Ce n'est pas aux hommes au pouvoir d'écrire les règles du pouvoir.
Les membres de l'Assemblée constituante doivent être tirés au sort
et, bien sûr, inéligibles aux fonctions qu'ils instituent eux-mêmes.
Vous n'êtes pas identifié.
Le pouvoir des médias d’information sur les citoyens est devenu immense et c'est nouveau (cela date de la télévision).
À ce titre, comme les autres pouvoirs, il devrait donc voir ses objectifs et ses limites définis au plus haut niveau du droit, par les citoyens eux-mêmes, dans la Constitution.
En France comme en Europe, il faut considérer ces outils médiatiques comme des institutions qui nous protègent. En effet, sans nos médias, nous sommes divisés, donc affaiblis.
En laissant acheter et vendre nos médias comme des marchandises, nous les exposons à l'accumulation, à la concentration et, progressivement, à la confiscation par les plus riches.
La "liberté" actuelle des journalistes qui sont salariés d'entreprises privées, dont l'intérêt privé passe évidemment avant l'intérêt général, est une mystification, une liberté de façade évidemment entravée par le lien de subordination.
Ce n'est sûrement pas au marché d'organiser ces médias politiquement formateurs, c'est à l'État de le faire et à lui seul.
Mais le danger de la télé ou de la radio d'État est qu'elle peut devenir un outil de propagande si c'est l'exécutif la contrôle. OK, on sait ça. Connaissant ce risque, on peut s'en protéger en évitant à la fois la propagande patronale et la propagande d’État : la Constitution devrait prévoir des médias d'État, financés par l'État mais fermement protégés contre la censure d'État.
Un CSM, Conseil Supérieur des Médias, organe indépendant mais lui-même contrôlé (par le Parlement ?), devrait être doté de pouvoirs importants. Son rôle serait de garantir la liberté d'expression et la pluralité des médias : c'est lui qui devrait veiller pour éviter la concentration des médias dans les mains d'un petit nombre d'organisations privées. C'est aussi le CSM qui pourrait garantir qu'aucune entreprise d'armement n'a de participation significative dans un grand média (danger immense et évident pour la paix).
En fait, on devrait probablement interdire à toute entreprise de contrôler un grand média d’information : les citoyens, pour se protéger contre les manipulations, devraient mettre leurs médias hors marché.
De plus, l’indépendance financière de tous les médias par rapport à la publicité devrait être garantie par l’État : nous, citoyens conscients de l’importance de l’enjeu au niveau de l’information, au moins aussi stratégique que la santé, devrions prendre en charge, avec nos impôts, les frais que les médias ne peuvent pas assumer avec le prix de vente au numéro. Par rapport au budget de l’État, c’est une goutte d’eau, et en revanche, l’enjeu est vital, pour la démocratie et pour éviter la guerre.
Cette prise en charge publique partielle permettrait d’interdire la publicité et de libérer ainsi les médias de la tenaille de l’audimat.
Par ailleurs, l'État devrait se porter garant du pluralisme et de l’ouverture des médias à tous les citoyens parce que personne d'autre ne peut le faire à sa place. La Constitution devrait imposer que soit réservée gratuitement aux associations de citoyens :
•soit une part de la grille de chaque média, (bonne formule),
•soit une part des espaces, fréquences hertziennes et canaux satellitaires…
Lire la suite de cet argumentaire sur ce point à : Grands principes d'une bonne Constitution, point IIE.
Synthèse des arguments échangés :
(que je devrais normalement tenir à jour en fonction de nos échanges)
Vous pouvez sans doute m'aider en me proposant une nouvelle synthèse de temps en temps.
-
+
Parties de la Wiki-Constitution liées à ce fil :
• L'information des citoyens doit être rendue totalement indépendante, à la fois des industriels et des exécutifs
http://etienne.chouard.free.fr/wikicons … 3.A9cutifs
(avec un bouton 'modifier' à droite du titre et un onglet 'discussion' en haut de la page).
Ne rédigez pas de commentaire directement sur ces pages wiki : utilisez plutôt ce forum ou l'onglet 'discussion' des pages wiki.
Par contre, si un article wiki a besoin d'être complété, corrigé ou reformulé, faites-le (en nous expliquant ici pourquoi c'était nécessaire).
Si vous n'êtes pas d'accord avec un article actuel du wiki et si vous voulez proposer une alternative, utilisez l'onglet wiki 'modifier' la page, tirez un trait en bas et ajoutez votre proposition, avec un lien vers le message du forum qui explique votre point de vue.
Merci pour votre travail et votre patience.
Hors ligne
TRANSFERT DES MESSAGES DU BLOG
Hors ligne
100% d'accord avec vous
http://vaugirard.hautetfort.com/
Hors ligne
L'Internet
Je suis d'accord moi aussi avec l'analyse de Copas (52).
En ce qui concerne le système puissant et efficace de traduction automatique en 25 langues, nous n'en sommes peut-être pas si loin que ça. Pas question bien sûr d'obtenir dans les 30 secondes une vraie traduction : mais les systèmes de TAO (traduction assistée par ordinateur) permettent déjà de savoir (probablement dans toutes les langues officielles de l'UE) à quoi s'en tenir sur le contenu d'un texte, et donc de décider s'il y a lieu d'aller plus loin - et c'est, je crois, le principal.
Sans compter que la traduction automatique est une source constante d'amusement. Par exemple la fameuse traduction (en anglais) "us airplanes", correspondant à l'original français "nous avions", ou bien "reprocessed translator", pour "traducteur retraité" (dans un de mes textes - mais était-ce tellement loin de la vérité?)
Je m'écarte du sujet.
Cordialement. JR
Hors ligne
Je pense que le pouvoir médiatique, qui n'a aucune légitimité, exerce une puissance d'autant plus grande que le pouvoir du peuple lui-même est diminué :
Plus le peuple (excusez-moi d'utiliser ce mot dangereux...) est éloigné des commandes, via une représentation tordue (pas de représentation proportionnelle, etc.), plus les pouvoirs tombent entre les mains de manipulateurs "intéressés".
Le juge est soumis à la pression médiatique, laquelle lui intime certaines "injonctions"... ce que les mots "tolérance zéro" signifient et toute l'idéologie qui rampe derrière les paravents populistes, cela est possible grâce à ce pouvoir médiatique non officiel mais effectif.
Sur internet, les rumeurs peuvent aller aussi bon train, mais on se parle, et la vérité se fraye son chemin malgré l'anonymat, car les gens sincères sont l'immense majorité.
Il n'empêche, je pense que nous devons rester vigilants et critiques : il n'y a qu'à voir combien de malentendus peuvent surgir.
Je pense qu'il est précieux de pouvoir réfléchir avec autrui.
Ce forum tiendra la route !
Hors ligne
La protection des médias face aux pouvoirs économiques n'entend-elle pas justement que c'est aux pouvoirs politiques, seuls pouvoirs légitimes, de légiférer SUR LE MODE DE FINANCEMENT des médias ?
La liberté de la presse, initialement, se conçoit par opposition à la censure politique.
Aujourd'hui, nous savons que la censure économique est devenu un fléau terrible, un générateur de "pensée unique", mais même, que l'asservissement des médias de presse aux lois du marché conduit à affaiblir leur capacité à remplir leur rôle de contre-pouvoir politique.
Mais je souligne le concept de propagande patronale énoncé par Étienne, pour dire qu'IL NE FAUT RÉDUIRE À CETTE SEULE NOTION LE PROBLÈME DE LA DÉPENDANCE DES MÉDIAS DE PRESSE AUX POUVOIRS ÉCONOMIQUES.
Distinguons déjà ce qui peut l'être :
* Collusion directe entre pouvoir politique et médiatique :
Interdire la possession simultanée de pouvoirs politiques, économiques, et de médias de presse.
* "Propagande (et censure) patronale" (comme je l'interprète) :
Interdire la concentration de médias de presse aux mains d'une seule entité économique, d'un faible nombre de possesseurs et/ou de firmes transnationales, qui ne sont pas soumis au droit national.
* La question des marchands d'armes détenteurs de médias de presse était déjà posée depuis 1945. On a recommencé les plus grosses âneries... :
- M. Dassault est maire, marchand d'armes, pilleur de bien publics (le Rafale est un gouffre qui dépasse de loin celui du Crédit lyonnais), qui n'a aucun scrupule a vouloir créer une presse "libérale", pour combattre les journalistes qui [i]"ne savent pas quels sont les vrais enjeux" et ne songeraient qu'à mettre des bâtons dans les roues des manitous de la finance.
- M. Lagardère est 3e éditeur mondial, employeur de cadres de presse néolibéraux, (toujours ?) président du directoire d'EADS, entreprise que le gouvernement Jospin, alors qu'il instaurait des mesurettes (déjà oubliées et largement contournées) plafonnant les parts d'industriels dans les médias de presse, a refourgué pour pas cher au groupe de celui-là même dont Jospin se plaignait encore, cet été ("Le monde comme je le vois", chap. 'de la nouvelle aristocratie') qu'il était, en tant que magnat de la finance, détenteur de nombreux organes de presse français...[/i]
--> Il faut être très clair en la matière : À PROSCRIRE COMPLÈTEMENT.
Qui vend du choc des civilisations et du retour à l'Ancien Régime ?
Mais globalement, qu'y a-t-il de plus vendeur, en audimat, que la haine, l'ignorance, de la bêtise, la peur ?
Il ne faut pas arrêter la question de l'indépendance des médias face aux pouvoirs économiques au problème de la "propagande / censure patronale" dont parle Étienne.
Il ne s'agit pas de négliger le phénomène, mais c'est un danger courant que de tomber dans cette simplification. Et en ce sens "il faut se méfier de la critiques des médias" (pour citer P. Bourdieu, je crois - je confirmerai).
(Repris du blog) Les travaux de S. Halimi, P. Carles, Actimed,... sont précieux mais ne concernent qu'un aspect de la question du couple médias / pouvoirs économiques.
* [b]Les phénomènes de concentration industriellesont en eux-mêmes une plaie pour la qualité et la diversité de l'information.
Ils entraînent une logique de compression des ressources / réduction des coûts / précarisation du personnel.
En particulier :
- Il faut réfléchir aux moyens constitutionnels de combattre la généralisation de la précarité du travail des journalistes. Notamment celle du pigisme.
- Il faut partir des codes déontologiques de la profession, pour réfléchir aux moyens de protection. Mais je dirais même qu'il faut les faire reconnaître par la Constitution, et les citer.
Plus généralement, il faut veiller à ne pas focaliser uniquement sur le pouvoir qu'ont les médias sur le public, mais penser également à protéger les médias d'un pouvoir tyrannique associé au public, dans une logique marchande de la culture.[/b]
C'est bien une "dictature du public" qui, d'après Bourdieu, tyrannise les médias. La notion proposée par Bourdieu est fortement liée à l'image qu'ont les acteurs culturels de l'Audimat, et c'est cette image, tyrannique pour les acteurs culturels, qui conduit à l'autocensure et à l'uniformisation de la pensée.
"Il faut lutter contre l'Audimat au nom de la Démocratie" (Bourdieu) est une sentence qui parle d'elle même. Et qui renvoie à l'idée d'une confusion progressive, vu d'un journaliste, de l'Audimat et de l'Opinion publique...
