générale maintenant un pouvoir d'achat constant pour le plus grand
nombre : les travailleurs et les entreprises. Seuls les rentiers voient fondre leur tas
d'or et sont rapidement contraints… au travail. Bonne nouvelle. La sortie de l'UE permet aussi à l'État
d'aider les petites entreprises à grandir à l'abri des grands
prédateurs. Nos voisins, constatant qu'en un an la
prospérité est revenue chez nous, demandent à se joindre à nous pour composer
une société européenne politique et économique moins libre-échangiste et plus
protectionniste que la prison UE, plus interventionniste et plus protectrice
pour les humains que la police des salaires de l'UE, ce que nous faisons
volontiers, à condition que les peuples concernés approuvent ce projet
directement (par référendum) et gardent un droit d'initiative pour en sortir
à tout moment s'ils le souhaitent. Le processus constituant européen s'organise
alors de la même façon qu'il l'avait été en France auparavant : Assemblée
constituante désintéressée (tirée au sort et inéligible), grand débat
européen, référendums puis élections et/ou tirages au sort… ______________ Bon, je n'ai pas fini, et je suis sûr que
vous pourriez m'aider à prolonger cette liste de tout ce qui redeviendrait
possible si nous n'avions plus les chaînes unioneuropéennes qui nous
contraignent à tout propos et stérilisent tous nos rêves. Oh, je sais que tout cela est un rêve
car les privilégiés sont très malins et surtout prêts à tout pour conserver
leurs privilèges, même à faire couler beaucoup de sang : le mur de
l'argent, la fuite des capitaux, la corruption des fonctionnaires et le
sabordage, l'espionnage et le sabotage, l'infiltration, les manipulations,
les intrigues, les provocations (fausses opérations montées par les ennemis
eux-mêmes pour discréditer le pouvoir), les assassinats crapuleux des
principales personnalités, les faux prétextes pour faire la guerre, la
désinformation systématique, etc. etc. Il suffit de lire les livres sur
la CIA et tous les services secrets du monde, bien plus scientifiques
désormais que les petites conspirations des nobles émigrés après la
révolution de 1789, pour savoir à quoi s'attendre. Ce sont les obstacles
terrifiants contre lesquels, par exemple, Hugo Chavez lutte en ce moment au
Venezuela. Mais ne me racontez pas que ce prévisible
mur de résistance acharnée des privilégiés sera moins violent et plus facile
à combattre dans les institutions européennes (je pense que vous les avez
lues, n'est-ce pas ?). C'est tout le contraire, évidemment,
puisque les institutions européennes ne laissent aux citoyens AUCUN outil juridique pour résister,
puisque MÊME NOS ÉLUS n'y ont plus aucun pouvoir décisif. Non : les pires gouverneront. Précisément parce que ce sont les pires. Mais aussi parce que les bons ne font pas
confiance au sort pour déjouer les intrigues des pires. Étienne. Ce
fil du forum — Sortir de l'Union européenne ? — en
intéressera plus d'un, je pense. Ça
saigne un peu entre des amis qui se déchirent bêtement, mais c'est
intéressant : http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=6854#p6854 |
« Open Money:
bientôt chacun créera sa propre monnaie »
Une thèse étonnante
et pas si bête ; c'est intéressant :
http://www.letransmuteur.net/open-money-bientot-chacun-creera-sa-propre-monnaie/
L'analyse passionnante
d'Irving
Fisher : "100% money" pour mettre "la monnaie à l’abri des prêts" Un travail formidable de synthèse et d'explication
sur un grand spécialiste de la monnaie, http://www.pauljorion.com/blog/?p=2908#comment-24825
Chers amis, Je vous
signale ce travail de Sylvie Diatkine, une
passionnante synthèse de l'œuvre d'un grand esprit — Irving Fisher était
admiré des plus grands : Keynes, Friedman, Allais, Galbraith, etc. — où
chacun pourra ici constater que notre débat sur la monnaie ("Faut-il
continuer à autoriser les banques à nous imposer leur fausse monnaie à
l'occasion du crédit ?") est non seulement une vieille
affaire mais surtout le
possible cœur nucléaire, toujours actif, des crises économiques.
Notre (parfois âpre) discussion est
sûrement une excellente piste pour trouver une solution durable aux pires
défauts du système actuel. J'ai
encore mis dix nouveaux livres sur ma pile Amitiés. Étienne. http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?id=81 ___________________ « Tout pour nous-mêmes et rien pour les
autres » semble avoir été à toutes les époques du monde la vile maxime des
maîtres de l’humanité. Adam Smith, « La richesse des nations »,
Livre III, chapitre 4. ___________________ « La
monnaie à l’abri des prêts » : le plan de I. Fisher (1935) à l’origine des
propositions de « narrow banking » (1) par Sylvie Diatkine (2) Communication aux
20èmes Journées Internationales d’Économie Monétaire et Bancaire, Birmingham,
5-6 juin 2003. Source : http://www.univ-orleans.fr/deg/GDRecomofi/Activ/diatkine_birmingham.pdf Les débats fondateurs des
XVIIIe et XIXe siècles jusqu’au début du XXe siècle portent sur le lien entre
la monnaie bancaire et le crédit et son influence sur les cycles. Les
conséquences de la prise de risques par les banques au niveau de
l’instabilité bancaire sont mises en évidence, notamment celles du risque de
liquidité. Ce dernier est lié au caractère liquide du passif de la banque qui
fournit ainsi une « assurance de liquidité » alors que l’actif est illiquide.
Il en résulte la possibilité de crise de liquidité et la nécessité de
l’intervention du prêteur ultime.
En même temps, une question
récurrente au sein de la théorie bancaire est justement celle des moyens de
réduire ces risques source d’instabilité en agissant au niveau du rapport
entre monnaie et crédit(3). L’étude de ce débat fait ressortir l’opposition
entre deux conceptions de la banque. Soit une banque qui « transforme » des
réserves préexistantes en monnaie bancaire soit une banque qui crée de la
monnaie bancaire à partir du crédit. Certains auteurs choisiront une solution
maximale en envisageant de séparer le crédit de la monnaie et en supprimant
le risque de liquidité. Cette solution a donné lieu à diverses propositions
de réformes bancaires. Nous étudierons celle de I. Fisher, présentée dans 100%
Money, 1935. Les deux fonctions maintenant séparées soit de fourniture de
crédit soit de gestion des paiements seront le fait de banques spécialisées
afin de limiter les répercussions, sur le système de paiements, de
l’instabilité introduite par le cycle du crédit. L’émission de monnaie
bancaire doit être couverte à 100 % par des réserves, afin que la « monnaie
ne soit plus à la merci des prêts ». Cependant, I. Fisher, s’il se préoccupe
des crises bancaires, voulant éviter les conséquences du risque de
transformation et de liquidité pris par les banques sur la monnaie,
n’envisage de les réguler que par le moyen de la politique monétaire et la
variation de la quantité de monnaie de base et non par une régulation du
crédit. Ici la politique bancaire disparaît. On trouve aujourd’hui des propositions
de réforme bancaire visant à instaurer des banques avec 100% de réserves chez
M. Allais ou chez M. Friedman(4) ou des « banques étroites » (narrow
banking). D’autres projets encore ont pour but de remplacer les banques par
des institutions financières de type « money market funds » ou fonds mutuels
investis en titres du marché monétaire(5). L’objet de cette communication est de
retracer l’origine des propositions contemporaines de « narrow banking » dans
l’histoire de la pensée économique. Pour ce faire, nous nous concentrerons
sur le plan de I. Fisher exposé dans 100 % Money (Adelphi, NewYork, 1935). Il
est aussi à la base du plan de l’École de Chicago(6) qui s’insère dans le
débat entre partisans de règles ou d’une politique discrétionnaire en matière
de politique monétaire. L’importance des crises bancaires durant la Grande
Dépression du début des années trente incite en effet les auteurs à
s’interroger sur leurs causes. Mais certains vont proposer des solutions
radicales puisqu’il s’agira de faire cesser toute création de monnaie à
partir du crédit. Ils vont donc proposer d’aller plus loin (mais dans la même
ligne) que l’École de la circulation et l’Act de 1844 en Angleterre. Le plan de la communication s’organise
de la façon suivante. Nous rappellerons l’origine théorique de la réforme
proposée par I. Fisher qui se situe dans les arguments de l’École de la
circulation puisqu’il y fait référence lui-même (Fisher, 1935, p. 18 et pp.
46-48). Puis nous exposerons, dans un deuxième temps, la conception de la
monnaie présentée dans l’ouvrage et la critique portée au système de réserves fractionnaire
(« la monnaie ne doit pas être à la merci des prêts »). Dans une troisième étape, nous donnerons
l’essentiel du contenu du plan de réforme tant du point de vue de la théorie
bancaire que des règles de politique monétaire (« banques étroites et
nationalisation de la monnaie »). Enfin, nous montrerons les liens entre le
plan de Fisher et les propositions contemporaines de « narrow banking ». L’ensemble des propositions de réformes
monétaires de Fisher et les recherches théoriques sur lesquelles elles
s’appuient sont motivés par la volonté de stabiliser la valeur de la monnaie
et par la conviction que les fluctuations de l’activité économique ont pour
origine des faits monétaires. Elles débouchent sur la
nécessité de la mise en œuvre d’une politique monétaire reposant sur une règle a
priori et quantitative d’offre de base monétaire par la banque centrale
pour réguler la valeur de la monnaie(7) et éviter tout rôle déstabilisateur
de la monnaie, position qui n’a pas varié tout au long de son œuvre. Selon H.E. Loef et H.G. Monissen(8), le
développement de ses projets de réforme par Fisher s’inscrit dans deux phases
de recherche de leurs fondements théoriques. La première met en évidence la
nature monétaire des fluctuations économiques dans The Purchasing Power of
Money (1911). Plusieurs articles tels que « The Business Cycle Largely a
"Dance of The Dollar" » (1923) en sont aussi des exemples. La
deuxième se situe après la Grande Dépression qui incite Fisher à modifier ses
vues théoriques sur l’origine des booms et dépressions qu’il attribue à des
mécanismes d’endettement et de déflation par la dette(9). Cependant, on
retrouve ses conceptions antérieures quant à l’offre de monnaie puisque la
déflation se manifeste par une baisse du niveau des prix et trouve son
origine dans la contraction du stock de monnaie sous forme de dépôts
bancaires(10). Ses propositions de politique monétaire sont alors la « reflation »
afin de sortir de la déflation, ce qui est compatible avec une règle de
politique monétaire de long terme, qui elle-même doit s’appuyer sur une
proposition de réforme du système bancaire lui imposant un coefficient de
réserves de 100 %, afin d’assurer ainsi un complet contrôle de la base
monétaire. 1. l’origine du plan de
réforme de 1935 de I. Fisher L’origine du plan proposé par I. Fisher
se situe dans l’analyse des limites et insuffisances de la réforme de la
Banque d’Angleterre de 1844 et des théories de l’École de la circulation
pour éviter les crises bancaires et stabiliser le système monétaire. En
effet, I. Fisher tire les conclusions de l’ensemble des débats entre l’École
de la circulation et l’École de la banque(11), se situant ainsi du côté des
théoriciens de l’École de la circulation, tout en complétant leurs
propositions. Si la monnaie est créée par les banques à partir du crédit, ce
qui est cause de crises bancaires. Les fluctuations de la quantité de monnaie
et les fluctuations de prix en résultent. En effet, selon I. Fisher, si les
crises bancaires sont néfastes, c’est parce qu’elles aboutissent à une
diminution de la quantité de monnaie. Il faut donc empêcher cette production de monnaie à partir
du crédit. Selon l’École de la Circulation, ceci
est lié au fait que la Banque d’Angleterre, avant la réforme de 1844, ne
respecte pas une liaison stricte entre ses émissions et l’évolution de ses
réserves en métal. Ceci fonde l’argumentation essentielle de ses partisans
pour justifier la nécessité de la réforme de la banque d’Angleterre en 1844.
Car, selon eux, on peut même dire que, en retardant l’échéance, les
directeurs de la Banque sont contraints ultérieurement à un freinage encore
plus sévère qui provoque des faillites encore plus larges de banques(12) et
des fluctuations amplifiées de l’activité économique. Le problème est donc
d’abord celui de la proportionnalité entre réserves et émissions de monnaie
bancaire(13). Les crises bancaires sont donc en
réalité le résultat de l’action publique car, en raison d’une mauvaise
politique, la structure du crédit et de la monnaie risque d’être détruite. Et
si la banque d’Angleterre doit ensuite intervenir comme prêteur ultime, c’est
du fait même de ses propres erreurs antérieures de politique monétaire(14).
Dans ce cadre, la surémission de monnaie est créée par celle de la monnaie de
base (les billets) et le remède relève seulement de la politique monétaire
(une règle automatique de régulation de la base monétaire en stricte
proportion de la quantité de réserves métalliques dans les coffres de la
Banque). Ceci permettra d’éviter tout retard d’ajustement entre les
mouvements de métal et ceux de la masse monétaire et des instruments de
crédit. Il est alors possible de réguler l’activité de toutes les banques à
l’aide de la politique monétaire de la banque centrale car les billets de la
Banque d’Angleterre servent de monnaie de réserves pour les banques locales ;
le système bancaire est déjà hiérarchisé. Les billets de la banque centrale
ne sont mis en circulation que par l’escompte. Ils peuvent être redéposés en
compte à la banque. Celle-ci peut faire de nouvelles avances à partir de ces
dépôts. Ils sont ainsi reprêtés selon le mécanisme connu du multiplicateur de
crédit qui a été introduit par Torrens(15). Bien que les dépôts puissent
faire office de moyens de paiement, ils n’en constituent pas moins des
instruments de crédit et non de la monnaie qui se limite aux billets et pièces.
Ils ne forment que le prêt d’une monnaie préexistante et sont de la monnaie «
déléguée »(16). Cette thèse caractéristique de l’École de la circulation
s’écarte de l’analyse selon laquelle, à l’inverse, ce sont les instruments de
crédit qui deviennent des moyens de circulation (la monnaie ne préexiste pas
au crédit). Selon l’École de la circulation, si ce coefficient multiplicateur
est suffisamment stable et si la création de billets est régulée, il en
résulte que toute l’offre de monnaie et de crédit est contrôlée puisque la
base à laquelle s’applique le multiplicateur est bloquée. Les dépôts se
contractent selon un facteur multiplicateur (du fait du coefficient de
réserves) en réaction à la contraction des billets. Cependant, un auteur
comme Torrens se rend compte de l’instabilité du multiplicateur (Torrens,
1858). Apparaissent donc ainsi établis les
principes d’une régulation du crédit à partir de l’offre de monnaie(17). Il
n’y a donc pas lieu de distinguer deux fonctions séparées de la Banque
d’Angleterre : d’une part celle de réguler la valeur et la quantité de la
monnaie, et d’autre part, celle de soutenir la structure du crédit national
c’est-à-dire, d’une part, celle de mener la politique monétaire et, d’autre
part, celle de prêteur ultime. Car pour accomplir ces deux fonctions elle
doit se reposer sur le même principe et le même mécanisme qui est celui d’une
stricte proportion entre ses émissions et ses réserves, principe dont elle ne
doit pas s’éloigner et qui ne souffre aucune exception même en des cas
particuliers. La réforme de 1844 appliquée à la Banque d’Angleterre permettra
justement de mettre en œuvre de façon indéfectible ce principe. L’Act de
Peel divise la Banque d’Angleterre en deux départements : le département
d’émission (issue department) et le département de banque (banking
department). Le but est d’obtenir ainsi que la
variation de la quantité de billets émis suive exactement la variation de
l’encaisse-or de la banque c’est-à-dire les mouvements d’entrée et de sortie
d’or du pays. Le mécanisme mis en place aboutit à limiter automatiquement les
opérations de crédit du département de banque par le niveau de l’encaisse or
du département d’émission. Seul le département d’émission émet les billets
couverts à 100% par le métal et ne les remet au département de banque que
contre l’or que celui-ci lui apporte. Les billets sont ensuite mis en
circulation à l’occasion des escomptes par le département de banque. Les
liquidités du département de banque sont donc obtenues sous forme de billets
qu’il reçoit du département d’émission et dont il garde une partie en
réserves. Ainsi son activité est limitée par ses possibilités d’obtenir ainsi
de la liquidité. L’émission des billets à l’occasion des escomptes ne repose
plus sur le comportement autonome et discrétionnaire de la banque
d’Angleterre qui pourrait abuser de son pouvoir et imposer une « circulation
forcée » mais sur la volonté du public de détenir des billets et sur les
forces « naturelles » d’équilibre des paiements extérieurs. Il s’agit d’une
première forme de ce que l’on appellera ensuite une caisse d’émission. Cependant, les
insuffisances de l’Act de 1844 ont été notées. En particulier, s’il règle
l’émission de billets, il ne permet pas de réguler les autres instruments de
crédit qui servent aux paiements, tels que les instruments scripturaux
(comptes qui circulent par chèques ou virements)(18). Donc la surémission de
monnaie peut continuer sous d’autres formes que les billets. Celle-ci résulte
de l’instabilité du multiplicateur et de la substitution entre formes de
monnaie. À partir d’un même niveau de billets, une proportion variable
d’autres instruments de crédit peut être créée. C’est ce que note I. Fisher. « In England the inadequacy of reserves
against notes had scarcely been remedied in 1844 when it reappeared on
the form of indequacy of reserves against deposits. When Sir Robert Peel
applied essentially a 100% principle to part of the English note issue,
checking deposits had not yet become a problem. They scarcely existed. But they
speedily became a problem through the same abuse which had previously made
bank notes a problem. (…) Instinctively, checking deposits were
resorted to by banks as a way of circumventing the restrictions on note
issues. This modern deposit peril thus takes place of the old bank note
peril. » I.
Fisher (1935), p. 46. Les
erreurs de l’Act de 1844 ont été reproduites, aux États-Unis, par le Federal
Reserve Board, qui se préoccupe de maintenir le niveau de réserves par
rapport à ses billets et non par rapport aux dépôts
(notamment les réserves en métal ; pour Fisher, le problème n’est pas le
niveau des réserves métalliques, et il faut même supprimer l’étalon-or). Aux
États-Unis se développe aussi la quasi monnaie par substitution aux billets.
Or, il y a plus de risque de demande de remboursement par les clients des
dépôts que des billets du FED. «Or if 40% is necessary for the notes,
much more than 40% ought to be required for deposits. The reason why the two
reserve requirements are so inconsistent is doubtless to be found in history.
Bank notes had been subject to long abuse –« wild cat banking » -the memory
of which now deters the bankers from exploiting notes ; but deposits have
behind them no such history or memory. So
deposits are exploited by the bankers of today as their forefathers exploited
notes. The present depression is the logical result. » I.
Fisher, 1935, p. 50 C’est pourquoi, si l’on veut rendre les
principes de l’École de la circulation efficaces, afin d’imposer une
proportionnalité stricte entre circulation monétaire et réserves, il faut se
concentrer sur le problème de la monnaie qui circule sous forme de chèques
(checking deposits) et lui imposer aussi (ce que n’a pas fait l’Act de 1844)
un coefficient de réserves de 100 %. Il faut réguler les dépôts, mettre la
monnaie à l’abri des prêts qui créent les dépôts. Cette réforme est
nécessaire car le système actuel est responsable des crises bancaires et de
la destruction de monnaie qu’elles ont entraînée dans le cadre de la Grande
Dépression. 2. « la monnaie à la merci
des prêts » et les cycles Cette réduction de la masse monétaire a
accentué la crise économique dans le secteur réel. En effet, I. Fisher se
réfère à son analyse de la déflation par la dette, une présentation de la
récession accentuée par le surendettement (Fisher, 1935, chapitre 7)(19). Il
montre l’enchaînement de causes qui conduisent à la liquidation d’une
situation de surendettement : les ventes de détresse, la contraction de la
monnaie bancaire qui circule par chèques lorsque les prêts bancaires sont
remboursés, le ralentissement de la vitesse de circulation, une baisse du
niveau des prix puisque la masse monétaire et la vitesse se réduisent, une
baisse encore plus grande de la valeur nette des entreprises précipitant des
faillites, une baisse des profits, de la production et de l’emploi, une perte
de confiance et la thésaurisation, une baisse du taux d’intérêt nominal et
une hausse du taux réel conformément à la théorie du taux d’intérêt de Fisher
selon laquelle le taux d’intérêt réel est le taux nominal déflaté des prix. Selon lui, ce
schéma est aggravé car la monnaie bancaire est créée à partir du crédit
bancaire ; il en résulte que la contrainte de remboursement des crédits pèse
sur la masse monétaire et la contracte. Ce fait est la
cause primordiale de la baisse des prix si l’on applique la théorie
quantitative de la monnaie et que le niveau général des prix est déterminé
par la quantité de monnaie. Ainsi selon Fisher, le fait essentiel
de la crise est la destruction de monnaie par les banques ; les booms et
dépressions donnent lieu à des fluctuations de la monnaie émise par les
banques. La monnaie
est à la merci des prêts. Et ceci est dû au système de réserves fractionnaires
qu’appliquent les banques car c’est
dans ce système que la monnaie est créée par les crédits ;
c’est donc pour éviter les crises que Fisher propose un plan de réforme de ce
système. « Thus our national circulating medium is
now at the mercy of loan transactions of banks ; and our thousands of
checking banks are, in effect, so many irresponsible private mints. What makes the trouble is the fact that
the bank lends not money but merely a promise to furnish money on demand –
money it does not possess. The banks can build upon their meager cash an
inverted pyramid of such « credit », that is , cheching book money, the
volume of which can be inflated and deflated. » I. Fisher (1935), p. 7. En effet, la monnaie
bancaire (sur les comptes de chèques) selon Fisher est totalement différente de
la monnaie manuelle. La première représente la seconde et, pour être
acceptée, nécessite la permission spéciale du créancier qui la reçoit.
De plus, dans le cadre du système actuel de réserves fractionnaire, si tous
les déposants demandaient en même temps leur monnaie sous forme liquide, les
banques ne pourraient leur fournir à moins de pouvoir réaliser des actifs.
Car, depuis le temps des « goldsmiths », les banques ne conservent pas toutes
les liquidités qui sont déposées chez elles en caisse. Elles les reprêtent.
Au-delà de la fonction de banques de dépôt ou de simple dépositaire en
consigne (qui au début était liée à un coefficient de réserves de 100 %),
elles ont acquis celle de banque de prêt qui implique un coefficient de
réserve fractionnaire (inférieur à 100 %). Ce fut l’évolution de la Banque
d’Amsterdam (Fisher, 1935, chapitre 3). Il est ainsi possible, par exemple, que
la banque reprête ses réserves dix fois car I . Fisher parle du système
actuel comme d’un système « 10 % réserves ». À partir d’un dépôt initial d’un
premier client, elle fait un premier prêt sous forme d’une ouverture de
découvert à un autre client (tandis que le premier, détenteur du dépôt
initial, peut toujours aussi bien utiliser son dépôt pour payer), prêt qui
donnera lieu à retour dans ses livres en un nouveau dépôt. À partir de ce
nouveau dépôt s’opère un autre prêt à un autre client qui opère un nouveau
dépôt et ainsi de suite… Le volume total des prêts et donc de la monnaie sur
les comptes de chèques est donc égal à dix fois le volume des réserves
initiales (la véritable monnaie manuelle) déposées chez elle(20). Le mécanisme suppose qu’il n’existe
qu’une seule banque dans la communauté. Il y a donc multiplication de la
monnaie bancaire sur les comptes de chèques(21). Les banques
sont des firmes qui « produisent « de la monnaie. Le problème est que si la
monnaie est créée à partir des prêts, elle est aussi détruite par leurs
remboursements. Quand la déflation arrive, les banques cessent de prêter et
le public est privé d’une partie de la circulation monétaire.
Ce mode de création de la monnaie la soumet à des fluctuations très fortes.
On retrouve donc le problème déjà posé par l’École de la circulation, à
savoir la multiplication des crédits qui crée une surémission de monnaie et
détend le lien entre monnaie et réserves, introduisant une source de
fluctuations plus grandes de l’activité économique. « If the two parties, instead of being a
bank and an individual, were an individual and an individual, they could not
inflate the circulating medium by a loan transaction, for the simple reason
taht the lender could not lend what he didn’t have, as banks can and do. (…) Only commercial banks and trust companies
can lend money which they manufacture by lending it. The Savings Bank does
not create its deposits. It lends the funds deposited in it. And by the same
token, two individuals cannot deflate the circulating medium by liquidating ;
neither can a savings bank and an individual. » I. Fisher (1935), p. 38 De ce fait,
les banques vont ainsi créer la déflation. Car elles cherchent à augmenter
leurs réserves afin de diminuer leur risque de liquidité et il y aura une
diminution nette de la quantité de monnaie. «
The banks get cash from the public by calling such loans as are call loans,
or by refusing to renew loans coming due, or by selling to the public some of
their investments. They demand cash in order to meet demands for cash
by their depositors, so that the actual cash they pay out now adds nothing at
all to the public’s net total volume of cash, since it must come out of the
public in the first place. The bank simply robs Peter to pay Paul. But the
deposits, of course, shrink with every pay-off of deposits, so that the total
circulating medium in the hands of the public shrinks by the shrinkage of
deposits. » Fisher (1935), pp. 64-65 «
In this contest the banks will not be content to get money from the public
merely fast enough to pay back to the public. They will, in most cases, get
it faster than that, so as to be in a « more liquid » position to weather the
storm. (…) But the dominant motive of the banks is to save their own skins,
and the net result is to increase their cash reserve at the expense of the
circulating medium of the public. In effect, they, for the time, become the
enemies of the public » Fisher (1935), p. 68 Il est vrai que ceci n’est possible que
s’il n’existe pas de prêteur ultime. La crise selon Fisher ne se manifeste
donc pas seulement au niveau microéconomique par des faillites bancaires mais
aussi au niveau macroéconomique par une contraction du stock de monnaie selon
la logique quantitativiste. On retrouve ce type d’explication des
conséquences de la crise des années 1930 chez M. Friedman(22). D’où la nécessité
d’une régulation monétaire. Durant les crises, il se produit en
effet des variations du taux d’intérêt très abruptes. On se souvient des
arguments des partisans de l’École de la circulation selon lesquels les
fluctuations du taux sur le marché monétaire sont plus fortes dans un système
à réserves fractionnaires du fait de la succession des booms et dépressions,
due aux retards de la politique monétaire en cas de sorties de métal. Selon
Fisher (1935, p. 106), les facteurs déterminants du cycle sont le
surendettement par crédit bancaire et la déflation(23) qui s’en suit. Dans le cas d’un boom, qui peut
démarrer s’il existe une différence positive entre le taux de profit et
le taux d’intérêt, le taux nominal monte d’abord ; mais le taux réel
d’intérêt baisse (en dessous de zéro) du fait de l’inflation et de la
dépréciation de la monnaie, ce qui favorise encore les emprunteurs et les
incite au surendettement. Il se produit donc une évolution divergente du taux
d’intérêt nominal et du taux réel (Fisher, 1935, p. 130). L’inflation se
développe de façon cumulative tant que le taux d’intérêt n’a pas retrouvé son
niveau normal. Le retournement du cycle s’opère parce que les banques
relèvent leur taux nominal, du fait de la baisse de leurs réserves. Le taux réel
monte au-dessus de son niveau normal et il se produit alors une déflation
cumulative, pour des raisons symétriques de celles de la phase
précédente. L’effet de la hausse des taux d’intérêt
réels se fait sentir sur l’ensemble de l’encours des dettes passées
accumulées et non seulement sur les nouveaux prêts. Fisher décrit, certes,
l’enchaînement des événements de la déflation par la dette qui inclut une
baisse de la valeur nette des entreprises, précipitant les faillites (Fisher,
1935, p. 108). Mais il insiste sur un second effet, qui est lui monétaire,
puisqu’il consiste en une contraction des encaisses nominales agrégées et en
une baisse du multiplicateur de base monétaire (par fuite des dépôts mais
aussi par augmentation des réserves des banques par rapport aux dépôts
puisque les banques cherchent à contracter le volume de leurs prêts, ce qui
est indépendant des paniques bancaires), qui empêche le mécanisme stabilisant
de l’effet d’encaisse réelle de jouer(24). Ce dernier effet monétaire n’est
pas une nouveauté par rapport aux analyses de 1911. On retrouve un cadre
quantitativiste. Car on doit noter que, dans le texte de 1935 (100 % Money)
que nous analysons, Fisher insiste particulièrement sur l’effet monétaire
pour justifier son plan de réforme bancaire. C’est pourquoi, en réalité, le système
actuel de « 10 % réserves » ne favorise pas les emprunteurs. Il semble que le
taux d’intérêt nominal soit plus bas en raison de l’accroissement de la
quantité de prêts permis par l’existence des banques mais cet avantage est
illusoire du fait des booms et dépressions. Car les emprunteurs y perdent en
fait plus qu’ils n’y gagnent car ils perdent leur solvabilité et crédibilité
et subissent la réduction de l’offre de crédit lorsque les banques ont besoin
de liquidités. Il faut bien comprendre, selon Fisher
(1935, p. 124), que, si l’emprunteur quelconque (c’est à dire de petite
taille et qui n’a pas de poids dans la négociation avec la banque) paiera
peut être un taux nominal plus haut dans le système à « 100% réserves
», sur le long terme celui sera plus stable. Alors qu’aujourd’hui
il varie grandement et de plus, dans certaines circonstances comme les
dépressions, d’ailleurs créées par les banques, cet emprunteur ne peut pas
emprunter du tout, même à n’importe quel taux, car les banques doivent
reconstituer leur liquidité et cessent de prêter. 3. le plan de réforme de I.
Fisher L’idée essentielle consiste à supprimer le lien entre crédit et monnaie. Les banques
devront observer un coefficient de réserves de 100 %.
Tous les comptes de chèques ne pourront faire circuler que de la monnaie déjà
« en caisse ». Le but est d’aligner toutes les formes de monnaie bancaire sur
les billets ; aller au-delà des principes de l’Act de 1844 en imposant la
même règle aux dépôts qu’aux billets. Fisher pense même que le problème des
billets n’est plus important puisque la monnaie est principalement composée
de comptes chèques. La
monnaie sera émise par une commission spéciale et gouvernementale ; elle sera
remise aux banques contre la partie de leurs actifs qui correspond à leurs
prêts. Elle servira donc de réserves aux banques et ne pourra pas, par
elle-même, faire varier la circulation monétaire du pays. Il y aura donc
substitution de cette monnaie aux titres des banques et
à l’avenir, une fois ce processus terminé, un coefficient de réserves de 100
% en cette monnaie sera observé à tout moment. Les dépôts étant entièrement
reliés aux réserves, tous les instruments de paiement se comporteraient comme
les réserves, comme s’il s’agissait d’une circulation de monnaie manuelle
uniquement. On retrouve les propositions de l’École de la circulation : une
circulation de papier qui se comporte comme s’il s’agissait d’une circulation
métallique (des certificats de métal), comme si les réserves métalliques
circulaient. Dans le système proposé par Fisher (« 100 % money » à distinguer
du système actuel de « 10 % money »), il n’y a plus de différence entre ce
qui est monnaie manuelle (monnaie effective) et instruments de crédit qui
circulent. Fisher précise qu’il s’agit d’un plan de nationalisation de la
monnaie mais non de l’activité de banque ou de crédit
(Fisher, 1935, p. 18). L’émission de monnaie est gérée par l’État et elle est
distribuée et mise en circulation (sa répartition entre les utilisateurs
d’une masse prédéterminée par l’État) par les banques privées. « Let the Government, through an
especially created « Currency Commission », turn into cash enough of the
assets of every commercial bank to increase the cash reserve of each bank up
to 100% of its checking deposits. In other words, let the Government buy (or
lend money on) some of the bonds, notes, or other assets of the bank with
money(25), especially issued through the Currency Commission. Then all
check-book money would have actual money – pocket-money – behind it » Fisher
(1935), pp. 8-9. Les banques sont donc divisées en deux
départements : un département qui continue à faire du crédit mais sans émette
de monnaie ou gérer des comptes chèques, et un département d’émission qui
gère les paiements en chèques dont les dépôts sont entièrement couverts par
de la monnaie manuelle (qui est de la monnaie manuelle émise par le
gouvernement). On reconnaît les principes de la séparation de la Banque
d’Angleterre en deux départements selon l’Act de 1844 : un département de
banque et un département d’émission. « The money subject to check would, as
elsewhere stated, be kept in a separate « Check Bank » which would be a
department of the original bank, or affiliated with it. Each original
commercial bank would thus be split into a Check Bank or Department and a
Loanand-Investment Bank or Department. The Loan Department, could, of course,
like any other depositor, deposit its own cash in the warehouse-bank or
department, and draw out this cash or transfer it by check » Fisher (1935),
p. 53. Les avantages sont d’abord que le
risque de liquidité ou de transformation des banques disparaît ainsi que les
« runs » et faillites bancaires. Les déposants ne craindront plus que la
banque ne puisse les rembourser puisque la monnaie qu’ils demanderaient est
toujours dans la banque (Fisher, p. 10). Le risque bancaire est donc réduit,
y compris le risque de défaut car la monnaie qui est émise est gagée sur le
crédit du gouvernement des États-Unis. Ceci constitue notamment une solution
au problème du risque de liquidité tel qu’il est traité dans le cadre du
modèle de Diamond et Dybvig (1983), mais alors il n’y a plus d’assurance de
liquidité fournie par les banques. Wallace (1996) développe ce point. Il
montre que les propositions actuelles de « narrow banking », qui sont la
version contemporaine des projets de banques ayant 100% de réserves(26),
visent à établir des banques n’émettant que des dépôts gagés entièrement par
des actifs liquides. Cependant, ces propositions ne se basent pas sur une
théorie (ou un modèle) bancaire. En particulier, elles ne montrent pas en
quoi leur solution est nécessaire car elle permettrait logiquement de
résoudre les effets néfastes de l’illiquidité bancaire. Car le problème que
les propositions de « banques étroites »sont supposées résoudre n’existerait
pas si les banques n’étaient pas illiquides. Or il existe des théories qui
explicitent ce point. En particulier, le modèle de Diamond et Dybvig (1983)
est utile car il montre pourquoi les banques sont illiquides et quel service
elles rendent ce faisant. Wallace (1996) prolonge la version originale de ce
modèle pour traiter explicitement des propositions de « narrow banking »( que
ces auteurs ont cependant aussi critiqué dans Diamond et Dybvig (1986) et
Dybvig (1993)) et montrer de façon fondée théoriquement comment ces
propositions, en supprimant la prise de risque de liquidité par les banques,
auraient des conséquences négatives sur l’économie. Car les propositions de « narrow
banking » sont interprétables dans les termes du modèle de Diamond et Dybvig
(1983) si l’on introduit dans ce modèle le cas où le système bancaire est
liquide au sens où il peut « accomoder » tout schéma de proportion des
retraits entre agents qui sont « impatients » et ceux qui sont « patients » ;
en ce sens il n’a plus d ’exigibilités fonction de celles des déposants.
Cependant, puisque ce système bancaire fournit alors une allocation
équivalente à celle d’autarcie aux agents, ceci aboutit à supprimer le rôle
du système bancaire qui améliorait justement cette allocation ; résoudre
l’illiquidité bancaire aboutit à supprimer le problème qui l’avait fait
naître (27). 4. La régulation monétaire
et bancaire Revenons à I. Fisher. Selon lui, les
variations de la masse des dépôts qui circulent par chèques et de toute la
circulation monétaire seraient régularisées. En effet, la monnaie ne serait
plus créée au rythme du crédit, c’est-à-dire de l’accroissement des prêts et
de leurs remboursements ainsi que de leur ralentissement. Il en résulte une
limitation des cycles économiques et une plus grande stabilité de la valeur
de la monnaie. Dans le système bancaire actuel (dit à
« 10 % réserves »), les liquidités peuvent être reprêtées à l’infini. La
multiplication des dépôts se fait à partir d’une base faible en liquidités.
Au contraire, selon Fisher, son plan de réforme permettra une plus grande
stabilité du taux d’intérêt. Il évitera ainsi toute contraction de la
circulation monétaire en cas de déflation et même il favorisera une plus
grande régularité de l’offre de monnaie et donc évitera des variations de
prix, si l’on suit la théorie quantitative. La variation de la quantité de
monnaie n’est plus contrôlée par les banques mais par la commission
gouvernementale d’émission de la monnaie qui suit une règle monétaire
(Fisher, 1935, p. 15). Elle doit « diriger » la monnaie de façon à ce que
l’indice des prix retenu soit stable. La monnaie n’étant plus émise en
fonction du crédit, si le public rembourse ses emprunts (faits non à partir
de monnaie « nouvelle »), cela ne diminue en rien la quantité de monnaie ; il
y a simplement une nouvelle répartition. « Under the 100% system, when bank loans
increased or decreased, the volume of the checking deposits would not be
affected any more than when any other sort of loans increased or decreased.
These deposits would be part of the total actuel money of the nation, and
this total could not be affected by being lent from one person to another. » Fisher (1935), p. 13 Les buts poursuivis dans la régulation
d’un système bancaire sont doubles et distincts : d’une part, la stabilité du
niveau des prix obtenue par la gestion de l’offre de monnaie par la
commission monétaire et d’autre part, la stabilité des banques par la mise en
place d’un coefficient de réserves à 100 %. Les objectifs de la politique
monétaire (la monnaie) et de la politique bancaire (ou du crédit) sont
séparés analytiquement mais sont en fait confondus dans leurs moyens.
Cependant, la politique monétaire a un rôle primordial. Il est
nécessaire que la quantité de monnaie suive le mouvement des affaires, mais
ceci ne peut s’opérer en liant monnaie et endettement. Car, ainsi que nous
l’avons vu, dans le système actuel, le développement des prêts entraîne un
développement des comptes de chèques (la monnaie) plus rapide que celui de
l’activité économique. Il en résulte une hausse des prix et des profits
durant les phases de booms. Il y a d’autre part une tendance permanente au
surendettement et donc à la trop grande prise de risque de défaut par les
banques. Et la liquidation de ces prêts amène normalement la quantité de
comptes chèques à se contracter plus vite que l’activité économique, de telle
sorte que le niveau des prix et des profits baisse habituellement lors de la
dépression (Fisher, 1935, p. 160). Au contraire,
si le niveau de la quantité de monnaie restait stable (ou augmentait
lentement et non plus rapidement que l’activité économique) durant les phases
d’expansion de l’activité économique, il ne se produirait pas de hausse des
prix, et pas de baisse des prix en phase de récession. Ceci est possible dans
le système « 100 % réserves » car les prêts augmentent avec l’activité
économique, mais pas la monnaie. La banque centrale n’a, dans ce cadre,
qu’une seule fonction : celle d’assurer la stabilité de la valeur de la
monnaie. Celle-ci est définie par un indice des prix. La stabilité de la valeur de la
monnaie ne doit pas être appréciée par rapport à un étalon tel l’or, qui est
instable et parce que la convertibilité en or rend le système bancaire encore
plus instable, vu la faible quantité d’or disponible. On retrouverait les
mêmes problèmes qu’avec le système de « réserves à 10 % ». Les banques
n’auraient jamais assez de liquidités. Il faut donc gérer la monnaie à l’aide
d’une règle prédéfinie (28). La politique bancaire est très réduite.
Dans le nouveau système « 100 % réserves », la banque centrale n’a pas la
fonction de prêteur en dernier ressort car le risque de transformation
n’existe plus pour les banques et elle n’a donc pas à leur fournir de la
liquidité en urgence. Les banques sont toujours liquides. Il en résulte que,
dans ce système, il suffit de petites variations de la quantité de monnaie
pour assurer la stabilité des prix. Il n’est pas besoin de la faire varier
fortement puisque la déflation n’existe plus. On retrouve les propositions de
l’École de la circulation selon lesquelles la banque centrale n’a pas à
assurer le rôle de prêteur en dernier ressort. Fisher critique les modalités
d’action de la Federal Reserve Bank, depuis sa création, en tant que prêteur
en dernier ressort. Ses prêts peuvent accroître les réserves des banques,
mais en fait ceci leur a permis de supporter des coefficients de réserves
encore plus petits et ceci n’a pas supprimé les faillites bancaires
(notamment en 1920) qui ont même été de plus grande ampleur qu’avant sa
création (Fisher, 1935, p. 44). 5. Les « banques étroites
» Dans le système de réserves à 100 %,
les banques n’ont pas besoin de reconstituer leurs réserves ou leurs
liquidités puisque ces dernières sont fixées une fois pour toutes ; il ne
peut donc se produire de restriction du crédit de ce fait. Le crédit n’est pas
lié à la monnaie que les banques créent mais à l’épargne (Fisher, 1935, p.
75). On retrouve donc la tradition classique puisque les investissements et
les prêts bancaires ne sont possibles qu’à partir d’une épargne préalable
déposée chez elles. Les banques
deviennent alors de simples intermédiaires financiers entre épargnants et
investisseurs. Dans le projet de réforme de Fisher,
les banques prêteraient de l’argent, soit à partir de leur propre capital,
soit à partir de l’argent reçu de leurs clients et placé en épargne (Fisher,
1935, pp. 12 et 16). Les
dépôts qui circulent par chèques (checking deposits) sont très différents des
dépôts d’épargne (saving deposits). Ces derniers représentent
un investissement tout comme un titre qui rapporte un intérêt. Cet
investissement, tout comme n’importe quel titre, ne requiert pas d’être gagé
sur des réserves à 100 %. « But loans normally come out of savings,
and the growth of the loans should depend on the growth of the savings, and
not be either stimulated or hampered, as they are now, by a monetary system
unduly expanding and contracting. Of course the volume of loans can exceed
the volume of money just as sales do. The same money can negotiate one loan
after another just as it can negotiate one sale after another. It can even
come back to the same savings bank and be relent. So long as the loans are
made out of real money and not out of money manufactured by the lender, for
the purpose, they will not violate the principle of the 100% system. » Fisher
(1935), pp. 79-80 « Thus, under the 100% system, the chief
function of the loan department would be that of a broker between savers and
enterprising borrowers of the savings. The rate of interest would
register the supply and demand of theses savings. This might mean at various
times a slower or a faster increase of production and productive enterprise
than now, but the net increase in the long run would be faster than now, as
well as steadier, because not interrupted by so many, or so severe,
depressions. » Fisher
(1935), p. 82 Les banques sont alors
neutres et non distinguables des marchés ou des autres agents individuels
opérant sur les marchés. De plus, étant plus
liquides dans le cadre du projet de réforme, elles pourront améliorer la
qualité de leurs prêts. Elles pourront détenir des actifs à plus long terme
et en plus grande quantité, et des actifs plus rentables que ceux qu’elles
étaient obligées de détenir avant par peur des « runs » car il s’agissait
d’actifs à court terme (Fisher, 1935, p. 138). Les prêts sont donc de la monnaie déjà
existante épargnée et transférée d’un individu à un autre par l’intermédiaire
de la banque. Il n’y a donc pas d’augmentation du volume total de la monnaie.
Un individu en reçoit si un autre s’abstient de consommer. Ceci est opéré sur
le marché des prêts et non celui de la monnaie (« le soi-disant marché de la
monnaie », selon Fisher, 1935, p. 166). Sur ce marché des prêts se détermine
le prix des prêts ou de l’épargne, le taux d’intérêt (qui est donc
fondamentalement réel) et non le prix de la monnaie, qui est le niveau
général des prix. La monnaie n’est que l’intermédiaire des échanges et le
véhicule en lequel se font les prêts. Les banques n’ont pas alors un
comportement différent d’un autre agent prêteur. La politique monétaire de
régulation de la quantité de monnaie n’ a pas à se préoccuper de l’activité
des banques, mais de celle de la commission gouvernementale que veut créer
Fisher. « The so-called « money market » should
be simply the market for loans from Jones to Smith, not the source of the
circulating medium for Jones and Smith. Intrinsically, loans have nothing to
do with putting more money or less money into circulation. The true abundance or scarcity of money
is never registered in the loan market. It is registered by the index number
of prices. » Fisher (1935), pp. 166-167 On peut citer des prolongements
contemporains des idées introduites par Fisher. M. Allais ou M. Friedman(29)
proposent de séparer banques de dépôt qui effectueraient les paiements en
monnaie de base et banques de prêts qui feraient des crédits à partir
d’emprunts de même terme (des intermédiaires financiers) afin de mieux
contrôler l’émission de monnaie bancaire et d’éviter l’instabilité bancaire.
La même suggestion a été faite par Tobin
(1985)(30). Plus récemment, d’autres propositions tendant à réduire les
banques à une activité « étroite » (ou à des prêts à court terme) (narrow
banking(31)) sont apparues. D’autres encore visent à remplacer les
banques par des institutions financières de type « money
market funds » ou fonds mutuels investis en titres du marché monétaire.
Ceux-ci utilisent les fonds qu’ils collectent pour acheter des titres
financiers sans risque. Ils peuvent fournir des services de paiement aux
détenteurs de leurs parts émises dans le public c’est à dire faire des
opérations analogues à celles effectuées sur des comptes de dépôts bancaires
(virements etc…). C.A. Goodhart
(1990) considère que ces fonds mutuels sont aussi à même que les banques de
fournir des services de paiements(32). Différents intermédiaires financiers
peuvent le faire. Il propose donc que les services de paiement soient
effectués par des fonds mutuels qui investiraient en titres de marché dont la
valeur fluctuerait. Ils émettraient en contrepartie des parts dans le public
dont la vente servirait aux paiements(33). Car, selon lui, ce n’est pas la fonction de
gestion des moyens de paiement qui est caractéristique des banques et
nécessite qu’elles soient soutenues par une banque centrale, mais le fait
qu’elles détiennent à leur actif des titres non négociables et illiquides
(du fait qu’ils « incorporent » une information privée) ; c’est du côté du
rôle particulier que le crédit bancaire joue pour certains emprunteurs qu’il
faut chercher leur raison d’être (ce qui détermine à son tour le caractère
particulier de leur passif qui sont des dettes à valeur fixe). Il s’agit donc
bien de définir le rôle des banques à partir du risque de transformation.
Selon lui, la source de l’instabilité bancaire subsiste et n’est pas résolue
par l’existence de fonds mutuels qui prennent en charge la gestion des
paiements. Ce point le différencie donc de l’analyse de Fisher ; cependant «
la monnaie est aussi à l’abri des prêts »et ne subit plus les effets de
l’instabilité bancaire. Fama (1980) décrit les banques comme
ayant deux fonctions : l’une de fourniture de services de transaction et
l’autre de gestion de portefeuille. Il propose que la première soit remplie
par des « banques » qui deviendraient analogues à des fonds mutuels
investissant en titres de marché. La monnaie est remplacée par des actifs
financiers. Il est cependant possible de maintenir une « monnaie manuelle »
(billets et pièces) dans le système financier qui serait émise par le
gouvernement. Le problème de l’inflation est alors uniquement réduit à celui
du contrôle du stock de cette monnaie. Conclusion Nous avons pu établir la similarité des arguments
en faveur de l’existence de banques ayant un coefficient de réserves de 100%
utilisés par les partisans de l’École de la Circulation (en faveur de la
réforme de la Banque d’Angleterre en 1844) et par I . Fisher dans son plan de
1935. La même volonté de supprimer le risque de liquidité des banques et les
conséquences sur la fluctuation de l’offre de monnaie en est l’objet. les
mêmes préoccupations sont à l’origine des propositions contemporaines de «
banques étroites ». Il
en résulte alors une conception de la
monnaie séparée du crédit et des banques comme de simples intermédiaires
financiers. ________________ Notes : 1 Le texte de la
communication sera disponible en anglais lors des 20 èmes Journées
Internationales d’Économie Monétaire et Bancaire, Birmingham, 5-6 juin 2003,
sous le titre « Circulating medium not at the mercy of loan transactions » :
from I. Fisher’s plan (1935) to present proposals of « narrow banking ». 2 Université de Paris
XII, Faculté de sciences économiques et de gestion, et PHARE (Pôle d’histoire
de l’analyse et des représentations économiques, FRE 2541) 3 Nous avons tenté de
retracer une partie de ce débat dans Diatkine S (2002). 5 Nous reviendrons
sur ce point plus loin. 6 H. Simons (1934).
On peut aussi citer dans le même ordre d’idées L. Currie (1934). Pour une
analyse de ces textes, voir les articles rassemblés par F. Capie (1993, vol.
6 et 10). 7 Sur ce point, voir
D. Patinkin (1969). 8 H.E. Loef et H.G.
Monissen (1999). 9 I. Fisher, 1932. 10 W. Allen, « I. Fisher and the 100 percent reserve
proposal », Journal of Law and Economics, 26, p. 704, cité par H-E. Loef et H. G. Monissen, op. cit, p. 87. 11 Schwartz A. (1989)
, Skaggs (1999). Nous avons présenté ces débats dans Diatkine S. (2000) et
Diatkine S. (1995). 12 Torrens R., 1837 ;
réédité in O’Brien, 1994, p. 34. 13 Contrairement à
une interprétation souvent admise, les propositions de réforme du système
monétaire de D. Ricardo ne sont pas identiques à celles de l’École de la
Circulation car il n’envisage pas d’instaurer un coefficient de réserves de
100% mais seulement de fixer à la banque centrale un objectif en prix à
respecter ( et non en quantité). Elle doit faire varier la quantité de
billets de façon à stabiliser le prix de la Livre en métal. Sur ce point voir
Diatkine S. (1998) 14 Torrens R.,
ibidem, p. 61. 15 Torrens donne un
exemple numérique par lequel il montre que les banquiers ne vont pas garder
dans leurs coffres tout le montant de monnaie redéposée chez eux. « They would reissue the greater part
of the sum , say 800000 of the 16 « He failed (Adam Smith- S.D.-) to recognise the
important and generic distinction between issuing notes and making advances
from deposits , - in other words, between creating additional circulation and
lending upon securities portions of the circulation already in existence ; …
» (Torrens R., 1858 ;
réédité in O’Brien ed., 1994, p. 301 ; voir aussi, p. 318-319.) 17 O’Brien, 1994, IV,
« Introduction », p. IX. 18 Ce fait a été
confirmé par D.P. O’Brien (1998) qui montre, par une étude statistique et
économétrique, que l’Act de 19 Voir la note 23,
p. 8. 20 Fisher, 1935, p.
30-31. 21 On retrouve
l’analyse de Torrens (voir ci-dessus, p. 4). 23 I. Fisher intitule
le chapitre 7 de 100% Money, « Booms and depressions », qui est le même titre
que celui de son livre paru en 1932 ; il s’y réfère ainsi qu’à son article où
il a développé une analyse de l’effet sur l’endettement de la déflation, «
The Debt-Deflation Theory of Great Depressions », 1933, trad. 1988 (Fisher,
1935, p. 105). Sur ces ouvrages, voir R. Dimand, 1994. 24 Fisher, 1935, p.
108 . 25 Une note n’a pas
été reproduite. 26 Wallace N. (1996), p. 3. 27 It shows that in this model narrow banking
eliminates the role of banking. The proposition implies that using narrow
banking to cope with the potential problems of banking illiquidity is
analogous to reducing automobile accidents by limiting automobile speeds to
zero. « Wallace (1996), p.
9. 28 Fisher, 1935, p.
169-170. On rejoint ici le débat entre règle et discrétion en matière de
politique monétaire ouvert par les débats du XIXe siècle et qui continue
jusqu’à nos jours. 30 J. Tobin (1985), p. 20. 31 Pour un exposé et
une discussion de ces propositions, voir par exemple, N. Wallace, 1996. 33 ibidem, p. 96. Source : http://www.univ-orleans.fr/deg/GDRecomofi/Activ/diatkine_birmingham.pdf |
« Lancement de la campagne européenne de Raoul Marc
Jennar »
Vidéo
filmée devant le mur des fusillés sur le plateau du Vercors :
http://www.dailymotion.com/video/x94deb_npa-raoul-jennar-lancement-campagne_news
Résistance à l'AGCS « Ça commence
à frémir » http://video.google.fr/videoplay?docid=8215080427168435251 « Le Parlement
européen, les services publics et l’AGCS » Un rappel utile de
Raoul
Marc Jennar : http://rmjennar.free.fr/?p=774 « L'AGCS: Vers
la privatisation totale des services publics » « Site
d'information sur l'A.G.C.S » « Réseau
national des élus et collectivité hors AGCS » http://www.hors-agcs.org/agcs/ |
« Mots pour maux
ou le déni de démocratie »
Parodie de
l’élaboration de l’ « exposé des motifs » du TCE
Un texte de 2005 encore très drôle, par Jean-Marie Harribey :
http://harribey.u-bordeaux4.fr/ledire/mots-maux.pdf
« Les langages
hermétiques »
un grand classique
des Inconnus :
http://www.youtube.com/watch?v=7w2VbOoXE2k
Une façon d'exercer
le pouvoir et de le garder,
c'est de maîtriser langage abscons.
« 11 septembre:
Présence d'explosifs au WTC » Une nouvelle
signalée par Reopen911 : http://www.dailymotion.com/video/x93rvj_11-septembre-presence-dexplosifs-au_news « Le
réchauffement climatique (incontestable) n'aurait pas de cause humaine » une avalanche de
témoignages scientifiques tout à fait troublants : http://video.google.com/googleplayer.swf?docId=-4123082535546754758&hl=fr Encore un débat interdit, comme celui sur le 11
septembre, Le site Pensée unique prend le contre-pied de
l'orthodoxie du moment : Ils se trompent sûrement, comme tout le monde, mais il est bon qu'ils aient la parole. |
« Analyse
sévère de la crise financière, Le journal très
intéressant de Bill Moyers : c'est en anglais, mais avec un verbatim (une
transcription) http://www.pbs.org/moyers/journal/04242009/watch2.html Prenez le temps,
c'est utile : les Américains comprennent très bien ce qui leur arrive. « Le Sénat
américain vote pour une nouvelle Commission Pecora ! » http://www.solidariteetprogres.org/article5371.html Ne ratez pas cette
bonne vidéo de synthèse sur les racines
anciennes de la crise http://www.dailymotion.com/video/x8vhac_lindispensable-commission-pecora_news |
« Obama et
vous : Le péril béhavioriste » par Bertrand
Buisson : http://www.solidariteetprogres.org/article5332.html « Time
magazine vient de révéler que Barack
Obama est devenu l’otage d’une clique de fondamentalistes, adeptes de
l’"économie comportementaliste". Pour prendre la mesure du
problème, disons qu’ils sont l’équivalent économique des néo-cons qui
entouraient George W. Bush. Là où vous êtes intimement concernés, c’est que leur
politique économique est bâtie sur une conception complètement tordue qui
dépasse de loin le cadre de la Maison Blanche : vous seriez un rat de
laboratoire sur lequel on teste la politique ! » (Lire la suite…) |
Julien Coupat
: «l’antiterrorisme est la forme moderne du procès en sorcellerie» par David
Dufresne sur Mediapart : « Du côté de la police, on commence à paniquer, il faut trouver
des éléments convaincants pour justifier tout cela… à mon avis il va y avoir
une grosse manipulation sous peu, un truc qui va exploser dans la presse, que
des zélés scribouillards comme Cornevin du Figaro se chargeront de relayer,
et qui leur permettra de (tenter) de dire “Vous voyez, c’étaient des
méchants, on a eu raison des les coffrer…” » (Lire la suite…) |
« La vertu fanée
des banques françaises »
http://www.solidariteetprogres.org/article5378.html
« Les
interviews radio de Pascale Fourier :
http://jaidulouperunepisode.org/004_Lordon_2_sur_4.htm Ne ratez pas ça. Retranscriptions :
« Crise : la
nécessaire nationalisation intégrale des banques (1/4) » La
video en 3 parties de 5 minutes
faite grâce aux bons soins de Marianne 2: § http://www.marianne2.fr/Crise-il-fallait-renflouer-les-menages-et-non-les-banques-!_a176937.html
§ http://www.marianne2.fr/Banques-les-Etats-Unis-eront-ils-obliges-de-nationaliser_a176966.html
« La crise est
celle du "capitalisme de basse pression salariale" (2/4) » « Crise :
Protectionnisme ?... (3/4) » « Crise:
Monnaie, Union Européenne... et pommes de terre (4/4) » |
« Appel à
rassemblement devant toutes les mairies les lundis à 18h30 Un appel de "Spertacus" qui ressemble aux MOCRIES : http://www.legrandsoir.info/article8419.html « Pour Paris, nos prochains rendez-vous : lundi 20 avril 18h30
mairie du 18° métro Jules Joffrin lundi 27 avril 18h30 mairie du 19° place
Armand Carrel le 1er mai après la manif, Place de l’hôtel de ville « Je reviendrai et je
serai des millions » (Spartacus) « Je ne veux plus… »
Écrivons la suite ensemble Rassemblons-nous devant la mairie de chaque
ville, village ou arrondissement, chaque lundi à partir de 18h30. Osons affirmer
ce que nous ne voulons plus avec enthousiasme, car ce qui nous donne du
courage nous éloigne de la main de fer qui cherche à nous mettre à genoux.
L’idée est de sortir de chez soi,
de se rencontrer, d’exprimer nos peurs, nos souffrances, nos refus, nos
plaintes, et de « porter plainte ». Cette « convergence » des luttes et des désirs, nous l’imaginons
riche de tous, jeunes et vieux, avec ou sans emploi, avec ou sans logement,
avec ou sans papiers… tous précaires dans ce monde-ci et puissants de nos
capacités ignorées ou oubliées. Nous avons confiance dans l’intelligence collective
du peuple qui n’a pas besoin d’experts pour s’exprimer. Ce n’est
pas facile de se lever et de dire non, de sortir de chez soi, de sa solitude,
de ses peurs. Comme le dit le sous-commandant Marcos, « il faut une certaine
dose de tendresse pour se mettre à marcher avec tout ce qui s’y oppose… » Apprenons à nous faire confiance et cessons de nous suspecter
parce que nous sommes différents, de nous freiner avec des réflexes d’appareils
qui ne servent que nos adversaires. Soyons
ouverts : certains groupes, syndicats, partis s’associeront à notre
démarche, d’autres pas, mais, si nous réussissons, nous nous retrouverons
bientôt dans les rues, et ce ne sera plus un problème. Et après… ? Adoptons une perspective commune qui nous donne
espoir, temps et outils pour coconstruire dans l’action un horizon : la grève
générale comme premier pas, décisif, qui nous donne le temps et les moyens de
nous rassembler et de nous organiser : déposer un moratoire sur le paiement
des loyers, des crédits…, penser l’entraide (garde des enfants, confection de
repas, etc.). La grève générale ne se
décrète pas, mais elle s’organise et se construit. Organisons-la à notre
rythme ! Pour nous préserver de la tentation d’aller trop vite ou de
prendre le pouvoir, nous devrons sans doute mettre en place des garde-fous (mandats impératifs,
assemblées souveraines, délibérations publiques, révocation des délégués)
afin de respecter le principe des zapatistes : « commander en obéissant ». Utopique notre démarche ? Le
peuple qui rédigea les cahiers de doléances, les communards, les résistants
avec le Conseil national de la résistance ont su inventer les formes de leur
mouvement tout en luttant. Aujourd’hui même, en Amérique du Sud, des
peuples inventent chaque jour un autre avenir pour eux-mêmes et leurs enfants
! En Grèce, en Guadeloupe et ailleurs, des luttes tenaces se sont
construites à partir de milliers de gouttes d’eau qui ont su et voulu se
rassembler ! Ne serions-nous pas
capables de faire de même ? Sans oublier que le fait d’avoir essayé
sincèrement sera une graine qui fleurira en son temps. Toute lutte contient
le ferment de la suivante et, en cela, il n’y a pas d’échec du mouvement
révolutionnaire, il n’y a que des étapes franchies. Les grèves, pétitions, actes de désobéissance civile se
multiplient depuis des mois et il faudrait rentrer chez soi avec la gueule de
bois, nos revendications, nos espoirs, nos projets de société remisés jusqu’à
la prochaine manif ? Le capitalisme, on en connaît les conséquences catastrophiques
pour les femmes, les hommes, les corps et les esprits, l’humanité, les
civilisations et la planète mais nous n’osons pas dire « NON » car tout se
passe comme si nous avions besoin d’attendre un ordre, un signal venu d’on ne
sait quel « en haut ». Le changement ne peut
venir que de nous, et se produire avec nous ! Le mouvement social, bien au-delà des organisations,
associations, syndicats ou partis, c’est nous ! Prenons nos revendications en main et invitons chacun à nous
rejoindre ! Diffusons ce message partout dans les entreprises, à la sortie
des commerces, écoles, dans les associations de quartier, les PMI, les foyers
de travailleurs immigrés, les transports en commun, les jardins publics… avec
le lieu de rendez-vous : « Retrouvons-nous lundi
soir à 18h30 devant la mairie, on discutera de la suite à donner aux
manifestations, grèves… Amenez à boire, à manger et à rêver… Signé : Je ne
veux plus… » Organisons-nous en communes autour des maisons du peuple.
Désignons nos délégués pour faire le lien avec les différents lieux de lutte. « Je reviendrai et je serai des millions » (Spartacus) Pour le moment, donnez des nouvelles de vos réunions devant les mairies
sur le site www.21mars2009.fr Le 1er mai, après la
manif : Assemblées populaires devant les mairies !» |
Suite à une panne
de serveur, les commentaires sur ma suggestion « Commentaires
relatifs au billet d’Étienne Chouard » http://www.pauljorion.com/blog/?p=2809 |
« Espace
collaboratif pour une "constitution pour l’économie" » Une intéressante
suggestion de Paul Jorion : http://www.pauljorion.com/blog/?p=2870 |
«
La réforme de la juridiction administrative. http://www.blogdroitadministratif.net/index.php/2009/04/01/232-parodiparodi-partners
Une vraie perle... À savourer lentement… "Le texte reproduit ci-dessous est
un document qui circule au sein des Tribunaux administratifs et Cours
administratives d'appel. Il est signé d'un auteur inconnu mais dont le talent
est grand. Cette date du 1er avril est le moment idéal pour le diffuser plus
largement". Parodi § Parodi partners CONFIDENTIAL DOCUMENT DEVELOPMENT STRATEGY CONSEIL
D’ÉTAT 2009-2020 La
présente Note Stratégique a pour objet de fixer la Development Strategy de la
holding Conseil d’État (ci-dessous groupe CE) à horizon 2020 et ses modes
d’implémentation. L’objectif
est clear : -
Consolider la place de n°1 français du groupe CE en développant une politique
agressive vis-à-vis des concurrents -
faire du groupe CE le leader européen des juridictions à horizon 2015, devant
les deux leaders actuels, les groupes CJCE et CEDH -
faire du groupe CE le leader mondial des juridictions à horizon 2020, devant
la US Supreme Court. La
Development Strategy a été élaborée par la Team de Strategists du cabinet
Parodi&Parodi en 2 heures, pour un coût de EUR € 3.570.000. Elle
comporte 3 axes majeurs : 1.
Rénover l’image du groupe CE et adapter ses méthodes aux « Défis de Demain™ » 2.
Développer une Stratégie Agressive de Rayonnement et de Développement 3.
Contribuer à un Monde Meilleur '''!!Diagnostic exclusif by
Parodi&Parodi : DES
POTENTIELS ÉNORMES DE DÉVELOPPEMENT, DANS UN MONDE MODERNE EN MOUVEMENT Forces Fondé
il y a plus 2 siècles, le groupe CE est riche de son image de savoir faire
traditionnel : certains vieux produits (Blanco, Pelletier) bénéficient
toujours d’une image positive chez les personnes âgées. Il bénéficie d’un
réseau de filiales en expansion continue : les TA et CAA, tous membres de la
holding CE Faiblesses However,
le groupe CE souffre d’une image trop old school, inadaptée aux Défis de
Demain : il faut savoir lire et écrire, le groupe fabrique des produits avec
des phrases très longues, et le siège social est Vétuste et pas Pratique,
loin des Centres de Décisions Stratégiques de Demain (La Défense, Londres,
Pékin). Atouts D’après
le Micro-Trottoir exclusif réalisé par les équipes de Parodi&Parodi
devant le siège social du groupe CE, le groupe CE est mal connu des
Consommateurs Potentiels de Justice Administrative, marque phare du groupe
CE. Les correspondants locaux de Parodi&Parodi partners ont le même
Retour Terrain : partout où le groupe CE a des filiales, le Potentiel de
Développement est encore important. De
plus, le groupe CE est aujourd’hui dirigé par un Leader Charismatique
Modernisateur capable de porter et d’implémenter le changement. Menaces Le
groupe CE connaît une concurrence forte. 1.
au niveau national : a.
avec le groupe Cour de Cass et ses nombreuses filiales présentes sur tout le
territoire, axé sur une stratégie de main d’œuvre à bas prix et de produits
de qualité douteuse. b.
sur la gamme prestige avec la PME Conseil Constit qui bénéficie d’un marché
de niche avec son produit star : la Constitution™. 2.
au niveau européen : a.
le groupe CJCE qui bénéficie du régime fiscal avantageux du Luxembourg et
profite de son positionnement de sous-traitant européen des Questions de
Droit Communautaire via son offre de Question Préjudicielle, vendue dans 27
pays. b.
le groupe CEDH, société de droit alsacien qui développe une stratégie
agressive de prédateur sur tout le continent et qui apparaît aujourd’hui
victime de son succès (rupture des stocks fréquentes)[/b] AXE
STRATÉGIQUE 1 BY PARODI&PARODI : PROJETER LE GROUPE CE DANS L’ÈRE
JUSTICEA Pour
répondre à ces défis, le groupe Parodi&Parodi a élaboré une stratégie de
développement fondée sur un Lifting Conceptuel Complet du groupe CE : LA
MESURE PHARE → un
nouveau nom, plus en phase avec les attentes du moment : JUSTICEA :
JUSTICE comme Justice et A comme Administrative, rappelant ainsi le Cœur de
Métier du groupe et ses Racines, mais en les projetant vers la Modernité
Contemporaine. Une
Nouvelle Image : →
Renaming de toutes les filiales du groupe : Justicéa Marseille, Justicéa
Cergy, Justicéa Douai, etc. →
Naming en trois catégories : -
Justicéa pour les anciens TA du groupe -
Justicéa first class pour les anciennes CAA du groupe - Et
Justicéa Premium pour le siège social. →
Nouveau Logo, plus coloré, avec une photo d’enfant souriant →
Nouvelle Devise en remplacement de « Au nom du peuple français » jugé
unanimement ringard : « Justicéa, pour un Monde Meilleur »™ , à mettre sur
tous les produits du groupe →
Nouveau siège social : destruction du siège social actuel et construction de
la plus haute tour du monde : →
Nouveau Naming pour tout : -
Les auditeurs deviendraient les « Junior advisors » -
Les maîtres des requêtes les « First advisors » -
Les conseillers d’État deviendraient les « Senior advisors » -
Les présidents deviendraient les « Executive directors » -
Les présidents adjoints deviendraient « Vice-Présidents » - Le
VP deviendrait le CEO -
Les rapporteurs publics deviendraient les « Public relations counselor » - Le
centre de documentation deviendrait « le Department of research », éligible
aux fonds pour la recherche, avec implementation d’un laboratoire spécialisé
en banlieue parisienne -
Les sous-sections deviendraient les « Départements ». Exemple : 7ème
sous-section = « Départment of public markets & Military affairs » -
Les sections deviennent les Branches : ex : Section des Travaux Publics :
Public Constructions Branch - Le
G14 devient le BOARD →
Lancement d’une nouvelle gamme : Justicéa on demand©, avec choix du counselor →
Introduction en bourse du groupe Justicéa à horizon 2013 De
Nouvelles Méthodes de Travail : →
Recours massif aux délocalisations avec organisation de téléconférences de
jugement →
Réassessement de tous les process à horizon 2010 pour implémenter le nouvel
ingrédient magique inventé par les labos du groupe CEDH : le «
Contradictoire™ » →
Gates réguliers pour vérifier que les Décisions du CEO sont suivies →
Généralisation du Power Point pour les conclusions du Public relations
counselor avec projection dans des lieux publics →
Insertion de coupures pub entre les conclusions sur chaque affaire →
Lancement mondial de Justicéa TV et de Justicéa.com →
Délocalisation des équipes d’aides à la décision et des secrétariats (Chine,
Inde, Maghreb) →
Élaboration d’une gamme de décisions eco-friendly, sans papier et sans
motivation →
Implémentation d’une stratégie d’intéressement pour les Counselors →
Remplacement de la statistique par un contrat d’objectifs et de confiance
personnalisé, avec évaluation hebdomadaire à 3600° par les pairs et
engagement de 4 ans minimum →
Stock-options pour les membres du BOARD →
Parachute en or massif pour le CEO de Justicéa →
Lancement de produits dérivés : peluche à l’image du CEO, mugs Justicéa,
boules de neige « Justicéa tower© », lancement d’une Citroën Justicéa, gamme
de produits de régime Juscitéa Light©. →
Créations de compétitions sportives : la Justicea’s Cup™, le Justicéa Tennis
Tournament™ →
Organisation annuelle du Justicéa Forum avec présentation des nouveaux
produits par le CEO, sur le modèle des shows d’Apple →
Implémentation du plan média « Justicéa has a face (and a body) ! » : le CEO
tentera de battre le record du nombre de titres de CEO of the year délivrés
d’affilée par le magazine Fortune via une politique d’omniprésence médiatique
(points presse quotidiens, plateaux télé, clichés « volés » envoyés aux
magazines people…) AXE
STRATÉGIQUE 2 BY PARODI&PARODI : IMPLÉMENTATION D’UNE STRATÉGIE AGRESSIVE
DE RAYONNEMENT-DÉVELOPPEMENT (S.A.R.D.) Au
national : →
Lancement d’une OPA sur le groupe Cour de Cass, en pleine restructuration de
sa carte de filiales – restructuration des branches déficitaires, et
ouverture de nouvelles filiales plus rentables : Justicéa for Love™, Justicéa
for Victims™, Justicéa Business Class™, Justicéa for Kids™… →
Rachat de la PME Conseil Constit pour élargir l’offre et axer le groupe sur
une image Luxe. Lancement d’une gamme Justicéa Deluxe Constit™ →
Développement d’une stratégie d’intégration verticale : -
absorption de l’ordre des avocats et la création de la filiale Justicéa
Lawyers™ à horizon 2012 -
création de la Justicéa Academy™, fusion des ex ENA – IEP –ENM – EFB que le
groupe Justicéa aura racheté à bas prix en promettant au gouvernement un plan
« zéro licenciement » À
l’international : →
Dumping sur les questions préjudicielles : ruiner le groupe CJCE en proposant
aux pays européens une politique agressive de réponse ultra-rapide aux
questions préjudicielles via la création de la filiale : « Justicéa 234TCE™ :
en 234 h maxi »© → Concurrencer
le groupe CEDH en organisant un Partenariat Mondial avec l’ONU via la
création de : «
Justicéa Worldwide™ pour un
Monde Meilleur partout »© → en
2018, introduction de Justicéa Worldwide™ sur le Nasdaq et lancement d’une
OPE sur le groupe US Supreme court → EN
2020, après ces fusions, le groupe Justicéa deviendra : JUSTICEA SUPREME WORLWIDE™ : With YOU, everywhere you GO© |
« Work hard,
play hard » À propos de "consultants", ennemis de l'humanité
qui se la pètent en anglais pour rançonner la planète, http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1670 |
«
L'Union européenne à l'Organisation Mondiale du Commerce : Un chapitre important du livre bouleversant de Raoul Marc Jennar : « Novembre 2001. Je suis à Doha,
capitale du Qatar, le pays choisi pour être le siège de la IVe conférence
ministérielle de l'OMC. La conférence se termine. Devant la résistance
persistante d'un grand nombre de pays du Sud qui refusent les propositions
américano-européennes, elle a été prolongée d'un jour. Et surtout d'une nuit.
Rompus aux marathons nocturnes, les négociateurs européens comptent sur cette
épreuve physique pour achever de faire fléchir leurs interlocuteurs, déjà
écrasés par les promesses et les menaces mises sur la table. Je m'informe des résultats de cette
nuit de tous les dangers quand je croise Martin Khor. C'est le directeur de
Third World Network, le plus rigoureux et le plus influent des réseaux
hostiles à la globalisation. Nous nous connaissons depuis une réunion de
l'International Forum on Globalisation (IFG), à Sauve, dans le Gard, chez
Agnès Bertrand1. L'IFG, c'est le réseau des réseaux, que le journaliste Hervé
Kempf a très justement baptisé internationale
citoyenne. Martin et moi, nous nous rencontrons régulièrement à
Genève où son organisation, basée en Malaisie, dispose d'une importante
antenne. L'URFIG traduit souvent ses remarquables analyses. Il me confie : Qu'est-ce que vous pouvez
être hypocrites, vous, Européens ! Vous parlez tout le temps d'humanisme, de
démocratie, de solidarité, mais à la table des négociations vous pratiquez la
même arrogance, la même intransigeance et surtout la même injustice que les
Américains. Quel est, aujourd'hui, le visage de
l'Europe dans le monde ? Quel regard portent les autres peuples sur ce que
Valéry appelait « une étroite presqu'île, qui ne figure sur le globe que
comme appendice de l'Asie » ? Je viens de passer à peu près quinze
ans à voyager, à travailler et à vivre dans l'hémisphère Sud. J'ai vu ce qu'y
fait l'Union européenne, les positions qu'elle adopte, les projets qu'elle
porte. J'ai pu observer aussi le comportement de ceux qui nous représentent
dans ces ambassades de la Commission qu'on appelle "délégations".
Parfois j'en ai été fier ; souvent j'ai eu honte. J'ai eu maintes fois
l'occasion de m'entretenir avec des dirigeants et des diplomates des pays en
développement amenés à négocier avec la Commission européenne. J'ai pu
comparer l'arrogance et la brutalité des négociateurs européens lorsqu'ils
traitent avec des gouvernements de pays pauvres et faibles qui contrastent
avec leur courtoisie dès qu'ils sont en face de poids lourds, comme, par
exemple, la Chine. Je peux porter témoignage de la
conscience grandissante d'une
Europe à deux faces, comme Janus, ce dieu des Romains. Il y a
une face plaisante : celle d'une Europe porteuse de valeurs, de culture, de
générosité, de partenariat et aussi d'espoir pour tous ceux qui voient en
elle un contrepoids, une alternative à l'empire américain. Il y a une face
sinistre, tournée vers l'Atlantique, d'une Europe qui partage la vision
néolibérale, marchande, égoïste, individualiste et arrogante que nous
imposent les États-Unis. Cette face sinistre, c'est particulièrement le
visage de l'Europe dans les négociations à l'OMC, que ce soit pendant les
sessions à Genève ou lors des conférences ministérielles. Il importe qu'on sache comment se
comportent ceux qui agissent en notre nom, mais sur lesquels nous n'avons
aucun pouvoir de contrôle. Ainsi, en juillet 2003, à Genève, un
négociateur d'un pays du Sud, qui tient à garder l'anonymat, constatait : "Les
négociateurs des États-Unis et de l'Union européenne nous conduisent à
l'abattoir à la fin de chaque négociation; ces derniers sont peut-être plus
subtils et plus polis, néanmoins le résultat final est le même : nous sommes
écrasés. Je préfère avoir affaire avec les États-Unis... Au moins vous savez
exactement où vous en êtes avec eux" 2. Aucune déclaration ne traduit mieux ce
que ressentent les interlocuteurs de l'Union européenne lorsqu'ils sont
confrontés à ses représentants. Les États membres de l'Union européenne
disposent d'une représentation diplomatique à Genève et donc d'un ambassadeur
accrédité auprès de l'OMC. Celui-ci peut s'exprimer dans cette enceinte, mais
il ne peut pas engager son pays. Seul
le représentant de l'Union européenne a qualité pour engager l'Union
européenne et ses États membres à l'OMC.
C'est Carlos Trojan qui, aidé de dix-huit experts, assure la représentation
de l'Union européenne à l'OMC. Il reçoit ses instructions de Pascal Lamy. Du
fait du poids de l'Union dans le commerce mondial, M. Trojan est un des
négociateurs les plus importants à l'intérieur de cette institution qui, on
va le voir, n'est pas une institution internationale comme les autres. L'OMC
: LA PLUS PUISSANTE INSTITUTION AU SERVICE D'UN PROJET ÉCONOMIQUE Les accords de Marrakech, signés en 1994
au terme de l'Uruguay Round, fournissent le cadre institutionnel et normatif de la
marchandisation de la planète. Pour mesurer les risques réels
de voir cette transformation du monde devenir réalité, il faut garder à
l'esprit l'idéologie dominante qui inspire lesdits accords, la puissance de
l'OMC et le caractère contraignant des accords qu'elle gère. L'OMC est par excellence l'instrument
de l'idéologie marchande. Avec les accords de Marrakech que gère
l'OMC, on est entré dans une transformation globale des rapports en tout
genre qui régissent la vie des humains. La doctrine qui s'impose est celle d'un libre-échange
sans limites. Toutes les activités humaines - boire,
manger, communiquer, apprendre, se soigner, se cultiver, se distraire, se
déplacer, se chauffer, s'éclairer... - sont assimilées à des activités
marchandes qui doivent être régies par les règles de la concurrence, laquelle
ne peut être soumise à des entraves, à des discriminations, c'est-à-dire une
concurrence qui requiert l'absence de toute prise en considération des
particularités individuelles ou collectives. À terme, si l'on n'y prend garde, plus
aucun État n'aura le droit de mettre en œuvre des politiques spécifiques qui
tiennent compte des particularités, des besoins et des priorités nationales
ou qui expriment un mode précis de vouloir vivre ensemble. Des choix
économiques et fiscaux, des préférences sanitaires, sociales,
environnementales et éthiques seront assimilés à des «entraves au commerce».
Cela est vrai dans les pays industrialisés comme dans ceux dits en
développement, et a été démontré à de multiples reprises par d'excellents
auteurs ; je n'y reviendrai donc pas3. Si l'on n'arrête pas cette
mécanique infernale lancée à Marrakech, tous les États devront un jour
renoncer à leurs législations propres et soumettre leurs ressortissants aux
règles de la concurrence commerciale qui privilégient ipso
facto les intérêts particuliers
les plus puissants. C'est bien la raison pour
laquelle ils nous trompent, ceux qui disent, à droite comme à gauche, que
l'objectif de l'OMC est de réguler le commerce mondial et rien d'autre. C'est
une véritable mystification,
entretenue par les élites politico-technocratiques et relayée par l'immense
majorité des médias. Et pourtant, les textes sont là. Il
suffit de les lire. Allez sur le site de l'OMC4. Lisez les accords qu'elle
gère. Et vérifiez par vous-même : il
n'y a pas une seule règle de l'OMC qui régule les entreprises commerciales.
Toutes les règles de chacun des accords de l'OMC concernent les législations
et les réglementations des États et de leurs collectivités territoriales. Pas les firmes privées. Pas les
sociétés transnationales. Pas ces espaces de non-droit que sont les zones
franches. Pas les paradis fiscaux. Pas les transactions financières
internationales que nourrit l'argent du crime organisé et de la fraude. La
régulation à la manière de l'OMC, c'est en fait une dérégulation imposée à
chaque État membre. Comme le reconnaît l'actuel directeur
général de l'OMC, M. Supachai Panitchpakdi, « l'OMC n'est pas concernée par les multinationales.
Nous ne visons pas le secteur privé5 ». À terme, si l'on n'y prend garde, tout,
le solide comme le liquide, le minéral, le végétal, l'animal, l'humain, et ce
que l'humain crée et produit, tout sera à vendre et à acheter. Tout. Et c'est à la réalisation de ce projet
de société qu'œuvre l'OMC, une organisation internationale qui se révèle être
la plus puissante du monde. Pour cinq raisons, au moins : L'OMC concentre le
pouvoir de faire les règles, de les appliquer et de sanctionner les pays qui
ne les respectent pas. Elle cumule ainsi les trois pouvoirs et, grâce à cette
concentration et cette confusion des pouvoirs, elle dispose des moyens de
l'arbitraire. Aucune autre institution internationale ne s'est vu confier une
telle puissance. L'OMC est la seule institution
internationale qui dispose du pouvoir d'imposer le respect des règles qu'elle
gère6. Chaque pays est en effet tenu de mettre sa propre législation en
conformité avec les règles de l'OMC. L'OMC offre aux États membres, par le
biais d'un mécanisme intitulé «Organe
de règlement des différends», la capacité de sanctionner le
pays qui, selon l'interprétation qu'en fera cet organe, sera considéré comme
ne respectant pas telle ou telle règle de l'OMC. L'OMC est la seule, par
rapport aux autres organisations internationales édictant des normes (UNESCO,
OMS, OIT, OMPI et PNUE7), à disposer d'un tel instrument. Les règles de l'OMC dépassent très
largement les questions strictement commerciales. En passant du régime du
GATT, dont les dispositions ne sortaient pas du domaine commercial, aux
règles de l'OMC, on a étendu les principes du libre-échange à quasiment
toutes les activités humaines. L'OMC fonctionne dans des
conditions d'opacité et d'oligarchie qui soumettent les pays qui en sont
membres à la volonté des plus puissants8. Avec l'OMC et les pouvoirs qu'elle est
la seule à détenir, le droit de la concurrence commerciale l'emporte sur tous
les autres droits et en particulier les droits humains fondamentaux, les
droits économiques, sociaux et environnementaux reconnus aux citoyens par les
dispositions constitutionnelles ou légales adoptées dans le cadre national ou
par l'adhésion à des pactes internationaux. Une hiérarchie des normes
internationales s'est imposée de fait. Désormais les États sont soumis à
l'arbitraire d'une organisation contrôlée par les pays les plus riches et les
plus puissants. L'OMC
: INSTITUTION MULTILATÉRALE OU DIRECTOIRE DES PAYS RICHES ? À l'ouverture de la IIIe conférence
ministérielle de l'OMC, à Seattle, Mike Moore, alors son directeur général,
déclarait : «Je peux accepter toutes les critiques, sauf celles qui
consistent à nier le caractère démocratique de l'OMC. » Et de rappeler que, à
l'OMC, le principe inscrit dans les textes, c'est un État = une voix,
et que les décisions se prennent par consensus en vertu de l'article IX. Mais ce principe est dévoyé
par une précision sur ce qu'il faut entendre par consensus. Et
c'est dans une note de bas de page à cet article IX qu'on apprend qu'il
s'agit du consensus
implicite, c'est-à-dire l'application du dicton «Qui ne dit mot consent». Ceux qui se taisent ou ne sont pas présents au moment de
la décision sont considérés comme étant d'accord ! Or,
une vingtaine de pays sont trop pauvres pour pouvoir disposer d'une
représentation diplomatique à Genève. Ils sont donc considérés comme étant d'accord sur toutes
les propositions faites. En outre, près de quatre-vingts autres
délégations ne disposent pas d'un personnel qualifié en nombre suffisant pour
assurer la représentation de leur pays à toutes les réunions.
Sans compter que chaque mission diplomatique à Genève doit aussi assurer la
représentation de son pays auprès des autres organisations internationales
intergouvernementales dont le siège se trouve dans la cité helvétique. Il en
résulte que sur les
cent quarante-huit pays qui sont membres de l'OMC, moins de cinquante peuvent
assurer une présence effective et une participation réelle à toutes les
réunions qui se tiennent chaque semaine à l'OMC. À cette étrange conception du consensus
s'ajoutent des pratiques qui donnent la prééminence aux rapports de forces. L'égalité dont jouissent en principe
les cent quarante-huit États membres de l'OMC est donc tout à fait formelle.
Selon le célèbre mot de George Orwell, certains
« sont plus égaux que d'autres». En particulier les États qui constituent,
dans le jargon des initiés, la «Quadrilatérale», ou «Quad», formée par les
États-Unis, l'Union européenne, le Japon et le Canada. Aucune
décision ne peut être prise sans l'accord de ces quatre puissances.
L'existence de cette « Quad», qui n'est pas prévue par le traité créant
l'OMC, est pourtant reconnue comme une réalité quasi institutionnelle au sein
de celle-ci9. La «Quad» possède ses propres modes de
fonctionnement. Ainsi des réunions entre États-Unis et Union européenne
précèdent presque toujours les réunions à quatre, lesquelles se tiennent avec
l'assistance et la présence des plus hautes autorités de l'OMC. La «Quad» s'est comportée
jusqu'ici comme un véritable directoire mondial.
C'est à son initiative que se tiennent de manière systématique des réunions
informelles, qui ont généralement lieu à l'invitation du directeur général.
S'y retrouvent, sans publicité aucune, les représentants des États retenus
par la «Quad», auxquels s'associent des partenaires de circonstance, parmi
lesquels on retrouve souvent l'Australie, la Corée, la Nouvelle-Zélande, la
Suisse, et quelques pays dont l'adhésion aux propositions entraînera celle
d'autres États. On y
arrête des décisions qui sont ensuite présentées comme étant à prendre ou à
laisser par les autres États membres. L'accès
à ces réunions est interdit aux représentants des États qui ne sont pas
invités, en dépit du fait qu'elles
ont lieu dans les locaux de l'OMC et qu'on y traite des matières en rapport
avec l'OMC. Dans le jargon des initiés, on appelle
cela des réunions green
room, par référence à la couleur verte des murs du bureau du
directeur général en 1995. Cette pratique ramène le
multilatéralisme à peu de chose puisque, chaque fois que se tient une réunion
informelle, plus de cent États sont exclus de délibérations décisives. Une telle pratique aboutit à la
restauration de rapports bilatéraux entre les pays riches et les autres.