Si le problème implique d'autres facteurs, plus naturels, c'est globalement la livraison des médias aux lois du marché qui pose problème.
Le premier facteur, au sens propre, semble bien être la nécessité d'un système de financement par répartition.
Il faut réfléchir également à la question de la PUBLICITÉ dans le contexte général. Et combiner notamment à cette réflexion celle du financement des médias de presse.
La réflexion que je propose en la matière (placée à l'heure actuelle sur le volet "rendre certains services publics indépendant du pouvoir exécutif") vise à limiter les investissement en publicité des enseignes en fonction de leur niveau de "morale économique" (management inhumain, inégalités salariales, exploitation à l'étranger, niveau de collusion avec des actionnaires désimpliqués et avides) ce qui a priori conduirait (entre autres) à soumettre d'autant moins les médias de presse à la pression des anonceurs que ceux-ci ont "des choses à cacher" aux défenseurs des droits et des libertés.
Dernière modification par sam17 (07-03-2006 20:19:17)
Hors ligne
Globalement d'accord avec Copas (52). Pour revenir sur le blocage des langues :
Comme spécificité européenne, du fait de la diversité des langues (qu'il faut préserver tout en remédiant aux blocages que cela crée) : il faut réfléchir aux moyens constitutionnels de favoriser voire prescrire des chaînes européennes, traduites dans toutes les langues. Des chaines qui permettent de développer une culture européenne "d'unité dans la diversité".
Des peuples qui parlent à des peuples, pour que l'UE ne soit plus réduite à Bruxelles, aux Chefs d'États, aux têtes d'affiche des FMN vaguement domiciliées en Europe, et aux cadres-journalistes pseudo politologues dont ils sont les interlocuteurs privilégiés.
En particulier, pour ce qui nous est cher ici, il faut songer à ce que l'aspect langues et médias nationaux (je n'ai pas dit "nationalisés") crée de blocage pour le processus constitutionnel.
Forts de (abatus par...) l'expérience du débat référendaire français, dans des médias qui ne montrent de l'UE que Bruxelles, et ne font entendre des voix des peuples que celles de leurs représentants, d'un tableau où on a vu des cadres de médias dont le parcours n'est pas spécialement celui d'européistes convaincus, mais qui se mettent à vendre de l'Europe depuis que la voie royale au néolibéralisme est tracée, de pseudo économistes, politologues ou sociologues agitateurs (en positif ou négatif) d'absurde patriotisme économique qui ont passé leur temps à diaboliser le souverainisme de peuples présenté comme ringuard, récationnaire, alors qu'il est parfaitement légitime dans le contexte : les seules Constitutions qui existent sont nationales, jusqu'à nouvel ordre.
Bref, il faut voir que les mêmes qui ont monté les peuples européens les uns contre les autres (même si cela est d'abord affaire de pouvoir d'audimat) sont ceux-là qui ont souvent appuyé le projet de T"C"E. Diviser pour mieux (faire) régner (qui règne).
Si Étienne est intéressé par un passage en .org à moyen terme, ne peut-on pas se charger, chacun, de traduire en anglais (si un pour deux s'y colle, c'est déjà suffisant) ?
Hors ligne
Je découvre cette longue discussion et ne répond pas forcément.
La question des médias peut-elle être institutionnelle sans tomber dans les travers de la propagande étatique ?
La liberté de l'information doit passer par la multiplication des canaux locaux (TV, Internet). Il faut imaginer une libération législative qui permette un saut quantitatif comparable à celui des radios libres en 1981, mais concernant la télévision.
Concernant l'accès de tous à Internet, ne peut-on imaginer l'accès via la télévision aux pages webs ?
L'évolution des moyens techniques fait que chacun devient à terme un média. Ce qui est évidemment bénéfique, mais pose aussi un problème à terme : peut-il encore exister des médias fédérateurs, des lieux de pensée en commun ?
Il me semble donc que l'intervention constitutionnelle en terme de médias doit se limiter au minimum : accès des associations, des quartiers, des popualtions aux médias modernes, interdire la censure sur internet (sauf cas définis par la loi comme aujourd'hui).
Dernier point : toute institution type CSA (ou CSM) me semble illusoire, sauf à revoir non seulement son fonctionnement mais aussi et surtout son mode de nomination.
Hors ligne
Le problème vient aussi des journalistes eux-mêmes qui ne font plus le travail qui consiste à recouper les sources, mais qui "éditorialisent" et commentent donc partialisent le contenu de leur enquête au moment même où ils disent la livrer de façon "objective " au public.
Dès lors, ils ne se conduisent plus comme des journalistes, mais bel et bien comme des politiques.
Dernière modification par psydoc13 (08-04-2006 11:31:42)
Hors ligne
Sur la partie 'blog' de ce site, Kazoo relève très justement (http://etienne.chouard.free.fr/Europe/f … ement#c603) une difficulté importante et il me demande :
"Comment veux-tu représenter institutionnellement le pouvoir médiatique ?
Ensuite, comment le diviser ?"
Il me semble que c'est ici qu'il faut en parler.
Pour l'instant, je ne suis pas sûr qu'il faille absolument identifier chaque média pour les contrôler tous.
On peut sans doute contraindre tous les médias ensemble en créant des contraintes de service public, une espèce de cahier des charges de l'information des citoyens que TOUS les médias devraient respecter.
Encore une fois, on trouvera dans la Constitution du Venezuela (http://etienne.chouard.free.fr/Europe/C … ezuela.pdf) des idées passionnantes : objectifs généraux d'émancipation des citoyens rappelés partout, obligation générale pour les télévisions de réserver des plages horaires aux associations, etc.
Hors ligne
Le marché et l'élimination des élites culturelles (l'idéologie contre l'autorité) - 1
"Le problème vient aussi des journalistes eux-mêmes qui ne font plus le travail qui consiste à recouper les sources, mais qui "éditorialisent" et commentent donc partialisent le contenu de leur enquête au moment même où ils disent la livrer de façon "objective " au public.
Dès lors, ils ne se conduisent plus comme des journalistes, mais bel et bien comme des politiques."
(Psydoc13 - message n°496)
Je suis tout à fait d'accord. Et je trouve surtout que le propos dénote deux problèmes entremêlés : d'une part, le bâclage du travail ; d'autre part, la révérence politique, dévoiement et inversion du rôle de contre-pouvoir.
Et l'union des deux phénomènes constitue un parfait exemple d'application de l'idéologie néolibérale : dans l'idéologie (lorsqu'elle règne), vous avez à la fois : la marque culturelle de la domination des règles des puissants ; l'élimination de l'opposition dans la sphère publique ; la confusion du pouvoir politique et de l'autorité politique. En l'occurrence (le néolibéralisme n'est pas comme le nazisme ou le stalinisme), "la marque culturelle de la domination des règles des puissants" ce sont les lois du marché. En particulier : les lois de l'audimat, d'une part ; les divers phénomènes engendrant la précarisation du travail, d'autre part (restructurations, compressions, travail à temps partiel, flexibilité croissante - bien sûr, le pigisme forme un problème considérable) qu'on trouve dans toute entreprise.
Or, ni la dictature de la majorité (lois de l'audimat) ni la précarité du travail ne sont choses supportables dans le domaine journalistique. En substance, la servitude économique des médias d'information a pour conséquence inéluctable la perte de la capacité du journalisme à assurer son rôle. Ce seul fléau, déjà résumé dans le titre du volet, suffit à tuer le journalisme, à le mater vis-à-vis du politique.
* Concernant le travail bâclé : si on laisse de côté le processus de sélection des directeurs d'information en fonction de leur adhésion idéologique, processus similaire à celui qu'on trouve depuis plus longtemps dans la sélection des cadres sup. de l'industrie (puis peu à peu, celle des cadres moyens et même des salariés "exécutants") on sait que ce problème dépend essentiellement de la précarisation du travail, non pas du fait que la profession est infestée d'incapables, de mauvais journalistes dénués de scrupules et de curiosité.
Etienne vient d'écrire :
"Il reste encore beaucoup de journalistes honnêtes et généreux : j'en ai rencontré plein ! Ce qui les bride, c’est souvent qu’ils sont précarisés, dominés, parfois carrément muselés par une direction malhonnête, et il faut peut-être les aider à nous donner la parole en la réclamant avec plus d'insistance, non ?"
(Etienne - n°1213 - volet "aidez-moi à vous aider") - http://etienne.chouard.free.fr/forum/vi … 1213#p1213
Je reprends justement ici la discussion tenue sur le volet "aidez-moi à vous aider", parce que ça devient hors sujet là-bas. Et je me suis promis de venir mettre les bouchées doubles ici, c'est si important.
"On se fait voler la démocratie par les marchands." (Etienne - 1213)
"les marchands", c'est le mot. Au présent, il existe un réel processus d'élimination des intellectuels de la sphère publique, élément essentiel de l'imprégnation idéologique et de la dictature… du marché, et justement, les lois du marché remplacent très efficacement l’élimination physique des individus.
La base du problème est extrêmement simple à comprendre : la Vérité ne fait pas recette ; l'ignorance, la peur de l'autre, la haine, la violence, ... sont très vendeuses. En un mot, la culture doit être protégée de la dictature de la majorité.
Dernière modification par sam17 (08-06-2006 18:40:52)
Hors ligne
Le marché et l'élimination des élites culturelles (l'idéologie contre l'autorité) - 2
La position des médias est déterminante : ils sont ce qui nous lie au culturel comme au politique, à l'autorité comme au pouvoir. Bourdieu a expliqué (Sur la télévision) que la corruption de ce champ par les lois du marché engendre la corruption des divers champs culturels. Le champ politique y compris.
Ce qui est plus grave encore, c'est que parmi ces champs se trouvent des communautés intellectuelles qui incarnent l'autorité. Or, ces champs constituent une protection capitale pour la société, la société doit en retour les protéger.
Ce qui fait que les communautés scientifique, philosophique, littéraire, sont, doivent être garantes - et ne peuvent plus l'être au présent, et peu à peu depuis le début du XXe siècle - de l' "autorité culturelle", c'est que leur structure interne elle-même a des règles précises, avec lesquelles on ne saurait transiger sous peine de conséquences dramatiques pour la démocratie :
* une de ces règles est la continuité historique :
- la démarche scientifique "bâtit sur du roc", et on construit avec les briques laissées par les travaux des prédécesseurs (l'einsteinisme lui-même est un mythe, il s'agit avant tout de l'héritage direct ou indirect d'un grand nombre de gens - la théorie d'Einstein n'aurait jamais vue le jour sans Bohr, Schrödinger, ... et même Newton.)
- la philosophie est tellement axée sur l'héritage des prédécesseurs que non seulement, les "maîtres" de l'époque de la Renaissance tiennent une place considérable dans l'enseignement comme dans la recherche, mais que ceux de l'antiquité, Platon en tête, sont omniprésents. Leur production trouve une reconnaissance énorme chez tous les philosophes. Cela peut surprendre, mais le mythe catholique du paradis et de l'enfer constitue une... prescription de Platon lui-même ! [1]
* une autre est la reconnaissance des pairs, la reconnaissance mutuelle de la valeur des productions des uns et des autres. L'autorité ne se commande pas. Un individu, dans ces champs, incarne une autorité précisément parce que l'assemblée interne à ces champs (non pas la multitude des citoyens, et leurs intuitions) leur reconnaît une autorité. Ce sont des champs où l'on fait ses preuves, dans les règles de l'art.