On est très loin de cette égalité de tous, États riches et États pauvres,
devant des règles communes, égalité tant vantée par ceux qui, à droite comme
à gauche, et en particulier le commissaire européen Pascal Lamy10, prétendent
lutter contre le chaos des rapports commerciaux internationaux. Cette pratique des réunions informelles
a connu de nouveaux développements en vue de la préparation de la IVe
conférence ministérielle, qui allait se tenir à Doha. Lesdites réunions se
sont tenues au niveau ministériel, extra
muros, à Mexico puis à Singapour. Et certains ministres, qui, estimant
avoir le droit de participer à toute réunion de l'OMC, s'y sont présentés
sans avoir été invités, se sont vu en interdire l'accès. Les
mêmes pratiques se sont répétées en vue de la conférence de Cancún, avec
multiplication des réunions informelles au siège de l'OMC et organisation de
ce qu'on appelle désormais des « mini-ministérielles » réservées à une bonne
vingtaine de pays à Sydney, Montréal et Charm el-Cheik. Même si l'OMC nourrit son site Internet
de milliers de pages de documents divers, cette institution, à la différence
de toutes les autres, se caractérise par un degré élevé d'opacité qui
facilite le travail de la «Quad». L'OMC
est la seule organisation internationale intergouvernementale dont les
travaux se déroulent à huis clos. Son instance de décision la
plus importante, entre les conférences ministérielles, est le Conseil
général, qui réunit, en principe, les ambassadeurs des cent quarante-huit
États membres. On a vu ce qu'il en est dans les faits. Le Conseil général siège comme organe
compétent pour toutes les affaires relevant de l'OMC, mais également pour
donner son acquiescement à l'analyse des politiques commerciales des États
membres. Il se transforme enfin en Organe de règlement des différends pour
acter les décisions prises dans le cadre du règlement des conflits. Or, les
débats de cet organe se déroulent à huis clos, ce qui est contraire à ce
principe universel selon lequel la justice doit être rendue en public. Ainsi,
les débats de la Cour internationale de justice de La Haye - autre
institution intergouvernementale qui, elle, fonctionne selon les principes de
base d'une authentique juridiction - sont publics. La manière dont se préparent et se
déroulent les conférences ministérielles est très révélatrice du système
oligarchique en vigueur à l'OMC. La conférence ministérielle, son organe
suprême, constituée des ministres du Commerce extérieur de tous les États
membres, est compétente dans toutes les matières sur lesquelles ils
s'accordent et se réunit au moins tous les deux ans. Jusqu'ici, elle s'est
tenue chaque fois dans des endroits différents; après Singapour en 1996, ce
fut Genève en 1998, puis Seattle en 1999, Doha en 2001 et Cancún en 2003. La préparation comme le déroulement de
la conférence sont l'objet de manipulations
où la démocratie est loin de trouver son compte. Pour chacune des cinq
conférences tenues jusqu'ici, pas une seule fois les procédures ne furent les
mêmes, celles-ci changeant au gré des opportunités. C'est la «Quad» qui, avec
ses alliés (Australie, Corée, Hong Kong11, Nouvelle-Zélande, Suisse),
convient des règles, selon les circonstances. Après la IIIe conférence ministérielle,
celle de Seattle, où aucun accord n'était intervenu, on a vu les pays
industrialisés se multiplier en formules concédant qu'il fallait tirer les
leçons de l'échec et accorder la priorité à la transparence des procédures et
à une participation effective de tous les membres à la décision. L'Union
européenne avança même, pour l'occasion, quelques propositions qui furent
vite oubliées une fois que commencèrent les préparatifs de la IVe conférence.
Et les représentants de l'Europe, avec leurs partenaires nord-américains et
japonais, continuèrent à user et à abuser de pratiques qu'ils avaient déclaré
vouloir réformer. À l'OMC, les pays en développement,
pourtant les plus nombreux, sont en permanence victimes de manipulations et
de pressions très précisément décrites dans un livre récent12. Ce qu'ils
subissent là est en totale contradiction avec le discours convenu dans les
sphères occidentales quant à l'importance du commerce pour le développement. Ainsi, par exemple, à l'ouverture de la
conférence de Doha, M. Lamy annonçait que l'Union européenne offrait 50
millions d'euros aux pays en développement afin de leur permettre de
respecter leurs engagements à l'égard de l'OMC. Pendant la conférence, il
retardait la demande de dérogation requise pour que puisse être appliqué
l'accord de Cotonou, passé entre l'Union européenne et les pays d'Afrique,
des Caraïbes et du Pacifique (ACP), jusqu'au moment où ceux-ci eurent appuyé
la demande européenne d'ouverture de négociations sur les matières dites de
Singapour (voir chap. 5, "Matières de Singapour = AMI"). De même,
peu avant la conférence de Cancún, l'Union européenne usait de promesses
d'octroi et de menaces
de retrait du système des préférences généralisées (SPG, voir
note 60, p. 277) vis-à-vis de tel ou tel pays en développement. Lors d'une
réunion à Bruxelles, six semaines avant Cancún, M. Lamy annonçait aux pays
ACP le lancement d'un programme d'aide financière en leur faveur afin
d'accroître leur capacité à mettre en œuvre les accords commerciaux
internationaux. Manipulations et pressions de
la part des pays occidentaux se manifestent tout particulièrement à l'occasion
de la préparation de chaque conférence ministérielle. Cette préparation
consiste à mettre au point un texte qu'on appelle «projet de déclaration
ministérielle». L'objectif de la «Quad» est que ce texte exprime le point de
vue des pays industrialisés. Il est atteint grâce à une procédure qui, dans
toute autre institution, serait considérée comme un véritable coup de force. Tout d'abord, le texte est préparé de
concert par le président en exercice du Conseil général et le directeur
général de l'OMC qui travaillent sur instruction de la «Quad». L'essentiel
des demandes exprimées par les pays en développement et formulé dans des
documents officiels, en particulier leur souhait de corriger les
déséquilibres les plus criants qui caractérisent les accords existants, n'est
pas repris dans le projet de déclaration ministérielle. Par contre,
l'essentiel des attentes des pays industrialisés fait l'objet de multiples
paragraphes. Ensuite, de sa propre autorité, avec le
soutien de la «Quad» et du directeur général, au terme de réunions
informelles, le président du Conseil général décide que son projet de
déclaration ministérielle, bien qu'il ne réunisse pas le consensus, sera
envoyé comme tel à la conférence ministérielle, sans l'accord du Conseil
général et sous sa propre responsabilité. Toutes les indications susceptibles d'informer la
conférence sur les réserves ou les oppositions de certains pays qui ont pu
être enregistrées pendant les débats sont supprimées. Si
d'aventure l'un ou l'autre État membre a formellement exprimé son désaccord,
le document qui en fait mention n'est pas annexé. Grâce à cette violation
manifeste des procédures de décision prévues par l'accord instituant l'OMC,
et en dépit des protestations formulées par plusieurs États membres, la
conférence, à Doha comme à Cancún, a pu commencer sur la base d'un texte qui,
pour l'essentiel, convenait parfaitement aux pays les plus riches et ne
traduisait nullement le consensus pourtant requis. À Doha, la conférence ministérielle a
offert un spectacle dont les hérauts occidentaux de la démocratie ne se sont
guère vantés. Les participants n'ont pu délibérer de l'ordre du jour de la
conférence et de son organisation. Ils ont été forcés d'en accepter la
présentation faite au cours de la cérémonie officielle d'ouverture. Les
groupes de travail chargés de faciliter la négociation étaient animés par des
ambassadeurs acquis aux propositions américano-européennes. Sur instruction de l'Union
européenne et des USA, des réunions informelles ont été organisées, d'où
certains ministres, malgré leurs protestations, ont été exclus ; à d'autres,
l'accès n'était autorisé qu'à la condition qu'ils ne soient pas accompagnés
d'experts -même pas leur ambassadeur à Genève ! -, tandis qu'Européens et
Américains disposaient de leurs équipes de juristes ; certains étaient admis
à condition qu'ils se taisent. La conférence a été prolongée,
sans l'accord formel des délégations, au moment où les représentants de
plusieurs pays en développement étaient obligés de partir avec les vols
spéciaux organisés à leur intention par le pays hôte. Des documents préparés
par la «Quad» ont été soumis à la séance plénière finale sans avoir fait
l'objet de consultations13. Tirant les leçons de Doha, quinze
pays14 ont proposé un ensemble de règles permanentes afin que les procédures
ne relèvent plus de l'arbitraire des pays riches. Selon ces pays l'OMC
devrait, comme la plupart des organisations internationales, garantir que la
préparation et le déroulement de la conférence ministérielle seront
transparents, non discriminatoires et prévisibles. Ils ont demandé que les
décisions adoptées dans le cadre de réunions informelles soient sans valeur
et ne soient en aucun cas considérées comme faisant partie du processus
formel de préparation. Ils ont présenté une série de réformes techniques
permettant d'associer pleinement tous les États membres à toutes les phases
de préparation de la conférence ministérielle. Ils ont proposé qu'il soit
impossible d'interdire au représentant d'un État membre de participer à une réunion
au sein de l'OMC. Et surtout, ils ont demandé que le projet de déclaration
ainsi que l'ordre du jour à soumettre à la conférence aient fait l'objet du
consensus du Conseil général et que, à défaut de consensus, les différentes
options formulées soient soumises à la conférence. Enfin, ils ont suggéré que
la conférence ministérielle se tienne systématiquement au siège de l'OMC, à
Genève, ce qui faciliterait grandement la participation de tous les pays. Leurs propositions ont reçu l'accueil
encourageant de plusieurs délégations15. Mais elles ont été combattues au nom
de la flexibilité - qui profite toujours aux puissants - par l'Union
européenne et les USA. Des propositions allant dans le même sens ont été
déposées en août 200316. Elles ont connu le même accueil de la part des
Occidentaux. Et certaines pratiques observées à Doha se sont ainsi répétées à
Cancún. Contrairement aux discours officiels et
aux efforts de communication des gouvernements occidentaux et de la
Commission européenne, une
conférence ministérielle de l'OMC ne consacre jamais la victoire du droit sur
la force. Au contraire, comme l'observe à juste titre le
député Jean-Claude Lefort17 : "Les
membres de l'OMC, et les plus pauvres d'entre eux, peuvent se demander, en
toute légitimité, si cette organisation est bien fondée sur la règle du droit
et non sur les rapports de forces." L'UNION EUROPÉENNE, ACTEUR
DÉCISIF À L'OMC
Dans une récente communication au
Conseil des ministres sur les négociations à l'OMC18, la Commission considère
que «l'OMC n'est pas un système structurellement inéquitable qui a besoin
d'être rééquilibré». M. Lamy, qui connaît ses classiques,
n'ignore pas cette formule célèbre de Lamennais : "Entre le riche et le pauvre, entre le fort et
le faible, c'est la liberté qui opprime et la loi qui protège."
Et pourtant, il
refuse la loi, il refuse les règles quand il s'agit du fonctionnement de
l'OMC. Il est, selon ses propres termes, partisan de la
flexibilité. C'est au nom de la flexibilité que son représentant à l'OMC a
rejeté toutes les propositions de réforme dont il vient d'être question. En fait, le commissaire
européen entend user pleinement de la puissance que confère l'importance
économique de l'Union européenne non pas au profit d'un rééquilibrage mondial
des richesses et d'une plus grande solidarité entre les peuples, mais bien
pour satisfaire les ambitions des milieux d'affaires européens. Il s'agit dès lors d'user de tous les
moyens de la persuasion : annoncer l'octroi ou le retrait d'aides ; de même
pour l'assistance technique; faire miroiter ou non des promesses de réduction
de la dette (on comprend pourquoi l'Union européenne refuse de soutenir l'abolition
d'une dette des pays du Sud pourtant déjà remboursée huit fois - elle
perdrait un formidable moyen de pression) ; laisser poindre la perspective
d'un accord commercial bilatéral avantageux, évoquer des initiatives
possibles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international... Alors que les États-Unis exercent des
pressions en signalant qu'ils peuvent placer leur interlocuteur sur une liste
de pays amis ou sur une «liste noire», les méthodes de l'Union européenne
sont plus subtiles ; on peut parler d'une approche où l'on manie
alternativement la carotte et le bâton. Cette approche se pratique «tous
azimuts». Ainsi, en vue de la conférence ministérielle de Doha, Pascal Lamy
et ses collaborateurs ont déployé une stratégie à plusieurs niveaux. La Commission européenne
s'est tout d'abord assuré le soutien des pays qui souhaitent adhérer à
l'Union européenne. Pour l'essentiel, il
s'agit des pays d'Europe centrale qui ont été, après la chute de l'empire soviétique,
reformatés à l'économie de marché par les experts du FMI et de la Banque
mondiale et sont devenus aujourd'hui des adeptes des thèses néolibérales. Par sa présence incontournable dans le
noyau initial de la «Quad» et grâce aux réunions informelles, aux
«mini-ministérielles » et à la méthode décrite ci-avant pour la rédaction du
projet de déclaration ministérielle, la Commission a obtenu l'agenda désiré
pour la conférence. La Commission a ensuite
ciblé un certain nombre de pays en développement dont l'économie émerge peu à
peu, l'Afrique du Sud, le Brésil, le Chili et le Mexique, afin d'obtenir leur
soutien pour l'ouverture des négociations sur les matières dites de
Singapour. Chacun de ces pays est lié à l'Union
européenne par un traité bilatéral de libre-échange qui était alors déjà
négocié ou en cours de négociation. À ces quatre pays Pascal Lamy a promis ce
qu'ils souhaitaient le plus : une réduction des subventions aux exportations
agricoles européennes. En échange de cette promesse non tenue, ces quatre
pays, à Doha, ont rompu avec l'immense majorité des pays en développement
opposés aux matières de Singapour et ont adopté une attitude neutre. Une quatrième cible, dans
la stratégie européenne, fut l'ensemble des pays qualifiés de PMA : les pays
les moins avancés, c'est-à-dire les plus pauvres. Et donc les plus faibles.
Ce sont ces pays qui ont subi avec le maximum d'intensité les pressions
décrites plus haut et sur lesquels la Commission européenne a usé et de la
carotte et du bâton. Lors de la IIIe conférence
des PMA, à Bruxelles, en mai 2001, Pascal Lamy reçut tour à tour les
délégations des vingt-neuf pays qui, parmi les quarante-neuf PMA, sont
membres de l'OMC. Il ne manqua pas de rappeler, au cours de ces entretiens
bilatéraux, les accords préférentiels passés avec l'Union européenne dont
bénéficiaient ces pays. Le gouvernement de chacun de ceux-ci reçut ensuite de
la Commission une demande explicite de soutien à ses positions. La Tanzanie,
qui présidait alors le groupe des PMA à l'OMC, eut droit à un traitement
spécial : une décision concernant une prise en charge d'une partie de sa
dette, qui était en attente depuis plus d'un an, fut annoncée par le FMI et
la Banque mondiale deux semaines avant Doha. Pur hasard, bien entendu... Enfin, pendant la conférence
ministérielle elle-même, l'Union européenne s'est employée à présenter aux
médias de manière très négative ceux qui s'opposaient à elle. Ainsi, l'Inde
fut qualifiée de pays pratiquant une obstruction systématique. À lire les
journaux français au terme de la conférence, ce n'était pas la tâche la plus
ardue. Le fossé entre la rhétorique de l'Union
européenne en faveur du développement et sa pratique à la table des
négociations est tel que, après la conférence ministérielle de Doha, un
ambassadeur originaire d'un des PMA m'a déclaré : "Ce
que je regrette le plus, c'est de ne pas avoir proposé à mon ministre qu'il
demande la suppression de tous les termes faisant référence au développement
des pays les plus pauvres dans la déclaration ministérielle. Cela n'aurait
rien changé quant au fond, mais cela aurait empêché l'Union européenne d'user
de ce texte auprès de ses médias, de ses opinions publiques et des
responsables politiques pour faire croire à son prétendu attachement à
l'amélioration de notre sort." (…)
» (La
suite (le chap. 5) s'intitule "L'Europe et les pays du sud". C'est
à hurler, de rage et de honte. Vous devriez tous lire ça !) _____________ Notes : 1. Agnès
Bertrand, qui fut en France à la pointe des mobilisations
contre l'Accord multilatéral sur l'investissement, anime avec Laurence Kalafatidès
l'Institut pour la relocalisation de l'économie. Toutes deux ont signé un livre militant incontournable : OMC, le pouvoir invisible, Paris, Fayard, 2002. 2. Deux auteurs ont collectionné les témoignages
d'ambassadeurs des pays en développement auprès de l'OMC : Jawara, Fatouma,
et Kwa, Aileen, Behind the Scenes at the WTO. The Real World of International Trade Negotiations,
Londres, Zed Books, 2003. 3. Outre l'ouvrage référencé en note 1, on consultera avec
profit la bibliographie proposée sur le site www.urfig.org. 4. www.wto.org ; on peut consulter les versions anglaise, espagnole et
française. 5. Interviewé par Vincent Glenn, réalisateur du film Pas assez de volume. Notes sur
l'OMC, 2004. 7. Unesco : Organisation des Nations unies pour l'éducation,
la science et la culture ; OMS : Organisation mondiale de la santé ; OIT :
Organisation internationale du travail ; OMPI : Organisation mondiale de la
propriété intellectuelle ; PNUE : Programme des Nations unies pour
l'environnement. 8. Jennar, Raoul Marc, «L'Organisation
mondiale du commerce et le déclin de la démocratie», Res publica,
Paris, n° 32, février 2003, p. 36-41. 9. OMC,
Un commerce ouvert sur l'avenir, Genève, OMC, 1999 (2e éd.). 10. Dans un article quasi lyrique publié à la veille de la
conférence de 11. La rétrocession de Hong Kong à la Chine n'a pas mis fin à
la représentation de ce territoire jouissant, à l'OMC, d'un statut analogue à
celui d'un État indépendant. En fait, selon une note explicative annexée à
l'accord créant l'OMC, le terme «pays» désigne «tout territoire douanier
distinct, membre de l'OMC», ce qui en dit long sur la perception de la
souveraineté des peuples et des États. 12. Jawara, Fatouma, et Kwa, Aileen,
Behind the Scenes..., op. cit. 13. On trouvera de multiples témoignages sur la conférence de
Doha émanant de diplomates de pays du Sud dans Kwa, Aileen, Power Politics in
the WTO, Bangkok, Focus on the Global South, 2003 (http://www.focusweb.org). 14. OMC, «Preparatory Process in Geneva and Negotiating
Procédure at the Ministerial Conférences», communication présentée par Cuba,
Egypte, Honduras, Inde, Indonésie, Jamaïque, Kenya, Malaisie, Maurice,
Pakistan, République dominicaine, Sri Lanka, Tanzanie, Ouganda et Zimbabwe,
WT/CG/W/471, 24 avril 2002. 15. Le Brésil, la Chine, la Malaisie, la Norvège, les
Philippines, la Turquie. WT/GC/M74, 1er juillet 2002. 16. Document WT/CG/W/510. 17. Lefort, Jean-Claude, député, Assemblée nationale, Rapport sur la place des pays en
développement dans le système commercial multilatéral, Paris, 23
novembre 2000. 18. Communication de la Commission au Conseil et au Parlement
européen, Redynamiser
les négociations relatives au programme de Doha pour le développement –
l'optique de l'UE, Bruxelles, 26 novembre 2003, COM(2003) 734, final. [i]Source
: Raoul Marc Jennar : "Europe : la trahison des élites", Fayard
2004, page 129, Chapitre 4 - L'UE à l'OMC, le vrai visage de l'Europe. |
«
Let's make money » le dernier film
documentaire de l'Autrichien Erwin
Wagenhofer : http://www.dailymotion.com/video/x8pb5f_letys-make-money-bande-annonce-vost_shortfilms
On
y trouve cet incroyable aveu de
cynisme
c’est quand il y a du sang dans les rues. Même si c’est le vôtre. » Alors, vous pouvez
continuer à parler de "partenaires sociaux" si ça
vous chante, |
« Ce qui
manque, c'est seulement de l'argent. Il faut rendre
le contrôle de l'argent à la collectivité. C'est urgent !» http://www.michaeljournal.org/vraics2.htm « Manque-t-il quelque chose dans notre pays pour satisfaire les
besoins temporels des citoyens ? Manque-t-il de la nourriture pour que tout
le monde mange à sa faim ? Manque-t-il des chaussures ? des vêtements ? Ne
peut-on pas en faire autant qu'il en faut ? Manque-t-il des chemins de fer et
d'autres moyens de transport ? Manque-t-il du bois ou de la pierre pour
construire de bonnes maisons pour toutes les familles ? Sont-ce les
constructeurs, les fabricants et autres ouvriers qui manquent ? Sont-ce les
machines qui manquent ? Mais on a de tout cela, et de reste. Les magasins ne se plaignent
jamais de ne pas trouver ce qu'il faut pour mettre en vente. Les élévateurs sont
pleins à craquer. Les hommes valides qui attendent du travail sont nombreux.
Nombreuses aussi les machines arrêtées. Pourtant, que de monde souffre ! Les choses n'entrent pas dans
les maisons. À quoi sert de dire aux
hommes et aux femmes que leur pays est riche, qu'il exporte beaucoup de
produits, qu'il est le troisième ou quatrième pays au monde pour
l'exportation ? Ce qui sort du pays
n'entre pas dans les maisons des citoyens. Ce qui reste dans les magasins ne
vient pas sur leur table. La femme ne nourrit pas
ses enfants, ne les chausse pas, ne les habille pas, en contemplant les
vitrines, en lisant les annonces de produits dans les journaux, en entendant
la description de beaux produits à la radio, en écoutant les boniments des
innombrables agents de vente de toutes sortes. C'est le droit d'avoir ces produits qui manque. On ne peut pas
les voler. Pour les obtenir, il faut payer, il faut avoir de l'argent. Il y a beaucoup de
bonnes choses au pays, mais le droit à ces choses, la permission de les
obtenir manque à bien des personnes et des familles qui en ont besoin. Manque-t-il autre chose que l'argent ? Qu'est-ce qui manque, à
part du pouvoir d'achat pour faire les produits passer des magasins aux
maisons ? Des entrepôts pleins,
une calamité pour les producteurs Les crises modernes Argent et richesse Cela ne veut pas dire
que c'est l'argent qui est la richesse. L'argent n'est pas le bien terrestre
capable de satisfaire le besoin temporel. On ne se nourrit pas en
mangeant de l'argent. Pour s'habiller, on ne coud pas ensemble des piastres
pour s'en faire une robe ou des bas. On ne se repose pas en s'étendant sur de
l'argent. On ne se guérit pas en plaçant de l'argent sur le siège du mal. On
ne s'instruit pas en se couronnant la tête d'argent. L'argent n'est pas la
richesse. La richesse, ce sont les choses utiles qui correspondent à des
besoins humains. Le pain, la viande, le
poisson, le coton, le bois, le charbon, une auto sur une bonne route, la
visite d'un médecin au malade, la science du professeur — voilà des
richesses. Mais, dans notre monde
moderne, chaque personne ne fait pas toutes les choses. Il faut acheter les
uns des autres. L'argent est le signe qu'on reçoit en échange d'une chose
qu'on vend; c'est le signe qu'il faut passer en échange d'une chose qu'on
veut avoir d'un autre. La
richesse est la chose ; l'argent est le signe. Le signe doit aller d'après la
chose. S'il y a beaucoup de
choses à vendre dans un pays, il y faut beaucoup d'argent pour en disposer.
Plus il y a de monde et de choses, plus il faut d'argent en circulation, ou
bien tout arrête. C'est cet équilibre-là
qui fait défaut aujourd'hui. Les choses, on en a à peu près autant qu'on veut
en faire, grâce à la science appliquée, aux découvertes, aux machines
perfectionnées. On a même un tas de monde à ne rien faire, ce qui représente
des choses possibles. On a un tas d'occupations inutiles, nuisibles même. On
a des activités employées à la destruction. Pourquoi l'argent,
établi pour écouler les produits, ne se trouve-t-il pas dans les mains du
monde en rapport avec les produits ? (…) (Lire la suite, très
intéressante). C'est la thèse du Crédit social, souvent signalée sur ce site. |
Les commentaires
que j'ai faits ces jours-ci chez Paul « Des bases
juridiques pour les contre-pouvoirs, par Étienne Chouard » http://www.pauljorion.com/blog/?p=2797
Je vous invite à
venir y commenter cette thèse révolutionnaire |
« Démocratie
nouvelle » Un mouvement
citoyen non partisan http://www.democratie-nouvelle.qc.ca/ |
« Entre
Anarchie et République, quel gouvernement ? » http://www.wimp.com/thegovernment Une synthèse
animée, en anglais (facile), |
« Le
terrible secret de Tim Geithner : le système financier mondial est en péril Quand la
solution à la crise financière en devient la cause » par William
Engdahl, sur
Mondialisation.ca, 5 avril 2009 : http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=13066 « Le
secrétaire au Trésor des États-Unis, Tim Geithner, a révélé son plan tant
attendu d’assainissement du système bancaire étatsunien, mais il a refusé de
divulguer le « terrible secret » de la crise financière actuelle. En agissant
de la sorte, il tente de sauver des banques étatsuniennes de facto en
faillite, lesquelles menacent de faire tomber le système mondial dans une
nouvelle phase encore plus dévastatrice de destruction de la richesse. Nous
l’avons déjà mentionné, le plan
Geithner, son soi-disant Programme d’investissement en partenariat
public-privé ou PPPIP, n’est pas dédié à restaurer un système de prêt
salutaire donnant du crédit aux entreprises et aux consommateurs. Il s’agit
plutôt d’une autre manigance complexe servant à verser davantage de centaines
de milliards de dollars directement aux banques dominantes et aux firmes de
Wall Street, responsables du présent bourbier dans les marchés mondiaux du
crédit, sans toutefois leur demander de changer leur modèle opérationnel.
Pourtant, on pourrait se dire que ce plan, en assainissant les banques,
aidera tôt ou tard à surmonter le problème. Il ne
le fera pas si l’administration Obama procède comme elle le fait en ce
moment. En défendant son plan à la télévision étatsunienne récemment, M.
Geihner – protégé de Henry Kissinger, autrefois PDG de la New York Federal
Reserve Bank – faisait valoir que son intention « n’était
pas de soutenir les banques faibles aux dépends des banques fortes ».
Toutefois, c’est précisément ce que fait le PPPIP : les banques faibles sont les cinq
plus grandes banques du système. Le « terrible
secret » que M. Geithner tente vigoureusement de cacher au public est très
simple. À la source des actifs toxiques bouleversant le système financier
mondial, il y a au plus peut-être cinq banques
étatsuniennes. C’est cette réalité que M. Geithner tente
désespérément de protéger. Contrairement aux crises bancaires précédentes, le
problème ne consiste pas en des pertes sur prêt ordinaires. C’est plutôt une
variété de dérivés financiers exotiques qui se trouvent au cœur du problème,
plus spécifiquement les soi-disant swaps sur défaillance (Credit Default
Swaps). En
2000, le secrétaire au Trésor de l’administration Clinton était un dénommé Larry Summers. M.
Summers venait tout juste d’être promu No. 1 de Goldman Sachs par
son supérieur, le banquier de Wall Street Robert Rubin, lorsque
ce dernier a quitté Washington pour occuper le poste de vice-président de Citigroup. Comme je le décris en
détails dans mon nouveau livre à paraître cet été, Power of Money: The Rise and Fall of the American Century, M. Summers a convaincu
le président Clinton d’approuver plusieurs projets de loi républicains,
ouvrant ainsi les vannes aux banques pour qu’elles abusent de leur pouvoir. Que
les grandes banques de Wall Street aient dépensé quelque 5 milliards en
lobbyisme pour ces changements après Une loi importante
abrogeait le Glass-Steagall Act de 1933,
adopté durant la Grande Dépression, interdisant la fusion entre les banques
commerciales, les compagnies d’assurances et les firmes de courtage telles
que Merrill Lynch ou Goldman Sachs. Une autre loi soutenue par le secrétaire au Trésor
Larry Summers en 2000 était l’obscure, mais cruciale
Commodity Futures Modernization Act (CFMA). Cette loi empêchait
l’organisme gouvernemental de réglementation, la Commodity Futures Trading
Corporation (CFTC) [Commission du commerce à terme des marchandises], de
superviser le commerce des instruments financiers dérivés. La nouvelle loi
CFMA stipulait que ce que l’on appelle communément les dérivés négociés hors
bourse, comme les swaps sur défaillance en cause dans le désastre des
assurances de AIG (que Warren Buffett a déjà qualifiés d’armes de destruction
financière massive), ne soient pas réglementés par le gouvernement. À
l’époque où M. Summers s’affairait à ouvrir les vannes de l’abus financier
pour les sociétés de fiducie de Wall Street, son assistant était nul autre que Tim Geithner, l’homme
aujourd’hui secrétaire du Trésor. À l’heure actuelle,
l’ancien patron de M. Geithner, Larry Summers, est conseiller économique en
chef du président Obama puisqu’il est chef du Conseil économique de la
Maison-Blanche. Mettre MM. Geithner et Summers en charge de réparer les
dégâts financiers équivaut à faire du renard le gardien du poulailler. Le « terrible secret » M. Geithner ne souhaite pas que le public
comprenne son petit secret, soit que l’abrogation de la loi Glass-Steagall et
l’adoption du CFMA en 2000 ont permis la création d’un petite poignée de
banques qui allaient pratiquement monopoliser des pans importants des
activités hors bilan mondiales ou l’émission des dérivés hors bourse. Selon
le récent Rapport trimestriel sur le commerce bancaire et les produits
dérivés du Federal Office of Comptroller of the Currency, cinq banques
étatsuniennes possèdent actuellement 96 % des positions de dérivés de toutes
les banques des États-Unis en terme de valeurs symbolique, ainsi qu'un
pourcentage ahurissant, soit 81 %, d'exposition au risque de crédit net total
en cas de défaillance. Ces
cinq banques sont JPMorgan Chase, qui
détient la première place avec une somme étourdissante de 88 billions de
dollars en dérivés (66 billions d’euros!). Morgan Chase est suivie par Bank of America et Citibank
lesquelles possèdent respectivement 38 billions et 32 billions en dérivés. La
quatrième place dans les sweepstakes des dérivés revient à Goldman Sachs avec
ses « maigres » 30 billions, somme qui baisse de façon draconienne à 5
billions de dollars en cinquième position où se situe la banque fusionnée Wells Fargo-Wachovia. Par ailleurs,
au sixième rang, la britannique HSBC Bank USA
détient 3,7 billions de ces actifs toxiques. Par la
suite, l’exposition des banques des États-Unis à ces dérivés hors bilan non
réglementés diminue dramatiquement. Afin d’en souligner l’ampleur, notons
qu’un billion s’écrit 1 000 000 000 000. Continuer à investir d’énormes quantités d’argent
des contribuables dans ces cinq banques sans modifier leur système
opérationnel revient à traiter un alcoolique avec de l’alcool gratuit à
volonté. Le sauvetage
gouvernemental d’AIG, dépassant à ce jour les 180 milliards, a d’abord servi
à payer ses swaps sur défaillance aux contreparties, les joueurs Goldman
Sachs, Citibank, JP Morgan Chase et Bank of America, des banques se croyant «
trop importantes pour faire faillite ». En
effet, ces cinq institutions se croient maintenant si grandes qu’elles
peuvent dicter la politique du gouvernement fédéral. Certains ont appelé cette opération un coup d’État des
banquiers. Elle n’a définitivement rien de
salutaire. Voilà
le terrible secret que le secrétaire Geithner et Wall Street tentent
désespérément de cacher car il dirigerait l’attention des électeurs vers de
vraies solutions. Le gouvernement fédéral dispose depuis longtemps
de lois pour faire face aux banques insolvables. La Federal Deposit
Insurance Corporation (FDIC) met la banque sous séquestre et ses actifs et
ses passifs sont triés par un audit indépendant. On évince les gestionnaires
irresponsables, les actionnaires accusent des pertes et une fois épurée, la banque
est finalement divisée en en plus petites unités. Lorsqu’elle est assainie,
on la vend au public. Le pouvoir des cinq méga banques de faire chanter le
pays en entier serait alors moins grand. Ooohh.
Ouais ? C’est
ce que Wall Street et Tim Geithner cherchent frénétiquement à prévenir. Le
problème est centralisé sur ces cinq grandes banques et le cancer financier
doit être isolé et réfréné par une agence fédérale afin que la victime,
l’économie réelle, puisse fonctionner à nouveau sainement. Voilà ce qui doit être mis sous séquestre
ou nationalisé. En retardant cela et en
refusant de demander un contrôle gouvernemental des comptes totalement
indépendant pour déterminer si ces cinq banques sont réellement solvables, le gouvernement Obama provoque des pertes
pour les États-Unis et l’économie mondiale, lesquelles seront inévitablement
exponentielles lorsque les pertes en dérivés exploseront. Il s’agit de la
détérioration préprogrammée de la récession, signifiant une augmentation des
faillites d’entreprises, la multiplication des manquements des débiteurs
hypothécaires et la montée en flèche du chômage. Cette situation devient hors
de contrôle (d’un gouvernement responsable) parce qu’elle est permise par le
secrétaire Geithner, Larry Summers et ultimement le président, qu’il ait ou
non eu le temps de chercher à comprendre ce qui est en jeu. Une fois que les cinq
banques problématiques isolées par la FDIC et le Trésor, le gouvernement
devrait légiférer afin d’abroger immédiatement la déréglementation bancaire
de Larry Summers, comprenant la remise en application de la loi
Glass-Steagall et l’annulation du Commodity Futures Modernization Act de 2000
ayant permis l’actuel abus criminel des banques. L’on
pourrait alors commencer à discuter de réformes financières sérieuses, en
commençant par des mesures pour « fédéraliser » la Réserve fédérale et
retirer le pouvoir monétaire des mains des banques privées comme JP Morgan
Chase, Citibank ou Goldman Sachs. » William Engdahl Article original en anglais, Geithner’s ‘Dirty Little Secret’: The Entire Global Financial
System is at Risk, When the Solution to the Financial Crisis becomes the
Cause, publié le 30 mars 2009. Traduction
: Julie Lévesque pour Mondialisation.ca.
William
Engdahl est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca. Articles de William
Engdahl publiés par Mondialisation.ca |
« La
Religion du Capital » http://www.journaldumauss.net/spip.php?article488 Extraits d’un pamphlet savoureux et pertinent de Paul Lafargue en 1887. L’original intégral est disponible
sur le site prolifique des classiques UQAC
de l’Université du Québec http://classiques.uqac.ca/classiques/lafargue_paul/lafargue_paul.html
|
« Le coup d’État feutré » un
texte littéralement passionnant, lu sur The Atlantic, traduit et publié sur le blog de Paul
Jorion : http://www.pauljorion.com/blog/?p=2731 « Voici notre traduction collective de l’entretien
que Simon Johnson a accordé au magazine The Atlantic, publié dans son numéro
du mois de mai. J’ai demandé à The Atlantic, ainsi qu’à Johnson lui-même, le
droit de publier cette traduction. Je n’ai pas encore reçu de réponse. Je la
retirerais bien entendu immédiatement si j’en recevais l’ordre. Paul Jorion.
(Copyright The Atlantic). « La crise a mis à nu bien des vérités déplaisantes au sujet des États-Unis. L’une des plus
inquiétantes, dit un ancien économiste en chef du Fonds Monétaire
International, est que l’industrie financière a effectivement mis la main sur notre
gouvernement - une situation plus classique sur un marché émergent,
et qui est au centre de bien des crises des marchés émergents. Si l’équipe du FMI pouvait parler librement des
États-Unis, elle nous dirait ce qu’elle dit à tous les pays dans cette
situation : le rétablissement ne peut réussir qu’à la condition de briser
l’oligarchie financière qui bloque la réforme indispensable. Et si nous
voulons éviter une vraie dépression, le temps nous manque. par Simon Johnson, ancien économiste en chef du FMI. Le
coup d’État feutré Une chose que l’on apprend relativement rapidement
lorsque l’on travaille au Fonds Monétaire International, c’est que personne
n’est jamais très heureux de vous voir. Habituellement vos “clients” vous
appellent seulement après que le capital privé les a abandonnés, après que
les partenaires du commerce régional ont échoué à leur jeter une bouée de
sauvetage suffisante, après que les tentatives de dernier recours pour
emprunter à des amis puissants comme la Chine ou l’Union européenne sont
tombées à l’eau. Vous n’êtes jamais le premier invité à la danse. La raison, bien sûr, est que le FMI s’est spécialisé dans
le fait de dire à ses clients ce qu’ils n’aiment pas entendre. J’aurais du le
savoir; j’ai imposé des changements pénibles à bien des dirigeants étrangers
lorsque j’était économiste en chef en 2007 et 2008. Et j’ai senti les effets
de la pression du FMI, au moins indirectement, lorsque j’ai travaillé aux
côtés des gouvernements en Europe de l’Est alors qu’ils se débattaient après
1989, et avec le secteur privé en Asie et en Amérique latine au cours des
crises de la fin des années 1990 et début des années Chaque crise est différente, bien sûr. L’Ukraine faisait
face à une hyperinflation en 1994; la Russie avait désespérément besoin
d’aide lorsque son système de rotation d’emprunts à court terme explosa
durant l’été 1998 ; la roupie indonésienne plongea en 1997, mettant presque à
plat l’économie réelle; cette même année, le miracle économique long de 30
ans de la Corée du Sud fut stoppé lorsque les banques étrangères refusèrent
soudainement d’accorder de nouveaux crédits. Mais je dois vous dire que pour les dirigeants du FMI, toutes ces crises se
ressemblaient désespérément. Chaque
pays, bien sûr, avait besoin d’un prêt, mais plus que cela, chacun avait
besoin de procéder à de grands changements pour que le prêt puisse
fonctionner. Presque toujours, les pays en crise doivent apprendre à vivre
selon leurs moyens après une période d’excès - les exportations doivent être
augmentées et les importations réduites - et le but est d’y parvenir sans
générer la plus horrible des récessions. Naturellement, les économistes du
fonds passent leur temps à établir les politiques - le budget, les réserves
monétaires et ainsi de suite - qui font sens dans ce contexte. Mais la
solution économique est rarement très difficile à trouver. Non, la réelle préoccupation des cadres supérieurs du
FMI, et l’obstacle majeur à la reprise, est presque invariablement la
politique des pays en crise. Habituellement, ces pays sont dans une
situation économique désespérée pour une simple raison - leurs puissantes
élites se sont laissées emporter lors de la période des vaches grasses et
prirent trop de risques. Les gouvernements des marchés émergents et leurs
alliés du secteur privés forment en général une oligarchie très unie - et la
plupart du temps très raffinée - dirigeant le pays à peu près comme une
entreprise lucrative dans laquelle ils sont les actionnaires majoritaires.
Lorsqu’un pays comme l’Indonésie, la Corée du Sud ou la Russie se développe,
croissent également les ambitions de ses capitaines d’industrie. Tels les
maîtres de leur univers miniature, ces personnes font des investissements qui
bénéficient clairement à l’économie, mais ils commencent également à faire
des paris de plus en plus gros et de plus en plus risqués. Ils considèrent -
correctement la plupart du temps - que leurs connexions politiques les
autoriseront à se défausser sur le gouvernement de tout problème conséquent
qui se présenterait. En Russie, par exemple, le secteur privé est confronté à
des difficultés sérieuses parce que, ces 5 dernières années environ, il a
emprunté au moins 490 milliards aux banques et aux investisseurs en se basant
sur la croyance que le secteur de l’énergie du pays pouvait soutenir une
augmentation permanente de la consommation de toute l’économie. A mesure que
les oligarques russes dépensaient leur capital, en acquérant d’autres
entreprises et en se lançant dans d’ambitieux projets d’investissement qui
créèrent des emplois, leur poids au sein de l’élite politique s’est accru.
Leur soutien politique grandissant offrait un meilleur accès à des contrats
lucratifs, à des facilités fiscales et aux subventions. Et les investisseurs
étrangers n’auraient pas pu être plus contents ; toutes choses étant égales
par ailleurs, ils préféraient prêter de l’argent à des personnes qui avaient
le support implicite de leur gouvernement national, même si cette garantie
dégageait une légère odeur de corruption. Mais inévitablement, les oligarques des marchés émergents
s’emballent; ils gaspillent l’argent et bâtissent d’énormes empires
commerciaux sur des montagnes de dettes. Les banques locales, parfois
encouragées par le gouvernement, deviennent trop conciliantes face à une
extension du crédit à l’élite et à ceux qui dépendent d’elle. Le
surendettement connaît toujours une fin tragique, que ce soit le fait d’un
individu, d’une entreprise ou d’un pays. Tôt ou tard, les conditions de
crédit se rétrécissent et plus personne ne veut plus vous prêter à des
conditions qui seraient acceptables. La spirale infernale qui suit est particulièrement
abrupte. D’énormes entreprises vacillent au bord du défaut de paiement et les
banques locales qui leur ont prêté font faillite. Les partenariats
“public-privé” d’hier sont renommés “capitalisme de copinage”. Le crédit
devenu indisponible, la paralysie de l’économie en découle, et la situation ne
cesse d’empirer. Le gouvernement est obligé de réduire ses réserves en
monnaie étrangère pour payer les importations, le service de la dette et pour
couvrir les pertes du privé. Mais ces réserves peuvent bien sûr s’épuiser. Si
le pays ne parvient pas à se ressaisir avant que cela n’arrive, il fera
défaut sur sa dette souveraine et deviendra un paria économique. Le
gouvernement, dans sa course pour stopper l’hémorragie, devra éliminer
quelques-uns des champions économiques nationaux - subissant désormais des
pertes massives de capitaux - et devra restructurer un système bancaire
particulièrement déséquilibré. Dans d’autres termes, il devra se débarrasser
de certains de ses oligarques. Or, affamer les
oligarques est rarement la stratégie choisie par les gouvernements de marchés émergents. Bien au contraire :
au début de la crise, les oligarques sont habituellement ceux qui bénéficient
en premier lieu de l’aide du gouvernement, comme un moyen d’accès privilégié
aux devises étrangères, ou encore d’importants dégrèvements fiscaux, ou -
c’est là une technique de sauvetage classique du Kremlin - l’achat par le
gouvernement d’obligations privées. Sous la contrainte, la générosité envers
les anciens amis prend une multitude de formes très innovantes. Pendant ce
temps-là, comme on a besoin de ponctionner quelqu’un, la plupart des
gouvernements des marchés émergents se tournent vers les salariés ordinaires
- au moins jusqu’à ce que les émeutes deviennent trop importantes. Au final, ainsi que les
oligarques de la Russie de Poutine le réalisent maintenant, certains parmi
l’élite doivent perdre leur situation avant que la reprise puisse démarrer. C’est un jeu de
chaises musicales: il n’y a juste pas assez de réserves monétaires pour
prendre soin de tout le monde, et le gouvernement ne peut pas se permettre
d’éponger complètement la dette du secteur privé. Alors, le personnel du FMI regarde dans les yeux le
ministre des finances et décide si oui ou non le gouvernement est désormais
sérieux. Le FMI octroiera même éventuellement un prêt à un pays comme la
Russie, mais d’abord il veut être
convaincu que le premier ministre Poutine est prêt, décidé, et capable d’être
dur avec certains de ses amis. S’il n’est pas prêt à jeter ses anciens
associés aux loups, le FMI peut attendre. Et quand il est prêt, le FMI
est heureux de faire d’utiles suggestions - particulièrement en prenant soin
de retirer le contrôle du système bancaire des mains des “entrepreneurs” les
plus incompétents et les plus avares. Évidemment, les anciens amis de Poutine se défendront.
Ils mobiliseront leurs alliés, feront jouer le système, et mettront la
pression sur d’autres secteurs du gouvernement pour obtenir des subventions
supplémentaires. Dans les cas extrêmes, ils tenteront même la subversion -
incluant un appel à leurs contacts parmi les décideurs de la politique
étrangère américaine, ainsi que le firent avec un certain succès les
Ukrainiens à la fin des années 90. Nombre de programmes du
FMI “déraillent” (un euphémisme) précisément parce que le gouvernement ne
parvient pas à rester suffisamment sévère envers ses anciens amis, et les conséquences
en sont une inflation massive et d’autres désastres. Un programme “revient sur les rails” dès que le
gouvernement reprend les rênes ou quand les puissants oligarques ont choisi
parmi eux lequel gouvernera - et ainsi lequel gagnera ou perdra - à
l’intérieur du plan du FMI. Le vrai combat en Thaïlande et en Indonésie en
1997 fut de déterminer quelles grandes familles perdraient leurs banques. En
Thaïlande, cela a été accompli de manière relativement douce. En Indonésie,
cela conduisit à la chute du président Suharto et au chaos économique. À partir de ces longues années d’expérience, le personnel
du FMI sait que ses programmes réussiront - stabiliser l’économie et permettre
la croissance - si et seulement si quelques-uns des puissants oligarques qui
firent tant pour créer les problèmes sous-jacents sont mis hors de combat.
C’est le problème de tous les marchés émergents. Devenir
une république bananière De par sa profondeur et sa soudaineté, la
crise financière et économique US rappelle remarquablement les moments que
nous avons connus sur les marchés émergents (et
seulement sur les marchés émergents) : la Corée du sud (1997), la Malaisie
(98), la Russie, l’Argentine (à de multiples reprises). Dans chacun des cas,
les investisseurs étrangers, effrayés que le pays ou son secteur financier ne
puissent faire face à leur montagne de dette, stoppèrent soudainement leurs
financements. Et dans chacun de ces cas, cette crainte devint
auto-réalisatrice, à mesure que les banques échouaient à refinancer leur
dette renouvelable et s’avéraient incapables de payer. C’est précisément ce
qui a conduit Lehman Brothers à la banqueroute le 15 septembre, provoquant du
jour au lendemain un tarissement de toutes les sources de financement du
secteur financier. Tout comme dans les crises des marchés émergents, la
faiblesse du système bancaire s’est propagée à toute l’économie, provoquant
une sévère contraction de l’activité économique et des privations pour des
millions de personnes. Mais il existe une
similitude plus profonde et plus dérangeante : les intérêts de l’élite des
affaires - financière, dans le cas des USA - a joué un rôle central dans
l’émergence de cette crise, pariant de plus en plus gros, avec l’accord
implicite du gouvernement, jusqu’à l’inévitable effondrement. Plus inquiétant
encore, ils utilisent maintenant leur influence pour prévenir exactement le
type de réformes nécessaires, et ce, rapidement, pour sortir l’économie de
son plongeon la tête la première. Le gouvernement semble impuissant, ou sans
volonté, pour agir contre eux. Les Topbankers d’investissement et les fonctionnaires du
gouvernement aiment à jeter le blâme pour ce qui est de la responsabilité de la
crise actuelle sur la baisse des taux d’intérêts après l’implosion de la
bulle Internet ou, mieux encore - histoire de refiler la patate chaude à
quelqu’un d’autre - sur le flot d’épargne provenant de Chine. Certains à
droite aiment à se plaindre de Fannie et Freddie, ou même des efforts de
longue durée destinés à promouvoir un plus large accès à la propriété. Et,
bien sûr, c’est un axiome pour tout le monde que les régulateurs responsables
“de la sécurité et de la validité” se sont endormis au volant. Mais toutes ces
politiques - régulation amaigrie, argent bon marché, l’alliance
tacite US-Chine, le développement de l’accès à la propriété - avaient toutes quelque
chose en commun. Même si, certaines sont traditionnellement associées
aux Démocrates et d’autres aux Républicains, elles bénéficièrent
toutes au secteur financier. Les
changements de politique qui auraient pu endiguer la crise et limiter les
profits du secteur bancaire - telle la tentative désormais fameuse de
Brookley Born de réguler les CDS à la Commodity Future Trading Commission, en
98 - furent ignorées ou balayées d’un revers de main. L’industrie financière n’a pas toujours
bénéficié de tels traitements de faveur. Mais depuis 25 ans environ la
finance s’est énormément développée, devenant encore plus puissante. Le
décollage a commencé lors des années Reagan et n’a fait que de se renforcer
avec les politiques de dérégulation des administrations Clinton et Bush. De
nombreux autres facteurs ont alimenté l’ascension de l’industrie financière.
La politique monétaire de Paul Volker dans les années 80 et l’accroissement
de la volatilité des taux d’intérêts qui l’ont accompagnée ont rendu le
commerce des obligations bien plus lucratif. L’invention de la titrisation,
des swaps de taux d’intérêt, et des CDS accrût sensiblement le volume des
transactions sur lesquelles les banquiers pouvaient faire de l’argent. De
plus, une population vieillissante et très aisée a investi de plus en plus
d’argent dans les titres, aidée en cela par l’invention de l’IRA et du plan
401(k) [programmes de retraite autogérés]. Ensemble, ces développements ont
largement augmenté les opportunités de profit des services financiers. Sans surprise, Wall Street s’est précipitée sur ces
opportunités. De 1973 à 1985, le secteur financier n’a jamais représenté plus
de 16% des profits des entreprises nationales. En 1986, ce chiffre atteignait
19%. Pendant les années 90 il a oscillé entre 21 et 30%, plus haut qu’il ne
l’avait jamais été pendant la période d’après guerre. Au cours de la décennie
actuelle il a atteint 41%. Les rémunérations se sont énormément accrues. De
1948 à 1982, les rémunérations moyennes du secteur financier se situaient
entre 99 et 108 % de la moyenne pour toutes les entreprises nationales
privées. Depuis 1983 elles ont décollé atteignant 181% en 2007. L’énorme richesse que le
secteur financier a créée et concentrée a donné aux banquiers un poids
politique énorme - un poids jamais vu aux US depuis l’ère J. P. Morgan
(l’homme). Pendant cette période,
la panique bancaire de 1907 ne pût être arrêtée que par une coordination des
banquiers du secteur privé : aucune entité gouvernementale n’étant apte à
fournir une réponse efficace. Mais ce premier âge des banquiers oligarques
parvint à son terme avec l’application d’une régulation bancaire
significative en réponse à la Grande Dépression ; le retour d’une oligarchie
financière américaine est plutôt récente. Le corridor “Wall Street - Washington” Bien sûr, les États-Unis sont un cas unique. Et tout
comme nous avons l’économie, l’armée et la technologie les plus évoluées du
monde, nous avons aussi la meilleure oligarchie. Dans un système
politique primitif, le pouvoir est transmis par la violence, ou par la menace
de la violence : coups d’État
militaires, milices privées et ainsi de suite. Dans un système moins primitif, plus représentatif des marchés
émergents, le pouvoir est transmis par l’argent : corruption, pots de vin
et comptes dans des banques offshore. Bien que le lobbying et le financement
des campagnes électorales jouent un rôle déterminant dans le système
politique américain, la bonne vieille corruption - des enveloppes bourrées de
billets de 100 $ - est probablement reléguée au second plan, à l’exception de
Jack Abramoff. Au lieu
de cela, l’industrie financière américaine a renforcé son pouvoir politique
en accumulant une sorte de capital culturel - un système de croyance. Il
fut un temps, peut-être, où ce qui était bon pour General Motors était bon
pour le pays. Ces dernières décennies, l’attitude générale s’en tint à l’idée que ce qui était
bon pour Wall Street était bon pour le pays. L’industrie des banques et des titres est
devenue l’un des contributeurs principaux des campagnes politiques, mais au
plus fort de son influence, elle n’avait pas besoin de s’acheter les faveurs
des politiques comme ce fut le cas pour l’industrie du tabac ou pour les
constructeurs militaires. Elle profitait plutôt du fait que les initiés de
Washington croyaient déjà que d’importantes institutions financières et la
libre circulation des capitaux étaient cruciales pour la position américaine
dans le monde. Un
canal d’influence était, bien sûr, le mouvement d’individus
entre Wall Street et Washington. Robert
Rubin, anciennement président-adjoint de Goldman Sachs, a servi à
Washington comme Secrétaire du Trésor sous Clinton, et devint plus tard
président du comité exécutif de Citigroup. Henry Paulson, PDG de
Goldman Sachs pendant le long boom, devint Secrétaire du Trésor sous George
W. Bush. John Snow, le prédécesseur de Paulson, quitta le Trésor pour
devenir président de Cerberus Capital Management, un grand private-equity qui
compte également Dan Quayle parmi ses dirigeants. Alan Greenspan, en
quittant la Réserve fédérale, devint consultant à Pimco, peut-être l’acteur
principal sur les marchés d’obligations. Ces
connexions personnelles furent souvent multipliées à des niveaux inférieurs
au cours des trois administrations présidentielles passées, renforçant les
liens entre Washington et Wall Street. C’est devenu une sorte de tradition pour les
employés de Goldman Sachs d’être engagés par le service public lorsqu’ils
quittent l’entreprise. Le flot des anciens de Goldman - comprenant
Jon
Corzine, actuellement gouverneur du New Jersey, ainsi que Rubin et
Paulson - n’a pas seulement installé des gens équipés de la vision du monde
de Wall Street dans les corridors du pouvoir; il a aussi contribué à établir
une image de Goldman (en tout cas au sein des instances fédérales) comme une
institution quasiment de l’ordre du service public. Wall
Street est un lieu très attirant, parfumé de l’odeur du pouvoir. Ses
dirigeants croient effectivement qu’ils manœuvrent les leviers qui font
marcher le monde. Il est compréhensible qu’un fonctionnaire invité dans leurs
salles de conférence, même si ce n’est que pour une rencontre, succombe à
leur charme. Tout au long de mon travail au FMI, j’ai été frappé par
l’aisance d’accès des principaux financiers aux dirigeants les plus élevés du
gouvernement U.S. et par l’entremêlement des carrières politiques et
financières. Je garde un souvenir vivace d’une rencontre au début 2008 -
entre des dirigeants politiques d’un certain nombre de pays riches – au cours
de laquelle l’orateur affirma, à l’approbation générale de l’assistance, que
la meilleure préparation pour devenir un président de banque centrale était
de travailler dans une banque d’investissement. Une
génération entière de dirigeants politiques ont été hypnotisés par Wall
Street, sont toujours et complètement convaincus que tout ce que disaient les
banques était vrai. Les déclarations de Greenspsan en faveur des marchés
financiers dérégulés sont bien connues. Mais Greenspan n’était de loin pas le
seul. Voici ce que disait en 2006 Ben Bernanke, l’homme qui lui a succédé:
“La gestion du risque de marché et du risque de crédit est devenue de plus en
plus sophistiquée… Des organisations bancaires de toutes tailles ont fait des
avancées significatives ces deux dernières décennies dans leur capacité à
mesurer et à gérer les risques.” Bien
sûr, tout ceci était en majeure partie une
illusion. Les régulateurs, les
législateurs et les universitaires partaient du principe que les dirigeants
de ces banques savaient ce qu’ils faisaient. Avec le recul, on sait que ce
n’était pas le cas. La division des produits financiers d’AIG, par
exemple, fit 2,5 milliards de profits avant impôt, principalement en vendant
des assurances sous-évaluées sur des titres complexes et mal-compris. Souvent
décrites comme “ramasser des pièces de monnaie devant un
rouleau-compresseur”, cette stratégie n’est profitable que lorsque tout va
bien, et est catastrophique lorsque ça va mal. Ainsi à l’automne dernier, AIG
s’était engagée à assurer plus de 400 milliards de dollars de ces titres. A
cette date, le gouvernement U.S., dans une tentative de sauver l’entreprise,
s’est engagé à hauteur de 180 milliards de dollars en investissements et
prêts pour couvrir les pertes que le modèle sophistiqué de mesure et de
gestion des risques d’AIG avait déclaré virtuellement impossibles. Le pouvoir de séduction
de Wall Street s’est même (ou spécialement) étendu jusqu’aux professeurs
d’économie et de finance habituellement confinés dans
les bureaux étroits des universités et dans la quête d’un prix Nobel. Comme
les mathématiques financières devinrent de plus en plus essentielles à la
pratique de la finance, les professeurs prirent de plus en plus position
comme consultants ou partenaires des institutions financières. Myron
Scholes et Robert Merton, deux prix Nobel, en furent peut-être les
exemples les plus fameux; ils occupèrent des postes de direction dans le
hedge fund Long-Term Capital Management en 1994, avant que le fonds ne
s’évanouisse dans un célèbre échec à la fin de la décennie. Mais bien d’autres
suivirent le même chemin. Cette migration donna le brevet de la légitimité
académique (et l’aura intimidante de la rigueur intellectuelle) au monde
bourgeonnant de la haute finance. À
mesure que de plus en plus de riches faisaient leur argent avec la finance, le culte de celle-ci se
répandit dans la culture au sens large. Des œuvres comme “Barbarians at
the Gate”, “Wall Street”, et “Bonfire of the Vanities” - toutes présentées
comme des contes initiatiques - ne servirent qu’à augmenter la mystique de Wall Street. Michael
Lewis indiqua dans “Portfolio” l’année dernière que lorsqu’il écrivait
“Liar’s Poker”, un compte-rendu d’initié de l’industrie financière, en 1989,
il espérait que le livre provoque une indignation envers les horreurs et les
excès de Wall Street. À l’inverse il se retrouva “submergé de lettres
d’étudiants de l’État de l’Ohio qui me demandaient si j’avais d’autres
secrets à partager… Ils avaient lu mon livre comme un manuel d’instruction.” Même des criminels de Wall Street, comme
Michael Milken et Ivan Boesky, devinrent des idoles. Pour une société qui
célèbre l’idée de s’enrichir, il était facile de conclure que l’intérêt du
secteur financier était équivalent aux intérêts de la nation - et
que les gagnants dans le secteur financier devaient mieux savoir que d’autres
ce qui était bon pour l’Amérique et devaient travailler dans le secteur
public à Washington. La foi dans la liberté des marchés financiers devint la
sagesse partagée - célébrée dans les pages éditoriales du Wall Street Journal
et au Congrès. De
cette rencontre entre les campagnes de publicité de la finance, les relations
personnelles et l’idéologie découlèrent, en se limitant aux dix dernières
années, un flot de politiques de
dérégulations qui sont, avec le recul, pour le moins surprenantes: -
l’insistance sur l’ouverture des
frontières à la libre circulation des capitaux; - la répudiation des régulations datant
de l’époque de la Grande Dépression, régulations
séparant la banque commerciale et la banque d’investissement; - une interdiction de la part du Congrès de
réguler les Credits-Default Swaps (CDS) ; - une augmentation importante de l’effet de
levier autorisé pour les banques d’investissement; - une main légère (devais-je dire invisible
?) à la Securities and Exchange Commission dans l’application des
régulations ; - des accords internationaux qui autorisent
les banques à évaluer elles-mêmes leur propre risque ; - et un
échec international d’adapter les régulations aux fantastiques développements
de l’innovation financière. L’état
d’esprit qui accompagnait ces mesures à Washington semblait balancer entre la
nonchalance et la célébration affichée : la finance libérée de tout lien,
pensait-on, allait continuer à propulser l’économie de plus en plus haut. Les oligarques américains
et la crise financière L’oligarchie
et les politiques gouvernementales qui y contribuèrent ne furent pas les
uniques causes de la crise financière qui éclata l’année dernière. Plusieurs autres facteurs y participèrent,
comme des emprunts excessifs par
les ménages et des conditions de prêts trop laxistes à l’extérieur du domaine
habituel de la finance [subprime]. Mais les plus importantes des banques
commerciales et d’investissement - ainsi que les hedge funds qui sont à leurs
côtés - étaient les plus principaux bénéficiaires des bulles jumelles de
l’immobilier et de la Bourse de cette décennie, leurs profits se nourrissant
d’un volume toujours grandissant de transactions supportés par une base
relativement étroite d’actifs physiques réels. À chaque fois qu’un prêt était
vendu, reconditionné, titrisé et revendu, les banques prélevaient leurs
frais, et les hedge funds qui achetaient ces titres récoltaient des
honoraires toujours plus gros à mesure que leurs fonds augmentaient. Parce que tout le monde s’enrichissait et parce que la
santé de l’économie nationale dépendait autant de la croissance de
l’immobilier et de la finance, personne à Washington n’eut l’intention de
s’interroger sur ce qui se passait. Au lieu de cela, Greenspan, le directeur
de la Fed et le président Bush affirmaient régulièrement que l’économie était
fondamentalement saine et que la croissance fantastique des
titres complexes et des Credit-Defaults Swaps étaient la preuve de la bonne
santé d’une économie dans laquelle le risque était distribué de la manière la
plus sûre. En été
2007, des signes de tension commencèrent à apparaître. La bulle avait produit tellement de dette que même un obstacle
économique mineur pouvait entraîner des problèmes majeurs, et l’augmentation
de défaut de paiement du secteur des hypothèques subprimes fut ce hoquet
fatal. Depuis lors, le secteur financier et le gouvernement fédéral se sont
comportés exactement comme on pouvait s’y attendre à la lumière des crises
passées des marchés émergents. Depuis, les princes du monde financier
ont été bien sûr décrédibilisés en tant que leaders et stratèges - du moins
aux yeux de la plupart des Américains. Mais alors que les mois passèrent, les
élites financières ont continué à considérer que leur position de chouchous
de l’économie est acquise, malgré le désastre qu’ils ont causé. Stanley
O’Neal, le PDG de Merrill Lynch, a fortement engagé son entreprise dans le marché
des Mortgage–Backed Securities lors de son point culminant en 2005 et 2006 ;
en octobre 2007, il reconnut : “la vérité est que nous - enfin moi - nous
nous sommes trompés en nous surexposant aux subprimes, et que nous avons
souffert de l’absence de liquidité de ce marché. Personne n’est plus déçu que
moi de ce résultat.” O’Neal emporta
avec lui un bonus de 14 millions de $ en 2006 ; en 2007 il quitta Merrill
Lynch avec un parachute doré de 162 millions de $, même si celui-ci a bien
fondu depuis. En
octobre, John Thain, le PDG final de Merrill Lynch, a poussé son
équipe de directeurs à lui accorder un bonus de 30 millions de $ ou
plus, puis a réduit sa demande à 10 millions de $ en décembre ; il retira sa
requête face à un concert de protestations, mais seulement après que
l’affaire fut dévoilée dans le Wall Street Journal. Merrill Lynch dans son
ensemble ne faisait pas mieux : le paiement des bonus, 4 milliards de dollars
au total, fut avancé en décembre, vraisemblablement afin d’éviter la
possibilité que ces bonus soient réduits par Bank of America qui devint
propriétaire de Merrill dès le premier janvier. Wall Street versa 18
milliards de bonus de fin d’année l’année dernière à ses employés
new-yorkais, après que le gouvernement débourse 243 milliards de $ au titre
d’aide d’urgence au secteur financier. Lors
d’une panique financière, le gouvernement doit répondre à la fois avec
célérité et détermination. La racine du problème est l’incertitude - dans ce
cas-ci, l’incertitude sur le fait que les banques disposent de suffisamment
d’actifs pour couvrir leur passif. Des demi-mesures combinées avec le recours
à la pensée magique et une attitude passive ne peut pas surmonter cette
incertitude. Et plus la réaction tarde, plus cette incertitude bloque le
crédit, sape la confiance des consommateurs et fige l’économie - rendant le
problème de plus en plus difficile à résoudre. Et bien, les caractéristiques
principales de la réaction du gouvernement à la crise financière ont été le
retard, le manque de transparence, et l’absence de volonté
de déranger le secteur financier. Jusqu’ici
la réponse du gouvernement peut le mieux être décrite comme “la politique du
coup par coup” : lorsqu’une institution financière majeure se trouve en
difficulté, le Département du Trésor et la Réserve fédérale concoctent un
sauvetage pendant le week-end et annonce le lundi que tout est rentré dans
l’ordre. En mars 2008, Bear Stearns a été vendu à JP Morgan Chase d’une
manière qui ressemblait pour beaucoup à un cadeau offert à JP Morgan. (Jamie
Dimon, le PDG de JP Morgan, fait partie de l’équipe de directeurs de la
Réserve fédérale de New-York qui, avec le Département du Trésor, a arrangé la
transaction). En septembre, nous avons vu Merrill Lynch être vendue à Bank of
America, le premier sauvetage d’AIG, ainsi que la saisie et vente immédiate
de Washington Mutual à JP Morgan - le tout arrangé par le gouvernement. En
octobre, neuf grandes banques furent recapitalisées le même jour en huis-clos
à Washington. Et suivirent les sauvetages supplémentaires de Citigroup, AIG,
Bank of Amercia, encore Citigroup et encore AIG. Certains
de ces arrangements ont peut-être été des réponses raisonnables à la
situation immédiate. Mais il n’a jamais été clair (et ce ne l’est toujours
pas) quelle combinaison d’intérêts furent servis, et comment. Le Trésor et la
Fed n’agirent en accord avec aucun principe énoncé publiquement, mais
élaborèrent simplement la transaction et déclarèrent que c’était ce que l’on
pouvait faire de mieux étant donné les circonstances. C’était des affaires de
petit matin dans une arrière-salle, point à la ligne. Tout au long de la crise, le gouvernement
a fait particulièrement attention à ne pas déranger les intérêts des
institutions financières, ou de ne pas mettre en
question les bases du système qui nous a amenés là. En septembre 2008, Henry
Paulson demanda au Congrès 700 milliards de $ afin d’acheter des actifs
toxiques aux banques, sans conditions et sans audit administratif des
décisions d’achat. De nombreux observateurs suspectèrent que l’objectif était
d’acheter à un prix surévalué ces actifs de débarrasser et de cette manière
les banques du problème – et c’était en effet, uniquement de cette manière
que ces achats d’actifs toxiques pouvaient faire une différence. Ce plan a
peut–être été suspendu parce qu’il n’était pas possible de faire admettre au
plan politique un subventionnement aussi patent,. En lieu et place,
l’argent a été utilisé pour recapitaliser les banques, pour acheter des
actions dans des conditions qui furent favorables de manière grossière aux
banques elles-mêmes. À mesure que la crise s’approfondissait et que les
institutions financières eurent besoin de plus d’aide, le gouvernement s’est
montré de plus en plus créatif pour trouver des moyens complexes d’apporter
des subventions aux banques afin que le public lui ne parvienne pas à
comprendre. Le premier sauvetage d’AIG, dont les
termes étaient relativement favorables au contribuable, a été complété par
trois autres sauvetages dont les conditions étaient bien plus favorables pour
AIG. Le deuxième sauvetage de Citigroup et celui de Bank of America
comprirent des garanties d’actifs complexes qui offraient des assurances aux
banques à des taux bien inférieurs à ceux du marché. Le troisième sauvetage
de Citigroup, fin février, convertit des actions privilégiées du gouvernement
en actions ordinaires à un prix bien plus élevé que le prix du marché - un
subventionnement que même la plupart des lecteurs du Wall Street Journal
n’auraient pas noté en première lecture. Et les actions privilégiées
convertibles que le Trésor achètera dans le cadre du nouveau Plan de
Stabilité Financière donne l’option de conversion et donc la chance de gain
aux banques, et non pas au gouvernement. Le
dernier plan - qui a probablement pour objectif de procurer des prêts bon
marchés aux hedge funds et autres afin qu’ils puissent acheter des actifs
toxiques à des prix relativement élevés - a été énormément influencé par le
secteur financier, et le Trésor ne l’a pas caché. Comme Neel Kashkari, un
dirigeant important du Trésor à la fois sous Henry Paulson et Tim Geithner
(et un ancien de Goldman), déclara au Congrès en mars, « Nous avons reçu des
propositions non sollicitées de la part de personnes du secteur privé disant
: “Nous avons des réserves de capital ; nous désirons acquérir des actifs de
banques en difficulté.” » Et le plan permet de faire exactement cela : “En
mariant le capital du gouvernement - le capital du contribuable - au capital
du secteur privé et en apportant le financement, vous pouvez rendre ces
investisseurs capables d’acheter ces actifs à un prix intéressant pour les
investisseurs et intéressant pour les banques.” Kashkari n’a pas précisé si
ce prix était avantageux pour le troisième groupe concerné : les
contribuables. Même si
l’on ignore l’équité envers les contribuables, l’approche du gant de velours
du gouvernement envers les banques est profondément inquiétant, pour une
simple raison : ça ne va pas forcer le secteur financier à changer de
comportement, habitué qu’il est à mener ses affaires selon ses propres
critères, à une période où ce comportement doit cependant changer. Comme un
important dirigeant de banque anonyme l’explique au New York Times l’automne
dernier, “Peu importe combien Hank Paulson nous donne, personne ne va prêter
un centime avant que l’économie ne se rétablisse.” Et voilà le hic :
l’économie ne se redressera pas avant que les banques ne soient à nouveau
saines et désireuses de prêter. L’issue Si l’on
se contente d’examiner la crise financière (en laissant de côté certains des
problèmes de l’économie en général) nous sommes confrontés a minima à deux
difficultés majeures intrinsèquement liées. La première est un secteur
bancaire dans un état critique menaçant d’étouffer toute reprise naissante
susceptible d’être générée par le stimulus fiscal. La seconde est un
équilibre des pouvoirs politiques qui donne un droit de véto au secteur
financier sur les politiques publiques, même lorsque ce secteur a perdu le
soutien populaire. Les
grandes banques, semble-t-il, n’ont cessé de gagner en pouvoir politique
depuis le début de la crise. Et ce n’est guère surprenant. Avec un système
financier si fragile, les dégâts que pourrait causer la faillite d’une des
principales banques - Lehman était de taille modeste comparé à Citigroup ou
Bank of Amercia - sont bien plus importants qu’en temps normal. Les banques ont ainsi exploité cette peur
alors qu’elles extorquaient de Washington des accords favorables pour elles.
Bank of America a ainsi obtenu son deuxième plan de sauvetage (en janvier)
après avoir averti le gouvernement qu’elle ne pourrait peut-être pas soutenir
l’acquisition de Merrill Lynch, une perspective que le Trésor ne voulait même
pas envisager. Les défis que les USA relèvent sont
familiers au personnel du FMI. Si vous cachiez le nom du pays et ne montriez
que les chiffres, il ne fait aucun doute que les têtes chenues du FMI vous
diraient : nationalisez les banques en péril et démantelez-les à la demande. D’une
certaine manière, bien sûr, le gouvernement a déjà pris le contrôle du
système bancaire. Il a garanti les passifs des plus grosses banques et il
reste aujourd’hui leur seule source crédible de capitaux. Pendant ce
temps-là, la Réserve Fédérale a repris le rôle majeur de fournisseur de
crédit à l’économie - la fonction que le secteur bancaire privé est supposé
remplir mais ce n’est pas le cas. Cependant il y a des limites à ce que la
Fed peut faire toute seule; consommateurs et entreprises restent dépendants
des banques dont l’état des livres comptables et le manque d’encouragement ne
permettent pas d’octroyer les prêts dont l’économie a besoin et le
gouvernement ne contrôle pas réellement les responsables de ces banques ni
leurs décisions. À la
racine du problème des banques se trouvent les pertes énormes qu’elles ont
indubitablement subies sur leurs portefeuilles d’assurances et de prêts. Mais
elles ne veulent pas reconnaître l’étendue complète de leurs pertes parce
qu’elles seraient déclarées insolvables. Aussi, elles minimisent
le problème et demandent des aides insuffisantes pour les assainir (et une
fois encore elles ne peuvent révéler l’étendue de l’aide dont elles auraient
besoin pour cela), mais qui leur permettent de tenir encore un peu. Ce
comportement est délétère : les banques “malades” ne prêtent pas (accumulant
l’argent pour reconstituer des réserves) ou elles font des paris désespérés
sur des prêts à haut risque ou des investissements qui pourraient rapporter
gros, mais qui, probablement ne paieront pas du tout. Dans l’un ou l’autre
cas, l’économie continue à souffrir, et par là même, les actifs des banques
continuent à se détériorer - générant ainsi un cercle vicieux destructeur. Pour
briser ce cercle vicieux, le gouvernement doit contraindre les banques à
reconnaître l’échelle réelle de leurs problèmes. Comme le FMI le comprend (et
comme le gouvernement U.S. lui-même a insisté a ce sujet pour de multiples
marchés émergents dans le passé) la manière la plus directe de les forcer à
le reconnaître, c’est la nationalisation. Au
contraire, le Trésor essaie de négocier le sauvetage banque après banque et
se comporte comme si les banques étaient maîtres du jeu - contorsionnant les
termes de chaque accord pour minimiser la prise de participation étatique
tout en renonçant à toute influence du gouvernement sur les orientations
stratégiques des banques ou leurs opérations. Dans ces conditions, nettoyer
le bilan des banques est impossible. La
nationalisation n’impliquerait nullement une propriété définitive de l’État.
Le conseil du FMI serait alors, principalement : étendez la zone d’influence
de la FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation). Une intervention de la
FDIC est fondamentalement une procédure de faillite des banques gérée par le
gouvernement. Cela autoriserait le gouvernement à écarter sans ménagement les
actionnaires des banques, de remplacer les directions défaillantes, de
nettoyer les bilans, et enfin de revendre les banques au secteur privé.
L’avantage principal étant une reconnaissance immédiate du problème afin
qu’il puisse être résolu avant qu’il ne s’aggrave. Le
gouvernement doit inspecter les bilans et déterminer quelles banques ne
survivraient pas à une récession sévère. Ces banques devraient alors faire un
choix : réévaluer leurs actifs à leur valeur réelle et lever des fonds privés
dans les 30 jours, ou passer sous le direction du gouvernement. Le
gouvernement devrait alors réévaluer à la baisse les actifs toxiques des
banques sous administration judiciaire - juste reconnaissance de la réalité -
et transférer ces actifs à une structure gouvernementale indépendante, qui
tentera de récupérer tout ce qui pourra l’être pour le contribuable (comme le
fit le RST (Resolution Trust Corporation) après la débâcle des caisses
d’épargne dans les années 80). Les derniers vestiges de ces banques, nettoyés
et à nouveau aptes à accorder des crédits en toute sécurité, et par là à
nouveau dignes de la confiance des autres investisseurs et prêteurs -
pourraient être vendus. Nettoyer les
“méga-banques” constituera une entreprise complexe. Et
cela coûtera cher aux contribuables ; si on se réfère aux derniers chiffres
du FMI, le nettoyage du système bancaire coûtera probablement près de 1,5
trillion de dollars (10% de notre PIB) à long terme. Mais seule une action
décisive du gouvernement - mettant au jour la pleine mesure du pourrissement financier
et restaurant de manière vérifiable la santé d’un “lot” de banques - pourra
guérir le secteur financier dans son ensemble. Cela
peut sembler être un traitement de cheval. Mais, en fait, bien que
nécessaire, c’est insuffisant. Le second problème que doivent affronter les
USA - le pouvoir de l’oligarchie - est au moins aussi important que la crise
actuelle du crédit. Un conseil du FMI sur ce point serait une fois encore
très simple : casser les reins de l’oligarchie. Des
institutions surdimensionnées influencent les politiques publiques de manière
disproportionnée ; les principales banques que nous connaissons aujourd’hui
tirent l’essentiel de leur pouvoir du fait qu’elles sont “too big to fail”, «
trop grosses pour faillir ». La nationalisation et la reprivatisation ne
changeront pas cela ; de même, le remplacement des dirigeants de banques qui
nous ont conduits à la crise bien que juste et sensé, ne serait au final que
le remplacement d’un groupe de gestionnaires tout-puissants par un autre : un
simple changement de nom de nos oligarques. Idéalement, les
principales banques devraient être vendues en pièces détachées de taille
moyenne, divisées par région ou par type
d’activité. Ou, si cela s’avérait compliqué - si nous voulions vendre les
banques rapidement - elles pourraient être vendues entières, mais à la
condition d’être rapidement démantelées. Les banques restant aux mains du
privé devant être sujettes à une limitation de leur taille. Ceci
peut apparaître comme une étape brutale et arbitraire, mais c’est la meilleure manière de limiter le
pouvoir d’institutions privées dans un secteur essentiel à l’économie toute
entière. Bien sûr, certains se plaindront des coûts de fonctionnement
d’un système bancaire plus fragmenté, et ces coûts sont réels. Mais c’est
également le cas des coûts qu’entraîne une banque est “trop grosse pour
faillir” - une arme d’autodestruction massive - lorsqu’elle se désintègre. Quoi que ce soit de trop
gros pour faillir est trop gros pour exister. Pour
assurer un démantèlement systématique des banques et prévenir une éventuelle
résurgence de ces dangereux mastodontes, nous avons également besoin d’actualiser
notre législation anti-trust. Des lois mises en place il y a plus
de cent ans pour combattre des monopoles industriels ne sont plus adaptées
aux problèmes qui sont les nôtres aujourd’hui. Le problème actuel du secteur
financier n’est plus qu’une entreprise donnée détienne suffisamment de part
de marché pour influencer les prix ; c’est qu’une seule entreprise ou un
petit réseau d’entreprises interconnectées, puissent, en cas de faillite,
ébranler toute l’économie. Les stimuli fiscaux de l’administration Obama
rappellent Franklin Delano Roosevelt, mais ce que nous avons à imiter ici
c’est le démantèlement massif des trusts de Teddy Roosevelt. Limiter les
rémunérations des dirigeants, malgré des relents de
populisme, pourrait aider à restaurer l’équilibre des pouvoirs politiques et
éviter l’émergence d’une nouvelle oligarchie. L’attrait principal de Wall
Street - pour les gens qui y travaillent et pour les officiels du
gouvernement tout simplement trop heureux de se reposer sur ses lauriers -
ayant bien entendu été les montants faramineux qui pouvaient y être gagnés.
Limiter ces montants permettrait évidemment de réduire la voilure du secteur
financier et de la rendre plus semblable aux autres secteurs de l’industrie. Malgré
tout, plafonner forfaitairement les rémunérations est maladroit,
particulièrement sur le long terme. Et la majeure partie de l’argent est de
nos jours obtenue loin de toute régulation par le biais des hedge funds et
des private-equity, aussi la diminution des rétributions peut être complexe à
mettre en œuvre. La régulation et l’impôt pourraient
constituer un élément de la solution. Au fil du temps, cependant, ce qui
importe réellement serait d’accroître la transparence et la concurrence,
ce qui devrait faire baisser les rémunérations dans l’industrie financière. À ceux qui diraient que cela conduira à la fuite
des activités financières vers d’autres pays nous répondrions alors : tant
mieux. Deux voies Pour
paraphraser Joseph Schumpeter, l’économiste du début du 20e siècle, tout le
monde a des élites; ce qui importe c’est d’en changer de temps à autres.
Si les États-Unis étaient simplement un pays comme un autre qui viendrait au
FMI le chapeau à la main, je serais passablement optimiste quant à son
avenir. La plupart des crises des marchés émergents que j’ai mentionnées se
sont terminées relativement rapidement et débouchèrent, dans la plupart des
cas, sur des rétablissements relativement solides. Mais, hélas, c’est là que
nous atteignons la limite de notre analogie entre les États-Unis et les
marchés émergents. Les
pays des marchés émergents n’ont qu’une prise précaire sur la richesse, et
sont globalement des nains. Lorsqu’ils sont en difficulté, ils ne disposent
littéralement plus d’argent - ou au moins ne disposent plus des devises
étrangères sans lesquelles ils ne peuvent survivre. Ils n’ont pas le choix et
doivent, prendre des décisions difficiles et en dernière instance, une action
déterminée fera partie de l’équation. Mais, bien évidemment,
les États-Unis sont la nation la plus puissante du monde, démesurément riche,
et jouissant du privilège exorbitant de pouvoir payer ses dettes envers
l’étranger dans sa propre monnaie, monnaie qu’ils peuvent se contenter
d’imprimer. En conséquence, ils pourraient bien
hoqueter encore longtemps - comme le Japon l’a fait durant sa décennie perdue
- sans avoir jamais le courage de faire ce qu’il est nécessaire de faire,
sans jamais vraiment se rétablir. Une
rupture franche avec le passé - impliquant la prise de contrôle et
l’assainissement des grandes banques - ne semble pas être au programme
actuellement. Et personne au FMI ne peut contraindre les États-Unis à une
telle rupture. À mon
sens, les États-Unis ont devant eux deux scénarios plausibles. Le premier est
constitué d’une suite de solutions ad hoc, banque après banque et d’un
continuel roulement de sauvetages (répétés), comme ceux qu’on a pu voir en
février pour Citigroup et AIG. L’administration tentera d’y parvenir tant
bien que mal, et la confusion règnera. Boris
Fyodorov, ancien ministre des finances russe, a lutté pendant la plus grande
part de ces deux dernières décennies contre les oligarques, contre la
corruption et l’abus d’autorité sous toutes ses formes. Il disait volontiers
que la confusion et le chaos allaient dans le sens des intérêts des puissants
- leur permettant d’agir légalement ou illégalement, en tout impunité.
Lorsque l’inflation est élevée, qui peut encore dire ce qu’un morceau de
propriété vaut réellement? Lorsque que le système de crédit repose sur des
arrangements gouvernementaux byzantins et des transactions d’arrière-salle,
comment savoir si vous n’êtes pas escroqué ? Notre
avenir pourrait être celui où le chamboulement permanent alimente le pillage
qu’opère le système financier, et où nous discuterons à l’infini du pourquoi
et du comment les oligarques ont pu se métamorphoser en simples fripouilles
et comment est-ce dieu possible que l’économie n’arrive pas à redémarrer. Le
second scénario débute d’une manière plus glauque, et pourrait
malheureusement se terminer de la même manière. Mais il offre au moins un
espoir minime que nous parviendrons à sortir de notre torpeur. Le voici :
l’économie globale continue de se détériorer, le système bancaire de l’Europe
de l’Est s’effondre et – du fait que ce sont essentiellement des banques
d’Europe occidentale qui en sont les propriétaires – la crainte justifiée d’une insolvabilité généralisée des gouvernements
européens s’empare de tout le continent. Les créanciers souffrent de plus
en plus et la confiance sombre encore davantage. Les économies asiatiques
exportatrices de biens manufacturés sont ravagées, tandis que les producteurs
de matières premières en Amérique Latine et en Afrique ne s’en sortent guère
mieux. L’aggravation dramatique de la situation mondiale donne le coup de
grâce à une économie américaine déjà chancelante. Les taux de croissance de
référence de l’administration pour le budget en cours sont de plus en plus
considérés comme irréalistes, et les “scénarios de stress” optimistes que le
Trésor américain utilise actuellement pour évaluer les bilans des banques
deviennent la source d’une grande gêne. Face à
ce genre de pressions et confrontés à la perspective d’un effondrement à la
fois national et global, un peu de jugeote infuse enfin l’esprit de nos
dirigeants. La représentation
communément partagée parmi l’élite est toujours que la crise actuelle “ne
peut pas être aussi grave que lors de la Grande Dépression”. Cette vision est
fausse. Ce à quoi nous sommes confrontés
pourrait, en réalité, être pire que la Grande Dépression - parce que le monde
est aujourd’hui bien plus interconnecté et parce que le secteur bancaire est
devenu si énorme. Nous sommes confrontés à une récession synchronisée dans
presque tous les pays, à une baisse de la confiance des individus comme des
entreprises, et des problèmes majeurs pour les budgets des États. Si nos dirigeants devenaient conscients des
conséquences potentielles de cette situation, alors nous assisterons
peut-être à une reprise en main draconienne du système bancaire et la vieille élite brisée.
Espérons qu’il ne soit pas alors trop tard. » Source : Simon Johnson, ancien économiste en chef du FMI, dans le magazine The Atlantic, |
À l’initiative de l’Université Populaire et Citoyenne du
Pays d’Aix, Conférence-débat
d’Annie Lacroix-Riz, Les
archives des années 1930
Le
travail extraordinaire de l’historienne Annie Lacroix-Riz sur les archives
des années 1920 et 1930 éclaire d’une lumière vive l’actualité 2009 de la corruption des acteurs politiques et des
institutions par les industriels et les banquiers. Les archives qu’elle nous
signale patiemment par milliers prouvent
des habitudes de délinquance que les acteurs actuels peuvent encore masquer
aujourd’hui, à l’aide de lois qui tiennent les archives au secret pendant
cinquante ans (le temps de passer l’éponge). Annie
Lacroix-Riz nous aide à comprendre les complicités —anciennes et durables—
entre les familles d’héritiers. Elle nous explique aussi le vieux projet
d’intégration européenne pour venir à bout des démocraties parlementaires nationales.