La religion constitue historiquement un de ces champs, et répond plus ou moins à ces deux critères.
Mais il est illusoire de croire que l'autorité est morte avec l'élimination de la religion du domaine politique. Les philosophes des Lumières, les fondateurs des démocraties occidentales ("2.0") ne sont pas les responsables de ce terrible phénomène que constitue la destruction de l’autorité. [1] C’est illusoire, mais surtout affreusement dangereux pour la démocratie. Bien entendu, cela arrange les néo conservateurs de le marteler, à maints égards. Et force est de dire qu’ils sont en position de distiller cette idée. Entre le début du XXe et aujourd’hui, il s’est passé beaucoup de choses. Et un siècle de régimes caractérisés par la domination idéologique. Mais le spectateur a la mémoire courte. De "Voyez le résultat, à présent qu’on a tué Dieu" à "la démocratie, finalement, n’est pas une bonne chose, on en revient", il n’y a qu’un pas (la démocratie, c’est bien sûr ce qu’on est supposé avoir sous les yeux…) Il n’y a qu’un pas lorsqu’une idéologie règne. Qui plus est une "idéologie pure", c’est à dire que ses prémisses sont elles-mêmes essentiellement de nature économique.
Ce qui a tué l'autorité, c'est la soumission des champs culturels à la dictature de la majorité liée aux lois du marché.
Et celle-ci a elle-même été largement engendrée par la soumission des médias à ces lois.
Il faut lire Bourdieu : Sur la télévision ne coûte quasiment rien, se lit en deux heures, et parle à tous. Ajouter ses deux courts volumes de Contre feux, petit manifeste anti-néolibéral, où il revient un peu sur le sujet (et la réaction des journalistes à son oeuvre précédente).
Bourdieu fut un pédagogue énorme. Et un des grands initiateurs du mouvement social européen. Il a plaidé pour un mouvement des communautés d'intellectuels, de scientifiques, de philosophes, qui ont un rôle d'éducation populaire considérable. À peine dix ans plus tard, on sent le poids que ce très grand monsieur a eu. R.M. Jennar explique en introduction de son Europe, la trahison des élites, que ce livre est en quelque sorte une commande de Bourdieu, qui mourut peu après. Mon frangin m'a parlé de l'effet incroyable qu'a eu sa mort parmi la communauté des philosophes (qui a essuyé de nombreuses pertes, ces dernières années). Mais voilà, toute cette réalité n'a pas d'existence dans nos les médias du grand marché.
[1] Hannah Arendt, La crise de la culture, Qu'est-ce que l'autorité ?
Dernière modification par sam17 (08-06-2006 18:43:01)
Hors ligne
Le marché et l'élimination des élites culturelles (l'idéologie contre l'autorité) - 3
Etienne a évoqué la constitution du Venezuela. Pour mémo, j'en ai rappelé (par extraits et résumé) certains articles concernant les domaine social – culturel - économique. http://etienne.chouard.free.fr/forum/vi … 1151#p1151.
Voir notamment les articles : 100, 101, 108 ; plus largement : articles 99 (culture), 109 (autonomie des champ scientifiques universitaires), 110 (Etat et financement de ces derniers), 113 (interdiction généralisée des monopoles).
En conclusion de ce long message, que j'ai découpé au mieux en trois volets..., je tiens à répondre au problème soulevé (tel que formulé) repris dans le message d'Etienne - 604 - http://etienne.chouard.free.fr/forum/vi … d=604#p604) :
"Comment veux-tu représenter institutionnellement le pouvoir médiatique ? Ensuite, comment le diviser ?" (Kazoo - blog)
NON, les médias ne sont pas des pouvoirs publics. Il n'y a pas à les "organiser" et les "séparer". Il y a à les protéger des pouvoirs politiques et économiques. L'intitulé de ce volet fait déjà une ébauche d'article essentielle, sinon suffisante.
Voir ma conclusion.
On peut sans doute contraindre tous les médias ensemble en créant des contraintes de service public, une espèce de cahier des charges de l'information des citoyens que TOUS les médias devraient respecter. (Etienne - 604)
Une bonne chose, une vraie garantie, serait déjà qu'une ou plusieurs charte(s) de la déontologie journalistique édictées et adoptées au XXe siècle soit reconnues et affirmées par la constitution.
On en trouve plusieurs - voir liens sur le site d'ACRIMED.
Pour le reste, ajoutez des éléments qui ne concernent pas le fonctionnement du champ journalistique, son organisation, mais son INDEPENDANCE juridique et financière. On touche à plusieurs aspects qui ne consiste pas en une ingérence dans l'organisation sociale de la presse, mais les "interfaces" juridique et économique de ce champ. En particulier :
- la protection de l'Etat au plan juridique : garantie de l'indépendance, de l'autogestion de la presse, du droit particulier à la protection des sources (traiter aussi la question du secret de l'instruction) ;
- la protection de l'Etat au plan financier : cela concerne déjà la reconnaissance de la culture comme un bien essentiel de la société, et l'engagement de l'Etat à soutenir financièrement sa production ;
- des règles d'attribution des fréquences, espaces de diffusion, sur le "territoire", de la production d'information.
* Un exemple : je considère en particulier qu'il faut étudier la question de l'interdiction pure et simple du pigisme. Mais pour abolir un phénomène, on peut aussi prendre le problème "par les bords". De quoi relève ce problème ?
- si j'ai bonne mémoire, le travail précaire (et même, le pigisme) a dû être décrété inacceptable dans au moins une charte déontologique du journalisme. Je vérifie ça rapidement.
Je sais en tous cas qu'il est dit qu'un journaliste doit avoir assez de revenu pour n'être pas tenté de dépendre de "dons" de gens susceptibles d'être mis en cause par son enquête. C'est un autre aspect, mais le problème des revenus du journaliste est posé.
Comment ces champs serait-ils amenés à se choisir comme cadres des mauvais ouvriers, des arrivistes, ou des productivistes, des gens qui font l'apologie de la précarité ou encouragent celle-ci :
- si l'Etat protège financièrement ces champs culturels (en particulier, en imposant un système de financement par répartition) ? Le pigisme, c'est quand le journaliste ne travaille plus à la commande, mais doit convaincre son éditeur. Le problème n'est pas tant la morale de l'éditeur, mais que l'éditeur, au présent, doit vendre.
- si l'autorité d'un individu journaliste ne tient qu'à la reconnaissance de ses pairs, et non à des facteurs économiques, d'une part, et au jugement de toute la société d'autre part ?
- si ces communautés culturelles protégées / protectrices de journalistes décident elles-mêmes de l'organisation du travail, non pas en s'en remettant à des cadres de production industrielle, de pros de la com' ou autres, mais à des gens du métier, quelque soit leur poste dans la production ?
* La question de la concurrence pour le scoop vendeur est aussi un fléau. Bourdieu a montré que paradoxalement, la lutte pour le scoop est un facteur important d'uniformisation de l'information des divers médias : déjà, vous êtes esclave du critère d'audimat (sujet "vendeur / pas vendeur"), mais pire, pour savoir ce que les autres n'ont pas fait, il faut passer son temps à regarder ce qu'ils font... Pour un scoop, combien d'imprégnation bien compréhensible (sans doute en bonne part inconsciente) et à peu de frais ?
C'est là une des raisons - les autre sont le manque de moyens et l'urgence permanente de l'info - qui fait que les médias consacrent le gros de leur production à se recopier les uns sur les autres.
À l'analyse de Psydoc13 (message n°496), il n'est pas inutile d'apposer celle-ci.
S'il y a à réglementer les médias d'information, je dirais - tout cela doit être creusé, développé - que :
- sur le plan strictement financier, il s'agirait presque de considérer les médias comme un service public.
D'un point de vue général, celui du statut privélégié de la culture, voir la formulation de l'article 110 de la constitution du Venezuela.
Il me semble essentiel de discuter de modes de financement par répartition, à divers niveau : subvention directe de l'Etat, des collectivités locales ; redistribution du produit des ventes ; critères pour garantir la diversité, critères de répartition ; question de la publicité ...
- hors de l'aspect financier, il s'agirait essentiellement de garantir l'autonomie de ce champ et de le protéger sur le plan juridique. Il me paraît est essentiel de laisser à la communauté des journalistes leur autonomie, leur souveraineté dans la désignation de leurs élites, cadres et représentants, ce en contrepartie de la reconnaissance de leur charte déontologique, qui vaut pour les droits mais surtout les devoirs de la profession.
Même si le journalisme n'est pas une structure incarnant l'autorité (il ne constitue pas une communauté scientifique, littéraire, philosophique) mais une qui nous lie à ces structures, il faut tout à la fois protéger / compter sur la protection de ce champ culturel tout comme il faut le faire pour les champs culturels dont on attend qu'ils incarnent l'autorité.
Voir à ce sujet la formulation de l'article 109 de la constitution du Venezuela, concernant l'autonomie des universités.
Dernière modification par sam17 (08-06-2006 19:17:05)
Hors ligne
Menaces sur "Là-bas si j'y suis"
Cette émission chère à Étienne (entre autres) risque fort d'être quasiment muselée en septembre...
http://www.la-bas.org/petition/index.php?petition=5
http://www.acrimed.org/article2389.html
Réagissons !
Dernière modification par Candide (18-06-2006 15:08:47)
Hors ligne
Le marché ne s'est pas (encore) totalement substitué aux bonnes vieilles règles de l'élimination des intellectuels
Merci beaucoup à Candide (encore une fois) pour les fraîches nouvelles du front.
Ce qui arrive à France inter (depuis 2 ans bientôt, je crois, mais là c'est le pompon) est assez effrayant.
Pour ce qui concerne plus globalement ce volet je constate que mon (long) triptyque précédent, sans - j'espère - trahir les propos de Pierre Bourdieu, ne suffit pas à décrire les fléaux qui touchent la presse.
Je me suis exclusivement axé sur la seconde partie de l’intitulé de ce volet (la protection contre les pouvoirs économiques). Et sur une partie seulement de la question. Pour parler d’un processus d'élimination des intellectuels de la sphère publique, dans lequel les lois du marché remplacent efficacement l’élimination physique des individus.
La limite, pour ce qui concerne mon analyse-, c'est que Là-bas si j'y suis est une émission tout à fait rentable, semblerait-il... (500 000 auditeurs en moyenne). Bien sûr, je ne veux faire d’insulte à personne en ne retenant que cette "qualité" dont je me fiche bien.
En parlant de rentabilité, un extrait que j’ai pioché sur le site de l’ACRIMED - dans le même dossier, France Inter - (http://www.acrimed.org/article1630.html) :
"Stéphane Paoli, responsable de la tranche horaire de 07h00-09h00, rend un hommage appuyé à son directeur : « Puisque Jean-Luc Hees s’en va, je veux lui dire mon estime et mon amitié, parce que c’est un grand directeur sous le mandat duquel (...) nous avons connu les meilleures audiences de l’histoire de France Inter. » "
Je pense que cela se passera de commentaires. Maintenant, il est bien évident que le chiffre d'audience de Là-bas si j'y suis ne dit rien de la capacité de nuisance - sans doute terrible - qu'a cette émission au regard de pouvoirs économiques... qui brassent énormément plus d'argent que le budget de ladite émission, et bien plus que celui de tout France Inter, de Radio France, du "service public" audiovisuel... et même, potentiellement, celui du service public tout court. (Je me rappelle cette phrase de Dominique Voynet, il y a quelques années, lue dans Charlie Hebdo (de mémoire) : "On râle constamment sur les Parlementaires en matière de décisions économiques. N'oublions pas que le budget, c'est seulement 3% du PIB de la France"...)