Pour les innombrables preuves de collaboration qu’elle porte au débat, elle
fait l’objet, bien sûr, des attaques les plus venimeuses, mais elle sait bien
se défendre et ses conférences sont à la fois des trésors d’érudition et de
pugnacité. Si vous ne connaissez pas Annie Lacroix-Riz, vous serez content de
l’avoir découverte, c’est une résistante étonnante, une pensée dissidente
forte dont la démocratie a bien besoin. Qu’on se le dise ! ¯¯¯¯¯ Principaux
ouvrages
(à ne pas rater) : ·
Industriels et banquiers français
sous l'Occupation
: La collaboration économique avec le Reich et Vichy (1999). ·
L’histoire contemporaine sous
influence
(2004). ·
L’intégration européenne de la
France : la
tutelle de l’Allemagne et des États-Unis (2007). ·
Le choix de la défaite : les élites françaises dans les
années 1930 (2006). ·
De Munich à Vichy : l’assassinat de la Troisième
République. 1938-1940 (2008). · Son site web : www.historiographie.info |
« Le scandale des salaires
et autres avantages des Commissaires européens »
un article de Gilles
Raveaud, sur le site d’Alternatives économiques :
« Après 1789, 2009 ? »
par Sophie Wahnich, une
historienne très intéressante, dans Le
Monde du 4 avril 2009 :
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0,50-1176699,0.html
« G20 : Les
dirigeants de la planète, les multinationales, la finance ont de quoi se
réjouir ! » un bon article de Jean-Jacques
Chavigné, ce dimanche 5 avril, sur Démocratie et socialisme : http://www.democratie-socialisme.org/spip.php?article1870 Cinq
promesses non tenues 1. La récession ne serait plus qu’un mauvais souvenir 2. Cette réunion devait être un nouveau « Bretton Woods » 3. Cette réunion devait relancer l’économie mondiale 4. La manière dont les banques pourraient être amenées de nouveau à
financer l’économie 5. Éviter le retour d’une prochaine crise financière dans 5, 10, 15 ou
20 ans Les
trois racines de la crise financière ignorées ou renforcées 1. Les déséquilibres internationaux 2. La baisse de la part des salaires 3. La régulation de la finance |
« Totems et tabous Le retour du protectionnisme et
la fureur de ses ennemis » Par l’excellent Jacques
Sapir dans le Monde
diplomatique de mars 2009 : http://www.monde-diplomatique.fr/2009/03/SAPIR/16882 Cet article a suscité des
réponses de Pierre Khalfa et de Michel Husson, « Protectionnisme : libres
échanges » http://blog.mondediplo.net/2009-03-31-Protectionnisme-libres-echanges (Rappel) Ne ratez pas
(abonnez-vous au flux RSS de) ce site important : « Pour
un protectionnisme européen Réflexions
et propositions pour des protections commerciales pour l'Europe » Voyez notamment, ces temps-ci : « Le protectionnisme conduit-il
inéluctablement au nationalisme et à la guerre ? » Une bonne vidéo de Daniel
Todd pour réfuter une contrevérité absolue, Voyez aussi ces autres vidéos de Daniel
Todd, très intéressantes pour une synthèse historique http://www.politique-autrement.org/spip.php?article391 « Le retour du
protectionnisme Belzébuth est parmi nous » Pierre Rimbert propose une utile recension de
la propagande ruminée par les éditorialistes http://www.monde-diplomatique.fr/2009/03/RIMBERT/16889 |
« Appel
aux anticapitalistes » http://rmjennar.free.fr/?p=748 Raoul Marc Jennar annonce sa candidature aux prochaines européennes,
avec le NPA. Les
« nonistes de gauche » ont là un vrai bon candidat pour résister à
la bureaucratie et aux lobbies. C’est une bonne
nouvelle :-) « Le capitalisme exploite les humains et la planète. Pour le
profit exclusif d’un tout petit nombre. L’aménager ne met fin ni à la
violence faite aux femmes et aux hommes qui ne vivent que de leur travail, ni
à la violence faite à la nature et aux autres espèces vivantes. Prétendre
réguler le capitalisme et inventer un soi-disant « capitalisme vert »
n’apporte aucune amélioration durable à un système fondamentalement
prédateur. C’est pourquoi, je suis anticapitaliste. D’âpres luttes politiques et sociales avaient imposé des limites
aux méfaits du capitalisme. Elles sont démantelées les unes après les autres.
Dans un seul but : éliminer les obstacles qui empêchent que tout, le minéral,
le végétal, l’animal, l’humain et ce que l’humain produit soit à vendre ou à
acheter dans le cadre d’une concurrence « libre et non faussée ». La finalité
de l’humanité est réduite à celle d’un marché unique soumis à la seule règle
du profit. C’est pourquoi, je suis anticapitaliste. Il n’y a pas de fatalité : je n’accepte pas la mise en
concurrence des humains entre eux, le démantèlement du droit du travail, la
disparition des services publics, les licenciements, la précarité de
l’emploi, des conditions de travail, la soumission du politique à l’économique
et au financier. C’est pourquoi, je suis anticapitaliste. Il n’y a pas de fatalité : je refuse que les logiques du profit
et du productivisme affectent notre santé, détruisent nos cadres de vie,
bouleversent les équilibres écologiques, fassent disparaître la biodiversité,
épuisent les ressources naturelles et menacent gravement la survie de la
planète. C’est pourquoi, je suis anticapitaliste. La crise du capitalisme
aujourd’hui signe l’échec des aménagements successifs apportés au capitalisme
depuis 1929. L’Union européenne partage largement la responsabilité de cette
crise. Les politiques de Sarkozy et de Fillon sont des politiques
européennes. Décidées par l’ensemble des gouvernements européens. Je défends
le plan d’urgence proposé par le NPA pour une Europe démocratique, sociale,
écologique et pacifique. C’est un plan de rupture avec le capitalisme. C’est
un plan pour une Europe des peuples et pas une Europe des actionnaires. Si, comme moi, vous partagez ces raisons de vouloir sortir du
capitalisme, Si, comme moi, vous pensez que cela exige de se rassembler sur
une alternative réelle au contenu précis, qui aborde avec une égale intensité
les questions sociales et les questions écologiques, qui réclame de se réunir
durablement pour combattre le capitalisme, ceux qui le servent et ceux qui
s’en accommodent, Si, comme moi, vous êtes convaincu(es) qu’on ne peut se
satisfaire de compromissions avec ceux qui n’ont pour but que d’occuper le
pouvoir, Si, comme moi, vous pensez que l’engagement politique ne peut
dériver en carrière professionnelle, je vous demande de soutenir ma candidature aux élections
européennes en tête de la liste du NPA dans la circonscription du sud-est
(Corse/PACA/Rhône-Alpes). Je sais que je peux compter sur l’engagement des militants et des
sympathisants du NPA. Mais cela ne peut suffire si on veut utiliser ma
candidature pour créer une dynamique qui permette au message que je porte de
briser l’indifférence encouragée par les médias et de percer. Pendant la
campagne contre le traité constitutionnel européen, j’ai rencontré des femmes
et des hommes désireux de s’impliquer dans le champ politique, mais
réservé(e)s sur l’adhésion à un parti. J’ai aussi besoin d’elles et d’eux. Tout
en respectant, bien entendu, leur souhait de demeurer indépendant(e)s. Une candidature de combat n’est pas une démarche personnelle.
C’est un engagement collectif. J’ai
besoin de vous. Si vous habitez en Corse, en PACA ou en Rhône-Alpes et si vous
souhaitez soutenir ma candidature et les idées que je porte, si vous voulez
les faire connaître, écrivez-moi un petit mot à l’adresse raoul [point]
jennar [arobase] wanadoo [point] fr et rediffusez largement ce message. Il va
de soi, si vous en exprimez le souhait, que je veillerai à ce que votre
soutien ne soit connu que de moi. Merci déjà. Raoul M. JENNAR » 06 43 97 15 73 |
« Assemblée des Nations
unies : le prix nobel d’économie, http://www.un.org/News/fr-press/docs/2009/AG10815.doc.htm Important et intéressant
document, propositions monétaires soutenues par la foule des pays dominés, Paul Jorion, lui, en parle sur son
blog : « Le Machin se
rebiffe » http://www.pauljorion.com/blog/?p=2523 |
« La débâcle fiscale des
États-Unis » par Michel Chossudovsky,
sur Mondialisation.ca : http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=12865 « (…) À première vue,
la proposition budgétaire a toutes les apparences d’un programme expansible,
d’un « Second New Deal » axé sur
la demande, la création d’emploi, la restauration des programmes sociaux
démolis et la relance de l’économie réelle. La réalité est tout autre. L’espoir de M. Obama est basé sur un gigantesque
programme d’austérité. Toute la structure fiscale est anéantie, sens dessus dessous. Afin d’atteindre les objectifs en cause, une hausse significative
des dépenses publiques destinées au programmes sociaux (incluant la santé,
l’éducation, le logement et la sécurité sociale) ainsi que l’adoption d’un
programme d’investissement public à grande échelle seraient nécessaires. Des
changements considérables dans la structure des dépenses publiques seraient
également requis, comme le retrait d’une économie de guerre impliquant
l’abandon des dépenses liées au militarisme en faveur des programmes
publiques. En vérité, il s’agit de la réduction
la plus radicale des dépenses publiques de l’histoire des États-Unis, menant
à la dévastation sociale et à l’appauvrissement potentiel de millions de
personnes. L’espoir de Barack Obama sert
largement les intérêts de Wall Street, des entrepreneurs oeuvrant dans la
défense et des conglomérats du pétrole. En revanche, les « sauvetages »
bancaires de MM. Bush et Obama conduisent les États-Unis dans une crise
accélérée de la dette publique et les bouleversements économiques et sociaux qu’ils provoquent
sont potentiellement dévastateurs. Soumis au Congrès le 26 février 2009, le budget du président
Obama envisage des dépenses de 3,94 billions de dollars pour l’exercice
financier 2010 (débutant le 1er octobre 2009), une hausse de 32 pour cent.
Selon les estimations préliminaires de l’Office of Management and Budget, les
revenus totaux pour ce même exercice sont de l’ordre de 2,381 billions de
dollars. Le déficit prévu (selon le discours du président) atteint les
1,75 billions, soit presque 12 pour cent du produit intérieur brut (PIB)
américain. La guerre et Wall Street Il s’agit d’un « budget de guerre ». Les mesures
d’austérité frappent tous les principaux programmes de dépenses fédéraux à
l’exception 1) de la Défense et la guerre au Moyen-Orient ; 2) du sauvetage
bancaire de Wall Street ; 3) des paiements d’intérêts sur l’exorbitante dette
publique. Le budget détourne les recettes fiscales vers le financement de
la guerre et légitime leur transfert frauduleux à l’élite financière par le biais
des « sauvetages bancaires ». Le caractère du budget déficitaire n’est pas expansible. Il ne
s’agit pas d’un déficit de style keynésien qui stimule l’investissement ainsi
que la demande des consommateurs et entraîne la croissance de la production et
de l’emploi. Les « sauvetages bancaires » (impliquant plusieurs initiatives financées par les impôts)
constituent une composante des dépenses gouvernementales. Ces
renflouements, à la fois ceux de MM. Bush et Obama, sont des « cadeaux » aux
principales institutions financières et ne serviront pas à relancer
l’économie. Au contraire : ces sauvetages contribuent à financer la
restructuration du système bancaire ayant pour effet de concentrer la
richesse et centraliser le pouvoir bancaire. Une grande partie de l’argent subventionnée par le gouvernement
américain et dédiée au renflouement sera transférée électroniquement dans
divers comptes affiliés, y compris les fonds spéculatifs (hedge funds). Les
plus grandes banques des États-Unis utiliseront aussi ces fonds inattendus
pour racheter leurs compétiteurs plus faibles, consolidant ainsi leur
position. Par conséquent, la tendance qui se dessine est une nouvelle vague
de fusions, d’acquisitions et de rachats corporatifs dans l’industrie des
services financiers. Pour leur part, les élites financières
consacreront ce volume important de liquidités (paper wealth ou richesse de
papier) et les milliards de dollars amassés par le biais de transactions
spéculatives au rachat de compagnies dans l’économie réelle (transport
aérien, industrie automobile, télécommunications, médias, etc.) et dont la
valeur boursière a dégringolé. » (Lire la suite, c’est édifiant…) Les acteurs politiques sont devenus
les marionnettes serviles des ultrariches Le seul
moyen de rendre à nouveau responsables (et révocables) les acteurs
politiques, c’est
d’utiliser le tirage au sort au lieu de l’élection : Mais
tout le monde ignore cette clef de la
démocratie. En
négligeant cette issue pourtant facile, nous sommes comme des rats affolés et
impuissants |
« Serge Dassault, le vrai
visage de l'UMP » http://www.youtube.com/watch?v=gptkLBAWx_U En devenant gâteux, les vieux voleurs perdent leur masque… Ce document est consternant. Tous les salariés devraient
étudier cette vidéo, phrase par phrase : l’expression « partenaires sociaux » est
une tromperie. |
« Le libéral Institut
Montaigne pique une crise d’altermondialisme » Un article intéressant de Nicolas
CORI, de Libération : « Le think
tank français propose une régulation accrue des activités spéculatives. (…) Dans une note
intitulée «Reconstruire la finance pour relancer l’économie», l’Institut Montaigne place sa réflexion
sous le haut patronage de Joseph Stiglitz,
Paul Krugman et Maurice Allais, des économistes pas vraiment de
droite, et plaide pour une réglementation accrue du système financier.
Plusieurs maux sont pointés du doigt : les paradis fiscaux, le court-termisme
des opérateurs, le manque de transparence des produits financiers et le
manque de contrôle des agences de notation. Et l’institut
n’hésite pas à proposer des solutions provocatrices. Comme la
«nationalisation de pans entiers de l’industrie financière mondiale»,
coordonnée entre Etats, tant «le niveau de pertes» du secteur «est abyssal».
L’idée fait hurler les banquiers qui, depuis des mois, déploient un lobbying
d’enfer, en France ou aux Etats-Unis, pour ne pas passer sous la coupe des
Etats. Mais Montaigne ne
s’arrête pas là. Il demande un nouveau Glass-Steagall Act, du nom de la loi américaine qui, dans les années 30, avait
séparé les activités de banque de détail et
de banque d’investissement. Et surtout, il
demande que les activités spéculatives des banques soient taxées à 80 %, dans
la mesure où elles sont «devenues dangereuses pour nos économies et nos
sociétés». À l’intérieur de cette liste infamante seraient placés les
produits dérivés, la titrisation, le financement des hedge funds.. (…) » Retournements de veste : tous ceux qui, comme l’institut Montaigne,
ont, depuis 25 ans, promu le « libéralisme » et son divin marché,
cette idéologie prédatrice conçue dès l’origine pour les ultrariches, qui
avait déjà conduit à la crise de 1929 et qui a conduit à nouveau à la crise
de 2009, tous ces voleurs devraient être honnis et déchus au lieu de pérorer
dans les médias qui mentent. |
« Nicolas Sarkozy, chez
Alstom, à Ornans » Je signale ici ce document
vidéo comme une illustration d’un
cas concret On se demande si ce n’est pas
un sketch. Une autre vidéo consternante
est présentée là : Tocqueville avait annoncé que l’aspiration au confort des
démocraties modernes conduirait |
« La Gwadloup kont la
pwofitasyon » Une enquête sociale
passionnante de Là-bas si j’y suis (de Daniel Mermet) |
|
• Guadeloupe : un papillon en
deuil : http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1621 • Pointe à Pitre, Guadeloupe : un papillon en deuil (2) : http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1622 • Pointe à Pitre, Guadeloupe : un papillon en deuil (3) : http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1623 • La Guadeloupe contre la
pwofitasyon (4) : http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1624 • La Guadeloupe contre la pwofitasyon (5) : http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1625 • La Guadeloupe contre la pwofitasyon (6) : |
|
• La Gwadeloup contre la pwofitasyon (7) Plus le diable en a, plus le diable
en veut : http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1629 • La Gwadeloup contre la pwofitasyon (8) - 26 et 27 mai 1967 à Pointe à Pitre : http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1630 • La Gwadloup contre la pwofitasyon (9) - 26 et 27 mai 1967 à Pointe à
Pitre (2) : http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1631 • La Gwadloup kont la pwofitasyon (10) Du code noir au code barre : http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1632 |
« De l’argent est devenu nécessaire pour les frais de justice de
Gérard Filoche »
C’est incroyable mais vrai. La « protection fonctionnelle
», c’est un principe, un fonctionnaire mis en cause dans
l’exercice de ses fonctions, dans le cadre de sa défense juridique, est
normalement pris en charge par l’administration. Sauf dans le cas d’une « faute
détachable du service ». En l’occurrence, ce n’est évidemment pas
le cas, c’est totalement dans le cadre de son action comme inspecteur si le
patron de l’entreprise Guinot essaie de le mettre en cause. D’ailleurs, le directeur général du
travail, Jean-Denis Combrexelle le sait. Il a donné ordre de ne pas répondre
à la première demande de « protection fonctionnelle » en mars
2007 lorsque Gérard Filoche fut entendu comme « témoin assisté ». Il
n’a pas davantage répondu à la seconde demande après le 21 Novembre 2008
lorsque le juge a opté pour une « mise en examen ». Le délai administratif pour
répondre à la demande de Gérard Filoche était de deux mois. Au-delà, c’est ce
qu’on appelle un « rejet implicite ». Un tel rejet non
motivé n’est pas glorieux, ni courageux. Sans doute est-ce ce que Jean-Denis
Combrexelle redoutait car, juste avant la fin du délai, le 23 janvier à 00 h
12, il a donné l’ordre de rédiger une réponse en terme de « rejet
explicite » donc motivé. La copie de cet ordre, donné par mel,
nous est parvenue, car, par mégarde, Combrexelle n’a pas enlevé la liste des
destinataires à l’origine de la demande (elle avait été re-faite par la CGT
le 22 janvier à 16 h 20) : Mais deux mois se sont écoulés et….
la réponse explicite n’est toujours pas rédigée… ils ont du avoir du mal à
trouver les termes juridiques adéquats… ce qui est un aveu évident qu’il n’y
a pas de motif : ils l’ont cherché et ne l’ont pas trouvé… D’où le recours re-fait par Gérard
Filoche le 18 mars avant un nouveau délai de 2 mois : Expéditeur : Objet : recours sur décision implicite protection
fonctionnelle Gérard Filoche, le 18 mars 2009 Merci d’accuser réception, ce courrier passe également par
voie interne hiérarchique En attendant, la procédure se
poursuit, des conclusions ont été déposées par l’avocat de Gérard Filoche
auprès du juge d’instruction. Un premier acompte de 2 300 euros
doit être versé, mais il faut compter bien davantage à l’occasion de
l’ensemble de la procédure. Ce sera très cher au total. Beaucoup de ceux qui ont signé
parmi les 34 000 signatures de soutien, ont proposé spontanément leur aide
financière. Celle-ci est donc devenue nécessaire.
Nous faisons donc appel à vous. Tous chèques de soutien doivent
être envoyés à l’ordre : |
« Les punir ! » Le journal d’enquête sociale FAKIR va bientôt produire un vrai journal
sur papier, national :
Lisez le menu : c’est
appétissant. Il faut les aider en s’abonnant. |
Ma nouvelle banderole, testée pendant la manifestation marseillaise du 19 mars
2009.
« Trazibule – Réflexions
politiques pour écrire une constitution » Un site d’une richesse étonnante (ne vous fiez pas au nom, c’est
sérieux et passionnant) avec une collection incroyable de
constitutions (en français !) : http://trazibule.fr/collection.php et des réflexions avancées sur la
monnaie : (Voir les menus à gauche) À connaître ! |
« Le 11 septembre 2001 : une
provocation mondiale »
par Général Leonid Ivashov :
http://www.voltairenet.org/article159301.html
« Entretien avec le
rapporteur spécial de l’ONU contre le Terrorisme
Martin Scheinin : "Al-Qaeda
n’est qu’une métaphore" »
par Sandro Cruz :
http://www.voltairenet.org/article149806.html
« Dépénaliser l'outrage :
après les articles et le collectif, la pétition »
http://www.rue89.com/2008/12/17/depenaliser-loutrage-apres-les-articles-et-le-collectif-la-petition
La pétition est sur
le site de la Ligue des droits de
l’Homme :
http://www.ldh-france.org/Petition-outrage-offense-L-appel
« Le socialisme
néomoderne, ou l’avenir de la liberté » c’est le nouveau livre de Jacques
Généreux, c’est la suite de « La
dissociété » (un livre formidable), « Le
culte de l’individu autoconstruit et la mondialisation du capitalisme libéral
n’ont pas accompli la promesse moderne de l’émancipation. Elles ont juste
défait les liens sociaux, sans lesquels aucune liberté ne peut grandir. L’hyper-libéralisme engendre une
dissociété violente et désordonnée. Et face aux désordres, les nouveaux
« libéraux » organisent le retour vers un ordre pré-moderne,
mélange de répression policière, d’intégrisme religieux, de contrôle
communautaire et d’abrutissement dans le travail. Le défi
politique du XXIe siècle est de penser un ordre social qui n’effacerait pas
trois siècles d’émancipation. Il nous faut abandonner l’illusion d’une
construction libérale de la société pour engager la construction sociale de
la liberté. Or, tel a toujours été l’essence du projet socialiste, de Leroux
à Blum, en passant par Marx et Jaurès. Les multiples dévoiements de ce projet
ne le disqualifient pas ; ils exigent sa refondation néomoderne :
une nouvelle modernité dont les principes politiques ne découlent plus du
mythe moderne de l’individu autonome, mais de la réalité anthropologique de
l’être social. » |
L’excellent Stéphane Guillon pétille, en ce
moment La république des copains (2 mars 2009) http://www.dailymotion.com/user/franceinter/video/x8jdwy_la-republique-des-copains_fun Pas de Rolex à 50 ans ! (25 février 2009) http://www.dailymotion.com/user/franceinter/video/x8hjtg_pas-de-rolex-a-50-ans_fun Antisémite malgré lui (9 février 2009) http://www.dailymotion.com/user/franceinter/video/x8b61q_antisemite-malgre-lui_fun Une clé USB dans le rectum (2 déc. 2008) http://www.dailymotion.com/user/franceinter/video/x7l5ft_une-cle-usb-dans-le-rectum_fun La crise est passée... (15 oct. 2008) Tout ça est en rapport avec la résistance contre les abus de pouvoir,
cible de ce site. |
Mensonge européiste
n°9.1 : « la vraie question est "Quelle Europe
voulons-nous ?" » http://www.u-p-r.fr/pdf/Mensonge-9.1-quelle-Europe.pdf |
« Crise financière : décodage décapant du discours
médiatique » http://www.agoravox.tv/article.php3?id_article=21961 Les vrais responsables ne sont pas les
banquiers et les traders Mais bien plus les
architectes et les propagandistes du système créé et
imposé depuis 25 ans
Attention, chercher des responsables,
s’en prendre aux individus, c’est s’abandonner aux schèmes
intellectuels de la pensée
libérale qui ne connaît que des individus (libres, autonomes, souverains et donc responsables). Non : avant
de punir les coupables (ce qu’on fera, sans doute, mais plus tard), il faut
comprendre et changer le système qui a conduit à ces crapuleries. « Les agents se comportent comme les structures les
autorisent à se comporter. Premier
exemple : si vous opérez la modification
de structure qui consiste à re légaliser les bobinards, il ne faut
pas vous étonner que, si vous lâchez trente sous-mariniers qui sortent de
trois mois d’immersion océanique, vous n’allez pas les retrouver en train de
jouer au rami ou à la crapette, ça ne se produira pas. Parce que « la
situation est armée » et qu’elle va fonctionner, conformément à son
concept, si je puis dire. Et ça
sera pas la peine d’en appeler à un geste d’éthique, ou à un sursaut de
vertu… ccc’est idiot…
Deuxième
exemple, un peu plus près de notre sujet : si
vous dérégulez sur une base mondiale les marchés financiers et si vous
laissez libre cours, sans contrainte, à l’innovation financière, et que vous
instituez les structures de la spéculation et que, ayant fait tout ceci,
vous avez installé un univers avec des opportunités de profit absolument hors
normes, alors il ne faut pas s’étonner que des opérateurs capitalistes, dont
c’est la vocation de maximiser le profit, vont s’y ruer, vont s’y enrichir à
milliards, vont prendre tous les risques, vont nourrir une bulle, qui va
finir par éclater, etc. etc. et vous connaissez la suite. Par
conséquent, banquiers et traders, lâchés
dans un univers ainsi constitué, ainsi configuré, font ce que
n’importe quel agent ferait à leur place et, en toute rigueur, il n’y pas
lieu de leur en faire le reproche. Si vous êtes trader, refuser un
coup juteux pour une réserve vertueuse ou un scrupule moral, c’est foutre
votre carrière en l’air. Et si vous êtes banquier, ne pas fouetter toute la
banque, celle de marché en tête, pour qu’elle crache sa rentabilité
financière qui va satisfaire l’actionnaire, c’est prendre le risque de
l’avoir lui, l’actionnaire, sur le dos et d’être plus près de la porte que de
l’augmentation. Et c’est toujours comme ça, partout dans le monde
social : ce sont les structures
qui configurent les intérêts des agents. (…) Si
demain vous légalisez à nouveau le travail des enfants, il ne faudra pas
venir pleurnicher que les petits ne viennent plus à l’école, ça sera pas la
peine de morigéner les parents, voilà. Donc,
il s’ensuit deux conclusions tout à fait importantes : 1) La
première, c’est que, si vous voulez faire disparaître certains comportements,
ça n’est pas la peine d’en appeler à un sursaut éthique des
individus : ça, c’est pisser dans un violon. Ce qu’il faut faire, c’est modifier les structures qui
déterminent les agents à se comporter ainsi. 2) La
deuxième conclusion, qui va nous ramener à la responsabilité, mais en de tout
autres termes, c’est que, si incriminer la responsabilité des agents plongés
dans cette structure est parfaitement vain, en revanche, autrement pertinente
est la question de la
responsabilité de ceux qui ont installé les structures, de ceux
qui ont produit les modifications des structures anciennes et qui ont
installé l’état présent des structures, et de ceux qui ont œuvré à leur pérennité. Cette
question-là, ça n’est plus la question des agents, Et le regard
critique change alors complètement de cible : Le regard se
tourne vers les gouvernements et vers les journalistes... (d’où l’extrême
pertinence d’inviter Frédéric à cette soirée d’Acrimed « Les médias et
la crise » !) Ne ratez pas la
suite, c’est plein d’esprit. |
« La crise du crédit en
images »
un document très clair (en
anglais facile : the crisis of
credit visualized) :
http://www.crisisofcredit.com/
|
Quelles institutions pour protéger la liberté d’expression ? « Tout le monde a intérêt à
transformer Internet en Minitel » une mise garde de Benjamin
Bayart signalée par Astrid Girardeau : http://www.ecrans.fr/Tout-le-monde-a-interet-a,5762.html « Héberger ses vidéos sur
YouTube ou utiliser un compte Hotmail, est-ce encore Internet ? À l’origine, le net a la
particularité d’être un réseau où rien n’est centralisé, où les données ne
sont pas stockées dans un seul et même endroit. Or pour Benjamin Bayart,
président de FDN (French Data Network), le plus vieux fournisseur d’accès Internet français, cette structure
est en danger. Selon lui, un ensemble
de décisions politiques, économiques et techniques tendent à transformer,
depuis quelques années, Internet en réseau finalement proche du Minitel.
Parallèlement il dénonce les atteintes à la neutralité du net. Notamment par les projets de loi de filtrage actuellement en
préparation par le gouvernement français : Loi Création et Internet, Charte de confiance, etc. Lors des rencontres
mondiales du logiciel libre d’Amiens, en juillet 2007, Benjamin Bayart exposait
son propos lors d’une conférence, intitulée Internet
libre ou Minitel 2.0, dont la vidéo a depuis été très consultée. Et nous a donné envie de
le rencontrer. Qui
a intérêt à transformer Internet en Minitel ? Tout le monde. Car
Internet représente une révolution, au même titre que l’imprimerie. Et les
gens à qui Internet fait peur sont à peu près les mêmes à qui l’imprimerie
faisait peur. Tout d’abord, ce sont ceux qui ont un business en place. Les
éditeurs de DVD ayant remplacé les moines copistes. Ensuite les politiques,
qui préfèrent que le peuple se taise. Lors du traité européen, c’était le
seul lieu de contestation. Et finalement les gens ont voté non. Cela
concernait 10% de la population, ça n’a donc pas eu un réel poids électoral,
mais c’est un reflet. Internet est une fenêtre d’expression. Or les
politiques préfèrent le modèle TF1 qui calme les esprits, comme nos rois
n’avaient pas envie qu’on diffuse du Voltaire ou du Montesquieu. Enfin, ce
sont les marchands de tuyaux qui ont tout un intérêt à un Internet à péage où
les contenus sont contrôlés et bien rémunérés. La faiblesse du Minitel était qu’il était
un réseau centré. L’avantage d’Internet est d’être décentralisé. Et même
acentré. C’est ce qui fait tout la
différence entre Internet et les autres réseaux. Et ce qui permet à chacun
d’innover. Là, on est à cheval entre les deux. Il y a une citation de Linus
Tovalds (créateur du noyau Linux) qui disait en 1995 : « les
backups c’est pour les fillettes, les vrais hommes mettent leurs données sur
un serveur FTP et laissent le reste du monde créer des miroirs. » Or
si vous regardez le noyau Linux, son code source est un paquet de données, au
même titre qu’un film ou qu’un livre, dont toutes les versions, depuis la
première en 1991-92, sont sur le net. Comme elles sont librement copiables,
il y en a des centaines de milliers de copies. Chacun de ces sites peut
disparaître, on ne perdra jamais son contenu. De l’autre côté, il y a la
bibliothèque numérique : je n’ai pas le droit de faire de miroir pour
que les données ne se perdent pas. Tout est gardé sur un gros ordinateur
central en espérant que ça ne crame pas. Comme dans la scène de Rollerball
où un scientifique gueule contre un ordinateur : « Cette
saloperie m’a perdu tout le XIIIe siècle ! » C’est du Minitel. C’est tout le contraire
d’Internet, et c’est très dangereux. On sait que la bibliothèque
d’Alexandrie, ça finit toujours par brûler. On
le sait, mais on continue ?
« Il n’y a aucune raison que le mail soit centralisé
chez Google ou Hotmail. » Quel
est le danger de cette centralisation ? Les deux modèles ont
toujours cohabité, et il y a besoin des deux. Le modèle du Minitel, ça sert à
faire des sites de rencontre, ou ses courses sur le net. Là où il faut un
point de centralisation. Mais ce qui
faisait la spécificité d’Internet est en train de se faire vampiriser par le
Minitel. Autant il y a de très bonnes raisons pour que le site de la SNCF
soit centralisé, autant il n’y a aucune raison que le mail soit centralisé
chez Google ou Hotmail. Un serveur mail, c’est un ordinateur qui est moins puissant
qu’un téléphone portable d’aujourd’hui. Ca coûte moins cher qu’un iPhone. Les blogs hébergés
gratuitement, ça n’est pas gratuit. C’est intéressé. Ces gens ont l’intention
de vendre de la pub mais ils n’ont pas de contenus. Pour capter le temps de cerveau
disponible, eux n’ont pas les séries télé, ils ont les blogs des
particuliers. Et c’est pervers, car héberger
son blog chez soi ça ne coûterait pas cher. Tout
le monde ne peut pas avoir un serveur chez lui ? C’est une fausse approche.
À l’heure actuelle, ce qui empêche de le faire, ce sont des problèmes très
mineurs, mais que personne ne souhaite régler. Quel
genre de problèmes ? Le A de ADSL, qui veut dire asymétrique et fait qu’on ne peut pas émettre. Quand je le disais il y a 4 ou 5 ans à mes collègues — j’ai eu l’occasion de travailler chez quasiment tous les principaux fournisseurs d’accès Internet de France —, ils me répondaient : « peu importe les gens n’ont pas envie d’émettre ». Mais ce n’est pas vrai. Ma mère veut pouvoir envoyer des photos par mail sans que ça mette une demi-heure. « Si on avait toujours vendu des voitures sans place à l’arrière,
Pourquoi
ce choix de l’ADSL ? Avoir décidé que l’ADSL
soit moins cher que la SDSL, et que la SDSL ne soit disponible que dans des
offres professionnelles, c’est du pur
choix marketing. Techniquement, un modem SDSL coûte le même prix à fabriquer
qu’un modem ADSL. Mais on a simplement considéré que madame
Michu avait envie de consommer, et pas de produire. Ce qui change forcement
notre approche du réseau. Si on avait
toujours vendu des voitures sans place à l’arrière, on n’aurait jamais
considéré que c’est un mode de transport familial. Et forcément le consommateur
s’adapte. Il y a une chose fausse en économie qui est de dire que c’est le
client qui fait le marché, alors que c’est le marché qui fait le client. Vous
n’achetez pas ce que vous voulez, mais ce qu’on vous propose. À
lier au manque de concurrence ? On parle partout de
concurrence non faussée, mais on ne la pratique pas. Par exemple, en
téléphonie portable. Il y a un moment où ça ne peut plus être une coïncidence
qu’on ait les tarifs les plus élevés d’Europe alors que c’est chez nous qu’il
y a le moins d’opérateurs. Je veux bien qu’on dise que c’est parce qu’on a
investi et qu’on a le plus beau réseau du monde, sauf que le téléphone mobile
marche aussi mal à Paris qu’à Londres. Mais, à Londres, il est moitié moins
cher. Et il marche aussi mal à Londres qu’à Tokyo, sauf qu’à Tokyo il est
deux fois moins cher qu’à Londres. J’aimerais bien comprendre pourquoi ! Pour
Internet, par contre, on n’est pas mal lotis ? C’est un des points sur
lequel le
marché français est encore extrêmement compétitif. Et c’est lié à un seul
facteur. Au fait que Xavier Niel [patron de Free, ndlr] est un emmerdeur. Lui
sait ce que ça coûte à fabriquer. Il a les bonnes méthodes permettant de
fabriquer ça vite et pas cher. Et il force tout le monde à lui courir
derrière avec des méthodes que le monde de l’industrie considère
comme des méthodes de voyou. Lesquelles ? En informatique, quand on a besoin de faire quelque chose, il y a deux solutions. Soit on a énormément d’argent, soit on a énormément de compétences. Pour son système d’information qui gère les abonnements, Niel a fait en sorte que ça ne lui coûte pas cher. Il a embauché quelques ingénieurs, qui sont a priori suffisamment payés pour ne pas avoir envie de partir, et à qui on a passé tous les caprices. Par exemple de dire non à « l’offre marketing avec trois mois gratuits sauf qu’après Noël, ça sera deux et demi… ». Ca veut dire qu’ils ont un système relativement rudimentaire qui ne coûte rien par rapport à celui d’un opérateur classique. Et cela représente une économie colossale. Il faut savoir que les grands groupes (Numéricable, Neuf, Vivendi, Orange, etc.) ont des systèmes d’information qui, pour les plus petits d’entre eux, se comptent en centaines de millions d’euros, et pour les plus gros, en milliards. Dans
votre conférence, vous revenez sur une affaire peu médiatisée entre Free et
Dailymotion en 2006… À l’époque, Free avait une politique très ouverte de peering. Le peering étant un échange de trafic entre deux réseaux par un point de connexion commun. Ce type d’accord est généralement gratuit. Free échangeait donc avec n’importe qui se présentait « dans la même salle » qu’eux et avait du trafic à échanger. Vers 2003-4, ils ont commencé à arrêter, officiellement pour des raisons techniques. C’est-à-dire qu’ils en avaient marre de gérer du peering avec des tout petits réseaux. Car mine de rien quand il y a le point de peering qui tombe en panne, il y a une alarme qui se déclenche et quelqu’un qui doit se lever la nuit pour regarder si c’est grave ou pas. Et puis, ils en sont venus à faire comme les autres grands opérateurs. À dire : pour échanger du trafic, il faut que tu fasses au moins telle taille. « Il ne transporte pas à l’œil, il est payé par ses abonnés pour
ça ! » Pourtant
Dailymotion rentrait dans les critères ? Oui. Mais Free n’avait pas envie d’assurer cette qualité de service pour que ses abonnés puissent aller voir ce site-là en particulier qui pompe beaucoup de débit. Et donc, il a décidé d’arrêter de transporter le trafic de Dailymotion s’ils ne payaient pas. C’est une forme de prise en otage qui jusqu’ici ne se faisait pas. Free l’a fait. Et ça c’est vu, car une partie de la négociation a été résolue au grand jour. Sur une mailing-list, le directeur technique de Free [Rani Assaf, ndlr] est venu expliquer pourquoi ils en avaient marre de transporter à l’œil une masse de données. Ce qui est un point de vue complètement faux. Il ne transporte pas à l’œil, il est payé par ses abonnés pour ça ! Tout
le monde cherche à être payé par les deux bouts ? Oui, et c’est lié à une erreur relativement grossière dans le modèle économique. Ça coûte combien un mégabit ? Certaines publicités proposent « 30 mégas à 20 euros », ça fait 1,50 euros. Numéricable a fait une offre de 100 mégas à 20 euros, ça fait vingt centimes. Donc un mégabit, ça vaut entre 20 centimes et 1,50 euros selon les marques. De mon côté, je sais que le mégabit, même acheté en très gros volumes, ça se vend environ 4-5 euros. Je ne vois pas comment on peut acheter quelque chose 4 ou 5 euros, et le vendre 20 centimes. En fait, on a considéré que les gens
n’utiliseraient pas leur connexion Internet au maximum tout le temps. Ça relève du bon sens. Et donc ils ont ponctionné mais en faisant une
hypothèse de consommation qui est à peu près ce qu’on constatait en
2001-2002. Or le prix de vente
n’augmente pas car le marché est serré. Donc les opérateurs continuent à
vendre au même prix, le coût de fabrication augmente, et les marges qui
étaient dangereusement faibles risquent de devenir négatives. Ils doivent
donc chercher des ressources ailleurs. Par exemple en vendant un anti-virus à
cinq euros par mois, alors qu’il vaut 40 euros dans le commerce. Ou en allant
taper dans les revenus des gens qui vivent sur la publicité. Résultat ? Dailymotion paye ! En fait, ils avaient deux solutions. Soit ils acceptaient, soit ils payaient la bande passante chez Free, ce qui aurait couté beaucoup plus que ce que leur demandait Free. Et quand France Télécom a menacé de faire pareil, Dailymotion a payé. Et quand Neuf a dit moi aussi, idem. C’est une question de rapport de force. YouTube
paye également ? Si Free essayait de le faire avec Google, Google exploserait de rire, et dirait « c’est très simple, tu vas disparaître du réseau ». Ils ne se le permettent qu’avec ceux qui sont suffisamment gros pour consommer de la bande passante, mais suffisamment petits pour qu’on puisse marcher dessus. « On va demander aux opérateurs de mettre en place une
infrastructure qui permet de filtrer. » Peut-on
encore parler de neutralité du net ? Pour le moment la neutralité du net existe encore un peu. Mais c’est un pied dans la porte. Et il y a des menaces beaucoup plus graves sur la neutralité. Comme Hadopi, le Paquet Télécom ou le filtrage de la pédo-pornographie. Premier point, et c’est une première, le législateur va imposer aux opérateurs télécom quelque chose qu’ils ne font pas naturellement. C’est tout à fait différent par exemple de la conservation des logs de connexion qui sont des données que les opérateurs ont de toute façon, pour des raisons techniques — sauf que d’habitude ils jettent—, et que la loi demandent de conserver au moins un an. Alors que là on va demander aux opérateurs de mettre en place une infrastructure qui permet de filtrer. Pourtant
aujourd’hui aucun système de filtrage n’est efficace ? Non, aucun système de filtrage ne marche. Le rapport de Christophe Espern pour la Quadrature du Net est très clair là-dessus. De plus, quelle que soit l’infrastructure choisie, on va compter sur les opérateurs réseau pour la mettre en avant. Or il y a une directive européenne qui dit que si on force quelqu’un, par la loi, à faire quelque chose, on se doit de le payer. C’est-à-dire que si l’Etat vient créer une distorsion du marché pour ses besoins propres, il doit le financer. Dans la discussion, il est certain que les opérateurs vont être d’accord à condition que, soit l’Etat finance cette infrastructure, soit qu’il leur laisse l’amortir. C’est-à-dire le droit de s’en servir pour ce qui veulent. Au début, ça sera pour une raison « neutre » : faire des statistiques, empêcher le téléchargement illégal, etc. Ensuite, vous vous pouvez être sûrs que sur le réseau de Vivendi on filtrera les vidéos de Bouygues. Car après le rapprochement
fixe-mobile-Internet, qui est quasiment fini, le rapprochement d’après, c’est
entre l’industrie du loisir et l’industrie du réseau. Orange qui s’intéresse
aux contenus. Chez Vivendi, ça se fait déjà depuis plus longtemps. Et
personne pour s’y opposer ? Si ça intéresse les gens, ça fera scandale, il y aura marche arrière. Mais qui va le dire ? Qui va expliquer à Madame Michu que si son Internet ne marche pas bien, c’est parce que son opérateur a choisi que ça ne marche pas bien ? « On va avoir une multiplication de réseaux clandestins où on ne
pourra rien repérer. » Comment
le filtrage est-il mis en place ? Il y a quelques années, un peu dans la foulée du 11 septembre, on a dit qu’on pouvait mettre en place, dans les cas d’affaires terroristes, des écoutes téléphoniques sans passer par un juge mais en passant directement par une autorité spéciale. Une personne habilitée au ministère de l’Intérieur. On a donc des lois d’exception pour traiter le terrorisme. Et c’est exactement ce qu’on est en train de transposer dans la loi Hadopi. En septembre, des policiers et gendarmes
me disaient eux-mêmes : si on fait passer le filtrage sur la
pédo-pornographie, vous pouvez être certains que huit jours après, c’est
transposé à la musique. On part de
« terrorisme » pour dire ensuite « téléchargement
illégal » pour filtrer The Pirate Bay et attraper les gamins avec. C’est-à-dire qu’on va traiter les gamins
sur les mêmes textes de loi que les terroristes. Or on sait que toutes
ces méthodes de filtrage sont contournables. Donc on va avoir une multiplication
de réseaux clandestins où on ne pourra rien repérer, avec 99% de gamins qui
téléchargent et 1% de terroristes et de pédophiles. Pour
quels résultats ? Il y a des exemples testés sur des réseaux qui structurellement ne ressemblent absolument pas au nôtre, par exemple en Norvège. Mais quel est le but recherché ? Les policiers et gendarmes français qui travaillent sur ces dossiers m’ont expliqué qu’ils ne cherchent pas à attraper les pédophiles, ils ont déjà des techniques pour ça, mais à filtrer à la base pour empêcher que les gens tombent dessus, s’y habituent, et finissent pédophiles. Or si je leur demande si le nombre de cas de pédophilie a statistiquement baissé en Norvège, ils ne savent pas me répondre. Pour résumer, les opérateurs voudront s’en servir pour faire autre
chose, l’État voudra s’en servir pour faire autre chose, et pour le moment,
personne n’a fourni un chiffre prouvant que cela soit efficace. C’est une
situation relativement inquiétante. » Entretien avec Benjamin Bayart. Source : http://www.ecrans.fr/Tout-le-monde-a-interet-a,5762.html Voir aussi cette intéressante vidéo de Benjamin Bayart : « Internet libre ou
Minitel 2.0 ? » |
« Le B A BA de la crise
des Subprimes » une excellente explication en
bande dessinée : http://www.rue89.com/files/subprimesRue89.pdf C’est à lire… |
« Sarkozy abandonne la
France à la crise économique » une utile mise au point
économique de Jacques Généreux : http://jacquesgenereux.fr/news/sarkozy-abandonne-la-france-a-la-crise-economique |
« La faisabilité politique
de l’ajustement »
Ce document est consternant… On
peut y lire, par exemple (p 30) : « Pour réduire le déficit budgétaire, une réduction très
importante des investissements publics ou une diminution des dépenses de
fonctionnement ne comportent pas de risque politique. Si l’on diminue les
dépenses de fonctionnement, il faut
veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité
baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de
fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de
restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à
un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de
la qualité de l’enseignement et l’école peut progressivement et
ponctuellement obtenir une contribution des familles, ou supprimer telle
activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école
mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un
mécontentement général de la population. (…) » |
« Maurice
Allais, prophète maudit »
|
Thomas Piketty : « Il faut
taxer fortement les très hauts revenus » Un entretien très intéressant
avec Philippe Frémeaux dans la revue Alternatives économiques : Entretien avec
Thomas Piketty : directeur d'études à l'EHESS, professeur à l'Ecole
d'économie de Paris Les trente dernières
années ont été marquées par une fantastique explosion des rémunérations des
PDG et des acteurs de la finance. Cette évolution a joué un rôle majeur dans
la crise que nous traversons actuellement. Pour l'économiste Thomas Piketty,
les très hautes rémunérations sont économiquement inefficaces et socialement
injustes; elles menacent la démocratie. Pour les faire reculer, il faut les
imposer lourdement. Les revenus des
dirigeants des grands groupes et autres traders ont atteint des
niveaux très élevés. N'est-on pas en droit de s'interroger sur la légitimité
de telles rémunérations? Les rémunérations
observées en haut de la distribution des revenus ont effectivement atteint un
niveau extravagant. C'est un gros problème, pour l'économie, pour la
démocratie, et je pense malheureusement qu'on n'est pas près d'en venir à
bout. Quelle serait la
solution? J'en suis venu à penser
que la seule solution serait de revenir à des taux marginaux d'imposition
quasi confiscatoires pour les très, très hauts revenus. Imposer des taux marginaux de 80%, voire 90%, sur
les rémunérations annuelles de plusieurs millions d'euros me semble inévitable,
incontournable. Cela prendra du temps, mais je pense qu'on finira par
en arriver là. Comment en suis-je venu à ce point de vue qui pourrait sembler
fruste ou simpliste? En constatant l'incroyable timidité des réactions
publiques dans la situation présente: il nous faut injecter des dizaines,
voire des centaines de milliards d'argent public dans les banques, alors que
ces mêmes banques ont versé et continuent de verser des rémunérations
colossales aux dirigeants à l'origine de cette déconfiture... Taux marginal maximal d'imposition des
revenus du travail aux États-Unis, en % Il est tout de même
inouï que ce soit le même Henry Paulson, secrétaire au Trésor de
l'administration Bush, qui soit chargé de gérer les dizaines de milliards
d'argent des contribuables destinés à renflouer les banques américaines alors
qu'il a retiré personnellement 400 millions de dollars durant les dix ans
qu'il a passés à Goldman Sachs! Rappelons ici ce que
fut la réaction publique après 1929, suite à l'accession de Franklin D. Roosevelt
à la présidence des États-Unis. Quand Roosevelt est élu à la Maison Blanche,
en 1932, le taux marginal est de 25%; les années 20 ont vu également une
explosion des hautes rémunérations. En trois étapes, Roosevelt fait passer le
taux marginal à 63% en 1932, 79% en 1936, puis 91% à partir de 1941, un
niveau qui sera maintenu jusqu'en 1965, où il est ramené à 77%. Et, quand
Ronald Reagan est élu président, en 1980, le taux marginal d'imposition est
encore de 70%. C'est ainsi qu'entre
1932 et 1980, le taux marginal d'imposition applicable aux plus hauts revenus
a été supérieur à 80%, en moyenne. Pendant un demi-siècle. Et cela ne se
passe pas en Union soviétique, mais aux États-Unis d'Amérique ! La leçon de cette
histoire est que ce niveau
d'imposition marginale n'a pas tué le capitalisme, ni mis au pas les droits
de l'homme. Une leçon bonne à rappeler dans un moment où l'on nous
explique, pour justifier le bouclier fiscal, que c'est un droit de l'homme
fondamental de ne pas payer plus de 50% d'impôts quand on perçoit des bonus
de plusieurs millions d'euros. Eh
bien, on a fait tout autrement durant un demi-siècle sans que le capitalisme
et la démocratie s'en soient moins bien portés pour autant. Bien au
contraire. Donc, il faut revenir
à Roosevelt... Je pense
effectivement que le système rooseveltien avait beaucoup de vertus au vu du
cycle que nous avons connu depuis le début des années 80. Il s'est traduit
par une baisse massive de la progressivité de l'impôt aux États-Unis, puis dans
les pays européens, suivie d'une explosion des hautes rémunérations et des
inégalités salariales. Et il se conclut aujourd'hui en apothéose par cette
crise majeure dont l'origine est clairement liée aux évolutions antérieures.
Tout cela devrait nous faire réfléchir et je pense qu'on ne parviendra pas à
mettre fin à cette logique sans modifier l'imposition. Les propositions de
plafonnement des rémunérations dans les institutions financières financées
par le contribuable me semblent totalement inadéquates. Ce n'est pas parce
que dans telle ou telle banque, on interdira tout revenu supérieur à tel ou
tel seuil qu'on va résoudre le problème. La solution fiscale est plus
libérale et, surtout, plus efficace. Car la fixation de rémunérations
maximales peut se contourner très facilement, en se faisant verser des
rémunérations complémentaires par d'autres structures, des sociétés écrans,
des filiales, des sociétés de conseil, etc. De même, les codes de bonne
conduite ne marcheront jamais, aussi longtemps que ceux qui ont le pouvoir de
prendre l'argent dans la caisse seront incités à le faire, en toute
rationalité économique. Vous ne craignez pas
de casser l'incitation à créer plus de richesse? L'enjeu n'est pas
d'appliquer un taux d'imposition confiscatoire au premier cadre ou créateur
d'entreprise dont les revenus sortent un peu de la moyenne. En 1932, le taux
supérieur de Roosevelt s'appliquait aux revenus annuels supérieurs à 1
million de dollars de l'époque, soit 10 millions de dollars d'aujourd'hui! A
partir de 1941, le taux supérieur de 91% s'est appliqué aux revenus
supérieurs à 200 000 dollars de l'époque, soit 2 millions de dollars
d'aujourd'hui, puis s'est stabilisé autour de ce niveau. Sans donner de seuil
précis, l'idée est d'appliquer ces taux à des revenus véritablement très
élevés et fixer ainsi une borne qui réduise drastiquement, à partir d'un
certain niveau, l'incitation à se servir dans la caisse. On affirmerait aux
yeux de tous qu'au-delà d'une certaine limite, si vous prenez un euro de plus,
il y aura 90 centimes qui iront directement dans les caisses de l'État. De
quoi diminuer automatiquement l'intérêt individuel à obtenir une rémunération
extravagante. La méthode est
efficace: durant toute la période où les taux d'imposition ont été élevés,
les managers des grands groupes ont conservé des rémunérations très
confortables, mais leurs exigences ont été en quelque sorte plafonnées. Si
bien qu'au final, pratiquement personne ne se trouvait assujetti aux taux
marginaux les plus élevés. Antoine Zacharias, après avoir accumulé 120
millions d'euros de revenus personnels au cours des dix années passées à la
tête de Vinci, a-t-il vraiment besoin de demander une prime de performance de
8 millions supplémentaires? Tout cela avec la garantie donnée par l'État
qu'il en gardera quoi qu'il arrive au moins 50% dans sa poche... Revenons à votre
question. Observons tout d'abord que la
justification des très hautes rémunérations par l'efficacité économique vient
d'en prendre un sérieux coup, dès lors que ces rémunérations sont un des
moteurs à l'origine de la crise présente. L'asymétrie totale des modes de
rémunération des managers et des traders du point de vue de la prise
de risque a été un puissant pousse au crime. Le système est tel que quand
vous vous engagez dans des opérations à haut risque et que ça marche, vous
gagnez des millions, voire des dizaines de millions d'euros. Et quand ça ne
marche pas, non seulement vous ne perdez rien, mais c'est l'entreprise qui
paye, à travers la masse de ses salariés, ou pire, ce sont les contribuables
qui sont mis à contribution. Pas besoin d'aller plus loin pour comprendre
l'origine des comportements insensés observés dans la finance ces dernières
années. L'argument massue
avancé par les défenseurs d'une faible fiscalité sur les très hautes
rémunérations est qu'il faut récompenser les gens qui font vraiment fortune
grâce à leur travail. Or, ces working
rich sont-ils plus efficaces? Aucune étude ne permet d'étayer cette idée.
De nombreuses études montrent au contraire qu'au-delà d'un certain niveau,
les rémunérations des dirigeants ne sont guère corrélées aux résultats de
leur action. Par exemple, quand les profits des entreprises résultent de
facteurs exogènes, et notamment à des mouvements des prix dans lesquels les
dirigeants n'ont aucune responsabilité (variations des cours de telle ou
telle matière première, variations des taux de change), cela vient tout
autant justifier les gros bonus... La justification des
hautes rémunérations par la théorie des incitations est donc fort
problématique, puisque si celle-ci était fondée, l'élasticité des
rémunérations devrait être uniquement (ou au moins principalement) corrélée
aux hausses des profits clairement imputables à leur action, et non aux
autres! De même, les études
montrent une
forte élasticité des rémunérations des dirigeants en fonction du degré de
dispersion de l'actionnariat des entreprises: les managers les moins
contrôlés parviennent plus facilement à se servir dans la caisse. Au
final, toutes les études disponibles mettent sérieusement en cause l'idée que
ces hautes rémunérations seraient un facteur de meilleures performances. Enfin, quitte à me
répéter, on ne peut pas faire l'impasse sur la crise actuelle: c'est tout de
même la preuve patente que ces rémunérations astronomiques ont suscité des
choix qui nous contraignent d'injecter des centaines de milliards d'argent
public pour sauver le capitalisme. C'est une démonstration grandeur nature du
caractère inefficace des bonus en tout genre et du fait que cette explosion
des hautes rémunérations relève tout bêtement d'une captation pure et simple
de la richesse par le groupe dirigeant. Lorsqu'une banque au
bord de la faillite (Fortis) organise un séminaire dans un hôtel de luxe de
Monte-Carlo pour ses cadres, on se dit que la théorie des incitations à bon
dos... Oui. Il faut
d'ailleurs revenir sur cette question des avantages en nature. Un des
arguments avancés pour contester les taux marginaux d'imposition très élevés
est qu'auparavant, pour contourner ses taux, les dirigeants se payaient sur
la bête, en nature. Mais pour que cette théorie soit vraie, il faudrait que
les avantages en nature aient été bien plus élevés dans les années 50 et 60
qu'aujourd'hui. Or, il ne semble pas que ce soit le cas. Les ventes de jets
privés ainsi que les hôtels et restaurants de luxe fréquentés par les états
majors des grandes entreprises ne s'étaient jamais aussi bien portées jusqu'à
ces derniers mois. En pratique, rémunérations colossales et avantages
en nature extravagants semblent tout à fait complémentaires et non
substituables. On prend l'habitude de se servir dans la caisse et on estime
normal d'avoir le train de vie quotidien qui va avec. Que dit la théorie
économique pour expliquer de tels niveaux de salaire? Elle est peu
loquace. De toute évidence, le marché n'a
pas empêché cette dérive. Le marché remplit de multiples fonctions
économiques avec une grande efficacité. Il permet de définir un point de
référence autour duquel gravite la plupart des rémunérations. Au-delà des
multiples facteurs conventionnels qui influent sur le niveau et la structure
des rémunérations, les salaires perçus par la masse des salariés peuvent être
mis en rapport avec leur productivité marginale - qu'il est possible
d'évaluer, ne serait-ce qu'approximativement (on sait à peu près de combien
varie la production d'une entreprise avec un ouvrier ou un serveur en plus). En revanche, pour
les quelques centaines de cadres dirigeants des grands groupes, dont les
fonctions ne peuvent être dupliquées, les lois du marché ne nous permettent
pas d'évaluer la contribution de chacun aux résultats de l'entreprise. Elles
ne nous disent rien sur le bon niveau de rémunération au-delà d'un certain
seuil. Et si on les laisse faire, les dirigeants se nourrissent de cette
incertitude fondamentale pour se servir dans la caisse. Comment cela se
passe-t-il? Ce sont les comités de rémunération,
formés eux-mêmes d'autres dirigeants, qui fixent les rémunérations des
dirigeants. Ils observent la moyenne des rémunérations dans les autres
entreprises et si le dirigeant est plutôt bon - et il n'y a pas de raison
qu'il ne le soit pas car cela signifierait que ceux qui l'ont recruté et qui
l'évaluent ne le sont pas -, on lui accorde un revenu plutôt au-dessus de la
moyenne, ce qui fait mécaniquement monter celle-ci pour le plus grand
bénéfice de tous. Il n'y a donc plus de point de référence objectif, ni de
force de rappel. J'ai cru pendant un
certain temps que des améliorations viendraient de réformes de la gouvernance
des entreprises, avec par exemple des votes séparés des assemblées
d'actionnaires sur les rémunérations des dirigeants. Actuellement, la démocratie actionnariale ressemble à un régime
parlementaire avec l'article 49-3 actionné en permanence, les actionnaires
étant contraints à des votes bloqués pour approuver le bilan de la direction.
Mais de telles réformes, certes nécessaires, sont insuffisantes et ne
changeront presque rien: les actionnaires sont pris dans le même engrenage
contagieux que les comités de rémunération: ils ne peuvent stopper seuls
cette spirale infernale. Ne va-t-on par
assister à un retournement de tendance, notamment avec la crise actuelle? Aux États-Unis,
l'explosion des hautes rémunérations s'est opérée à partir des années 80, et
on assiste actuellement à une stabilisation. Mais cette stabilisation se fait
à un niveau astronomique. Et le retournement ne se fera pas tout seul. Si
Barack Obama s'est tout de même engagé à relever l'imposition au-delà de 250
000 dollars, nous sommes encore très loin d'un tournant rooseveltien. En France, nous
sommes complètement à contre-courant et à contretemps. Non seulement, nous
rattrapons à vive allure les sommets atteints aux États-Unis en termes
d'explosion des revenus primaires, comme l'ont démontré les recherches de
Camille Landais, mais nous affirmons parallèlement, à travers les réformes
fiscales introduites par Dominique de Villepin puis Nicolas Sarkozy, que la
priorité absolue est de réduire la progressivité de l'impôt. Tout cela aboutit à une situation
totalement insupportable du point de vue de la justice sociale. Comment pouvez-vous
oser expliquer aux gens qu'il faut introduire des franchises médicales afin
de faire des économies de quelques euros sur les remboursements de Sécurité
sociale et, dans le même temps, dire qu'il faut absolument laisser la moitié
de leurs revenus aux personnes qui gagnent des dizaines de millions d'euros?
C'est évidemment totalement impossible à comprendre, et même si cela ne
concerne qu'un nombre relativement réduit de personnes, c'est clairement une menace pour le fonctionnement
de la démocratie. Thomas Piketty Propos recueillis
par Philippe Frémeaux |
« Démolition du 11
septembre » http://video.google.fr/videoplay?docid=-9058644522976940152&pr=goog-sl Très intéressant rappel. |
Banderole
marseillaise, vue par les centaines de milliers de manifestants qui ont défilé
ce jeudi 29 janvier 2009 :o)
« Le narco-blanchiment plus
fort que le plan Paulson ? » http://www.solidariteetprogres.org/article5069.html « Dans une interview publiée lundi dans un hebdomadaire
autrichien, le directeur général du Bureau des Nations unies sur les drogues et
la criminalité (UNODC), l’italien Antonio
Mario Costa, affirmait que son agence détient les preuves que de
nombreuses banques ont été sauvées par l’argent de la drogue, dont la vente
au détail dans le monde rapporterait plus de 320 milliards de dollars par an. En novembre, dans un
article publié sur son blog, alors que le système bancaire était aspiré dans la tempête, Mario
Costa montrait du doigt la connivence de nature entre le crime
organisé et le système financier, devenant évidente avec la crise : "Les banquiers ont
non seulement créé des instruments financiers monstrueux dont la taille, la
complexité et la propriété restent incompréhensibles, mais nombre d’entre eux
se sont lancés dans quelque chose de stupide et de diabolique : ils ont
permis à l’économie criminelle d’intégrer l’économie mondiale. Les
banques d’affaires, les gestionnaires de fond et les opérateurs, associés aux
auditeurs, aux comptables et aux avocats, ont aidé les mafias à blanchir les
revenus du crime et à devenir des partenaires d’affaires ‘réglos’. La plupart du temps, ces crimes sont de type mafieux, violentant
des individus, des sociétés ou des propriétés. Dans d’autres cas, il s’agit
de corruption : une violence silencieuse et pernicieuse contre les fonds
gouvernementaux et les services publics qui restent sous-financés. "Les banques
avides ont pris et dissimulé cet argent entaché de sang. Les instruments
financiers complexes ont délibérément rendu les marchés financiers moins
transparents et plus accessibles aux malversations. Grâce aux banquiers, aux
comptables et aux avocats, les groupes criminels sont devenus des sociétés multinationales
: une sorte de mafia bourgeoise, de syndicat du crime en col blanc. Aujourd’hui, la crise financière est
l’occasion extraordinaire d’une plus grande pénétration par la mafia des
établissements financiers qui se retrouvent à court de cash : avec la crise
bancaire qui a étouffé le crédit, ces groupes criminels, fortement pourvus en
cash, sont devenus la seule source de crédit. Personne ne semble avoir contesté les affirmations de Roberto
Saviano dans son livre et son film Gomorra, affirmant que ‘ce n’est pas la Camorra qui va à la
finance, mais la finance qui vient à la Camorra’ ". » (Lire la
suite (en anglais) sur le blog d’Antonio Mario Costa…) |
« Le médiateur de crédit,
René Ricol, décoche ses flèches http://www.solidariteetprogres.org/article5075.html « Décidément,
on ne respecte plus rien dans ce bas monde… A commencer par notre banquier
étoile, le prix Nobel des banquiers, Michel Pebereau, Président de BNP
Paribas. Après avoir été accusé dans un article de Libération du 22 janvier
de se trouver en conflit d’intérêt en
tant que conseiller de l’Etat français dans le sauvetage et nationalisation
d’un établissement concurrent, la banque franco-belge Dexia, voici qu’il est
pris à parti par le médiateur de crédit de la République, René
Ricol. Nommé par Nicolas
Sarkozy pour s’assurer que les banques qui ont été renflouées par l’Etat,
utilisent bien ces fonds pour continuer à irriguer les entreprises et les
particuliers en crédits, René Ricol a fait la réflexion
suivante au cours d’une conférence de presse hier : « Il faut faire attention à la
manière dont on parle des banques et ne pas jeter l’opprobre sur l’ensemble
des collaborateurs. Si des patrons comme Michel Pebereau, de BNP Paribas se
sont trompés de A à Z, les guichetiers eux ne sont en rien responsables de la
crise financière. » René Ricol, dit-on, cultive le style justicier
pour déstabiliser les grands banquiers. Pour l’instant c’est un jeu d’enfant,
cependant. Il faudrait que René Ricol essaye le costume de Ferdinand Pecora,
l’ancien procureur de New York qui animait la Commission d’enquête du Congrès
américain créée par Roosevelt en 1933, sur les responsables de la grande
dépression de 1929. Peu à peu, les petites et grandes tricheries de Michel
Pebereau commencent à être révélées au grand public. Les révélations de
Money Week sur la réalité derrière les « profits » de 3 milliards affichés
par BNP Paribas pour 2008, ont dû le rendre chèvre, sinon Chevré du nom de
l’analyste de Money Week. Selon cette lettre, ces profits proviendraient
essentiellement des frais de gestion
des comptes, toujours en augmentation en temps de crise. Au-delà de ses
profits, la réalité serait bien moins reluisante. Les autorités de régulation
sauraient que les banques « ont
planqué les cadavres de nombreuses victimes. Seuls quelques corps ont déjà
été mis à jour mais les autres attendent encore sagement que leur odeur de
décomposition les trahissent. (…) Par des artifices comptables, elles ont pu
différer pour un certain temps l’annonce de leurs pertes passées. Quand
aux pertes futures, tout le monde sait qu’elles existent (…) mais personne ne
sait vraiment les quantifier. On sait simplement qu’elles seront bien plus
importantes que les pertes déjà prises en compte. » Pour faire face à
ces pertes futures, les autorités financières ont demandé à ces banques
d’améliorer leurs « fonds propres durs » (core Tiers-1). En même temps qu’elle publiait des
profits, la BNP Paribas annonçait qu’elle tirerait encore 2,5 milliards
d’euros du fonds de 40 milliards créé par l’Etat l’année dernière pour
renflouer les banques. Sous la forme d’actions de préférence (actions sans
droit de vote), ces fonds, additionnés aux 2.5 milliards que l’Etat avait
avancé à BNP Paribas l’année dernière, sous la forme d’obligations à 8% dites
« subordonnées à » (obligations remboursables seulement après toutes les
autres en cas de faillite) et qui seront transformés elles-aussi en actions
de préférence, la BNP Paribas devrait faire passer son ratio Tiers-1 de 7.5 à
8%. Car, astuce finale, les actions de préférence, bien qu’étant des titres
de dette, peuvent être pris en compte dans le ratio Tiers-1. Enfin, on ne
rappellera pas assez que Michel
Pebereau avait été à la tête de la Commission sur la dette publique réunie
par Thierry Breton, ministre des finances, en 2006. Ce rapport, aux accents
synarchistes, fouettait les pouvoirs publics pour avoir laissé filer la dette
et dénonçait le trop plein d’élections qui rend les hommes politiques
vulnérables à une opinion publique exigeant toujours plus de dépenses… » |
« Solidarité avec Gérard
Filoche » http://www.solidarite-filoche.fr/
« Tous les
syndicats de l’inspection du travail en sont d’accord : - la justice est extrêmement laxiste en matière de droit du
travail, - les employeurs qui ne respectent pas le code du travail
restent largement impunis. Trois procès-verbaux
sur quatre de l’inspection du travail sont classés sans suite par le Parquet. Patrons impunis,
inspecteurs du travail poursuivis : paradoxalement, ces trois dernières
années, ce sont des contrôleurs et inspecteurs du travail qui se sont vu mis
en cause dans l’exercice de leurs fonctions alors que Laurence
Parisot a affirmé que «la liberté de penser s’arrête là où commence le Code
du travail». Le dernier en date, c’est Gérard Filoche. L’inspecteur du travail est mis en examen pour un prétendu
« chantage » vis-à-vis d’un patron qui refusait la réintégration dans son
poste antérieur d’une salariée de retour de congé maternité et qui a demandé
trois fois de suite, à l’égard de cette employée, déléguée syndicale, une
autorisation de licenciement. Si c’est du «
chantage » que de menacer dans ce cas un employeur d’un PV, alors toute
l’inspection du travail fait du « chantage » sans le savoir ! Comment alors que le Parquet débordé, manque de moyens au
point de classer la majorité des PV de l’inspection du travail, choisit-il de
donner suite à une plainte patronale prétendant de façon invraisemblable que
Gérard Filoche fasse « entrave à un Comité d’Entreprise » ? Nous tenons, en de
telles circonstances, à exprimer notre
totale solidarité avec Gérard Filoche. » Signer la pétition Voir les signataires Voyez aussi l’article sur Actuchômage et la réaction de Gérard Filoche
dans le fil de commentaires : http://www.actuchomage.org/modules.php?op=modload&name=News&file=article&sid=4333 |
« Noam Chomsky, regard
critique sur l'Amérique »
« Les révoltés du
travail » Un numéro exceptionnel de Manière de voir http://www.monde-diplomatique.fr/mav/103/ On y trouve un article
remarquable de Serge Halimi : « Notre utopie contre la
leur » Ce numéro de février-mars est
disponible en kiosque et, |
« Appel des appels » http://www.appeldesappels.org/ « Nous, professionnels du soin, du travail social, de
l’éducation, de la justice, de l’information et de la culture, attirons l’attention
des Pouvoirs Publics et de l’opinion sur les conséquences sociales
désastreuses des Réformes hâtivement mises en place ces derniers temps. À l’Université, à
l’École, dans les services de soins et de travail social, dans les milieux de
la justice, de l’information et de la culture, la souffrance sociale ne cesse
de s’accroître. Elle compromet nos métiers et nos missions. Au nom d’une idéologie de "l’homme économique",
le Pouvoir défait et recompose nos métiers et nos missions en exposant toujours
plus les professionnels et les usagers aux lois "naturelles" du
Marché. Cette idéologie s’est révélée catastrophique dans le milieu même des
affaires dont elle est issue. Nous, professionnels du soin, du travail social, de
l’éducation, de la justice, de l’information et de la culture, refusons
qu’une telle idéologie mette maintenant en "faillite" le soin, le
travail social, l’éducation, la justice, l’information et la culture. Nous appelons à une
Coordination Nationale de tous ceux qui refusent cette fatalité à se
retrouver le 31 janvier 2009 à Paris. » Le 22 décembre 2008, Roland Gori et
Stefan Chedri |
On trouve, dans le dernier Manière
de voir (n° 103, février 2009), « Les
invités-surprises » http://www.monde-diplomatique.fr/mav/103/CHOLLET/16764 « Quand
l’économie comprime la société, parfois ça explose. Mais souvent, ça écrase.
Des siècles d’expérience et des monceaux de théories n’y ont rien changé : la
physique de la révolte obéit à une logique insaisissable. Le piston de la
crise qui propulse dans les rues des foules hier encore assoupies agira
ailleurs comme un pilon. Au mouvement irrésistible du Front populaire répond
le coup d’assommoir des années 1980 ; au soulèvement des Argentins en 2001
contre la politique du Fonds monétaire international réplique l’apathie des
salariés japonais englués dans la grande dépression des années 1990. Nous y revoilà.
L’économie américaine détruit les emplois par millions, les entreprises
européennes rejettent leurs travailleurs ; le Japon replonge. En une décennie,
les peuples des pays les plus industrialisés auront acquitté par trois fois
le prix du capitalisme libéral : une première, par le laminage de leurs
salaires mis en concurrence internationale ; une deuxième, par le financement
public de plans destinés à sauver l’édifice bancaire mondial ; une troisième,
en perdant leur poste afin qu’intervienne la restructuration de l’appareil
productif et le rétablissement des marges. Contrairement aux
précédentes, la récession entamée en 2008 frappe simultanément – quoique en
proportion décroissante – ouvriers et employés, ingénieurs, cadres et
professions intellectuelles supérieures ; hier inattentifs aux tourments des
salariés, les journalistes, par exemple, se soucient à présent d’une crise
qui ne les épargne plus. En France, en Italie, en Grèce, des
mouvements de jeunesse ont éclaté. Des échines naguère assouplies par les
promesses de la promotion sociale se redressent. Piston ou pilon, de quel
côté penchera cette fois le balancier ? « La
soumission du plus grand nombre au plus petit, ce fait fondamental de presque
toute organisation sociale, n’a pas fini d’étonner tous ceux qui
réfléchissent un peu », notait en 1937 la philosophe Simone Weil dans sa
Méditation sur l’obéissance et la liberté. « Comme si, dans la balance sociale, le gramme l’emportait sur le kilo.
» Cet apparent défi à la raison se
manifeste avec une brutalité particulière au sein des entreprises. Là où le
travail, alternativement trop intense et trop rare – surdosé pour les uns,
rationné pour les autres –, dévoile sa double vérité. Celle, objective, de
l’exploitation, d’autant plus identifiable que la tâche est rude, répétitive,
réductible au seul salaire qu’elle rapporte. Celle, subjective, de
l’accomplissement professionnel perçu par le salarié qui « s’investit » et
trouve à l’atelier ou au bureau un statut, des copains, la trame d’une
existence. Or les deux aspects
coexistent, le second masquant le premier. « Les travailleurs peuvent
concourir à leur propre exploitation, observait Pierre Bourdieu, par l’effort même qu’ils font pour
s’approprier leur travail et qui les attache à lui par l’intermédiaire des
libertés, souvent infimes et presque toujours “fonctionnelles”, qui leur sont
laissées (1). » Le management le sait. Il en joue. La fierté du
travail exaltée par les discours politiques et patronaux n’est pas celle du
mouvement ouvrier : l’une isole et fragmente ; l’autre intègre et rassemble. Et puis il y a la
force des fausses évidences. Quand le gramme paraît l’emporter depuis
toujours sur le kilo, comment imaginer qu’il devrait un jour en aller
autrement ? S’interrogeant sur la passivité des sidérurgistes allemands de la
Ruhr qui, au début du XXe siècle, enduraient sans broncher la violence du
labeur, le sociologue Barrington
Moore notait que la plupart
d’entre eux ne percevaient pas leur sort comme le produit d’une injustice.
Mais comme une malédiction. Passer de
l’obéissance à la possibilité même de la révolte exigeait donc, selon Moore,
de « surmonter l’illusion de la
fatalité (2) ».
Tous les mouvements d’émancipation sont partis de là. Et, pour vaincre, tous
durent affronter les marchands de sable qui font souffler partout le même
sirocco : l’ordre social est imparfait mais irremplaçable ; l’améliorer passe
par des solutions individuelles ; l’action collective conduit à
l’uniformisation ou au goulag. Laissez-nous faire, occupez-vous de vous... Au fond, quoi de
commun entre des paysans japonais refusant d’être expropriés de leurs terres
; des cheminots entraînant dans leur sillage un pays entier contre la remise
en cause de la sécurité sociale ; des syndicalistes sud-africains payant de
leur vie leur engagement contre l’apartheid ; des féministes donnant autant
de fil à retordre à leurs camarades grévistes qu’à leur employeur ; des
chômeurs allemands passant une annonce dans le journal pour proposer à leurs
semblables de s’entraider ; des ouvriers de Chicago occupant leur usine de
portes et fenêtres jusqu’à faire plier patronat et banquiers ? Pas
grand-chose, si ce n’est que tous ont su au cours des décennies écoulées jouer les invités-surprises dans une
histoire qui se serait volontiers écrite sans eux. Mona Chollet et Pierre Rimbert (1) Pierre Bourdieu, « La double
vérité du travail », dans Méditations pascaliennes, Paris, Seuil, 1997. (2) Barrington Moore, Injustice : The Social Bases of Obedience and
Revolt, Random House, New York, 1978. |
« Appel à constituer sans
délai http://www.solidariteetprogres.org/petition/ « La France et
le monde se trouvent face à une crise sans précédent dans l’histoire moderne.
Il faut relancer l’économie avec des injections rapides et massives de crédit
là où sont les besoins et les potentiels de développement : énergie,
transports à grande vitesse, ferroutage, recherche, hôpitaux, éducation et
consommation des biens indispensables. Les établissements financiers, dont le
comportement a conduit à la situation actuelle, s’avèrent cependant
incapables de transmettre à l’économie, sous forme de crédits, les avantages
que leur procure l’Etat. Dans ces conditions, nous demandons de toute urgence
: • La constitution d’une commission d’enquête
parlementaire sur les agissements de ces établissements financiers et l’état
de leurs comptes. Le moment est en effet venu de faire comparaître devant les
représentants du peuple ceux qui ont abusé de leurs pouvoirs et de déterminer
comment ils ont pu procéder et avec qui, en France ou ailleurs dans le monde.
Cet examen a pour objet de déterminer ce qui
est viable et nécessaire à un fonctionnement légitime du système bancaire,
qui doit être maintenu et aidé, et ce qui relève de l’imprudence irresponsable
ou d’opérations exotiques, qui doit être soumis à des procédures de
banqueroute organisée. L’Etat ne doit pas faire payer les citoyens en
absorbant les créances douteuses de ceux qui se sont égarés, mais faire
constater leur absence de valeur et les éliminer dans l’intérêt général. • La réquisition temporaire des banques afin d’assurer
qu’elles alimentent réellement l’économie en faisant leur métier légitime et
qu’elles donnent accès en toute transparence à leurs comptes, parallèlement
aux travaux de la commission d’enquête et dans la logique de son
fonctionnement. La raison d’être d’un pays, qui est de
faire prévaloir le bien commun, prime sur tout. Nous sommes conscients que nos
exigences sont exceptionnelles, mais elles sont rendues nécessaires par des
circonstances exceptionnelles.
Des précédents existent. La Commission Pecora, la Commission bancaire et
monétaire du Sénat des Etats-Unis dans les années 1933-1934, en faisant connaître
au peuple américain les pratiques de ses banquiers et l’étendue de leurs
pouvoirs, créa la base politique pour les mesures de redressement et de
relance de l’Administration Roosevelt. Les réquisitions,
dans notre pays, découlent de l’état d’esprit du Programme du conseil
national de la Résistance du 15 mars 1944 et du Préambule de notre
Constitution, et ont été appliquées par l’ordonnance de 1945 en matière de
logement et dans diverses entreprises à la Libération. Il y a urgence. Les Françaises et les Français ont le droit
de savoir et d’exiger que les droits économiques et sociaux inscrits dans nos
textes fondateurs soient protégés. Nous autres soussignés le demandons, en suggérant que
Jacques Cheminade, qui a prévu les conséquences de cette crise et se bat
aujourd’hui pour un Nouveau Bretton Woods, puisse être amené à conseiller la
Commission et aider avec nous à faire connaître partout ses travaux. » |
« Point stratégique
quotidien de Solidarité et progrès »
un résumé
audio intéressant (en 10 minutes) de
l’actualité de la crise et des perspectives,
par Christine
Bierre :
http://www.solidariteetprogres.org/article5058.html
« L’histoire des choses »
passionnante
explication illustrée de nos gaspillages,
dans lesquelles les institutions ne sont pas hors de cause :
http://video.google.com/videoplay?docid=-5195608655837933655&hl=fr
« Pour un système socialisé du
crédit »
Un long article de Frédéric Lordon où il
évoque enfin la création monétaire :
http://blog.mondediplo.net/2009-01-05-Pour-un-systeme-socialise-du-credit
« L'État retors et la prétendue théorie du complot
: Chers amis, Il y a environ deux ans, je vous avais signalé ici un texte extraordinaire, littéralement passionnant à plusieurs
titres, publié en 1864 et qui s’intitulait «
Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu ». On le trouvait sur WikiSource et j’en avais fait une compilation en un seul
fichier pdf pour une
impression commode et soignée. En 2006, un petit éditeur que j’aime bien (parce qu’il fait de très
beaux livres, avec des textes souvent formidables), Allia, a réédité ce redoutable mode d’emploi de l’apprenti totalitaire. Je vous recommande ce livre : c’est un de mes meilleurs livres, parmi
les centaines que j’ai découverts et articulés depuis quatre ans. C’est un
objet précieux qui aide à progresser vite : bien avant que George
Orwell, inspiré par la société soviétique, ne décrive dans « 1984 » les
ressorts effrayants d’un monde totalitaire, Maurice Joly en avait déjà
dénoncé les plus intelligents mécanismes dans ce pamphlet, dirigé contre
Napoléon III mais spectaculairement utile pour comprendre notre monde
"moderne". En plus, ce livre est un bel objet : le papier est beau, le format est
élégant, l’impression est légère et précise, un beau livre. Et pas cher : 15
€. Je remercie les éditions Allia de m’avoir permis de découvrir Michel
Bounan, qui signe une introduction très intéressante au texte de
Maurice Joly ; c’est elle que je vous invite à lire ci-après. Je trouve que Michel Bounan s’en prend correctement aux abus de pouvoir et, comme par hasard, ça
me plaît :o) L’argument bidon de la prétendue « théorie du complot » (invoqué
par tous les faux naïfs qui travaillent au service des privilégiés) prend un
coup dans le nez. J’ai commandé quelques uns de ses livres pour mieux le
connaître ; je vous en reparlerai. Je n’en dis pas plus et je lui laisse la parole. Étienne.
L'ÉTAT RETORS Je vous avertis... de vous tenir toujours en défense ;
tremblez même dans la victoire ; « La
révolution industrielle a connu en France sa plus rapide expansion au cours
du Second Empire en même temps qu'étaient posées les bases d'un véritable État moderne. Autoritairement établi par un coup d'État, maintenu
par une police omniprésente et efficace, le nouvel instrument de gouvernement
était indispensable à l'ambitieux projet de ses promoteurs. Deux cent
cinquante mille fonctionnaires sont liés par serment au chef de l'État et
étroitement surveillés par les préfets ; les magistrats, assimilés aux
fonctionnaires, sont nommés et révoqués par décret ; la presse est soumise à
de multiples contraintes financières et menaces judiciaires ; les opposants
au régime sont purement et simplement déportés en Algérie. Ce sont ces moyens
et le "pacte de sang" avec l'armée qui ont permis la militarisation
du travail productif et l'extraordinaire essor industriel. Les
banquiers, les hommes d'affaires et les industriels qui soutenaient ce régime
se considéraient, en général, comme des philanthropes ; beaucoup étaient sincèrement convaincus par les
doctrines socialistes de Saint-Simon, et l'actuelle dictature ne devait être
qu'une étape intermédiaire vers cette ère nouvelle et bienheureuse qu'un
autre saint-simonien appellera plus tard "la grande relève de l'homme
par la machine". [Ce livre est
d’ailleurs, lui aussi, remarquable : il est de Jacques Duboin. ÉC] Dès 1860, la
poigne de fer se relâche en effet sans qu'apparemment aucune force réelle
d'opposition ne l'y contraigne. (Les historiens expliquent ce mystère par "la
sympathie" que Napoléon III avait toujours marquée à l'égard des classes
dites "laborieuses".) Des pouvoirs sont donc rendus aux élus et
l'État facilite lui-même la création d'un grand parti uni d'opposition.
Simultanément des contacts sont pris avec des délégués ouvriers, on les
encourage à rencontrer leurs camarades trade-unionistes anglais, on crée des
chambres syndicales, le droit de grève est enfin reconnu. L'Empire a
terminé sa tâche, la démocratie moderne peut fonctionner. Il y aura encore le soubresaut de la Commune, et puis
plus rien pendant un siècle, même entre les deux guerres mondiales, au cours
des sursauts plus tardifs de l'Allemagne, de l'Italie, puis de l'Espagne. En
définitive, on peut dire que le Second Empire français a accompli seul en
quelques années l'œuvre des dictatures européennes et celle de leurs
libérateurs, c'est-à-dire la grande relève de l'homme d'État par ce que
Nietzsche appelait "le plus froid des monstres froids". En Mais la
force, ostensiblement déployée, suscite toujours des forces contraires. Elle n'est utilisée que pour modifier en quelques
années les institutions, la Constitution, et pour créer des formes légales au nouveau
despotisme. Ainsi
l'emprisonnement des journalistes doit être relayé rapidement par des
dispositions économiques sur la presse et par la création de journaux dévoués
au gouvernement. Une telle tribune associée à d'astucieux découpages
électoraux permet de maintenir une tyrannie élue au suffrage universel.
Un dernier
mécanisme régulateur garantit enfin la perpétuation du nouveau régime : une
telle société développe vite chez ses membres un ensemble de qualités
qui travaillent pour elle : la lâcheté, la domesticité et le goût de la
délation sont à la fois les fruits et les racines de cette organisation
sociale. La boucle est bouclée. La force
brutale utilisée par les anciennes tyrannies n'a donc plus de raisons d'être, sauf en de rares circonstances. Au temps du machinisme
on peut faire travailler les forces hostiles au moyen de dispositifs convenables.
On peut même utiliser leur énergie domestique à réduire celles qui
viendraient à surgir. Cette autorégulation est la base de toutes les sociétés
vraiment modernes. En face de
ce nouveau pouvoir personnifié par Machiavel, que représente Montesquieu ?
Il énonce les anciens principes politiques, moraux et idéologiques de
ceux qui, un siècle auparavant, se préparaient à prendre la direction de la
nouvelle société. Le génie de Machiavel consiste à citer volontiers.
Montesquieu : l'actuel despotisme n'est nullement contradictoire avec ces
fondements et cette idéologie. Notre XXe
siècle a richement illustré les principes énoncés par Maurice Joly. Mais on
aurait tort d'évoquer ici les multiples dictatures totalitaires où
l'armée et la police s'affichent partout, où les tyrans ne dissimulent pas
encore leur pouvoir. Le modèle décrit par Maurice Joly est précisément
au-delà de cette étape historique : c’est celui du chef de l'État élu au
suffrage" universel, celui des hauts fonctionnaires inamovibles, celui
des consultations électorales qui masquent la véritable cooptation du
personnel politique.
Un tel
ouvrage ne pouvait pas être toléré par un État moderne encore fragile. Il ne
l'a pas été. Imprimé en Belgique en 1864 et introduit clandestinement en
France, le Dialogue aux enfers est immédiatement saisi par la police et son
auteur est emprisonné à Sainte-Pélagie. La même année, une traduction
allemande s'efforce de diffuser ce texte ailleurs. En 1868, nouvelle
impression française, toujours en Belgique. Ensuite, le livre disparaît
apparemment pendant quatre-vingts ans, inconnu de tous, sauf évidemment des
services de police qui l'ont saisi. L'interdiction
policière d'un tel ouvrage n'était pourtant pas une riposte digne d'un
pouvoir moderne tel que Maurice Joly en avait décrit le fonctionnement ; et
d'abord parce que cette réponse était insuffisante à l'égard d'un texte dont
son auteur remarque qu'il n'est pas seulement une œuvre individuelle mais
qu'il est déjà le fruit d'un courant de pensée quasiment impersonnel. Voilà
une force dangereuse qu'on peut certes réduire brutalement dans un premier
temps, mais qu'un véritable État moderne doit pouvoir manipuler et faire
travailler à son profit. Qu'est devenu ce livre et cette conscience du
complot permanent occulte pendant toutes ces années où personne n'a jugé
bon de le rééditer ? Au début de
notre siècle paraît à Moscou un extraordinaire pamphlet, qui allait bientôt
devenir un best-seller, et être le livre le plus vendu au monde après la
Bible : Les Protocoles des sages de Sion. L'origine de
ce pamphlet est aujourd'hui connue : c'est une falsification du Dialogue
aux enfers de Maurice Joly, selon un procédé que les situationnistes
français appelleront plus tard une "maspérisation" (du nom d'un
éditeur parisien qui s'était rendu fameux dans cet art). Ce procédé qui
consiste à s'emparer d'un texte important, à en changer certains mots, à
supprimer quelques phrases, à en intercaler d'autres, permet de conserver la
structure d'une analyse politique (dont on sait qu'elle rencontre déjà trop
d'esprits disposés à la comprendre), mais d'en modifier la cible et d'entraîner
ainsi un courant d'opposition qui risquerait de devenir dangereux, vers des
actions inoffensives ou même utiles aux manipulateurs. Il permet de capter les esprits pour les égarer ensuite, il
illustre précisément le procédé exposé dans le Dialogue aux enfers : parler
toutes les langues afin d'en détourner le fleuve. Maurice Joly
a donc été victime de cette manœuvre qu'il avait dénoncée. Dans les
Protocoles des sages de Sion, on conserve l'analyse du Dialogue aux enfers,
le réquisitoire contre le complot totalitaire occulte, l'exposé précis de ses
moyens convergents, financiers, politiques, policiers et médiatiques. Mais le
complot étatique pour le maintien de l'ordre est remplacé par un prétendu
complot juif visant à s'emparer du pouvoir mondial. Le texte falsifié se
présente comme le procès-verbal d'une réunion ultra-secrète des chefs de la
conspiration juive. Qualifier,
comme on l'a fait depuis, un tel procédé de "plagiat" laisse
entendre qu'il s'agirait en quelque sorte d'une vague escroquerie littéraire
aux dépens d'un malheureux auteur. Ajouter qu'il s'agit d'un "faux"
et d'une "mystification" permet d'innocenter, avec soulagement ou
regret, la malignité juive, et de conclure qu'en somme il n'y a pas de
complot, si ce n'est, peut-être, contre les seuls Juifs. En vérité, cette
falsification d'un texte effectivement important n'est que l'aspect
superficiel d'une manœuvre bien plus générale qui est au cœur de la
contre-révolution mondiale du xxe siècle. Les conditions de fabrication et de
diffusion des Protocoles permettent ainsi de suivre les grands mouvements de
cette histoire. La première
édition paraît à Moscou dans l'agitation révolutionnaire du début du siècle.