Donc je tiens à préciser que jusqu'ici, je ne me suis penché, concernant le problème de la dépendance aux "pouvoirs économiques", que sur divers phénomènes liés à la gestion de la Presse comme une simple industrie du grand marché. Pas sur les orientations politiques des décideurs de l’économie, en termes de censure et de propagande.
Il y a ce que Jospin appellerait les "alliances objectives d’intérêt" entre décideurs économiques et décideurs politiques. Celles qui se passent de petits ou grands complots, de communication, même. Et puis il y a des choses qui commencent à faire flipper sérieusement. Il y a ces réunions secrètes de l’association Bilderberg, par exemple (voir l’article "La rencontre des leaders mondiaux dont la presse ne vous parle pas » - http://www.oulala.net/Portail/article.p … ticle=2464 – signalé par Étienne dans les "Liens et docs").
Il y a un article du Monde Diplomatique (de janvier 2006, je crois) intitulé "Ecodémocratie ou écofascisme" qui fait état de discussions… voir le titre de l’article, 2e partie… dans un de ces cercles, celui-là même, peut-être.
Pour en revenir à nos moutons, sans insinuer que j’explique tous les maux de la Presse, avec mes précédentes interventions, je n’enlève pas ce que j’ai écrit. Pas même ceci : "[…] la servitude économique des médias d'information a pour conséquence inéluctable la perte de la capacité du journalisme à assurer son rôle. Ce seul fléau, déjà résumé dans le titre du volet, suffit à tuer le journalisme, à le mater vis-à-vis du politique."
Mais je tiens à poursuivre avec la première partie de la problématique de ce volet, la protection des médias de Presse contre… les pouvoirs qu’ils ont justement vocation à contrer, les pouvoirs politiques.
J’entame donc un peu plus vite que prévu ce que je voulais faire depuis quelques temps. Voir mon message suivant.
Dernière modification par sam17 (18-06-2006 23:02:46)
Hors ligne
Les médias de presse doivent (aussi, toujours) être indépendants des pouvoirs politiques
Extrait du numéro 2 de Plan B (ex- PLPL), page 19 :
"En 1928, Léon Blum avait exposé son programme pour un service public de l’information généraliste, sans s’attarder toutefois sur les détails précis de sa mise en œuvre :
« Les journaux seraient publiés par les soins et sous la responsabilité des partis politiques. Il suffirait qu’un parti fût représenté au Parlement pour participer de droit au service. Le service public fournirait les locaux, le matériel d’impression, des budgets de rédaction équivalents. Il centraliserait la publicité commerciale et la perception de toutes autres recettes de publicité. Toute intrusion d’intérêts quelconques dans la rédaction serait frappée des mêmes peines que le trafic d’influence et la corruption de fonctionnaires. Le service assurerait également le transport, la distribution, la vente au détail des journaux. Bref, le handicap entre les journaux n’aurait d’autres éléments que la qualité de la rédaction, l’originalité de la présentation, et surtout la force de rayonnement du parti auquel il se rattache.»"
Concernant le problème de l’indépendance des médias face aux pouvoirs économiques, l’idée de Léon Blum est plutôt alléchante.
Le problème – de taille ! - : il me semble extrêmement choquant que le droit d’assurer le service public de Presse soit laissé (plus exactement réservé exclusivement) aux… partis politiques.
Il y a deux types de raisons pour lesquelles cette idée me hérisse le cheveu.
1) Les partis sont des organisations politiques qui élisent parmi leurs membres des candidats aux pouvoirs politiques. Il y aurait tout bonnement collusion potentielle (mais potentiellement constante…) entre pouvoir et contre pouvoir politiques ! En somme, et sans trop faire de raccourci, la proposition de Blum n’a de sens que :
a) si l’on se berce d’une vielle illusion et si l’on croit que la concurrence des partis suffit à assurer l’équilibre des pouvoirs.
b) si l’on n’est pas trop exigeant sur la diversité politique, et qui plus est, si l’on prie très fort pour qu’à l’instant t, la majorité parlementaire soit de droite quand le gouvernement est de gauche, et inversement… Et qu’advient-il si le Gouvernement émane du Parlement ?… Cette question touchant à la diversité des médias de Presse se trouverait liée… à un choix de base sur les institutions !
Extraits de la Déclaration des devoirs et des droits des journalistes, dite « Charte de Munich » (1) :
* « Reconnaissant le droit en vigueur dans chaque pays, le journaliste n’accepte, en matière professionnelle, que la juridiction de ses pairs, à l’exclusion de toute ingérence gouvernementale ou autre.
* « Le journaliste ne peut être contraint à accomplir un acte professionnel ou à exprimer une opinion qui serait contraire à sa conviction ou à sa conscience. »
(1) Voir sur le site de ACRIMED – lien direct ? ; les citations sont trouvés séparément : http://www.acrimed.org/article2329.html - Charte signée les 24 et 25/11/1971 par les représentants des fédérations syndicales de journalistes de la Communauté européenne, de Suisse et d’Autriche, ainsi que par diverses organisations internationales, comme la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) et l’Organisation Internationale des Journalistes (OIJ).
Voyons l’article 3 de la Charte de Munich, soit la 2e citation de l'encadré ci-dessus…
… tiens donc. À présent, quelques extraits du message de Frédéric Bauer, dans le volet qu’il a ouvert ("18 Pour une République civile" - message n°1166 - (http://etienne.chouard.free.fr/forum/vi … 1166#p1166).
Tout d’abord, Frédéric a eu la bonté de nous rappeler ceci :
« Que s'est il passé dans le cas du CPE ? Le premier ministre a fait usage du 49.3 […]
Apparemment, les députés ont trouvé ce genre de méthodes tout à fait normales, vu que le projet est tout de même passé...
Ensuite seulement 3 députés UMP ont voté contre le texte sur les 300...
Aussi peu de diversité politique, même au sein d'un même parti, est inquiétant, d'autant qu'a priori, le CPE n'est pas le type de texte à faire l'objet d'un tel consensus, même à droite, vu les reculs qu'il représentait...
Cela doit bien faire longtemps qu'un projet d'un gouvernement ayant majorité à l'assemblée n'a pas été refusé par cette dernière. Nos députés voteraient-ils pour un projet juste parce que le gouvernement qui le propose est du même parti qu'eux ?»
Ensuite, Frédéric fait une proposition que je trouve formidable, même si elle mérite sans aucun doute pas mal de travail et de débats pour se concrétiser. Extraits de son message, que je tiens à donner ici pour la continuité du propos :
« […] remplacer le Sénat par une instance, la Chambre des Citoyens, constituée de personnes appartenant à la société civile ayant la possibilité de proposer des lois à l'Assemblée au même titre que le Gouvernement, de s'assurer de la tenue des promesses électorales par le Gouvernement et également, comme c'est le cas aujourd'hui pour le Sénat, de voter les lois passées à l'Assemblée.
[…]
Afin d'éviter l'utilisation des Chambres par une organisation quelconque, les membres d'une Chambre, excepté ceux ayant une loi à proposer, seront choisis par tirage au sort dans une liste de personnes s'étant préalablement portées volontaires. »
J’ai déjà trouvé d’autres raisons – et pas des moindres - d’appuyer cette géniale initiative… Et bien ma foi, j’ai eu la chance de lire son message peu après avoir lu la citation de Léon Blum (et m’être abonné à Plan B).
Le tirage au sort de ces nouveaux Parlementaires présente un avantage considérable pour ce qui nous concerne ici. Mais le problème subsiste qui est que ces Chambres de citoyens ont vocation à contribuer à l’écriture des lois
Cela ne me paraît pas être un problème insoluble pour autant : il suffirait peut-être que les citoyens tirés au sort pour voter les lois ne soient pas les mêmes que ceux tirés au sort pour, comme l’écrivait L. Blum, "participer du droit au service" "public de l’information généraliste".
Rappelons, pour finir sur ce point, deux éléments importants de la proposition de Frédéric, quand à la fonction qui nous concerne ici :
- la diversité régionale. Ces nouveaux Parlementaires seraient issus des régions, à l’instar du Sénat, qu’ils remplacent, et sans aucun doute, plus représentatif des citoyens de ces régions ;
- la diversité tout court, du fait du tirage au sort, ainsi que du fait du grand nombre : il n’y a pas de limitation au nombre de "députés citoyens", donc dans la même idée, on peut supposer que ceux qui décident de la répartition des budgets, des antennes, … pour les médias d’information soit assez nombreux.
Quant à l'idée que les journaux soient "publiés par les soins et sous la responsabilité" de Parlementaires, fussent-il des citoyens (volontaires) tirés au sort, elle est tout aussi inadmissible.
Le journalisme est un métier. Et j'ai assez insisté sur un point : ce champ doit être protégé de l'anarchie de l'opinion publique : il ne s'agit pas d'abolir la dictature de la majorité exercée par le biais des lois de l'Audimat pour la recréer par ailleurs.
Voir aussi à ce sujet le premier point de l'encadré sur les extraits de la Charte de Munich.
Le rôle de "nos" Parlementaires tirés au sort ne saurait dépasser la stricte définition des règles de financement de ces médias de Presse (ajoutons certains points d'organisation matérielle). Et sur ce plan, il est admis, dans l'esprit de mon message, qu'ils ont le pouvoir de favoriser tel ou tel journal, même indépendamment de raisons de pure perception qualitative, d'ailleurs (pourquoi les journaux devraient-ils bénéficier tous des mêmes aides ? Ils ne sont liés à aucun parti ; ils peuvent bien avoir un personnel plus ou moins nombreux, des missions plus ou moins coûteuses, selon ce qu'ils couvrent ; des projets différents ; ...) Ainsi pourrait-on dire que la qualité des parutions est jugée non pas dans le feu de l'action, mais a posteriori, mettons...
...une fois l'an, peu après qu'on ait renouvelé l'équipe parlementaire dont c'est la charge. (Ce qui évitera toujours qu'ils aient eu du temps de se faire des amis dans un cercle où personne ne tient à ce qu'ils s'en fassent...)
Dernière modification par sam17 (19-06-2006 00:26:34)
Hors ligne
Ne laissons pas tuer "Là-bas si j'y suis" :
Si on prenait la Maison de Radio-France comme on a pris la Bastille,
et si on en expulsait tous les médiacrates ?!
Mes amis,
Mon sang en est à bouillir de la forfaiture, cette estocade contre l'homme à terre, que serait la déprogrammation de "Là-bas si j'y suis"...
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/f … ratie#c856
À la place des médiacrates, voleurs de pouvoir médiatique, on désignerait les directeurs de chaînes au sort parmi les journalistes ou on les élirait comme des responsables politiques sous contrôle.
Bah ! On ne sera jamais assez courageux pour faire ça...
ON A JUSTE CE QU'ON MÉRITE, VOILÀ.
Hors ligne
Bonsoir Sam,
J'aime les "regards croisés " et les "revues de presse pluraliste":
-Il y a des choses intéressantes dont on approche avec ce "sénat" ...(croiser le regard des sénateurs "tirés au sort" dans les territoires avec celui des députés élus nationalement à la proportionnelle ?).