Henri Rollin hésite à en attribuer les mérites à la police secrète du tzar,
la trop fameuse Okhrana, ou à la principale opposition ultraréactionnaire
appuyée sur la grande propriété foncière. En tout cas ses deux premiers
éditeurs sont connus : Krouchevan et Boutmi sont cofondateurs des
"centuries noires", organisation paramilitaire chargée d'armer des
hommes de main pour assassiner des démocrates et des socialistes. Pendant la
première contre-révolution russe de Au cours de
l'intense fermentation révolutionnaire qui succède au premier conflit
mondial, les Protocoles sont traduits dans une quarantaine de langues et
répandus dans toute l'Europe, aux États-Unis et au Japon. Ils y accréditent
la rumeur, diffusée par d'autres émissaires, que les démocrates et les
socialistes ne sont que des agents payés par une conspiration juive
internationale pour s'emparer du gouvernement du monde. C'est un des
instruments de la propagande nazie, d'abord en Allemagne, dans les conditions
révolutionnaires qui succèdent à l'effondrement de l'Empire, puis dans sa
guerre contre les pays à régime parlementaire. Si bien que Henri Rollin,
agent des services secrets français, se permet de révéler en 1940 la
supercherie et son origine. Son livre est presque immédiatement saisi par la
police allemande et mis au pilon (1). Après Récemment
enfin, la disparition de l'empire soviétique — et le terrible marasme
économique qui l'accompagne — a vu resurgir le pamphlet au lieu même de son
accouche ment, brandi et diffusé par de curieux émissaires, devant de
complaisants journalistes. Les
Protocoles des sages de Sion ont été un des ouvrages de référence du moderne
antisémitisme dont la résurgence alimente encore périodiquement la
problématique médiatico-universitaire. Il s'agirait, nous dit-on
maintenant, d'une fausse théorie créée et diffusée par une "paranoïa
collective" sortie toute armée de dizaines de millions de cervelles
malades. On nous met donc sagement, mais fermement en garde contre la
tentation de "diaboliser le pouvoir", d'imaginer partout un
prétendu complot mondial aux mille tentacules économiques, politiques, et
surtout médiatico-universitaires, toute idée relevant d'une "phobie
collective de type archaïque". En vérité,
l'antisémitisme est précisément à la critique sociale ce que sont les
Protocoles au livre de Maurice Joly : non pas une théorie insensée, comme
ne cessent de le répéter les naïfs, mais la contrefaçon policière d'une
agitation révolutionnaire. Voilà la raison de son succès populaire : il
parle la langue la plus dangereuse du pays afin d'en détourner le fleuve. La
propagande antisémite est diffusée partout où émerge la conscience du complot
permanent de l'État moderne pour le maintien de l'ordre, conspiration incluant non seulement l'appareil
étatique lui-même et les forces économiques dont il est l'instrument, mais
les fausses oppositions spectaculaires, l'ensemble de la presse et des
médias, le marché du travail et l'avilissement organisé de toute la vie
publique. Cette
conscience, au cours de sa germination, est purement intuitive. Ainsi, dans
les années soixante, une rumeur, qui n'était peut-être pas sans fondement,
s'est propagée dans plusieurs villes de province : le nouveau commerce de
vêtements et de sous-vêtements féminins, qui s'enrichissait du surcroît des
séductions promises, n'était qu'un proxénétisme déguisé. La conscience
onirique l'exprimait à sa manière : des jeunes femmes disparaissaient des
salons d'essayage par des trappes et se trouvaient ensuite expédiées, pour
être livrées à la prostitution, le long de canaux baudelairiens vers un
voyage luxurieux. Ce n'est qu'après les graves événements de 1968 qu'une autre
rumeur, dont les policiers n'ont apparemment jamais retrouvé l'origine, s'est
greffée sur la première : en réalité, les magasins d'où disparaissaient les
jeunes femmes étaient tous tenus par des commerçants juifs. Un autre
exemple actuel : on sait, depuis que les dictatures totalitaires du xxe
siècle en ont transmis la méthode" au monde entier, qu'un pouvoir
moderne a les moyens de manipuler l'histoire à son profit. On devine
qu'il a peu de raisons de se priver d'un tel avantage et l'histoire récente
elle-même est devenue suspecte. Divers propagandistes réactivent alors la
rumeur que le pouvoir est aux mains des Juifs coalisés. Ils trafiquent donc
l'histoire à leur profit et ils ont inventé les chambres à gaz, les camps de
la mort, l'antisémitisme lui-même. La voilà bien la dernière infamie des
Juifs : avoir inventé un prétendu antisémitisme ! À la source
des modernes persécutions antijuives, on trouve ainsi la conscience vague du
complot totalitaire, de ses ruses, de ses manipulations. Dans un second temps
interviennent de drôles d'émissaires que l'histoire révèle d'origine
policière, ou que la police ne retrouve jamais. Derrière tout cela, bien sûr,
les intérêts du plus froid des "'monstres froids", et les finances
sont sans passions ; elles se déplacent selon leurs avantages. Quand le danger révolutionnaire s'éloigne, on
incrimine la folie des tortionnaires (mais non leurs commanditaires),
on dénonce encore la "paranoïa collective" et toutes les tentations
de "diaboliser le pouvoir". C'est le temps des tribunaux
et des sociologues. Ainsi ceux
qui servent d'hommes de main ou d'hommes de troupe à de telles manœuvres
doivent apprendre de l'histoire qu'ils ne sont pas à l'abri des contrecoups
du monstre froid : quand leur tâche canalisatrice et destructrice est
accomplie, ils sont abandonnés, financièrement d'abord, défaits à Stalingrad,
à Courbevoie, ou ailleurs, abattus froidement avec ou sans procès. Mais, bien
sûr, l'émancipation définitive de l'antisémite devra passer d'abord par
l'émancipation de la société dont l'antisémitisme est le dernier rempart. PASCAL avait
sans doute d'excellentes raisons, au XVIIIe siècle, de croire aux histoires
dont les témoins se font égorger. Nous en avons aujourd'hui d'aussi bonnes de
croire à celles que la police falsifie. Notre civilisation, qui s'est construite sur la
domestication des forces naturelles dangereuses, a su de même se donner une
direction capable de mettre à son service, en les falsifiant, toutes les
forces dangereuses qui se sont dressées contre elle. C'est un navire qui
avance contre le vent et grâce à ce vent. Ainsi,
l'angoisse, le désespoir, l'ennui, nés de l'inévitable vulgarité marchande,
me seraient pas a priori des forces sociales favorables si elles n'étaient
adroitement détournées et utilisées à faire tourner la machine marchande.
C'est pourquoi la publicité est aujourd'hui contrainte de promettre, à propos
de néo-marchandises ou de n'importe quoi, ce que le monde marchand interdit
généralement : l'aventure individuelle, l'originalité, la vie authentique.
Ces mêmes forces négatives sont encore utilisées dans de multiples
néo-métiers destinés à produire les néo-marchandises. Et toute critique
partielle de ce système est de même canalisée dans des partis politiques,
groupuscules, néosectes, auxquels il suffit d'imprimer une légère déformation
pour les mettre au service des institutions. De notre organisation
sociale on peut dire qu'en somme c'est l'autogestion presque généralisée plus
la police. L'art du DÉTOURNEMENT est bien le gouvernail de nos civilisations
marchandes à leur stade" actuel. Ce mot de "détournement" avait été employé
jadis pour caractériser dès procédés visant à rendre leurs vérités aux
falsifications marchandes. Le terme est malheureux. C'est toujours la domination
marchande qui détourne. Elle crée des leurres qui ressemblent aux objets
désirés mais nécessairement falsifiés puisque tous les nouveaux désirs
résultent de nouvelles privations produites par le monde marchand et
convergent spontanément vers sa destruction : une crème bronzante, le métier
de sociologue et les Protocoles des sages de Sion sont bien les effets du
même mécanisme. Ce mode de
gestion des sociétés modernes permet d'en déduire deux lois qui peuvent être
d'une grande utilité : 1. Les falsificateurs
roulent toujours pour la police. 2. Tout ce
qui se maintient durablement dans les médias est nécessairement un leurre,
souvent à double face, qu'il convient de retourner et de réunifier. Car le mode
de domination actuel n'invente quasiment rien. Il ne s'oppose même
qu'exceptionnellement, et seulement dans l'urgence de la surprise, aux
entreprises qui lui sont hostiles (Maurice Joly ou Henri Rollin en leur
temps, Los Angeles ou Mantes-la-Jolie aujourd'hui). Dans la mesure du
possible, il tente de récupérer rapidement les forces qui s'y manifestent et
de les mettre à son service. Ainsi, la
falsification policière du livre de Maurice Joly, et le succès médiatique de
cette mystification, suffisent à garantir la dangereuse vérité de l'original.
Le Dialogue aux enfers n'avait été récemment tiré de l'oubli que pour
démontrer la fausseté des Protocoles ; il nous semble qu'au contraire c'est
l'opération médiatico-policière des Protocoles qui prouve la vérité de
Maurice Joly. Le machinisme
a fait, certes, de grands progrès depuis un siècle, tant en ce qui concerne
l'automation que les mécanismes de contrôle, l'utilisation de modèles
théoriques ou les capacités d'intervention dans l'intimité de la matière ; et
sans doute ses progrès ont-ils été identiques dans le gouvernement policier
des hommes. Mais, en définitive, les grandes lignes sont déjà tracées à
l'époque de Maurice Joly. C'est dans les mêmes années où Gramme, Lenoir et
Bell s'apprêtent à breveter la dynamo, le moteur à essence et le téléphone
que l'auteur du Dialogue aux enfers décrit pour la première fois les
principaux mécanismes du monstre froid, la manipulation du langage,
l'État-journaliste, l'omniprésence de la police, sous d'autres noms bien sûr,
"si ce nom déplaît". Les faux
complots terroristes sont déjà à cette époque des moyens de gouvernement :
"il faut qu'il y en ait". On les fera exécuter par des opposants au
régime. Tout est dit en quelques phrases : "parler leur langage", "pénétrer dans
leur rang", "il y a là des directions à donner, des forces à
mouvoir", "ce sera là comme une annexe de ma police", "je
suis ici le chef de leur école", "s'il s'y prépare un complot, le
chef c'est moi". L'avantage est triple : découvrir d'éventuels
conspirateurs, leur faire exécuter des opérations de basse police, les
déconsidérer publiquement. Notre siècle
d'orthophonie médiatique et d'ilotisme généralisé, de prétendues guerres
civiles et de faux terrorisme a sinistrement illustré le propos de Maurice
Joly. Mais le chef-d'œuvre a été le détournement du Dialogue aux enfers
lui-même et l'organisation policière du faux complot juif. Il faut
remarquer toutefois que, si Hitler n'avait pas été ce rustaud moqué par
Staline lui-même, il n'aurait pas fait assassiner par ses hommes de main,
pour plaire à ses commanditaires, les principaux chefs des S.A. ; un État
moderne sait faire exécuter ces besognes par les opposants au régime.
Quoi qu'il en soit, l'analyse de Maurice Joly s'en trouve aujourd'hui
doublement accréditée, par les prolongements historiques qui l'ont confirmée,
et par la falsification médiatico-policière qu'on a été contraint de lui
faire subir. Ce point de
vue reste toutefois fragile dans un temps où tant de gens, notoirement
qualifiés, prononcent des jugements autrement "autorisés" sur des
problèmes du même ordre et prétendent "en finir" chaque semaine
avec la question juive, le rôle de l'État, la défense des institutions dites
démocratiques. Quant à nous, nous n'avons nullement l'ambition démesurée d'en
finir ainsi avec d'aussi graves questions, qui se reposeront toujours, qui
trouveront toujours de nouveaux interprètes et de nouveaux acteurs, bénévoles
ou rémunérés, tant que nous n'en aurons pas fini avec cette civilisation
elle-même. De mauvaises
nouvelles nous parviennent maintenant sur l'état de la planète et sur la
survie de ses habitants. Il semblerait que d'avoir retourné, pendant si
longtemps, toute activité vivante contre elle-même, ne soit pas vraiment
profitable à la vie. Certains pessimistes affirment même qu'un désastre
écologique et épidémique serait inévitable. L'inébranlable ordre du monde
décrit il y a cent trente ans par Maurice Joly, et qui a fait tant de progrès
encore, oblige à considérer en tout cas qu'une telle fin ne sera
vraisemblablement pas contrôlée par les trop rares individus qui la verront
venir, mais plus généralement subie. Beaucoup plus effroyablement, certes,
par ceux qui n'en auront pas pris à temps la mesure. » Michel
BOUNAN _____ Notes : 1. Henri
Rollin, L'Apocalypse de notre temps, Paris, Éditions Allia, 2005. Source : introduction
au « Dialogue aux enfers de Machiavel et Montesquieu », de Maurice Joly, chez Allia, 2006 : un beau livre (comme tous les livres édités par
Allia), un bon livre, important, un livre à offrir : un vrai cadeau. _______________ Je ne peux m’empêcher de
relier cette thèse avec cette pensée forte,
Bonne nuit :o) Étienne. |
« Sommes nous déjà en
décroissance ? » http://www.manicore.com/documentation/serre/decroissance.html un article très intéressant de Jean-Marc
Jancovici, Je résume : quelque soit la théorie défendue, nos « experts » en
« sciences économiques » n’ont jamais inclus les DESTRUCTIONS
NATURELLES dans les calculs de COÛTS : la valeur des choses n’est
faite (pour eux) que de capital humain
et de travail humain, c’est
tout, puisque la nature donne ce
qu’elle offre et ne facture pas ce que nous détruisons. Pourtant, les multiples destructions de richesses naturelles
—renouvelables et non renouvelables— sont à la fois un fait et une limite. Le PIB est un indicateur minable qui ne
compte que les produits sans compter les charges, ne donnant donc aucune idée
du vrai BILAN de notre activité. Si les entreprises comptabilisaient les frais de renouvellement de ce
qu’elle ont volé à la nature, plus aucune ne feraient des bénéfices. Si on
comptabilisait des dotations aux AMORTISSEMENTS pour les richesses détruites
et si on comptabilisait des PROVISIONS pour les frais de survie à prévoir, on
apercevrait ce que masque une comptabilité idiote (ou malhonnête) : LE BILAN DE NOTRE ACTIVITÉ EST DÉSASTREUX et si nous savions compter,
nous verrions que NOUS SOMMES DÉJÀ EN DÉCROISSANCE. Mon commentaire en complément : malheureusement, le pouvoir de décider d’une autre
politique a été acheté par les plus
riches (via l’élection qui met nos représentants à vendre par le
mécanisme des campagnes électorales à financer). Or les plus riches sont
d’une cupidité qui est au-delà de toute raison. Et les autres sont d’une
passivité et d’une docilité désespérantes. On peut donc se faire un sang
d’encre. |
« Éloge du conflit » Un livre important de Miguel
Benasayag et Angélique del Rey, La découverte, 2007 : http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-_loge_du_conflit-9782707152961.html Ce livre est un
bijou. Pour moi qui
cherche les fondamentaux d’une vraie démocratie, Je vous livre l’introduction, d’une pertinence
enthousiasmante : « Héritiers d’une époque qui a
longtemps cru à la possibilité d’en finir un jour avec le conflit, nous sommes aujourd’hui, pour cette même
raison, effrayés face à tout ce qui menace nos vies et nos sociétés. Nous
avons souvent l’impression, tellement appréhendée des marins, de naviguer
avec des cartes périmées : nous pensions aller vers des territoires pacifiés,
et voilà que s’impose l’idée de vivre un retour des conflits — individuels
comme sociaux — sous des formes sinistres, voire barbares. Sans doute a-t-on trop pensé le conflit en termes de son
dépassement vers la solution : les
conflits étaient surtout conçus comme un moyen vers la fin, un moment
difficile qu’il fallait dépasser. Et c’est la raison pour laquelle nos
contemporains se retrouvent aujourd’hui désarmés face à la nécessité de
repenser l’ensemble des pratiques sociales — santé, urbanisme, éducation,
politique, etc. — sous la forme d’une tension irréductible dans la recherche
d’une solution. La question
fondamentale qui se pose désormais à nous pourrait être formulée ainsi : comment
penser les termes d’un conflit autrement que dans la recherche de son
dépassement ? Comment penser la permanence du conflit ? Nous avons du mal à nous représenter la
possibilité d’un engagement dans et pour une cause concrète, dès lors que
perdurent guerres et violences, problèmes écologiques, injustices et
oppressions, qui s’affirment comme un horizon indépassable de l’humanité. Tout aspire en effet, dans nos
cultures et notre éducation, à la disparition du conflit, ou du moins à sa
diminution. C’est pourquoi la permanence de conflits de plus en plus
complexes, assimilée à la persistance d’une « barbarie » qu’il faudrait
éradiquer une fois pour toutes, nourrit le sentiment d’impuissance ou alors
de nouvelles pratiques sociales, plus inquiétantes encore. À l’échec de la mission
civilisatrice — clairement définie comme la tentative d’éliminer la barbarie
— correspond en effet l’émergence dans nos sociétés de pratiques
sécuritaires, néohygiénistes et de biopouvoir, ainsi que le retour des
guerres « civilisatrices » : une «
nouvelle barbarie », née précisément de la volonté d’en finir avec la
barbarie. Et pourtant le constat n’est
pas neuf : on ne peut en finir avec
l’anthropophagie en mangeant les anthropophages. Comme l’écrit
Claude Lévi-Strauss* « LE BARBARE, C’EST CELUI QUI CROIT À LA BARBARIE ». Celui-là
en effet, ne voit plus l’autre comme tel, mais comme une anomalie qu’il
faudrait éliminer. Dans une civilisation
qui ne tolère plus les conflits qu’à condition qu’ils entrent dans les
normes, cette nouvelle barbarie vise des figures de l’autre très diverses : l’étranger qui menace nos sociétés, l’«
intégriste » qui met en péril l’ordre républicain, mais aussi le salarié ou
le fonctionnaire qui résistent au formatage des « directions des ressources
humaines », les handicapés, les déviants de tous types, les contestataires
qui refusent de se plier aux normes admises de la contestation, celui ou
celle qui par leur comportement sont réputés mettre en danger leur santé ou
celle de leurs proches. Bref, tous ceux qui sont perçus comme source
possible d’un chaos menaçant l’ordre social acceptable. Traditionnellement, le barbare
est celui qui, depuis la frontière, menace la civilisation. Mais il est
surtout celui qui lui permet de s’autodéfinir comme telle. Or, dans notre monde
unifié par l’hégémonie du « même », ces frontières sont désormais moins
extérieures qu’intérieures. Tout se passe comme si ce monde dominant
était composé de forteresses abritant les « inclus », se dressant au cœur de
no man’s lands peuplés d’« exclus », cristallisant la crainte sécuritaire des
premiers. La menace est devenue diffuse, insondable et donc intérieure. Et si les pays du Nord sont
les macroforteresses, à l’intérieur de chacune d’elles existent aussi des
miniforteresses entourées de mini-no man’s lands. Enfin, chaque homme, chaque
femme, tend à se vivre comme une microforteresse entourée de micro-no man’s
lands inquiétants : chacun est invité à voir son propre être comme un
territoire où des noyaux de rationalité et de sagesse seraient cernés de
pulsions et de passions non civilisées. C’est l’époque de la méfiance. Accepter ou refuser la
barbarie : telle serait la seule — et rassurante, tant la réponse est
évidente — alternative. Mais le vrai défi, à nos yeux, est ailleurs : comment
faire avec tout ce qu’on a refoulé et rangé dans les anomalies inadmissibles.
Il est de chercher comment l’être humain tel qu’il est, avec ses parties
obscures, peut construire un vivre ensemble malgré et avec le conflit, de
façon à en finir avec le rêve cauchemardesque d’élimination de tout ce qu’il
y a en lui d’immaîtrisable. L’immaîtrisable, en effet, est
partie prenante de la réalité humaine, et toute tentative visant à le nier ou
le formater ne peut au mieux que produire un retour du refoulé, au pire la
barbarie. "Il est
impossible de se cacher de ce qui ne disparaît jamais", disait Héraclite, et nos
sociétés contemporaines ne font pas exception à la règle. Le refoulement du
conflit peut produire la barbarie. C’est pourquoi il est important de refuser de penser séparément
le conflit et la civilisation. À la suite d’Héraclite, notre hypothèse
sera que le combat (polemos) est de tous les êtres le père. En partant d’un tout d’horizon
des « conflits », vécus ou appréhendés comme tels par nos contemporains
(première partie), nous avons voulu déployer cette hypothèse d’une réalité
ontologique du conflit, redéfini à ce niveau (deuxième partie), puis en tirer
les conséquences concernant l’engagement et l’agir dans l’époque qui est la
nôtre (troisième partie). » (Source : « Éloge du conflit », Miguel Benasayag et Angélique del
Rey, La découverte 2007, page 7.) ____________ Vous avez sans doute senti comme moi des connexions
avec la pensée de Jean
Grenier contre l’esprit d’orthodoxie (quand il évoque
“notre monde unifié par l’hégémonie du «même»”, notamment),
n’est-ce pas ? » (Commentaire rédigé chez Paul, pour Fab, fin décembre 2008 : http://www.pauljorion.com/blog/?p=1289#comment-13241, après avoir insisté pour qu’il suive les liens, signalés un peu plus tôt quand je lui disais : « À mon avis, nous ne nous émanciperons pas de l’idéologie gestionnaire, ni de l’idéologie du travail sans fin, ni de la monnaie-dette, ni des pouvoirs sans constitution, sans comprendre
par quelles ruses intellectuelles — et avec quel lexique — les privilégiés
nous maintiennent à leur service. » J’ai ensuite un
peu détaillé le sens de ces quatre liens, et je crois que ça devrait vous
intéresser ici : « • Le livre de Gaulejac (« La société
malade de la gestion ») est une merveille
d’intelligence pluridisciplinaire pour comprendre certains ressorts
essentiels et très concrets de nos aliénations ‘modernes’ à des contraintes
insensées, ce qu’il appelle "idéologie
gestionnaire, pouvoir managérial et harcèlement social". C’est un
bon livre, utile, et qui montre justement certaines racines importantes de
l’obsession économique délirante de l’époque moderne, cette obsession de type
religieux que vous conchiez à très juste titre. Ce livre vous plaira, vous
verrez : il aide à construire soi-même des propositions alternatives
originales, en prenant le mal à la racine (de façon radicale, donc). • Le tout petit
livre de Paul Lafargue (« Le droit à la paresse
») est un pur diamant de colère enflammée contre la
sottise crasse de l’idéologie du travail sans fin : c’est un grand classique,
à connaître absolument, très court, du vitriol pur contre la propagande
répugnante « travailler plus pour travailler plus (catéchisme de la
soumission pour que les riches rentiers travaillent moins) ». Très utile pour
votre résistance contre l’oppression économique. • Le film « Zeitgeist » est un exposé passionnant (en deux longues parties de
deux heures) d’une thèse complotiste bien ficelée (à mon avis, très largement
fondée) qui articule les mythes
religieux (la peur de l’enfer pour obtenir la docilité des hommes au
travail), les mythes politiques (les
faux dangers des faux complots pour obtenir, par la peur toujours, la docilité
des hommes au travail) et les mythes
monétaires (la fausse rareté de la monnaie pour obtenir, par peur de la
misère, la docilité des hommes au travail). C’est très bien fait, ça circule
beaucoup sur Internet (on le comprend) et ce serait bien que Paul en propose
une lecture critique (il y a quelques détails à préciser ou à contrôler, mais
l’ensemble est très intéressant), comme il l’avait fait pour le film de Paul Grignon (Money
as debt), que je trouve excellent lui aussi. Très utile pour
votre réflexion sur les religions, sur les mythes et sur la monnaie. (Pour les versions sous-titrées en français, il faut cliquer sur les
petits liens [Subtitles Here]
et [Subtitles Here]) Je recommande à tous de
voir ces deux films et d’en parler librement entre nous. • Le document de votre ami marseillais
(un brûlot contre l’épouvantable constitution européenne) prend les
problèmes à la racine, il cherche la
source : il souligne que les institutions imposées aux peuples européens
—sans débat, en douce— depuis cinquante ans, ne prévoient en 2005 ni… ni… etc. (lire la suite là) » Paul Jorion refuse de
parler davantage de Paul Grignon
qu’il accuse de propagande dangereuse… N’importe quoi… Je suis en désaccord profond avec Paul sur ce point.
Je ne comprends pas sa violence. |
«Essai sur l’esprit d’orthodoxie» Un livre formidable de Jean Grenier, professeur de
philosophie de Camus (qui l’aimait beaucoup) http://www.priceminister.com/navigation/se/category/sa/kw/jean+grenier+orthodoxie L’intelligence coule entre toutes les pages dans ce livre éclairant et
utile, datant de 1938. Voici les premières pages ; ce texte est superbe, ne le ratez pas. «
Les essais qui suivent sont une longue protestation contre les orthodoxies.
Il
me faut m’expliquer sur ce mot. Je laisse de côté la définition admise par
Littré : "Conformité aux doctrines
de l’Église. On appelle auteur orthodoxe celui qui n’enseigne rien que de
conforme à l’autorité de l’Église, etc. " Ce qui m’intéresse plutôt
c’est le sens du mot par extension : "Quiconque
ne produisait pas des certificats ou des gages suffisants d’orthodoxie
païenne était exclu non seulement des écoles entretenues par les cités, mais
de toute espèce d’enseignement public (sous l’empereur Julien)."
Cette citation donne un sens encore trop restreint au mot orthodoxie. Je l’ai
pris plutôt au sens qu’a employé Émile Burnouf dans la Science des religions
quand, revenant à l’étymologie du mot, il écrit : "Quand une opinion se
déclare droite et vraie, cela signifie que toute opinion différente n’est ni
l’un ni l’autre." "Chaque orthodoxie a pour opinion
qu’elle est la seule bonne et la seule vraie." Une orthodoxie est donc avant tout une doctrine d’exclusion. L’orthodoxie succède à la croyance.
Un croyant en appelle à tous les hommes pour
qu’ils partagent sa foi ; un orthodoxe récuse tous les hommes qui ne
partagent pas sa foi. C’est que la foi du premier est surtout un sentiment et
la foi du second surtout un système. Le premier dit : "Laissez venir à
moi…" et le second : "Qu’il soit
anathème…" C’est
une loi presque fatale que ceci succède à cela. Pourquoi
ce durcissement, ce passage de l’appel au refus ? C’est que toute croyance
contient en germe un élément négatif : la même idée qui est un moyen de
ralliement sert aussi un moyen d’exclusion : "Qui n’est pas avec moi est contre moi." C’est
surtout qu’une croyance en s’implantant dans une société s’organise et se
défend comme une plante qui étend ses racines jusqu’à ce qu’elle trouve de
l’eau, recouvre sa tige d’écorce, tourne ses feuilles vers le soleil, enfin
use de tous les moyens pour se développer et repousse avec intransigeance
tout ce qui ne peut pas l’y aider. L’orthodoxie est donc une suite fatale de
toute croyance qui réussit ; ou, en tout cas, elle est une tentation à
laquelle peu de croyances résistent. (…)
[Les orthodoxies] rapprochent des hommes très différents qu’elles rendent
semblables ; elles éloignent des hommes très semblables qu’elles rendent
différents et même hostiles, témoins les luttes interminables, à l’époque des
Croisades, entre les Latins et les Grecs. Ces
grandes forces sociales que constituent les orthodoxies risquent de faire
perdre complètement le contact avec la croyance primitive. Toute
orthodoxie repose en effet sur des conventions, et la première de toutes est
qu’il faut se ranger à l’avis soit d’une majorité, soit d’un chef, et, une
fois que cette majorité ou ce chef se sont prononcés, se
ranger à leur avis sous peine d’être bannis de la société.
Une hérésie se distingue d’une orthodoxie par le fait qu’elle ne groupe
qu’une minorité. Tel est au moins le caractère de l’hérésie pour celui qui
voit les choses du dehors. Pour celui qui les voit du dedans, la majorité et
le chef se décident d’après la tradition, ils sont animés d’un esprit qui
dicte leurs décisions ; l’arbitraire du nombre ou de la dictature ne serait
ainsi qu’apparent. En
tout cas, le résultat est que l’orthodoxie devient de plus en plus une
convention et s’appuie de plus en plus sur des formulaires, de même qu’elle
cherche un soutien dans un État ou dans une classe sociale. Cette
cristallisation et ce raidissement sont des nécessités pour l’orthodoxie.
Elle ne peut se maintenir qu’en restant immobile, car la moindre fissure
pourrait entraîner l’écroulement de tout l’édifice : si on laisse critiquer
un point, pourquoi pas un autre point et ainsi de suite ? L’orthodoxie est
donc parfaitement intransigeante. Et
le croyant se sent rassuré : dans un univers changeant il s’attache à quelque
chose qui ne bouge pas, et se sent d’accord avec un grand nombre d’hommes. Or
les deux causes les plus aiguës de souffrance sont incontestablement la
solitude dans la Nature et la solitude dans la société. ÉCHAPPER À
L’ISOLEMENT EST LE PREMIER BESOIN DE L’HOMME. ON S’EXPLIQUE, QUAND ON PENSE À
CELA, L’ADHÉSION À UNE ORTHODOXIE DE NOMBREUX INTELLECTUELS, exigeants pour
leur propre pensée, mais PRÊTS À ACCEPTER N’IMPORTE QUEL SYSTÈME AFIN DE
N’ÊTRE PLUS SEULS, et aussi parfois afin de rejoindre la communion humaine.
De
telles conversions quand elles sont désintéressées sont très respectables.
Elles n’en sont pas moins suspectes du point de vue de l’intégrité
intellectuelle, car on ne doit admettre aucune idée, même bienfaisante, que
l’on ne croie vraie. Le «pieux mensonge» est chose haïssable. C’est l’honneur
de l’homme de se soumettre à des choses qui le dépassent. (…) 2°
À peine née, la foi agit ; à peine agit-elle qu’elle cherche à se nommer. Elle rassemble autour d’elle un nombre d’hommes qu’elle
sépare des autres : ce partage forme les partis.
Déjà l’idéal se trouble et s’obscurcit en passant dans la pratique. Il existait pour unifier ; voici qu’il divise.
Le croyant s’étonne qu’on ne participe pas à sa croyance. Mais il ne nie que
parce qu’il affirme ; il ne déteste que parce qu’il aime. Un moment vient où il finit par oublier
le but pour ne plus voir que le moyen. (Commentaire
[de Jean Grenier]) : Nous n’examinons ni le fascisme ni le
social-nationalisme. La Nation et la Race peuvent être efficaces mais c’est,
nous semble-t-il, plutôt comme mythes que comme idéaux. Un mythe divise dès le début ; un idéal peut se
dégrader en mythe, mais commence toujours par unir. Nous sommes contre les
mythes. DU
PARTI. Il
peut être intéressant de voir maintenant comment se fait l’adhésion
à un parti une fois que nous avons circonscrit le champ
dans lequel peut se faire cette adhésion. Nous laissons le cas de ceux qui
ont souffert et n’ont pas eu à choisir, pour nous tourner du côté de ceux qui
n’ont pas souffert et dont le choix doit être déterminé par l’intelligence.
Nous ne parlons plus ici des mêmes hommes ; et nous allons signaler quelques
difficultés qui se présentent aux intellectuels. 3°
Un intellectuel qui s’est montré dilettante et n’a envisagé dans la vie que
sa part de rêve et de jeu, dès qu’il est converti à l’action sociale, se
précipite vers la conception la plus rigide de l’art populaire : il ne veut
plus écrire une ligne qui ne serve à la société ; et surtout il ne verra
aucune difficulté à adhérer au Credo le plus catégorique. Plus on a pris
de libertés autrefois, plus on doit se montrer sévère envers soi-même — et
aussi envers les autres. La psychologie de saint Augustin est celle de tous
les convertis. 4°
Comme l’intellectuel a d’habitude (et rien n’est plus malheureux) peu de
contact avec les autres hommes, en tout cas en a moins que l’ouvrier, le
technicien ou l’homme politique, comme par suite il ne peut agir directement
autour de lui, il se croit obligé d’adopter des opinions extrêmes afin de
compenser le peu d’étendue de son action. Il sera d’autant plus tenté de le
faire, s’il a le sentiment de la justice, que sa situation sociale paraîtra
aux autres plus avantageuse. 5°
Quand on doit traiter une affaire qui vous concerne personnellement on
réfléchit avant de s’y engager, car si l’affaire tourne mal vous en supportez
les conséquences. Un pilote, un chirurgien, un mécanicien, n’ont pas le droit
de se tromper. Si vous adoptez une théorie politique vous n’aurez pas ces
scrupules… Et même… Laissons parler Descartes : "II me semblait que je pourrais rencontrer plus de vérité dans
les raisonnements que chacun fait touchant les affaires qui lui importent, et
dont l’événement le doit punir bientôt après s’il a mal jugé, que dans ceux
que fait un homme de lettres dans son cabinet touchant des spéculations qui
ne produisent aucun effet, et qui ne lui sont d’autre conséquence sinon que
peut-être il en tirera d’autant plus de vanité qu’elles seront plus éloignées
du sens commun, à cause qu’il aura dû employer d’autant plus d’esprit et
d’artifice à tâcher de les rendre vraisemblables." 6°
Il faut tenir compte du désir de
simplification naturel à tout homme. Autrefois il y avait dans les
villages les "blancs" et les "rouges" et il ne fallait
pas sortir de là. Maintenant si l’on n’est pas "marxiste" ou susceptible de le devenir,
on vous tient pour "fasciste".
Ce n’est pas une mauvaise tactique étant donné la peur des mots ; et l’on voit des
gens résignés à tout dire et à tout faire "pour ne pas passer pour…".
Mais un pareil procédé n’est preuve ni de bon
sens ni de bonne foi. Peut-on
être convaincu de la nécessité et de la bienfaisance de ce qu’on appelle en
gros «le socialisme» ? Oui. Est-on forcé pour cela d’être marxiste? Non. —
Peut-on admettre une politique d’extrême gauche? Oui. Est-on forcé pour cela
d’admettre la métaphysique de l’extrême gauche ? Non. Transformer
la propriété, renoncer à toute conquête et à toute colonisation, faire du
travail un droit et un devoir, pourquoi pas? Mais comme cela m’ennuie si vous
exigez pour cela que je croie au progrès, à la raison et à la science, au
sens où les hommes du siècle dernier ont pris ces mots-là ! Il convient de dissocier les idées, avant et afin d’associer
les cœurs. Voici quelques dissociations : 7°
L’extension de l’instruction ne va pas toujours de pair avec le progrès de la
culture. Les masses sont de plus en plus éclairées, mais les lumières sont de
plus en plus basses. Les idées courtes et simplistes ont plus de succès que
les autres. Un homme cultivé a de moins en moins de contemporains. Pour peu
qu’il mette en doute certaines idées générales et optimistes, un peu trop
générales et un peu trop optimistes, il
passe pour un buveur de sang. Mais cette marche inverse de l’instruction
et de la culture n’était pas fatale. (…)» Jean Grenier, «Essai sur l’esprit d’orthodoxie»
(1938). |
« Faut-il avoir si peur de la planche à billets ? » Je vous recommande chaleureusement la lecture du livre Dans un échange un peu houleux avec ‘Nadine’ sur le blog de Paul, http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=5875#p5875 Proposition très argumentée de REFLATION, où la Banque Centrale injecterait empiriquement (par touches
successives) des quantités importantes mais raisonnables de monnaie
permanente : 300 € par personne sans condition et puis on verrait ce que ça donne en termes d'inflation : |
« L’argument de la CONCURRENCE entre les banques commerciales est-il PERTINENT (et RASSURANT) vis-à-vis de la création monétaire
privée ? » http://www.pauljorion.com/blog/?p=1353#comment-13236 Je pose la question chez Paul Jorion (sans réponse) parque que j’ai
l’impression Étienne Chouard dit : L’argument de la CONCURRENCE « Cher Oppossum, Vous dites : “B) Effectivement les banques commerciales ont un pouvoir
exorbitant, en théorie, mais il est
BORDÉ par :
J’ai lu ça cent fois dans les manuels,
effectivement. Pourtant, depuis quelque temps, je formule en
moi-même une objection, à laquelle je n’ai pour l’instant pas de
réponse, mais vous m’aiderez peut-être… Je vous invite donc à blablater un peu avec moi Pour justifier le privilège de création monétaire
consenti aux banques commerciales, on met souvent en avant le fait que ce
privilège n’est pas sans limite. Première analogie qui me vient à l’esprit : c’est un peu comme si une prétendue « loi » autorisait
d’abominables Rapetous à venir — très légalement — piquer de l’argent dans
votre poche tous les soirs, OUI MAIS PAS
TOUT, donc vous voyez bien que ce n’est pas
si grave… Pas très convaincante, la justification de « la limite
», je trouve. La limite — j’ai failli dire la prétendue «
limite » — serait, selon les manuels, l’existence d’une concurrence entre
les banques, concurrence qui les empêcherait de faire n’importe quoi et
de prêter à gogo, par exemple à des clochards (à quoi pensez-vous, espèce de
séditieux ?). Comment fonctionne cette « limite » ? Si je suis une banque (disons que je
suis la BNP) qui détient en gros une part
de marché des DAV (les dépôts à vue, c’est la monnaie) de 10%
(autrement dit, sur 100 € déposés, bon an mal an, 10 € sont déposés chez moi
BNP), alors (dans cette situation de parts de marchés), quand je prête 100 €
à un client, je crée 100 “€ BNP” et ce client va utiliser ces € pour régler
ses achats et, au final, il y a 90 € qui vont quitter mes comptes BNP
(le passif de mon bilan) pour échouer sur les comptes de mes concurrents
(le passif du bilan des autres banques, la monnaie circule). De la même façon mais en sens inverse,
chaque fois que les autres banques prêtent (créent) des euros à leurs
clients, bon an mal an, il y en a 10% qui font finir sur mes propres comptes
(au passif de mon bilan). Donc, si
nous respectons tous (nous autres les banques) nos parts de marché (si nous
prêtons en respectant ces proportions), c’est-à-dire si moi BNP je prête
(crée) aujourd’hui 10% (et pas plus) de tout ce qui a été prêté (créé)
aujourd’hui, alors, le soir, après la compensation, les comptes des banques
entre elles seront en équilibre, personne ne devra rien à personne et donc
personne n’aura besoin de monnaie banque centrale pour éponger un
déséquilibre. Au contraire, si moi BNP, alléchée par
quelques demandeurs de crédit très séduisants, j’ai exagéré aujourd’hui et si
j’ai beaucoup trop prêté (beaucoup trop créé), si j’ai par exemple prêté
(créé) aujourd’hui 30% de ce qui a été prêté (créé) par toutes les
banques dans la journée, une grande partie de cet argent nouveau (90% de ces
30%) va fuir mes comptes alors qu’une moindre partie (10% seulement de
l’ensemble des prêts de la journée, comme d’habitude) va revenir dans mes
comptes, ce qui va me rendre débiteur
envers les autres banques, le soir à la compensation. Or, quand une banque est débitrice
envers une autre banque, elle ne peut pas payer sa collègue banque en «
monnaie de singe » : moi BNP, je ne peux pas payer la Société générale en «
monnaie BNP », de la monnaie que je créerais ex nihilo comme d’habitude (je
ne peux pas parce que je n’ai pas de contrepartie à mettre en face, dans ce
cas de figure)… Donc, la Société générale veut de la
monnaie banque centrale en paiement de ses créances. Or, moi BNP,
—heureusement !—, je ne peux naturellement pas créer cette monnaie banque
centrale (celle qui me manque parce que j’ai « exagéré » en prêtant (créant)
plus que ce que ma part de marché me permettait de faire). Alors, il faut que moi BNP j’emprunte cette
monnaie banque centrale (soit à la banque centrale elle-même, soit à une
autre banque, la Société Générale si elle veut bien me la prêter, ce qui ne
va pas de soi ces temps-ci), et ça va me coûter les yeux de la tête. D’où la « limite ». Mon objection : Que se passe-t-il SI, INSENSIBLEMENT, PETIT À PETIT,
TOUTES LES BANQUES PRÊTENT DE PLUS EN PLUS TOUT EN RESPECTANT GROSSO MODO LEURS PARTS DE MARCHÉ RESPECTIVES (un jour plus, mais l’autre jour moins) ? Dans ce cas-là, la compensation
annule toutes les dettes tous les soirs, et le besoin en monnaie banque
centrale reste nul pour tout le monde. Et la « planche à billets
commerciale » peut ainsi — progressivement et impunément — tourner de plus en
plus vite. Non ? À mon avis, c’est ce qui se passe depuis des
années et (c’est mon objection) cette évolution-là (« tout le monde
prête-crée de plus en plus sans que l’un des prêteurs-créateurs ne dépasse —
ni significativement ni durablement — les autres ») annule complètement
l’argument (déjà passablement frelaté comme je l’ai signalé d’abord) de
la concurrence entre banques comme « garde-fou » salutaire, véritable «
garant de la vertu » des banques commerciales créatrices de la monnaie (tu
parles). Fait important : la masse monétaire augmente de plus de 10% par an depuis plus de
6 ans sur la zone euro (sans
inflation, notez-le au passage). Que pensez-vous de cette objection ? Au plaisir de vous lire. Étienne. » |
Je vous conseille la lecture d’un
échange assez rare, http://www.pauljorion.com/blog/?p=1353#comment-13276 Étienne Chouard
dit : Cauchemar socialiste supposé « Loïc, Je reprends votre message point par point, pour ne
pas être trop long. Étienne
dit « “LES ÉPARGNANTS N’ÉPARGNENT PAS POUR GAGNER UN TAUX
D’INTÉRÊT” : C’est
sans doute vrai que l’épargne est peu sensible aux taux (et beaucoup plus à
la confiance des ménages en l’avenir à long terme), mais quel rapport avec la
question des banques ou du crédit ? » [Pour moi, ce sont
deux questions distinctes, mais c’est Paul, dans son billet, qui suppose que
les deux questions sont liées, non ?] «
Nous épargnons par exemple pour nous protéger de l’avenir quand il nous
semble menaçant, ou bien pour préparer des projets futurs. » [Nous sommes
d’accord : une motivation importante de l’épargne, tels des écureuils, est de
mettre de côté du pouvoir d’achat, en prévision des mauvaises périodes,
toujours à craindre. MAIS, cette
légitime précaution n’emporte PAS DU TOUT avec elle LE DROIT À
"RÉCOLTER" PLUS (SANS TRAVAILLER) QUE CE QU’ON A ÉPARGNÉ, ce surplus étant forcément réalisé sur le dos de
ceux qui travaillent, jusqu’à démonstration du contraire. Et c’est bien là
que nous divergeons, je pense. Je sais bien que
ce revenu facile (sans travail) vous semble une évidence, parce que les
épargnants ont pris L’HABITUDE de gagner plus que ce qu’ils ont économisé, en
attendant simplement que le temps qui passe fasse grossir leur tas d’or,
tout seul, sans travail, mais toutes les habitudes ne sont pas forcément
bonnes, ni légitimes. Essayez de trouver
le fondement moral, la justification de ce gain sans travail, ce n’est pas si
simple. Et si vous
repoussez l’argument moral, comme si la morale n’avait pas sa place en
économie (on entend ça souvent, je ne sais pas ce que vous en pensez),
pouvez-vous donner une justification à ce cynisme (la philosophie égoïste par
excellence) ? Paix et morale sont-elles dissociables ? De mon point de
vue, le seul intérêt défendable pour
l’épargne, c’est celui qui protège l’épargne de l'injustice de l’érosion
monétaire, c’est donc un intérêt dont le taux ÉGALE celui de
l’inflation, sans le dépasser, ce qui donne un taux RÉEL NUL.] « Si
il n’y a plus de taux d’intérêt sur les prêts, j’épargnerai encore,
évidemment : je pourrai placer mon capital dans de l’immobilier pour avoir un
loyer, ou dans des actions qui rapportent un rendement (et éventuellement une
perspective de plus-value) » [Votre habitude de
gagner de l’argent sans travailler vous fait chercher d’autres combines
présentant les même propriétés, on peut le comprendre, mais s’il n’y avait plus AUCUN moyen de gagner de
l’argent sans travailler soi-même (sous-entendu, en faisant travailler les
autres à sa place), vous feriez, je pense, contre mauvaise fortune bon cœur
et vous vous contenteriez —très normalement— du juste fruit de votre PROPRE
travail (une épargne protégée de l’érosion monétaire, et pas plus), et si
vous aviez besoin de plus d’argent, vous feriez —enfin— comme tout le monde :
vous vous mettriez au travail (un vrai travail qui crée de la richesse)…
Pour montrer qu’on
peut dire tout ça sans être un « extrême gauchiste » au couteau entre les
dents, j’insisterai sur la formulation de Keynes lui-même (grand
bourgeois libéral, grand spéculateur et profondément anticommuniste),
formulation que j’aime bien, à la fin de sa théorie ; je vous la signale à
nouveau parce je ne suis pas sûr que vous l’ayez bien lue : [C’est Keynes qui parle, mais c’est moi qui souligne.