-Quant à la presse, elle souffre de dépendance économique, et c'est bien son pluralisme authentique qui est menacé... par le biais des surcoûts et du jeu des gros annonceurs publicitaires, c'est-à-dire une classe sociale "intéressée" qui espère ainsi que les journalistes vont lui manger dans la main.
Un journal qui dénonce la politique sociale ou environnementale d'un tel "gros" est immédiatement puni...
Les flux financiers dus à la publicité sont du même ordre d'importance que ceux du commerce des armes, ou des mafias de la drogue, avec une "déontologie de la loyauté" comparable...
Pourquoi ne pas taxer les gros flux financiers engendrés par la PUB?...Et pourquoi ne pas prévoir dans une Constitution que l'ETAT assure une juste répartition de ces "ressources" vers la presse, au prorata du tirage de chaque titre, ce qui libèrerait la presse de tout assujettissement ( voir Libé face à son nouveau propriétaire!)
Si je suis lecteur quotidien de La Croix, qui est actuellement en difficulté faute de "manne publicitaire", je consomme comme tout autre citoyen les merveilles dont la Publicité fait la promotion, et je paye donc comme le lecteur du Figaro la PUB qui ne profite qu'au Figaro! (c'est toujours nous qui payons quoi que nous lisions).
Or, il y a plusieurs courants de pensée , et le travail du journaliste est justement de porter un regard qui n'est pas neutre: un regard critique, d'un certain point de vue, c'est ce qui rend le PLURALISME gage de démocratie.
Le jour où on prétendra produire du "journalisme neutre et objectif", ce sont ceux à qui appartient la "vérité" , c'est à dire le pouvoir dominant qui fixera quel est l'axe de cette prétendue "neutralité".
Si L'Huma recevait une aide financière proportionnelle à celle que reçoit le figaro, au prorata du nombre de ses lecteurs, elle continuerait à faire le bonheur de ces derniers, et le dialogue entre les diverses rédactions continuerait d'enrichir la réflexion citoyenne: en plus ce serait juste!
Article proposé: " L'Etat est garant de la liberté de la Presse quotidienne d'opinion, il veille au maintien de son pluralisme et de son indépendance économique en y affectant équitablement la taxation des profits engendrés par la publicité, dans le respect des divers lectorats".
Dernière modification par alainguillou (21-06-2006 00:32:20)
Hors ligne
Chers amis,
Pensez à lire l'excellent texte d'Hervé Chaygneaud-Dupuy que je signale en tête de ma page 'Liens' :
« Proposition iconoclaste pour des citoyens législateurs : des députés tirés au sort » : http://etienne.chouard.free.fr/Europe/m … ausort.pdf
C'est une sacrée bonne idée, un cocktail très astucieux : une assemblée élue pour conduire une politique donnée (droite, gauche, centre, écolo ou autre) ; cette assemblée élit (et contrôle) elle-même le patron, Président de la République, et doit sans cesse débattre avec une deuxième assemblée à convaincre : cette deuxième assemblée, tirée au sort, reproduit notre société en miniature car, au sort, il va y avoir des femmes, des noirs, des pauvres, des jeunes, etc.
Et cette micro société française devra être d'accord avec toutes les lois pour que les lois passent...
Le débat et le consensus rendus nécessaires avant de forcer le peuple à se plier à une loi.
La démocratie, la vraie ?
Hors ligne
À flying_MogWai (1522 - changeant de volet) :
* La Presse et les journalistes
Je ne vais pas vous contredire sur le fait que bien des salariés (à haut niveau de rémunération) de la Presse, au présent, ne méritent ni notre respect, ni notre tolérance ni leur nom (compétents ou pas, ils dévoient leur rôle).
Mais aussi odieux que soient ces comportements et ces trusts de lécheurs de puissants surpayés (j'ai reçu le Plan B hier matin...) je pense que c'est globalement un débat stérile, surtout dans le contexte de ce forum, et que c'est un sujet qui distrait... En vertu de la règle d'or du magicien ("t'as vu l'avion ?"), comme le maniement du fait divers est précieux pour la propagande, discuter de ces "drôles", c'est perdre un temps précieux et une attention nécessaire.
Ce qui nous importe ici (sur ce forum) n'est-il pas essentiellement de savoir comment, au niveau de la constitution, on peut contribuer à rendre leur rôle, leur efficience, aux médias de Presse, et leur parole aux innombrables précaires de ces organes ?
"Un combat collectif est avant tout une somme de résistances individuelles."
Là, vous ne parlez pas des odieux, mais bien de ces précaires, dont on se demande où ils sont passés tant on ne les entend pas.
- Manifestement, il n’y a pas de résistance. Manifestement… Comme dans le peuple.
Il y a un niveau de caricature à partir duquel on doit se dire que la machine est verrouillée complètement : il est inconcevable que tant de journalistes entrant dans les écoles par vocation soient à ce point dénués de volonté d'opposition une fois au travail. La raison principale de cette absence d'indignation et d'opposition perceptible est donc à chercher ailleurs : assurément, il y a que la machine elle même fait taire ce qu’il faut faire taire, et monter vers l’estrade ceux qui jouent le rôle qu’il faut jouer.
- Quand vous commencez dans un travail, c'est là que vous avez le plus la fougue, la volonté de faire les choses dans les règles de l'art... et c'est là que vous êtes le plus précaire. À l'extrême de la précarité qui vous fait jouer profil bas, vous avez sans doute le débutant, le stagiaire, supposé être assez jeune (...), mais aussi le pigiste, qui ne l'est pas nécessairement.
Quand les salariés vieillissent, on peut supposer que ceux qui ne sont pas restés précaires, sont restés tout court, ou ont pris du galon et de la stabilité de l'emploi sont précisément ceux qui ont "convenu à leur hiérarchie".
Dans un milieu professionnel sans pouvoir politique tangible, le statut de précaire est un état où, au mieux, on ne fait pas de vagues, au pire on fait du zèle parce qu'il faut (ou qu'on se dit qu'il faut) faire ses preuves, et les "manoeuvres" pour la promotion sont déjà, avant de chercher plus loin, les "bons et loyaux services".
Mais la Presse n'est pas ce genre de milieu. Les lois de la précarité et de la promotion y sont sans aucun doute les mêmes, mais "ne pas faire de vagues", "faire du zèle", et rendre des "bons et loyaux services", cela prend à l'évidence une connotation politique, idéologique, à ces règles de la servilité du salarié qui veut assurer sa place, ou même avoir, garder un boulot, et les conséquences de ces agissements rayonnent loin au-delà de ce milieu et des individus qui le composent.
- Quand le frère d'un ami est entré à l'école du journalisme, le discours d'accueil du Directeur a employé cette tirade : "je vous préviens d'entrée : ici on ne fera pas de vous des Halimi ou des Pierre Carles".
Ce qui me trouble, c'est que la teneur de cette tirade suppose d'une part que les élèves arrivants connaissent largement ces noms, d'autre part que le parti pris et le ton ne suscitera pas de mouvement d'indignation trop voyant.
Passé un niveau, "consentement sans consentement" est un euphémisme. Je pense que c'est bien plus grave : comme je savais à quoi m'attendre en entrant chez les cadres - le changement de mentalité de certains est clairement perceptible, et surprenant, dès les deux dernières années d'école d'ingénieur ; les autres... se voient monter la barre, ils comprennent d'une manière ou d'une autre que ceux qui font spontanément les crétins dynamiques heureux ont une idée plus claire de ce qu'est la réalité du milieu qui nous attend à la sortie. C'est le moment décisif où certains changent de voie, d'autres, peut-être ceux qui ont moins le choix, apprennent à savoir à quoi s'en tenir.
- J'ai écrit des choses sur le volet "médias", ce mois-ci. Je serais ravi que le débat sur ce volet avance (sinon commence). Il est si important. Je ne vous apprends pas que la place des médias de Presse lui confère un rôle, un pouvoir, très important, et donc que la maladie qui ronge ce champ se répercute sur toute la sphère publique, la culture, la politique, … la démocratie.
Hors ligne
Là-bas si je n'y ai jamais été...
Le cas de l'idéologie néolibérale a quelque chose de particulier, dont je crois de plus en plus qu'il est essentiel pour nous de mesurer le double caractère. D'apprendre à voir ce que c'est une doctrine avant tout économique, mais qui devient bel et bien la prémisse d'un nouveau totalitarisme.
L'affaire "Là-bas si j'y suis" est, je crois, un exemple frappant, un cas d'école pour nous qui essayons d'apprendre.
Il y a un comportement qui semblerait bien virer au mode totalitaire, au sens où la domination idéologique commence à se ressentir vraiment dans le fait que celle-ci crée sa réalité, et le fait de manière odieusement visible, affichée.
Dans le cas précis de l'idéologie néolibérale, la "bonne adhésion", c'est en particulier la croyance affichée à la "bonne gouvernance". C'est-à-dire à la rentabilité, dans le cadre d'une lecture très parcellaire du bilan comptable.
L'argument officiel, celui du directeur de la radio, pour le déplacement de "Là-bas si j'y suis" de 17h à 15h a été : il s'agit de redresser l'audience de la tranche horaire précédente... Le directeur ajoute : ceux qui aiment cette émission la regarderont quand même, ... plus tôt.
Or, quel va être la conséquence de cette manoeuvre ? Une chute de l'audience de l'émission, assurément.
La prochaine étape, aussi assurément, sera la suppression de l'émission, parce qu'elle ne fait pas assez d'audience (et le licenciement de son animateur, pour la même raison). On aura créé la raison tangible...
Tout cela est gros comme une maison, d'une fourberie d'un niveau de mensonge hallucinants.
Mais c'est justement ainsi, le totalitarisme : cette franchise dans la méchanceté, accompagnée de l'inversion des causes et des conséquences (ou des coupables et des victimes), cela fait partie non seulement de l'instrument politique, de l'utile, mais également de l'instauration de la terreur.
Dernière modification par sam17 (01-07-2006 00:47:54)
Hors ligne
Arnaud Montebourg a lancé, fin avril une pétition / appel "Pour une télévision au service de la démocratie".
Voir sur le site de "Rénover maintenant" : http://www.renover-maintenant.org/blog/ … democratie
"Déjà signé par une trentaine de députés, cet appel [...] a besoin du soutien le plus large de tou(te)s les citoyennes et citoyens pour qui la télévision doit être mise au service de la démocratie."
Hors ligne
La médiocrité aussi cela se combat, mais avec quelles armes?
Gavroche ne serait pas tout ce qu'il est sans Victor Hugo.
Comment se produisent les "prises de conscience"?
Il nous faut des élites, des journaux, des partis, des religions, des philosophies, des écoles de peinture, des courants musicaux...La musique folklorique ne suffira jamais à combler notre attente de choses géniales.
Le populisme consiste à flatter la médiocrité pour qu'elle lâche le fromage de "la renommée"...
Bien sûr, c'est le peuple qui doit écrire son histoire, etc...Mais comment le peuple se constitue-t-il?
Il faut bien une "éducation populaire", des différenciations, le regard croisé des anciens et des jeunes, celui des habitants des cités et celui des belles demeures familiales...
Les clivages sont utiles, si non, rien de culturel ne se passe à l'horizon, la "vérité pure" sort du tirage au sort...
Voilà une nouvelle dictature de pensée unique qui se profile, et qui prétend faire encore table rase, plutôt que de travailler sur les dynamiques existantes, et la confrontation respectueuse des différents points de vue:
"Le peuple" est une masse indifférentiée, glauque, qui s'exprime par référendum et produit forcément ainsi la démocratie?
Le journaliste est celui qui relate "la vérité" qu'il suffit de piocher au hasard dans le tas des "informations"?
Il n'y a pas de parti pris, pas de point de vue initial, pas d'angle d'attaque: seule existe l'exactitude bien centrée du vis-à-vis de ce peuple glauque avec "la vérité pure"?
NON! mille fois NON! je préfère râler en lisant un article "empoisonné" (il faut avoir des contre-poisons!) du Figaro dénonçant l'esprit frondeur du français !
Car il est nécessaire aux médiocres (pour s'émanciper de leur "médiocrité"), de prendre conscience de ce qui fait d'eux des médiocres, et pour cela ils doivent être confrontés à des élites, quite à devoir ensuite faire prendre conscience à ces dernières de leurs limites, et du "génie populaire" comme potentiel à venir.
Je souscris donc à l'idée d'un Sénat de représentants des collectivités locales partiellement tirés au sort face à une Assemblée Nationale élue au suffrage universel (dont l'un des groupes représentant le vote blanc , serait tiré au sort), car il y aurait dans ce cas, confrontation interne aux deux assemblées et confrontation externe entre les deux assemblées.
Il faut multiplier les grilles de lecture avant de prétendre au consensus.
Dernière modification par alainguillou (06-07-2006 10:58:31)
Hors ligne
Salut Alain,
excusez ma question bête : à qui et à quoi (dans les messages précédents) dites vous "NON ! mille fois NON !" ?
Avez-vous un avis sur mon message #16 18-06-2006 21:33:33 (désolé, je ne comprends rien au nouvel affichage... j'ai plein de trucs qui ont sauté).
J'y cause d'un "Sénat de représentants des collectivités locales (entièrement) tirés au sort", mais en ce qui concerne ma proposition, d'un qui aurait pour seule et unique mission de voter la répartition du financement du service public de presse.
Cela n'empêcherait absolument rien en matière de contenu des parutions (et de celles qui souhaitent avoir le statut concerné, rien ne les y forcerait).
Il y a juste que ces citoyens - volontaires tirés au sort pour un mandat unique - détermineraient librement le niveau de subvention (répartition) accordé à chaque média de presse, suivant la taille et les besoins de ce média, mais aussi, selon leur libre arbitre, s'agissant de juger a posteriori de la qualité de la parution, de son sérieux, du travail plus ou moins bon de ses journalistes, ... de son niveau de brossage du gouvernement dans le sens inverse du poil, de son respect de la diveristé en son sein, ...
... et bien sûr, de sa faculté à causer de choses importantes, pas faciles à aller pêcher, et pas vendeuses.
Dernière modification par sam17 (06-07-2006 18:15:59)
Hors ligne
Salut Sam,
Les réflexions en cours, les votres , au sujet d'un statut de la presse, je les trouve intéressantes et nécessaires, et je ne dis pas non à ces tentatives de solution juste.
Je ne dis non à personne, ce qui suscite mon refus, c'est la prétention à touver des politiques "consensuelles", sans saveur et sans portée, et donc finalement suffisamment "neutres" pour contourner les vrais enjeux, comme si "la solution intelligente" était déjà tout simplement à aller cueillir dans "le peuple".
Personne ne possède la vérité toute cuite, mâma pas le peuple, car cette "vérité une fois pour toutes" n'existe pas: elle bouge, et c'est un travail toujours à recommencer, à refonder sans trève.
Ce rêve angélique , tant pis si je suis le vilain canard, moi, je n'y crois pas. Si tout le monde est d'accord, c'est que quelqu'un se trompe ou est trompé, en l'état historique de notre Ere, où les problèmes à résoudre recouvrent des contradictions d'intérêt dont personne ne doit être dupe.
Je dis, personnellement non, et mes raisons sont que "le peuple n'a raison que confronté à ses maîtres": , tant que ces "maîtres" existent, et on n'est pas encore entrain d'écrire la Constitution "sans dieu ni maître", (y a encore du chemin à débroussailler avant d'en arriver à cet ordre du jour là !)...
En attendant , dans ma petite tête de "révolutionnaire", aujourd'hui, il serait démagogique de ne pas avouer que l'on apprend aussi des "dominants" et que ce n'est qu'ainsi qu'on pourra s'en affranchir, et je vois cet "affranchissement "comme un processus passionnant, la résolution d'une équation à plein d'inconnues, quelquechose de "dynamique", complexe, humainement enrichissant si l'on garde cette constante de l'humanisme au centre de toutes les variables (avis de tempête !)
Je pense que le peuple ne peut pas être un excellent partout, équivalent d'un professionnel spécialiste en toute matière, et donc, il est nécessaire de produire des experts, en prenant soin de les fabriquer dans des "moules" de conception différente afin de les confronter et de s'y confronter.
Le professionnalisme politique n'est pas bon, mais le rangement, le classement, le positionnement différent est bon, c'est ce que permet la politisation partisane, mais respectueuse ( je ne suis pas scandalisé par la buvette de l'Assemblée Nationale) où l'on peut demander son avis aux quatre coins de l'échiquier, pour se faire son opinion personnelle, (forcément personnelle!)
Bien sûr, tout cet avantage s'effondre avec le bipartisme , lequel tend vers le parti unique" blanc bonnet-bonnet blanc".
Pour que du pluralisme se manifeste, et soit source de pensée critique productive, il faut un système qui lui permette de se dessiner , or le tirage au sort exclusif ne donnerait que des débats de café du commerce : un bon reflet de la non pensée moyenne du brave dormeur moyen, que nulle alerte ne tient en éveil, pourquoi donc s'embêter?
Pourquoi ne pas voir que si le peuple est mécontent de "la classe politique", le vote blanc devrait lui permettre d'accroître le poid du groupe "tiré au sort", et donc, si la représentation est trop "tordue", une complète redistribution du paysage politique peut être obtenue par la puissance du vote blanc?
Dernière modification par alainguillou (13-07-2006 09:16:07)
Hors ligne
La bas si j'y suis
J'ai signé la pétition, je soutiens les journalistes , qu'ils soient de Libé , de france-soir, du Monde...
Je vous invite de même à signer la pétition commune de "l'Humanité" et de "La Croix", pour une juste répartition des aides publiques et pour le pluralisme de la presse écrite...
Il faut mobiliser avec "les moyens du bord", et ne pas commencer par les jeter par-dessus bord, même quand on les trouve tordus: les partis, les associations, les clubs philosophiques, les religions, avec un code de conduite qui est bien celui de la laïcité:
A la rentrée, il serait important de mettre cette question des médias d'information au premier rang des revendications, car on peut rassembler très largement pour cette cause plurielle.
Je souscris à la proposition d'assemblée qualifiée (nécessairement elle-même pluraliste, that is the question...), veillant au pluralisme de l'information et dotée d'un pouvoir en la matière: elle entendrait aussi bien les associations de lecteurs et téléspectateurs, que les syndicats professionnels concernés, elle représenterait "la société civile" , et serait confrontée aux lobbies (mieux vaut prévoir comment: transparence oblige).
Cela concerne autant à droite qu'à gauche, car il y a des débats préférables aux non-dits ou aux amalgames sommaires, de tous bords.
Une revendication commune à certains milieux de droite et certains milieux de gauche, peut trompeusement "disparaître" si la diversité de pensée est gommée: sans préjuger de la valeur de telles revendications (droit à la différence, solidarité de proximité, minorités, etc...), elles doivent s'exprimer, être confrontées.
Ce dont je veux parler là n'a rien à voir avec une neutralité " ni droite ni gauche", cela a à voir avec la complexité , l'honnêté intellectuelle et donc le respect des uns et des autres, sans confusion ni illusion.
Par exemple, j'ai besoin de savoir à quoi je dis non quand je récuse le "communautarisme", et à quoi je dis oui quand j'en extrais une revendication "utile" (pour résoudre un problème social concret)...idem pour le "souverainisme" ( ah que ces tiroirs sont nécessaires à ouvrir!).
Dernière modification par alainguillou (07-07-2006 13:45:34)
Hors ligne
Alain et Sam, je rejoins vos propos.
Alain, j'aurais regretté ... que vous partiez définitivement.
Je passe sur tous les détails. Et bien oui, on a tous à apprendre les uns des autres, que l'on soit "dominant" ou "dominé".
Pour ma part j'apprends énormément des échanges sur ce site, même si on est pas "de visu". Cela me laisse le temps du recul, de faire des liens dans ma petite tête, faire la part de ce qui me plait ou pas, autrement dit "j'affine ma pensée". Vous m'apportez des éléments... auxquels je n'avais jamais pensé....
Dommage que Fanfan la bergère n'y ait pas trouvé de quoi abreuver son troupeau.
Quant au taux de participation, je ne le considère pas comme "un noyau dur", on peut apprendre très bien en restant silencieux, et j'espère que les lecteurs font profit de ce qu'ils trouvent ici.
Le fait que vous ayez envoyé X fois plus de messages que moi ne m'offense pas
Je ne me mets en concurrence nulle part, ... et ça me fait rire parce que ça me rappelle un échange très vif avec mon maître d'arts martiaux qui a voulu me f... à la porte, pcq, devant témoins - ses élèves gradés au Portugal - j'ai contesté son attitude, physique et mentale : "Il ne faut pas vouloir entrer en concurrence avec moi - Je ne cherche pas à entrer en concurrence avec toi, c'est toujours toi qui place les choses dans ces termes-là, pas moi". Il m'a confié plus tard qu'il a pensé cela : "elle me gifle, je la vire", puis, il est devenu admiratif : "quelle ténacité, quelle persévérance...!"
Bon, ben cette ténacité, cette persévérance, qui persistent toujours, je la mets au service de notre Cause Citoyenne.... on va bien finir par faire émerger quelque chose de neuf, ça fait plus d'un quart de siècle que j'y consacre ma vie....
Hors ligne
Alain et Sébastienp,
Vos deux messages (1626 et 1627), très intéressants l'un et l'autre, ne relèvent pas de ce fil sur les médias, je crois.
Je les ai déplacés vers la discussion "07 Propositions pour une action pour les présidentielles 2007 (par magneticpole)"
(http://etienne.chouard.free.fr/forum/vi … .php?id=50).
Cela vous convient-il ? Si vous avez une autre préférence, dites-le moi, je ferai le nécessaire.
Hors ligne
• Un site bien intéressant sur le thème de ce fil :
"les États Généraux pour le pluralisme" : http://www.etats-generaux-medias.org/
(j'avais publié un extrait de l'appel en février, sur ma page "Liens et documents")
• Appel renouvelé par Dukénois, sur un fil intéressant du Bib Bang Blog (BBB) :
"France Culture, la fin du "Premier pouvoir" : http://www.bigbangblog.net/breve.php3?id_breve=204
Hors ligne
Bonjour,
Le site sur les "États Généraux pour le pluralisme" n'apporte rien de plus qu'un condensé d'alternovlangue. Je cite :
"Nous en appelons à tous les citoyens attachés à une information indépendante et pluraliste, aux journalistes, créateurs et salariés des médias, aux acteurs des médias associatifs, aux intermittents et précaires de tous les métiers de l’information et de la culture, aux militants et responsables des mouvements syndicaux, associatifs et politiques, aux mouvements d’éducation populaire, à toutes celles et à toux ceux qui entendent résister à l’information et à la culture mercantiles..."