ÉC] « La généralisation de la rente nous paraît constituer une phase intermédiaire dans l’évolution
du capitalisme ; elle prendra fin lorsqu’elle
aura rempli son objet. Et la disparition de la rente du capital
entraînera bien d’autres changements radicaux dans ce régime. Le grand avantage du programme que nous
préconisons, c’est que la disparition du
rentier ou du CAPITALISTE SANS PROFESSION n’aura rien de soudain,
qu’elle n’exigera aucun bouleversement, qu’elle résultera de la simple
persistance pendant un certain temps de l’évolution graduelle que la
Grande-Bretagne a connue récemment. Pratiquement on pourrait se proposer (tout
ceci n’a rien d’irréalisable) d’abord d’augmenter l’équipement jusqu’à ce que
le capital cesse d’être rare, de manière à supprimer la prime attribuée au
capitaliste sans profession ; ensuite de créer
un système de taxation directe OBLIGEANT LES FINANCIERS, LES ENTREPRENEURS ET
LES AUTRES HOMMES D’AFFAIRES À METTRE AU SERVICE DE LA COMMUNAUTÉ À DES
CONDITIONS RAISONNABLES LEUR INTELLIGENCE, LEUR CARACTÈRE ET LEURS CAPACITÉS
PROFESSIONNELLES (ces hommes d’affaires aimant certainement assez
leur métier pour consentir à travailler à bien meilleur compte qu’à présent).
» (Source : John Maynard Keynes, 1883-1946 ,
« Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie » (1936), «
Notes finales sur la philosophie sociale à laquelle la théorie générale peut
conduire » Université du Québec À Chicoutimi et
Édition Payot 2005.) Façon élégante,
pour ce génie, de dire que les rentiers sont
oisifs, que ce sont des parasites qui vivent sans travailler aux crochets de
ceux qui travaillent, que leur rente, contrairement à ce que vous prétendez,
ne les encourage pas du tout à travailler mais au contraire, précisément, les
DISSUADE de « mettre leur intelligence et leurs capacités au service de la
communauté », aux dépens de tous ceux qui, eux, sont condamnés aux travaux
forcés (à leur service). ] _______ «
Par contre je refuserai de prêter à qui que ce soit mon argent, vu que cela
ne me rapportera plus rien. Tout le monde (ou quasiment) fera comme moi et
plus aucune entreprise, plus aucun ménage ne trouvera alors de quoi
emprunter. » [Vous refuserez de prêter votre bel argent et
on s’en passera sans problème puisqu’on sait
désormais —depuis que la monnaie est totalement dématérialisée— créer ex nihilo l’argent dont on a besoin
pour financer les investissements productifs. Vous
garderez votre argent et il ne manquera à personne.] _______ « Si
on interdit le rendement (loyers ou actions), cela revient à rendre inutile
la possession d’un capital. C’est un cauchemar socialiste (ou une utopie
68-arde, ce qui revient au même), dans lequel toute inégalité serait
supprimée. Certains utopistes rêvent d’un monde sans inégalité, mais il faut
bien en voir les conséquences pratiques : » [Est-ce que ce
serait si grave que la possession d’un capital devienne inutile ? Imaginez
que le « cauchemar socialiste » (supposé) qui vous fait si peur —à vous qui
vivez du travail des autres— est un « rêve de libération » pour ceux qui,
aujourd’hui, travaillent à votre place. Je vous signale,
au cas où vous viviez dans une bulle, que notre réel quotidien — à tous ceux
qui travaillent et ont peur précisément de perdre ce travail qui est leur
seul moyen de survivre—, ce réel est bien le « cauchemar capitaliste » avéré
(pas supposé). Mais il faut être
du côté des damnés de la terre (dans la famille des licenciés boursiers, par
exemple), semble-t-il, pour s’en apercevoir.] _______ « Dans
ce cas de figure, je m’adapterai simplement à ce système en en faisant le
moins possible : je choisirai simplement le travail demandant le moins de
responsabilité, que je ferai sans aucune motivation (ou que je ne ferai pas
si c’est possible)…et la majorité des opérateurs agiront comme moi (il y aura
toujours 1 ou 2% d’idéalistes purs et durs), se comportant en “boulets
inertes”. » [Je vais me
dispenser de commenter ces projets personnels qui parlent d’eux-mêmes.] _______ «
Une société de ce type péricliterait rapidement (ou dériverait vers une
dictature parce qu’il faudra une hiérarchie féroce pour obliger les gens
totalement démotivés à travailler quand même, avant de péricliter). » [Je connais un bon
moyen d’éviter toute dictature (ça s’appelle une Constitution, une vraie),
mais j’en ai largement parlé ces temps-ci, je n’y reviens pas. Les «
constitutions » « communistes » n’en sont pas, pas plus que les «
constitutions » « démocratiques » : aucune n’a été écrite avec le minimum de
précautions pour éviter les tricheries éhontées des « représentants » contre
l’intérêt des citoyens. Par exemple, la Constitution soviétique de 1918, que
j’ai sous les lunettes, a été écrite par… le parti… (après avoir dissous
l’assemblée constituante dès qu’elle a résisté à Lénine…) Je ne vois aucune
fatalité inévitable dans ces abus de pouvoir immémoriaux : nous devons
surtout bien repérer LA VRAIE SOURCE des dysfonctionnements, l'origine
véritable de notre difficulté à contrôler les hommes au pouvoir.] _______ «
Bien entendu, j’aurai fui bien avant cela vers un pays n’ayant pas adopté de
telles mesures, qui lui progressera bien plus vite (ses citoyens étant plus
motivés) et qui sera bien vite en mesure de dicter ses conditions aux pays ayant
choisi l’impasse égalitaire et une solution aussi extrémiste que la
suppression de la rente. » [Fuyez donc… Personne ne vous regrettera, si vous
ne travaillez pas comme tout le monde. Je n’ai pas parlé
d’égalité, sauf peut-être d’égalité devant le travail, effectivement : il
s’agit de traiter en PARASITES ceux qui font travailler les autres sans
travailler eux-mêmes. Pour le reste, je
suis profondément méritocratique : ceux qui se donnent du mal et qui sont
utiles —ce qui n’exclut évidemment pas les petits patrons— doivent être
largement mieux traités que ceux qui font le minimum. Ce n’est pas si
difficile à organiser et cela n’impose pas nécessairement un système
d’extorsion injuste comme le système actuel. La suppression de la rente Étienne. _______ PS : si vous avez
un vrai travail, si vous n’êtes donc pas un rentier, tous ces reproches et
toutes ces remarques ne vous concernent pas, cela va sans dire : vous voyant
défendre ouvertement la rente et la spéculation, je vous ai interpellé COMME
SI vous étiez un rentier pur et dur, un spéculateur professionnel, ceux qu’on
appelait naguère les « profiteurs ». Mais c’est un
statut social, une posture économique, que j’interpelle, plus qu’une personne
désignée, bien évidemment ; je n’ai rien contre vous. » Les commentaires précédents et suivants « Les
bons et les mauvais coupables » (27/12/2008) http://www.pauljorion.com/blog/?p=1353 |
« L’Équateur met la finance sur le banc des accusés et répudie
sa "dette illégitime" » http://risal.collectifs.net/spip.php?article2435 « De passage à Genève, le vice-président Lenin Moreno confirme la
volonté de Quito |
« L’Argent » Un très bon éditorial de Serge Halimi, dans le Diplo de janvier, http://www.monde-diplomatique.fr/2009/01/HALIMI/16646 « Au moment où la question du « retour à l’État » est
presque partout posée, comment ne pas se demander quels intérêts il sert ? La
corruption politique prend aussi des formes que la loi ne sanctionne pas. Il y a un an, en
janvier 2008, l’ancien premier ministre britannique Anthony Blair a été
recruté par la banque américaine JPMorgan
Chase comme conseiller à temps partiel. Un temps partiel correctement
rémunéré : 1 million de livres sterling par an (1,06 million d’euros). Imagine-t-on que JPMorgan eût concédé une telle sinécure à
M. Blair si, lorsqu’il résidait au 10 Downing Street, ce dernier avait pris
des mesures honnies par les banques, en vue, par exemple, de prévenir un
effondrement financier ? Et est-ce tout à fait un hasard si M. Gerhard Schröder devint en mars 2006, moyennant 250 000
euros par an, conseiller d’une entreprise de pipe-lines, filiale de Gazprom, qu’il avait lui-même portée sur les fonts baptismaux du
temps où il était chancelier d’Allemagne ? Un de ses camarades sociaux-démocrates
jugea avec acidité : « Je ne peux m’empêcher de trouver un peu indigne qu’un
homme d’État soit à ce point obsédé par l’argent. » C’est au tour de M. George W.
Bush de préparer sa prochaine carrière. On a une petite idée
de ce qu’elle sera : « Je donnerai quelques discours, rien que pour
remplir mes vieux coffres. Je ne sais pas combien mon père réclame — c’est de
50 000 à 75 000 [dollars par « conférence »] —, et Clinton gagne lui aussi beaucoup d’argent (1). » Au point d’ailleurs que
l’ancien président démocrate devra soumettre à un comité d’éthique du
département d’État la liste de ceux qui rétribuent ses discours. Ainsi, nul
ne pourra soupçonner Mme Hillary Clinton de conduire la politique étrangère
des États-Unis de manière à enrichir subrepticement les clients de son
mari... En juillet dernier, Le Point, un magazine dont l’hostilité
à M. Nicolas Sarkozy ne constitue pas la marque de fabrique, a rendu publics un
certain nombre de ses propos hauts en couleur. Le président français aurait
détaillé ses projets comme suit : « Alors moi, en
2012, j’aurai 57 ans, je me représente pas. Et quand je vois les milliards
que gagne Clinton, moi, j’m’en mets plein les poches ! Je fais ça pendant
cinq ans et ensuite je pars faire du fric comme Clinton. Cent cinquante mille
euros la conférence (2) ! » Après la case «
présidence », la case « conférences ». Vendre des conseils, monnayer des discours ? On peut aussi
devenir patron d’une très grande entreprise. Avoir été ministre des finances n’est
pas le pire moyen d’y parvenir. Et de téter ensuite le sein de la « mamma étatique » quand celui-ci abreuve
d’argent public les banques privées en faillite. Conseiller économique influent de M. Barack Obama, M.
Robert Rubin le sait bien, lui qui est passé de la présidence de Goldman Sachs au ministère des finances, puis du ministère des finances à la
direction de Citigroup. Ministre
français de l’économie, des finances et de l’industrie de 2005 à Quand le pouvoir constitue tantôt l’étape nécessaire d’une
carrière lucrative dans les affaires, tantôt le refuge d’hommes d’argent en
quête d’un second souffle, peut-on
encore espérer que les premiers responsables de la crise pendront la part
qu’il leur revient dans le règlement de ses dégâts ? » Serge Halimi. ___________________ 1) Jim
Rutenberg, « In book, Bush peeks ahead to his legacy », The New York Times, 2
septembre 2007. (2) « Sarko off », Le Point, Paris, 3 juillet 2008. Selon
un journaliste du Monde, M. Sarkozy avait annoncé trois ans plus tôt : « Je
peux faire avocat, je peux gagner de l’argent. (...) D’abord je fais
président, puis je fais avocat. » (Philippe Ridet, Le Président et moi, Albin
Michel, Paris, 2008, p. 149.) (3) Les Echos, Paris,16 décembre 2008. |
« Comment sortir de la crise » une analyse et des propositions passionnantes de Jean Bayard : http://www.bayard-macroeconomie.com/sortiedecrise.htm Où l’on retrouve encore l’ennemi
imaginaire, dans la guerre économique cette fois, COMMENT SORTIR DE
LA CRISE Après la tempête financière, la tempête économique gagne du
terrain et menace en profondeur le monde entier. Nous venons tous d'assister, muets d'étonnement, à la
faillite des systèmes monétaires nationaux et à l'incapacité des banquiers
centraux à la contenir. Les conséquences de ces défaillances sur l'économie
réelle sont extrêmement graves et proprement inimaginables. En ce mois de
décembre 2008, nous n'en sommes qu'au tout début et le pire est à venir. Les plans de relance annoncés en novembre 2008 à la suite
du G 20, auront certes des retombées bénéfiques pour nos économies, mais
risquent fort d'être limitées dans le temps et dans l'espace économique pour
une raison essentielle liée au diagnostic. Et, comme il s'agit de dépenses
comptées en milliards, avec pour conséquence de nouveaux intérêts (impôts) à
payer, cela devrait donner à réfléchir. Pour chaque pays, la vraie question est la suivante : On est sûr que le pays va mal, mais a-t-on bien examiné le
malade ? Une erreur de diagnostic entraîne nécessairement une erreur de
prescription médicale. La
cause profonde du mal qui nous envahit est d'ordre monétaire, précipité par la crise bancaire. J'ai fait un constat terrible et alarmant : la
sphère réelle de l'activité de production manque cruellement de monnaie
tandis que la sphère monétaire et financière en regorge. Et, les banques centrales luttent contre un
mal imaginaire qu'elles
entretiennent délibérément dans l'opinion, car il est leur seule raison
d'être : l'inflation. Il est assez facile de démontrer que la quantité de monnaie n'a pas les effets qu'on lui prête sur les
prix, dès lors que l'appareil de production est apte à fournir la demande
instantanément ou dans de courts délais, ce qui est le cas dans la
plupart des pays industrialisés. La
hausse des prix dépend avant tout de ceux qui les fixent, dans l'intention
partout présente de faire des profits : voilà la véritable cause de
l'inflation des prix. Plus grave encore,
la monnaie émise ne circule pas du tout comme on le croit et fait cruellement
défaut dans la sphère réelle de production. Lorsque j'avance ici-même que l'épargne
ralentit l'allure de marche de l'activité de production et que le crédit
l'accélère, ce n'est pas une
affirmation gratuite ; elle s'appuie sur une analyse que je crois originale
faite en 1980, ce qui fait qu'elle a 28 ans de maturité, et elle est
mathématique. Des études que j'ai menées, que l'on me permette d'avancer
que la conjoncture n’est rien d’autre qu’une
économie libérale livrée à l’influence désordonnée, parce que non régulée,
des facteurs endogènes opposés que sont l’épargne et le crédit. Vous savez maintenant pourquoi avec la crise du crédit on s'enfonce dans
la dépression : le crédit ne couvre plus du tout
l'épargne. Sachez aussi que l'épargne forcée (celle qui est réservée
aux remboursements des emprunts antérieurs) amplifie le phénomène de la
récession. Si l'on veut conduire l'allure de marche de l'activité
nationale vers la croissance et l'amélioration du pouvoir d'achat, la régulation
monétaire est l'unique moyen d'y parvenir et seul
l'État est capable d'en assumer la fonction. Voici à présent, tout d'abord résumées et ensuite
détaillées, les solutions politiques et techniques d'urgence absolue que je
préconise : - replacement de la Banque Centrale sous l'autorité de l'État et dénonciation des accords de Maastricht
exclusivement bâtis sur le spectre de l'inflation, - moyens financiers de la relance de l'économie nationale à partir
de concours monétaires attribués à l'État, sans intérêt ni échéance de
remboursement, sur décision de l'Assemblée Nationale, - relance
ciblée privilégiant, dans l'ordre, le pouvoir d'achat des ménages, les
dépenses de fonctionnement et d'investissement dans tous les secteurs de
l'État chaque fois qu'elles font défaut (et il n'y a que l'embarras du
choix), - organisation
impérative des échanges commerciaux avec l'étranger, afin d'obtenir
l'équilibre monétaire : import = export, exception faite cependant pour les
produits pétroliers en attendant qu'aboutissent la recherche et la mise
au point de nouvelles énergies dopées par un financement illimité, - dispositions spéciales pour éviter les dérives inflationnistes, et en même temps,
les solutions techniques de 2ème urgence et d'ordre public : - réforme
du système monétaire national : réforme du ratio de solvabilité des banques,
couverture du risque d'insolvabilité par le pouvoir monétaire, taux fixe
d'intérêt en attendant l'indexation des prêts et emprunts sur un indice
d'érosion monétaire approprié, toutes mesures destinées à consolider le
système bancaire et à favoriser la distribution du crédit, - assainissement des relations interbancaires, - proposition de réforme du système de change international, - dispositions générales contre la spéculation. De nouvelles règles
du jeu doivent être fixées, pour que l'État puisse : - non seulement faire face à ses dépenses
courantes et d'investissements, - mais aussi et surtout pratiquer la
régulation monétaire afin d'atteindre l'objectif de croissance qu'il aura
préalablement fixé, car la croissance peut se décréter, mais oui ! je puis
vous l'assurer. La gouvernance d’un pays ne doit plus être affaire de
fiscalité, mais d'abord de finance et de monnaie. * * * * * SOLUTIONS
POLITIQUES ET TECHNIQUES D'URGENCE ABSOLUE 1 – Libération de la
monnaie et attribution du pouvoir monétaire au peuple La première démarche qui sous-tend toutes les autres est de
crever l’abcès monétaire. Le
moment est venu de libérer la monnaie de ses dogmes, de ses tabous et de ses
carcans. Le moment est venu de rendre
le pouvoir monétaire au peuple, c'est-à-dire à ses élus. La monnaie peut
et doit être le moyen démocratique d'accès au bien-être pour tous. Cela signifie clairement qu'en Europe les accords de Maastricht, exclusivement bâtis sur le spectre de
l'inflation, doivent être purement et simplement dénoncés et que dans
tous les pays la Banque Centrale doit être replacée sous la dépendance de
l’État qu’elle n’aurait jamais dû quitter. Les
banques centrales viennent de nous administrer la preuve de leur incapacité à
maîtriser le système qu'elles ont elles-mêmes construit. Elles ont gravement
failli à leur mission et manqué à leurs responsabilités. Cette mesure est en outre destinée à mettre un terme
définitif aux agissements des puissances monétaires qui nous gouvernent,
lesquelles pour masquer leur incompétence ont réussi à inoculer dans le corps
économique tout entier la maladie du syndrome de l'inflation. Il est urgent
de soigner et de guérir ce syndrome ; il a fait assez de ravages dans le
monde entier. Dès lors, L'État prend en charge la politique monétaire du
pays, avec tout ce que cela comporte, et notamment en matière de maîtrise de
l'inflation monétaire et de la hausse des prix. 2 – Relance de
l'économie nationale C'est la deuxième démarche. À mon avis, les besoins les
plus immédiats pour faire repartir l’économie française peuvent être estimés
(à la louche) entre 200 et 500 milliards d’euros, graduellement cela va de
soi sur 1 an ou 2. Il appartient à chaque pays de fixer les sommes
considérables dont il a besoin. Non pas au moyen de nouveaux emprunts, car
il faut en finir avec la cavalerie des emprunts d’État, mais à l’aide de
concours à l’économie mis à la disposition du gouvernement par la Banque
Centrale sur décision de l'Assemblée Nationale. Sur la base d’un plan de
redressement dûment motivé, bien sûr. Ces concours à l’économie seraient
accordés sans intérêt ni échéance de remboursement. Cela
s’appelle de la monnaie permanente, par opposition à la monnaie
d’endettement. Les avantages d’une
telle mesure tombent sous le sens : terminés les intérêts d'emprunts d'État
qui n'en finissent pas de grever le budget de la Nation et le portefeuille
des contribuables. a) cible de la
relance La relance keynésienne s'opère ordinairement en injectant
des fonds dans de grands travaux. Cette mesure me semble non seulement lente,
mais aussi inappropriée. Il faut donner en priorité du pouvoir d'achat aux
petits revenus pour relancer la machine. Voici ce que l'on peut entreprendre de toute urgence, pour
sauver l'économie nationale. Et, j'invite tous les pays à faire de même en
adaptant les mesures au cas par cas : - relever sensiblement le salaire des
fonctionnaires, surtout les plus bas, sachant que ce sont les petits revenus
qui ont la plus grande propension à consommer et la plus faible à épargner, - engager les dépenses les plus urgentes en
matière de services publics (recherche, enseignement, santé, justice,
sécurité, etc.) tant en ce qui concerne les frais de fonctionnement et les
investissements que l’entretien (trop longtemps négligé) des bâtiments,
matériels et installations ; le champ d'application de la mesure est immense
et on n'a que l'embarras du choix, - relever le salaire minimum (Smic en
France), au fur et à mesure mais pas avant que l’activité du secteur privé,
dopé par les dispositions prises au-dessus, alimente le pouvoir d’achat de
l'ensemble de la population et que l'on assiste enfin à la décrue effective
du chômage. Ainsi, la monnaie déversée au départ dans le secteur public
va doper l’activité privée de production, c’est-à-dire la consommation et
l’investissement, amorçant ainsi le processus de croissance (positive,
évidemment) jusqu’à retrouver la spirale expansionniste que la France a
connue pendant les trente glorieuses, comme le Japon des années 60 à 90. b) maîtrise de
l'inflation Il est bien évident qu’avec la relance les risques
d’inflation des prix augmentent et des mesures devront être prises pour les
limiter (engagement par les entreprises de modération des prix, par exemple)
avec pour ultime recours le blocage général ou partiel des prix. Je le dis et le
répète : ce sont ceux qui fixent les prix, qui les
augmentent pour en tirer profit, c'est-à-dire pour améliorer leur
pouvoir d'achat au détriment de la classe laborieuse qui n'en peut mais. La quantité de monnaie n'est pas la cause des
hausses de prix, excepté en période de pénurie généralisée quand
les moyens de production sont incapables de satisfaire une demande dotée de
moyens financiers trop conséquents. Si par le passé, les expériences faites dans le domaine de
la relance ont pour la plupart échoué, c’est que le blocage des prix s’est
toujours accompagné de sévères restrictions monétaires, tellement persuadés
que nous étions de la trop grande quantité de monnaie en circulation (ce qui
est faux). Ici, la différence est capitale qui privilégie l’abondance
monétaire à destination exclusive de la sphère réelle. c) organisation des
échanges internationaux La relance doit être impérativement
accompagnée d’une maîtrise parfaite
des échanges extérieurs, car on ne saurait
tolérer que le pouvoir d’achat ainsi avancé, file à l’étranger. Tous les pays étant logés à la même
enseigne, les solutions qui suivent me paraissent s'imposer à tous. Je tiens à rappeler qu'en matière d'échanges internationaux,
il existe une règle fondamentale : Quand il y a un exportateur dans un pays, il y a un
importateur dans un autre pays, et comme la valeur de l'échange est la même
pour les deux parties, on peut avancer qu'à l'échelle de la planète, les exportations sont égales par
définition aux importations. Ce
qui signifie qu'il n'existe d'autre croissance qu'intérieure. La croissance d’un pays repose donc essentiellement sur
son activité domestique : consommation
et investissement. Cette règle est universelle. Elle est la même pour
tous les pays. Il
est vain de croire que tout le monde peut exporter sans limite, ce qui n’empêche pas les gouvernements de tous les pays
d’encourager leurs entreprises à exporter. Et celles-ci de se précipiter à
l’assaut de parts de marché à l’étranger, non sans succès, il faut bien le
dire. Mais il apparaît de plus en plus
clairement que les multinationales font leurs profits
sur le dos des populations nationales, dans un environnement de guerre
économicide. Si l'on veut mettre un terme au chômage et à la misère
humaine, chaque pays doit se consacrer au développement de son économie
nationale, pas à celle de ses voisins, et enfin priorité des priorités donner
du travail à ses salariés. Chaque pays dispose avec sa monnaie des moyens
amplement suffisants pour développer sa propre économie. Deux alternatives s’offrent à chacun de nous : les pays
avec lesquels nous pratiquons des échanges (qui ont intérêt eux aussi à
développer leurs activités domestiques, comme nous le ferions), - acceptent de passer des accords bi ou
multilatéraux afin que l’équilibre des échanges commerciaux entre pays soit
garanti, éventuellement sous l’égide d’un organisme tel que l’Organisation
Mondiale du Commerce (OMC), tout indiqué pour cela, - n’acceptent pas (ce qui paraît bien
improbable) et des quotas leur sont fixés d'autorité. Des échanges équilibrés, cela signifie aussi et surtout le retour à
l'indépendance financière vis-à-vis de l'extérieur. Aucun pays n'a besoin de
concours étrangers, excepté s'il a une balance commerciale
déficitaire. Et, si tout le monde s'accorde sur ces dispositions, il n'y a
plus de balance commerciale déficitaire ! et son cortège de problèmes
spécifiques. Il existe toutefois une exception de taille à ces dispositions : ce sont les produits pétroliers et ils doivent
faire l'objet d'un traitement
particulier, vital pour l'économie de chaque pays. Aussi, est-il vivement
conseillé que tous les pays
importateurs subventionnent et
financent sans aucune limite : la recherche, la mise au point et la
production de nouvelles énergies, en contrôlant naturellement
l'utilisation des fonds alloués. Tous les moyens humains et financiers doivent être employés
pour se libérer de la dépendance pétrolière. SOLUTIONS
TECHNIQUES PARALLÈLES DE 2ème URGENCE 1 - Système
monétaire national Pour être complètement efficaces, les dispositions énoncées
au-dessus doivent s'accompagner en priorité d'une profonde réforme du système monétaire national
tout en réservant une place privilégiée à la distribution du crédit par les banques. Des réformes techniques
concernant les relations interbancaires viendraient compléter ce dispositif
comme il est dit au §2 ci-dessous. On peut tout d'abord répartir la distribution des concours à l'économie selon les règles suivantes
: - la banque centrale
fournit exclusivement les besoins de l'État ainsi que les moyens dont celui-ci doit disposer pour
opérer la régulation monétaire de l'économie, sans intérêt ni échéance de
remboursement comme il est dit plus haut, - les banques de
dépôts, créatrices de monnaie, fournissent les besoins financiers des
entreprises privées et des établissements de crédit non créateurs de monnaie, les risques d'insolvabilité étant couverts dans des
conditions examinées au-dessous. L'État doit commencer par réviser la réglementation
bancaire en donnant la priorité à la réforme du ratio de
solvabilité des banques et autres
établissements de crédit, appelé aussi ratio Cooke (USA) qui est à mon sens à
l'origine des défaillances du système. Les paramètres de ce ratio, doivent être profondément
remaniés. Les concours à l'économie
doivent être éliminés de ces paramètres, pour ne viser que les seules
opérations pour propre compte. Et les engagements des banques, y compris et
surtout des banques d'affaires, ne doivent plus excéder que 2 à 3 fois
maximum leurs fonds propres, contre aujourd'hui 12,5 fois, tout mélangé !
On pourrait dire que la réglementation a été faite à la mesure de leurs
activités débordantes ! Les concours à l'économie sont encadrés par la couverture du risque d'insolvabilité, à
partager entre la Banque Centrale d'une part, et les banques et autres
établissements de crédit d'autre part, dans le rapport de 90/10 par
exemple, les obligeant ainsi toutes et tous à prendre leurs responsabilités,
contre rémunération naturellement. Etant précisé que la Banque Centrale donne
son accord préalable à l'attribution des crédits, puisque c'est elle qui
prend la plus grande part des risques. Sauf erreur de ma part, elle dispose déjà des informations
les plus courantes, sûrement en ce qui concerne les établissements de crédit
et les entreprises. La couverture du risque d'insolvabilité peut s'opérer
individuellement en ce qui concerne les établissements de crédit et les
grandes entreprises et par une évaluation globale des risques pour les autres
comme le font toutes les compagnies d'assurances. Le gouvernement, en charge de la politique monétaire,
détermine provisoirement un taux
d'intérêt fixe pour une période de 6 mois minimum, par exemple. Dans le
même temps, les banques et établissements de crédit font payer leurs
services, tous leurs services, ceci afin de préparer la réforme monétaire et la disparition
progressive des taux d'intérêt. Afin
de faciliter le recours au crédit, je propose que l'intérêt des prêts et
emprunts soit supprimé et remplacé par l'indexation à un indice approprié :
celui de l'érosion monétaire, indice calculé par
un institut de statistiques indépendant. En définitive, l'emprunteur a à sa charge le coût de la couverture
du risque d'insolvabilité, d'une part, et la rémunération effective des
services rendus (gestion des dossiers et autres), d'autre part, au bénéfice
de l'établissement prêteur. L'avantage d'un tel
système réside dans le fait que l'emprunteur est autorisé à suspendre, à
faible coût, les échéances de remboursement en cas de difficultés passagères. Les ménages trouvent là le moyen démocratique d'accession à
la propriété, avec éventuellement l'aide de l'État dans certaines
circonstances. Celui-ci peut en effet piloter ou faire piloter de vastes
programmes de logements, en procédant par exemple à des expropriations de
vastes terrains en zone périphérique de grandes villes ou ailleurs, afin de donner en location par bail emphytéotique
les terrains une fois construits. Tous
les terrains constructibles sur le territoire national devraient appartenir à
l'État au terme d'un très lent processus de ré-appropriation. Ces conditions devraient favoriser ainsi l'accès au
logement pour tous. N'ayant plus matière à s'exercer, la spéculation sur les
variations de taux d'intérêt disparaît. Pas
de taux d'intérêt variables = pas de spéculation. 2 – Relations
interbancaires Les recommandations d'ordre technique qui suivent,
s'appliquent à chaque banque centrale nationale dans l'exercice de ses
responsabilités, pleines et entières, du système bancaire. La première mesure consiste à obliger la banque centrale à exercer son rôle de super-banque à la
sortie de la compensation et de ne plus se borner à servir de simple chambre
d'enregistrement comptable des opérations. Elle
doit se substituer aux marchés de gré à gré et interbancaires, suspendus pour
la circonstance, et doit imposer sa monnaie, la monnaie centrale, comme
monnaie de règlement (ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, contrairement à ce
qu'elle a toujours prétendu). Il faut savoir d'abord qu'à la sortie de la compensation
les positions débitrices sont égales aux positions créditrices, en
l'occurrence l'offre est égale à la demande, mais oui ! Les banques ne règleraient plus leurs positions les unes vis-à-vis
des autres comme c'est le cas actuellement, mais vis-à-vis de l'autorité
monétaire. L'Institut d'émission porterait les positions des unes et des
autres à un compte spécifique indisponible ouvert au nom de chacune d'elles,
et fixerait un taux d'intérêt au jour le jour, en attendant la suppression
des taux et son remplacement par une commission d'intervention. Les positions
journalières s'accumulant, ces comptes spécifiques varient quotidiennement
dans l'équilibre comptable : débit = crédit. La super banque fixerait les
découverts maxima autorisés jusqu'à la mise en place de la couverture du
risque d'insolvabilité visé au-dessus. Les
banques doivent avoir pour interdiction absolue de "faire passer"
par la compensation leurs opérations pour propre compte. Les banques ne doivent plus tirer sur elles-mêmes,
mais utiliser un compte de dépôt à vue ouvert à la Banque centrale pour
encaisser ou payer, soumis aux mêmes règles que tout un chacun, c'est-à-dire
approvisionné ou sur la base de lignes de crédit dûment autorisées par elle. Avec
toutefois une exception, pour des raisons pratiques : le règlement des
charges de leur personnel et l'encaissement des intérêts et agios de leurs
clients. - mesure d'ordre : la banque centrale ne
fait que son travail et la monnaie dite centrale sert enfin aux échanges
interbancaires, et - mesure d'assainissement : les échanges de
titres du Trésor contre des titres pourris (notamment aux USA) n'ont plus
lieu d'exister, d'une part, et les banques sont mieux encadrées, d'autre
part. Cela nous donnerait en substance, deux courants monétaires
traversant les banques de dépôts (créatrices de monnaie) : les concours aux
agents non bancaires, contrôlés par le pouvoir monétaire et garantis par
l'assurance du risque d'insolvabilité, d'une part, et les opérations pour
propre compte, doublement encadrées : une première fois par le ratio de
solvabilité et une deuxième fois par le contrôle de l'utilisation des crédits
consentis aux banques par la Banque centrale, d'autre part. Le système serait
ainsi verrouillé. Le dispositif des réserves obligatoires est aboli. La
monnaie scripturale centrale ne sert qu'aux échanges entre les titulaires
d'un compte à la Banque Centrale. 3 – Relations
monétaires internationales Je suggère que les pays en présence s'entendent pour mettre
en place un système de changes flexibles. Les cours des
monnaies ne sont plus fixées par les marchés, mais par les parités de pouvoir
d'achat (PPA), calculées chaque mois ou chaque trimestre par des Instituts de
Statistiques Internationaux indépendants. N'ayant plus matière à s'exercer, la spéculation sur les variations
de cours disparaît. Pas de cours variables = pas de spéculation. En Europe se pose la question de savoir si l'on doit
remettre en service ou non les monnaies nationales. Une consultation référendaire
serait le moyen démocratique le moins discutable pour mettre un terme net et
rapide aux débats. Toutefois, l'euro pourrait rester en service dans les pays
dont les parités de pouvoir d'achat sont contenues dans une fourchette
d'écarts maximum de 5%, ceci afin d'éviter que des distorsions apparaissent
dans les échanges entre pays de l'Union. Les pays exclus de l'Euroland
seraient autorisés à y venir ou revenir dès que leur PPA s'inscrirait dans
cette fourchette d'écarts. 5 – Autres
dispositions On peut supposer que les autorités sauront comment supprimer
toutes les tentatives de spéculations financières et monétaires qui ont
ravagé nos économies. D'une manière générale, je
préconise l'interdiction absolue de la vente à découvert. Jean Bayard 13 décembre 2008 |
J’ai beaucoup travaillé ce mois de décembre sur la monnaie. Je récapitule sur le forum mes principales interventions de décembre
chez Paul Jorion http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=5874#p5874 Vous pourrez y lire plusieurs longs messages, avec de précieuses citations de Money Modern Mechanics (MMM), À ne pas manquer (si la monnaie vous intéresse). |
« Les caisses sont vides L’excellent PLAN B de janvier 2009 est paru,
disponible dans tous les bons kiosques : |
« Des "barbares" bombardés à Gaza : CONSTRUIRE L’ENNEMI » Un texte fort, de Mona Chollet, ce 1er
janvier 2009 : http://peripheries.net/article321.html Où l’on retrouve, encore, cet État retors |
J’ai mis dans ma précieuse page En vrac cette excellente formule http://etienne.chouard.free.fr/Europe/En_Vrac.pdf « Tout État moderne Michel Bounan |
« Playing
For Change, Song Around the World : Stand By Me »
Frissons
de communion assez sympa pour donner de l’espoir :o)
(17 jours
sans publier de liens, c’est du jamais vu ici. Pardon.
Signe de vrai blues… Signe aussi d’activité intense sur la monnaie et la rente chez Paul Jorion.)
« Le protectionnisme et le contrôle des changes conduisent-ils à
la guerre ? » Passionnante réflexion de Jacques Sapir, directeur d'études
à l'EHESS : http://www.utopie-critique.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=120&Itemid=33 |
Éric Hazan : http://www.article11.info/spip/spip.php?article226 « (…) Je ne souhaite pas la
guerre civile, mais j’en dresse le constat : elle se déroule sous nos yeux.
S’il pouvait y avoir la paix loin des flashballs et des paniers à salade,
dans l’égalité et l’harmonie, je serais le premier ravi. Je ne suis pas un
violent de tempérament, mais la violence est là. Quand on parle de violence aujourd’hui, on pense aux mecs en
fin de manifestations qui cassent des vitrines. Mais
la violence qui s’exerce contre la population, contre les SDF, contre les
sans-papiers et contre les exclus est incomparablement pire que celle qui
touche trois vitrines et deux bagnoles…
Quand on évoque la violence, il faut savoir de quoi on parle. Je crois que le sarkozysme a fait
péter quelques digues et a fait grandement progresser la guerre civile. C’est
un phénomène qui est très bien analysé dans le livre d’Alain Badiou, De quoi
Sarkozy est-il le nom ? : il montre parfaitement cette fin du système
parlementaire avec alternance gauche-droite qui nous a bercé depuis la
Libération. Le sarkozysme a fait voler en éclat cette prétendue alternance,
tirant au fond toujours à droite. Cette illusion n’est plus. Et l’actuelle
déréliction socialiste en est une des conséquences. (Lire la suite, ce médecin résistant est passionnant…) |
Parlons Net avec Jacques Généreux
:
"Ce plan de relance oublie le pouvoir d’achat"
http://www.france-info.com/spip.php?article221688&theme=81&sous_theme=264
Passionnant
personnage, vraiment. Une vidéo tonique,
c’est bon pour le moral.
« Appel de Marianne Bientôt, le président de la République pourra
nommer et révoquer Au nom des principes de la démocratie
et des valeurs républicaines, les
soussignés demandent au Parlement de renoncer à la loi qui permettrait au
président de la République de nommer et de révoquer les présidents de France
Télévisions et de Radio France. Martine
Aubry (première secrétaire du Parti socialiste), Ségolène Royal (présidente
de la région Poitou-Charentes), François Bayrou (député, président du MoDem),
François Léotard (ancien ministre de la Culture et de la Communication), Jean-Pierre
Chevènement (sénateur), Nicolas Dupont-Aignan (député), Jack Lang (député),
Noël Mamère (député), Jean-Luc Mélenchon (sénateur), Marielle de Sarnez
(députée européenne). |
Frédéric Lordon a produit un papier très intéressant sur son blog : |
« Emmanuel Todd dénonce
brillamment le libre échange et la sottise crasse du G20 » N°6 http://www.dailymotion.com/video/x7iasb_emmanuel-todd-parle-daprs-la-dmocra_news N°7 http://www.dailymotion.com/video/x7iavx_emmanuel-todd-parle-daprs-la-dmocra_news N°8 http://www.dailymotion.com/video/x7iay0_emmanuel-todd-parle-daprs-la-dmocra_news Trois parties d’une excellente
vidéo de l’excellent Emmanuel Todd, parue ce matin, 27
nov. 2008, Il conchie avec force la
« pensée zéro » (expression qu’il préfère à
« pensée unique ») Son dernier livre « Après la
démocratie » est simplement passionnant, Il faut voir ces vidéos et lire ce livre : ce type pétille
d’intelligence. |
« END THE FED ! » http://www.prisonplanet.com/us-protestors-end-the-federal-reserve.html Ce dimanche, des manifestations ont eu
lieu dans 38 grandes villes américaines, pour en finir avec la Réserve
Fédérale : Le
contrôle de la politique monétaire doit être rendu au Congrès, et ne plus
dépendre de gens non-élus, et d'organisations privées qui sont inconstitutionnelles. Parmi les
commentaires sur Prison Planet, l'évidence fait son chemin : "En finir avec la Fed, voilà un
objectif concret. |
« Argentine: le Congrès vote la nationalisation des caisses de
retraite » http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?news=6114627 « Le Parlement argentin a voté
jeudi la nationalisation
des fonds de pension privés, ouvrant la voie au transfert
d'environ 26 milliards de dollars à un système unique de retraites de
l'Etat, en dépit des critiques de l'opposition et des inquiétudes des milieux
économiques. (…) La présidente argentine Cristina Kirchner avait ainsi
assuré samedi devant ses pairs, rassemblés à l'occasion du sommet du G-20,
que la
privatisation des fonds de retraite en 1994 était responsable "de 42% de
la dette extérieure et d'une bonne partie du défaut de paiement (de cette
dette) intervenu en 2001".
» Le meilleur laboratoire de
démocratie, en lutte pour sa survie, |
« Voyage au pays merveilleux de la finance » Une synthèse riche et amusante signalée par Paul Jorion |
À suivre…
Lire la suite dans les achives :
(archives déplacées dans des fichiers séparés
pour diminuer le poids du téléchargement quotidien de cette page de Liens)
Vous
pouvez aussi consulter l’archive
Liens de 2005 (59 pages)
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/Liens_2005.pdf )
Vous
pouvez aussi consulter l’archive
Liens de 2006 (158 pages)
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/Liens_2006.pdf
Vous
pouvez aussi consulter l’archive
Liens de 2007 (215 pages)
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/Liens_2007.pdf)
Vous
pouvez aussi consulter l’archive
Liens de 2008 (231 pages)
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/Liens_2008.pdf)