Ben, ça en fait du monde. Ok, est-ce que le MEDEF (syndicat) a été invité pour préserver la diversité de la presse ? Si on pouvait m'expliquer ce qu'est un "mouvement d'éducation populaire" (une mouvance khmer rouge ? je plaisante, mais je ne sais pas ce que c'est.)
"Résister à l'information et à la culture mercantile", est-ce que cela veut dire : refuser de faire des bénéfices comme le Monde Diplo qui utilise une organisation uber-libérale basée sur l'utilisation de pigistes ultra-précaires et d'un minimum de salaries fixes ?
Est-ce que la remise en cause des privilèges de la CGT aux NMPP qui étouffent littéralement la presse francaise. En effet, ce monopole d'un autre âge oblige les journaux à payer des taxes exorbitantes pour la distribution de leurs exemplaires et est néfaste au pluralisme de la presse.
J'aime beaucoup aussi les répétitions du genre :
"Acteurs de la mondialisation libérale et de la dérive ultralibérale de l’Europe, la plupart de grands médias en sont, par éditorialistes et chroniqueurs interposés, les propagandistes."
Ils sont donc des acteurs de la mondialisation libérale, propagant la dérive ultralibérale de la mondialisation libérale de l'Europe libérale, etc... je baaaaiiiilllee.
Être pour la pluralité, c'est être libéral. On ne peut pas être pour la pluralité et être contre le libéralisme. En effet, être libéral, c'est être pour le choix, le respect des opinions.
Hors ligne
Bonjour Citrouille, et bienvenue
C'est vrai qu'il y a une ambiguïté sur le mot « libéral », car c’est l’excès de libéralisme qui est incriminé par tous : il me semble que tout le monde, ou presque, est libéral au sens des Lumières, non ?
Il vaudrait mieux n’utiliser que le mot « néolibéral » pour désigner ceux qui détournent les valeurs du libéralisme en imposant une liberté totale, dérégulée, qui profite mécaniquement à la caste des plus forts, non ?
À propos du pluralisme, je suis sûr que vous sentez qu’il est en danger, non ? 60% de la presse appartient déjà à deux industriels de l’armement et la concentration continue, la normalisation s’installe partout : les débats politiques ont disparu des écrans et les clowns prennent toute la place, la dépolitisation des citoyens est organisée à tous les étages, les médias sont rendus dépendants des ressources publicitaires et donc des annonceurs, la pensée unique est omniprésente, les outils de résistance sont détruits un à un…
Vous n’êtes pas inquiet ?
Hors ligne
À Alain
"ce qui suscite mon refus, c'est la prétention à trouver des politiques "consensuelles", sans saveur et sans portée, et donc finalement suffisamment "neutres" pour contourner les vrais enjeux, comme si "la solution intelligente" était déjà tout simplement à aller cueillir dans "le peuple"."
J'ai essayé pour ma part de m'en tenir à discuter des règles du pouvoir, pas de définir une politique, consensuelle ou pas.
Celle-ci se fait d'affrontements, d'imprégnation, de réactions, ...
L'important est que ces choses puissent se faire, déjà. Concernant le contre-pouvoir que constitue la Presse, tout ce qu'on peut demander c'est qu'il puisse faire son boulot. Quelle que soit la chapelle du reporter ou du rédacteur.
"Pour que du pluralisme se manifeste, et soit source de pensée critique productive, il faut un système qui lui permette de se dessiner, or le tirage au sort exclusif ne donnerait que des débats de café du commerce : un bon reflet de la non pensée moyenne du brave dormeur moyen, que nulle alerte ne tient en éveil, pourquoi donc s'embêter ?"
Ici, je ne pense qu'à la question du contre-pouvoir (ou nième pouvoir) politique qu'est la Presse.
C'est uniquement pour la mission de voter son financement que je propose le tirage au sort. Il n'y a pas à parler de débats de café, ni même de débats d'ailleurs, si ce n'est sur des faits, qui sont les besoins respectifs des diverses parutions : moi Lambda "député-presse" tiré au sort, à même niveau de besoin, je décide de filer plus d'argent à Toto-soir qu'à Tata-matin, parce que. Et mon confrère tiré au sort jugera lui aussi en son âme et conscience.
Le "bon reflet de la non pensée moyenne du brave dormeur moyen, que nulle alerte ne tient en éveil"…
… et la loi de l'Audimat, c’est quoi si ce n’est ça ? C'est ce qu'on a déjà. Et on peut difficilement trouver plus injuste : c'est le règne de la bêtise et de l'info vendeuse parce que consensuelle pour un troupeau de dormeurs consommateurs.
Et j'ai bien du mal à croire que ma proposition puisse atteindre de pareil sommets d’injustice et de fabrication automatique de pensée unique.
Et des volontaires pour le tirage au sort ne seront pas aussi souvent de mauvais citoyens que l'auditeur virtuel qui fait régner virtuellement la dictature de la majorité là où elle n'a pas à régner, et fait la pensée unique, purée d'ailleurs même pas "consensuelle".
Hors ligne
Bonjour Etienne et merci pour votre accueil,
Ok, on est tous des liberaux des Lumiere, mais j'observe parfois un peu de flottement (vouloir controler les medias, n'est pas specialement liberal).
Je suis inquiet, mais pas pour les meme raisons. Comme vous, je regrette le manque de debats sur Inter ou sur F2 ou dans la presse. Par contre je ne mets pas cela sur le compte d'une logique "neo-liberale" (capitaliste?) Je m'explique: je trouve que la mediocrite actuelle des journalistes francais, n'est pas une consequence de l'economie capitaliste mais la faute a des raisons culturelles francaises plus profondes. On peut en effet avoir de tres bons debats sur Sky News entre des "neo-liberaux" et des "altermondialistes", pourtant Sky appartient a Murdoch, le plus grand magnat des medias dans le monde. On peut avoir une presse de qualite dans un systeme capitaliste derregule: le Guardian est plus interressant a lire que Liberation, le Financial Times est beaucoup plus precis que Le Monde (je vous recommande la lecture de son edition du samedi qui explore - presque toujours - les debats sur "comment reduire la pauvrete dans le monde" et offre des vues contradictoires). Donc on peut avoir une presse pluraliste, des medias de qualites dans un univers derregule et economiquement ouvert.
Pourquoi la presse et les medias britanniques sont de meilleures qualites que ceux que l'on trouve en France?
1) Je pense qu'il y a tout d'abord une culture du debat au RU que l'on ne retrouve pas en France. Regardez la Chambre des Communes avec ses MPs face a face et un Gouvernement un Premier Ministre qui rendent reellement des comptes aux citoyens et il n'y a pas de questions gentilles, elles sont toutes tres mechantes. Les universites britanniques entretiennent aussi une culture du debat avec des tournois de debats (ca existe vaguement dans les facs de Droit en France, mais cela reste confidentiel).
2) Du fait que l'economie a ete derregulee, qu'il n'y a pas de monopoles de distributions (comme les NMPP en France), la presse est bien moins chere et on y trouve son compte quand on l'achete (je pense que le Guardian est au moins deux fois plus lourd que Liberation).
3) La place de la BBC. Elle est toujours la reference, tenez de 17-18h30 sur BBC Radio 4 (au meme moment on se tape Daniel Mermet sur Inter) on a la suite l'emission "PM" qui est un grand journal du soir suivie des " News at six". Le tout est de tres bonne qualite, le presentateur a un charmant accent ecossais (on entend souvent de l'accent lillois ou marseillais sur Inter?), les questions sont precises et le tout est tres dynamique.
Pourquoi les medias francais sont si mediocres? Je trouve en effet que les journalistes francais sont moux de la plume et du micro. Copinage? Facilite? Suivisme? Mauvaise formation? Corporatisme?
1) Pas de culture de debats (ou alors a sens unique): on trouve d'une maniere generale peu de debats en France, les journaux tv et radio sont tres courts et surrimportance des "faits de societes" (Tele Matin en etant la quintessence de cette betise, aucune reference a l'economie, nouvelles de la veille, etc...) En elargissant, on peut voir ce manque de debats en France avec la faible capacite de la gauche altermondialiste a s'engager dans les debats: il est impossible d'avoir un debat sur le site d'Acrimed, sur le site d'ATTAC, sur Bellaciao, etc... et il faut aller sur les sites de droite pour avoir un vrai debat (ou ici, merci encore).
2) La presse est trop chere et n'offre rien de plus que ce que l'on a deja. Pourquoi les gens achetent le Guardian? Car c'est bien ecrit, il y a plein de photos, plein d'articles d'opinions parfois un brin extravagants mais souvent distrayants. Et pourtant tout est en ligne et toutes les archives sont gratuites le journal fait des benefs et les journalistes sont bien payes...
3)La culture du service public francais fait que des emissions sont 'indeboulonnables' sur certaines chaines publiques (suivez mon regard), que les changements se font toujours dans la crise, etc...
Dernière modification par Citrouille (12-07-2006 11:26:08)
Hors ligne
Sam,
Nous sommes d'accord, il faut impliquer les gens pour leur presse, et le tirage au sort est la forme idéale pour pratiquer la démocratie directe, toujours dans le même but qui n'est pas la démocratie directe en soi, mais bien pour une meilleure "efficacité culturelle" : il faudrait à mon avis avoir une instance pour écouter la profesion elle-même, ainsi que les lectorats en tant que tels (ils existent, et c'est une chance pour le pluralisme ).
D'une façon générale, je pense qu'à chaque fois qu'on "invente" une solution , il faut aussi faire l'inventaire de ce qui existe (à jeter, à garder, àadapter...) et qui ,dans certains cas, non seulement ne rentre pas en contradiction avec l'innovation , mais était "en attente" de participation...(liens entre démocratie(s) délégataire, participative, et directe).
C'est dans cet état d'esprit, aussi, que je "critique" le dogme d'une Constituante tirée au sort , qui n'aurait aucun lien avec son contraire (les représentants des pouvoirs constitués, des partis, des associations, ainsi que les "comités consultatifs " divers:populaires ou experts):
Je suis pour cette Constituante, à la fois "autonome souveraine", et confrontée aux propositions ainsi qu'aux critiques des assemblées élues, donc du "personnel politique " ayant son propre regard sur son propre travail, tout comme on écoute les syndicats professionnels...Il s'agit d'une démocratie en boucle, avec retours critiques et effet régulateur, il s'agit d'un copilotage "assisté" , où le mot de la fin serait bien entendu réservé à la Constituante.
Dire que si l'on écoute les élus on sera bernés, c'est "le tous pourris", et çà revient à refuser de monter dans un bus parceque le chauffeur ne vise qu'à rentrer chez lui...( ne soyons pas paranos!)
Hors ligne
Citrouille,
Vous avez le droit de trouver la presse britannique parfaite du point de vue qui nous intrigue, et qui n'est pas "la qualité, les photos, l'agrément du produit, etc", mais bien l'efficacité quant au droit d'expression des pensées non conformes au pannel autorisé (le "pluralisme", c'est difficile: il peut y avoir pluralisme plaisant quant à la forme, et pas de pluralisme réel quant au fond.)
Je reproche au système mondialisé de l'information de s'être mis en place avec la globalistion ultralibérale:
Les mensonges de Blair et de Bush auraient été dénoncés dés l'origine si le pluralisme que je réclame avait existé...Or, cette "dénonciation", ce sont les veuves qui ont du la faire... Et personne d'autre que des militants pacifistes ne les relaient , ou quelques génies de la création cinématographique.
Comment nier que la presse française est étranglée par les critères exclusivement financiers ?
Quant à la critique de la France "parce que les français ceci et nia-nia-nia...", il faut toujours la superposer à la leçon que Pétain donna aux français qui avaient tant péché par leurs folies de 1936 : la superposition est stupéfiante, Sarko en use et en abuse, et c'est un argument jaunâtre très ancien, c'est la fuite de Louis XVI vers l'étranger... Quant à désigner le monopole de la CGT comme cause des maux de la planète, excusez-moi, mais ça ne peut marcher qu'entre "amis", loin du regard de tout le monde !
Non à la presse modèle anglo-saxon! (c'est "l'avenir" trouvé pour France-soir...!)
Dernière modification par alainguillou (12-07-2006 11:41:31)
Hors ligne
Alain,
Pas d'accord sur la presse britannique et Bush/Blair: le Mirror/Guardian/FT/BBC/Channel 4 etaient ouvertement contre la guerre (tout comme la majorite des britanniques.)
Pardonnez moi, mais m'envoyer a la figure Petain, Sarkozy et Louis XVI, c'est un peu pauvre.
Trouvez-vous que le monopole des NMPP est juste et incite au pluralisme?
Si vous etes contre le capitalisme, bon courage pour creer un systeme alternatif.
Hors ligne
Bonjour Citrouille,
si j'ai bien compris le message dans les grandes lignes... ravi d'avoir ici un libéral.
Laissons donc la Presse au journalistes, et ce volet à son sujet...
... et songeons qu'il nous faut ici aboutir sur des propositions en termes d'institutions. Cela ne veut pas dire ne pas réfléchir aux applications, mais garder cette finalité en tête.
"Le site sur les "États Généraux pour le pluralisme" n'apporte rien de plus qu'un condensé d'alternovlangue.
Je trouve le terme "novlangue" mal choisi pour l'opposition mondialiste, bien mieux pour les bases du discours néolibéral. Passons.
La jolie tirade que vous citez dénote par contre une impuissance manifeste, typique d'une bonne partie des alters, qui ne croient plus qu'à l'addition de "gouttes d'eau" et semblent souvent oublier qu'on ne combat pas une machine avec des mots.
Bref, ici je crois qu'on s'attache à chercher des outils pour redonner aux divers acteurs politiques un pouvoir face aux pouvoirs économiques.
"Si vous êtes contre le capitalisme, bon courage pour créer un système alternatif."
Pour revenir sur les amalgames ô combien ennuyants entre libéralisme, capitalisme, ... je ne saurais conseiller mieux que la lecture de quelques extraits du libéral, français, économiste et prix nobel Maurice Allais. http://etienne.chouard.free.fr/forum/vi … d=487#p487
Maintenant, pardonnez d'avance mon insolence : bon courage pour créer un système alternatif… je prends la chose au pied de la lettre.
Que croyez-vous qu’il nous reste d’autre à faire, pour 90% des occidentaux et 99% des autres ?
Comme la grande majorité de nos concitoyens, je me dis que tôt ou tard, tôt si possible, il faudra bien trouver une alternative au capitalisme financier et gestionnaire qui, bien loin du modèle libéral, s'affranchit des nations, crée des monopoles, oligopoles, et du management moderne qui vire au stalinisme (même chez les cadres, je ne vois plus aucune place laissé à la fonction du travail comme facteur d’émancipation de l’individu).
Et j'ai décrété qu'après tout, je ne suis pas plus con qu'un autre, et malgré de longues réflexions, lectures et échanges, je m'en tiens à l'objectif : trouver des outils constitutionnels.
Déjà, ne mélangeons pas le modèle et le dogme : si le modèle libéral est un modèle de calcul dédié aux entrepreneurs voulant fixer le prix idéal de leurs produits, bien avant d'être une base de réflexion pour un courant politique, le néolibéralisme nous dit clairement que toute intervention de l'Etat, faussant ces calculs, est mauvaise et dangereuse. Le second crée sa réalité avec lui, des dizaines de symptômes en attestent. C'est une idéologie d'essence totalitaire. Le fait que des floppées de libéraux tirent à présent la sonnette d'alarme en voyant à quel point le capitalisme s'autodétruit (même les grandes firmes en sont à 6 mois à peine de visibilité) ne fait que confirmer que plus rien ne contrôle cette machine.
Ensuite, commençons par prendre en compte tout ce qui est apparu depuis A. Smith, et voyons ce qui fait que le libéralisme est devenu intenable, plus exactement inapplicable, même (et "néo-" si on veut).
La bourse, la spéculation internationale (apatride) 60 fois plus importante que le commerce réel, la mondialisation gérée sous la seule tutelle des grands actionnaires, les retraites des uns faisant les esclavagistes anonymes des autres, des "patrons" qui sont devenus duos "actionnaires" - "cadres dirigeants", des rémunérations de ceux là qui évoluent hors de toute mesure, logique ou contrôle, les intérêts des actionnaires devenus directements antagonistes avec ceux de l'entreprise, des petits patrons condamnés à être des ordures eux-mêmes ou à crever dans le jeu de la compétition, et même à se tirer une balle dans le pied pour pouvoir continuer une année de plus, 85 multinationales comptant, au côté des plus grand Etats, dans les premières entités économiques au monde, ...
Globalement (si on laisse de côté un autre fléau qu'est la spéculation sur les monnaies) cela s'appelle l'abstraction du capital. Phénomène qui en bien des aspects n'a rien à voir avec le libéralisme. Et chose qu'un libéral digne de ce nom ne cautionne pas, je crois, et qui mériterait qu'on se penche dessus.
Rendre lisible l'activité économique (mondialisée) à l'échelle où s'exerce le pouvoir politique (Etat, Europe), voilà, je crois, une base incontournable.
http://etienne.chouard.free.fr/forum/vi … d=213#p213
Un libéralisme équitable, un commerce équitable généralisé, institué (non pas dans le sens de gouttes d'eau désespérées dans un océan d'anarchie économique), voilà tout simplement (...) ma proposition... Parce que je n'en vois guerre d'autre... qui soit susceptible de combiner avec la mondialisation, l’économie déjà très largement supposée et voulue, sinon effectivement, libérale.
http://etienne.chouard.free.fr/forum/vi … d=261#p261
Réfléchir à ce que la mondialisation a bouleversé dans la mise à contribution équitable au financement des services publics et à la compensation des effets de la main invisible (entreprendre a toujours créé de l'inégalité, et il parfaitement normal que cela se compense).
http://etienne.chouard.free.fr/forum/vi … 1041#p1041
Bienvenu au club. Et sur les trois volets "économie" du forum, en particulier.
Dernière modification par sam17 (12-07-2006 14:35:36)
Hors ligne
Bonsoir Sam17 et merci pour votre accueil,
Ouh la, ouh la, ca part un peu dans tous les sens,
Et oui, vous avez bien compris, vous avez effectivement a faire a un liberal, libre a vous de voir si j'ai des cornes...
Sans rire, c'est novlangue contre novlangue. Il m'arrive de temps a autres de lire de la profondeur chez ceux qui tentent de creer un autre monde (je pense a Oxfam par ex) mais dans ce cas des "Etats Generaux" c'etait quand meme du charabiat super pompeux.
Pas sur d'avoir saisi votre metaphore des "gouttes d'eau", je vais m'atteler a lire vos contributions pour en comprendre le sens. De meme que voulez-vous dire par "on ne combat pas une machine avec des mots", cela veut dire que l'on combat une machine avec une cle a molette?
Sur Maurice Allais, je vais vous repondre (si ce n'est pas trop anachronique) dans le fil que vous indiquez.
Je ne vois pas en quoi c'est mal que le capitalisme financier s'affranchisse des nations; les nations etant une construction bourgeoise comme le disait justement Marx
Si vous etes contre les monopoles (comme moi et comme tous les liberaux), inscrivez dans votre Constitution qu'une organisation comme les NMPP ne peut avoir le monopole de la distribution des journaux (qui explique - en partie - le fait que les journaux soient si cher en France).
En passant sur les monopoles, j'ai toujours trouve le travail de la Commission efficace dans sa lutte contre les monopoles, je viens de relire des passages sur la lutte entre Mario Monti et Jack Welch, vraiment impressionant. Alors ok, je suis d'accord avec vous pour etendre les prerogatives de la Commission sur les monopoles des medias.
Je ne suis pas contre le management moderne qui prend en compte les individus, contrairement au management passeiste qui etait base sur le machisme et le mepris des travailleurs.
Le travail est ou n'est pas une source d'emancipation, je ne vais pas rentrer dans le debat (sinon, je vous invite direct a manger mes Corn-Flakes avec moi). Simplement, les politiques protectionnistes ou eco-souverainistes produisent du chomage: on ne peut 's'emanciper' - ou du moins ca rend les choses un peu plus complique - si on est au chomedu.
Vous ecrivez que "le capitalisme s'autodétruit"
C'est marrant Marx avait "remarque" la meme chose, et ca fait maintenant un bail, et le capitalisme est toujours la.
Si j'ai un peu de temps, je vais lire en detail vos contributions auxquels vous me renvoyez, mais cela va peut-etre me prendre qques jours,
Bien a vous,
Citrouille
Hors ligne
Citrouille,
Sur la question des médias :
Je ne vois pas trop l'intérêt de pondre un article sur les monopoles de médias, l'information n'étant pas une marchandise.
C'est en amont qu'il faut traiter le fléau mercantile qui pourrit la Presse, et culture et le politique, même, au travers d'elle.
Il me semble vraiment urgent de rendre les médias de Presse indépendants des pouvoirs économiques, donc ET de la menace de concentration industrielle, ET de la logique industrielle, ET des lois de l'Audimat, ... Bref, au plan économique, il s'agirait d'en faire une sorte de service public, mais en garantissant par contre que les pouvoirs politiques ne mettent pas leur nez dans le contenu.
Ce dilemme, je propose de le résoudre dans mon message n°1320 - http://etienne.chouard.free.fr/forum/vi … 1320#p1320.
Pour le reste, je vous réponds sur le volet "Principes constitutionnels relatifs à l'économie".
Hors ligne
Sam 17,
Je viens de tomber de mon ordi apres avoir lu votre message, je ramasse mes doigts pour vous repondre:
Pourquoi l'information ne serait pas une marchandise? Pourquoi un photographe n'aurait pas le droit de vendre ses photos au meilleur prix? Pourquoi n'aurais-je pas le droit de vendre un journal et d'en tirer un profit? Quel est votre legitimite pour interdire le libre echange entre ceux qui vont chercher l'information, la transmettent, l'analysent et ceux qui la consomment?
Comment allez-vous financer ce "service public"?
Pas de publicite?
Allez-vous m'interdire l'acces a des medias etrangers?
Citrouille
Hors ligne